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1Pour introduire le dossier thĂ©matique qui va suivre, on se proposera de mobiliser un tandem conceptuel souvent trĂšs opĂ©ratoire dĂšs quâil est question de phĂ©nomĂšnes se dĂ©ployant dans le temps, le couple stock/flux. Ainsi, si on prend lâensemble des cultes antiques en vigueur Ă un moment donnĂ©, il est possible de formaliser cette somme pour lâenvisager comme un stock » de cultes. Lâampleur de ce stock est alors Ă©videmment une question dâĂ©chelle et varie selon quâon sâattache Ă lâensemble des sociĂ©tĂ©s antiques ou seulement Ă certaines du temps de Scipion lâAfricain, par exemple, lâensemble des cultes romains â compris ici au sens de lâensemble des cultes pratiquĂ©s par les Romains â Ă©tait diffĂ©rent de lâensemble des cultes athĂ©niens, et les deux Ă©taient bien entendu infĂ©rieurs en nombre Ă lâensemble des cultes antiques en gĂ©nĂ©ral. 1 Walter Burkert, La religion grecque Ă lâĂ©poque archaĂŻque et classique, Paris, Picard, 2011 [1977, 2 ... 2 Religions antiques. Une introduction comparĂ©e, Ă©d. Philippe Borgeaud, Francesca Prescendi, GenĂšve, ... 2LâĂ©tude historique de ces cultes peut alors suivre deux chemins soit on les saisit un Ă un de maniĂšre individuelle, soit lâhistorien choisit dâĂ©tudier un groupe dâentre eux, ce qui lui impose la nĂ©cessitĂ© de dĂ©finir dâemblĂ©e le pĂ©rimĂštre des cultes auxquels il sâattache. Cela dĂ©bouche concrĂštement sur des ouvrages comme La religion grecque, ou Religions de Rome, pour ne reprendre que des titres Ă la fois connus et assez rĂ©cents1. Ces travaux envisagent alors les choses dâun point de vue presque toujours bĂąti Ă partir dâun critĂšre politique ou ethno-gĂ©ographique, et trĂšs rarement sous un angle franchement gĂ©nĂ©ral Ă lâAntiquitĂ© entiĂšre, comme Religions antiques. Une introduction comparĂ©e, ou de maniĂšre plus restreinte et spĂ©cifique comme les cultes dits Ă mystĂšres » ou ceux dits orientaux »2. Quelle que soit la maniĂšre dâaborder les choses, le stock rĂ©el des cultes antiques Ă©tait toutefois assurĂ©ment plus large que celui Ă notre connaissance, car beaucoup nâont guĂšre laissĂ© de traces lisibles pour nous sans Lucien de Samosate et son Alexandre ou le faux prophĂšte, que dirions-nous aujourdâhui du culte du serpent Glycon dâAbonouteichos ? Et combien dâautres cultes antiques nâont pas eu leur Lucien ? 3Ce nâest pourtant pas sous lâangle du stock que lâon sâintĂ©ressera ici aux cultes antiques, car les ensembles dĂ©jĂ Ă©voquĂ©s et formant la religion grecque, les religions de Rome, etc. bĂ©nĂ©ficient dâune bibliographie dĂ©jĂ considĂ©rable. Ce sont les flux qui arrĂȘteront notre intĂ©rĂȘt, câest-Ă -dire les variations affectant au fil du temps le contenu du stock, dont il nâest pas inutile de rappeler quâil nâest jamais lui-mĂȘme Ă un moment donnĂ© que la somme des flux antĂ©rieurs. 4De ce point de vue dynamique, nous laisserons dâailleurs aussi de cĂŽtĂ© la variation constituĂ©e par les flux entrants, les nouveaux cultes qui sâagrĂšgent aux plus anciens ces cultes ont Ă©galement toujours suscitĂ© une bibliographie abondante. Les sources Ă©voquent de fait assez souvent des crĂ©ations de cultes, câest-Ă -dire le surgissement concret â il nâest pas ici question des rĂ©cits Ă©tiologiques â au sein des communautĂ©s de cultes qui nây existaient pas antĂ©rieurement. Ces apparitions pouvant revĂȘtir des formes assez variĂ©es, allant de lâimportation officielle dâun culte jusquâalors Ă©tranger â par exemple lâimportation du culte de Magna Mater Ă Rome en 204 av. â Ă lâĂ©mergence un peu diffuse et insaisissable dâun quelque chose » qui devient un vrai culte comme il advint avec le culte impĂ©rial romain. 3 Par exemple Ritual Dynamics in the Ancient Mediterranean. Agency, Emotion, Gender, Representation... 5LâintĂ©rĂȘt se portera plutĂŽt sur la question des flux nĂ©gatifs, des disparitions de cultes. Car il faut bien constater quâautant sources et bibliographie moderne sont loquaces sur les crĂ©ations et autres importations de cultes nouveaux, autant elles sont discrĂštes sur les disparitions de cultes anciens. Seules deux situations Ă©chappent en fait Ă ce constat, mais toutes les deux trĂšs particuliĂšres et finalement exceptionnelles chacune dans son genre. La premiĂšre concerne les destructions de cultes liĂ©s Ă des guerres ou Ă la destruction â somme toute assez rare â des communautĂ©s qui y Ă©taient liĂ©es. La seconde situation, qui bĂ©nĂ©ficie dâune attention trĂšs soutenue, se situe quant Ă elle exclusivement dans lâAntiquitĂ© tardive et concerne la fin du mode antique de relation au sacrĂ© lors du passage au christianisme. En dehors de ces deux cas de figure, redisons-le parfaitement exceptionnels, la littĂ©rature moderne est quasi inexistante ou alors trĂšs marginale Ă propos de disparitions de cultes en temps ordinaires. Pour sâen convaincre il suffit de consulter les tables des matiĂšres des ouvrages de rĂ©fĂ©rence citĂ©s prĂ©cĂ©demment â mais on pourrait aussi bien le constater dans les travaux rĂ©cents consacrĂ©s aux dynamiques cultuelles3 on y Ă©voque des transformations et des rĂ©interprĂ©tations mais pas dâextinctions. 6Au premier abord, le survol des sources et de lâhistoriographie moderne dĂ©bouche donc sur lâimpression forte que le nombre de cultes nâa dans lâAntiquitĂ© cessĂ© de croĂźtre au fil du temps. Or cette idĂ©e dâun ensemble qui nâĂ©voluerait apparemment quâĂ la hausse sur le temps long, par lâadjonction plus ou moins rĂ©guliĂšre de cultes nouveaux dĂ©bouche sur une difficultĂ© Ă©pistĂ©mologique. Il est certes bien connu que les sociĂ©tĂ©s antiques Ă©taient viscĂ©ralement attachĂ©es Ă leurs traditions et donc conservatrices dans lâĂąme. Mais sâen tenir strictement Ă ce modĂšle dans lâaffaire qui nous prĂ©occupe imposerait alors de concevoir la vie religieuse antique comme une perpĂ©tuelle accumulation de cultes depuis de lointaines et tĂ©nĂ©breuses origines jusquâau crĂ©puscule des dieux, la mortelle confrontation finale avec le christianisme. 7Or si on envisage dĂ©sormais cela Ă lâĂ©chelle de la vie religieuse et cultuelle dâun simple individu, on bute alors sur une difficultĂ© que lâon se permettra de rĂ©sumer ici de maniĂšre un peu caricaturale. ConsidĂ©rons une pĂ©riode longue dâun millĂ©naire courant par exemple dâun Romain archaĂŻque Ă un Romain tardif. Si on appliquait Ă cette pĂ©riode un modĂšle strictement conservateur de la tradition, il en rĂ©sulterait que la vie religieuse du second serait nĂ©cessairement beaucoup plus riche en cultes que celle de son lointain ancĂȘtre archaĂŻque il serait dĂ©vot de lâensemble des cultes anciens, pieusement conservĂ©s et Ă©ventuellement transformĂ©s, plus tous les nouveaux cultes qui seraient apparus dans la sociĂ©tĂ© romaine durant le millĂ©naire sĂ©parant les deux hommes. 8Ă niveau de dĂ©votion globalement Ă©quivalent, cela aboutirait Ă plusieurs propositions peu satisfaisantes. La premiĂšre concernerait lâemploi du temps religieux des Romains, qui serait devenu de plus en plus chargĂ© au fil des siĂšcles. Ensuite, cette situation impliquerait aussi que la vie religieuse des Ă©poques anciennes aurait en quelque sorte Ă©tĂ© plus qualitative, pour devenir ensuite plus quantitative aux Ă©poques rĂ©centes. Une idĂ©e qui a la faiblesse dâentraĂźner trop aisĂ©ment la rĂ©flexion vers les jugements de valeur sur la vie religieuse comparĂ©e des uns et des autres, et qui rappelle par bien des aspects une historiographie dĂ©passĂ©e et souvent polĂ©mique. 9On pourrait Ă©videmment objecter que le niveau de dĂ©votion de notre Romain archaĂŻque et celui du Romain tardif pourraient ne pas ĂȘtre les mĂȘmes. De fait, durant lâAntiquitĂ© les niveaux de religiositĂ© ont effectivement variĂ© dans le temps le succĂšs de lâĂ©picurisme Ă certaines Ă©poques ou dans certains lieux est ainsi sans doute un indicateur du fait quâune fraction parfois non nĂ©gligeable de la population Ă©tait moins attachĂ©e aux cultes de ses dieux. On pourrait donc envisager en quelque sorte le passage dâune dĂ©votion archaĂŻque, intense et attachĂ©e Ă un nombre rĂ©duit de cultes, Ă une dĂ©votion tardive, plus lĂąche et qui se disperserait en un nombre plus important de cultes, ce qui permettrait dâĂ©vacuer la contrainte notĂ©e supra du temps quotidien disponible pour les activitĂ©s cultuelles. NĂ©anmoins, rien dans nos sources ne permet dâargumenter que ces variations ont Ă©tĂ© autre chose que globalement assez marginales sur le long terme les cultes traditionnels ne semblent pas connaĂźtre de moment de rupture significatif avant lâĂ©poque de Constantin et câest une piste quâil est donc prĂ©fĂ©rable de ne pas suivre. 10Bref, on aboutit donc Ă lâidĂ©e quâun modĂšle uniquement conservateur appliquĂ© Ă la vie religieuse des anciens amĂšne immanquablement Ă une impasse sur le long terme. Nous postulerons alors quâil devait exister dans lâAntiquitĂ© grecque et romaine des processus sociaux et culturels amenant non seulement Ă lâapparition de nouveaux cultes, mais aussi et surtout Ă la disparition de cultes anciens Ă travers, en quelque sorte, des processus de mort naturelle » des cultes. 4 Ludwig Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus, trad. Granger, Paris, Gallimard, 2001 [19 ... 11Pour qui est familier des sources antiques, il est Ă©vident que les documents qui confirmeraient ce postulat ne sont pas lĂ©gion, mais câest lĂ le problĂšme de beaucoup de phĂ©nomĂšnes ordinaires que lâon qualifie de naturels » ils restent souvent discrets car leurs acteurs ne jugent pas nĂ©cessaire de les consigner. Surtout, dans le cas qui nous occupe, il ne faut pas nĂ©gliger un autre facteur plus propre Ă la pensĂ©e antique et Ă ses blocages. Si les sources antiques restent discrĂštes sur les disparitions de cultes, câest en effet aussi parce quâelles auraient Ă©tĂ© difficiles Ă assumer en pleine connaissance de cause, puisquâil sâagissait Ă chaque fois de lâabandon de ces sacro-saintes traditions en clair des transgressions dâautant plus terribles quâelles concernaient des dieux, mettant en jeu derriĂšre cela de maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale tout le rapport au sacrĂ©. Au sens strict, ces disparitions Ă©taient sans doute indicibles voire impensables pour la plupart des Anciens, ce qui rappelle la formule de Wittgenstein, qui Ă©crivait que sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence »4. 12Il ne faut donc pas sâĂ©tonner si lâun des trĂšs rares auteurs qui Ă©voque de maniĂšre limpide ces phĂ©nomĂšnes parallĂšles dâapparitions/disparitions de cultes est Flavius JosĂšphe 5 Contre Appion, II, 253â254 traduction Th. Reinach/L. Blum. Et puis certains dieux, aprĂšs avoir connu les honneurs dans la maturitĂ©, ont vieilli pour me servir dâun euphĂ©misme ; dâautres nouvellement introduits, obtiennent lâadoration. Certains temples sont dĂ©sertĂ©s et de nouveaux sâĂ©lĂšvent, les hommes bĂątissant chacun suivant son caprice, alors quâils devraient au contraire conserver immuable leur croyance en Dieu et le culte quâils lui rendent »5. 13JosĂšphe Ă©tait un Juif du ier siĂšcle et il appartenait donc Ă un univers religieux qui Ă©tait dĂ©jĂ extĂ©rieur au mainstream antique environnant. Ayant ce cadre juif fondĂ© sur lâunicitĂ© et lâintemporalitĂ© supposĂ©e du culte de YHWH, il lui Ă©tait loisible dâobserver sans difficultĂ© et avec dĂ©tachement que les divers cultes des gentils sâinscrivaient, eux, pleinement dans le temps, Ă savoir quâils naissaient, vivaient puis sâĂ©tiolaient avant de disparaĂźtre. 14Les textes rassemblĂ©s dans ce dossier font Ă©cho Ă un certain nombre de contributions proposĂ©es oralement lors dâune journĂ©e dâĂ©tude puis dâun colloque organisĂ©s par Karin Mackowiak et Christian Stein Ă Dijon et Besançon en dĂ©cembre 2012 et novembre 2016, avec le soutien de lâUniversitĂ© de Bourgogne â Franche-ComtĂ©, de lâUMR 6298 ARTEHIS ArchĂ©ologie, Terre, Histoire, SociĂ©tĂ© et de lâEA 4011 ISTA Institut des sciences et techniques de lâAntiquitĂ©. Leurs auteurs, intĂ©ressĂ©s par le projet, ont chacun Ă sa maniĂšre tentĂ© de tester la validitĂ© de ce postulat de lâexistence dâune disparition ordinaire des cultes dans le monde grec et romain. 15Lâenjeu de cette enquĂȘte collective est double. Il consisterait dâabord tout simplement Ă essayer de corriger un peu notre maniĂšre de percevoir la vie religieuse antique, afin de lui donner plus de fluiditĂ© peut-ĂȘtre doit-on en quelque sorte concevoir la religion antique comme un phĂ©nomĂšne dynamique quasi schumpeterien, câest-Ă -dire animĂ© en permanence â mĂȘme si de maniĂšre discrĂšte et sur des temporalitĂ©s trĂšs variables â par un processus de crĂ©ations/disparitions de cultes quâil reste Ă explorer et Ă dĂ©crire. 16Lâautre enjeu est plus ambitieux car il proposerait de modifier la vision courante que nous avons de la fin de lâAntiquitĂ© et du passage de la conception religieuse antique Ă la conception religieuse monothĂ©iste chrĂ©tienne et musulmane. La vision classique de cette pĂ©riode met lâaccent sur la victoire du christianisme et de lâislam sur le polythĂ©isme paĂŻen. Le gros dĂ©bat qui agite les spĂ©cialistes de lâAntiquitĂ© tardive porte alors sur le fait de dĂ©terminer si cette transition a plutĂŽt Ă©tĂ© conflictuelle ou si elle sâest dĂ©roulĂ©e en douceur, mais il ne remet guĂšre en question lâidĂ©e que lâon a assistĂ© Ă un conflit entre polythĂ©isme et monothĂ©isme se soldant par la victoire du second. Mais le polythĂ©isme » ou paganisme » nâayant jamais vraiment existĂ© en tant que tel â car il est surtout une crĂ©ation judĂ©o-chrĂ©tienne reprise ensuite par lâislam â, lâidĂ©e que les cultes antiques avaient une durĂ©e de vie naturellement limitĂ©e ne permettrait-elle alors pas aussi dâenvisager la transition entre les mondes antique et mĂ©diĂ©val non plus dâabord comme une victoire des monothĂ©ismes, mais plutĂŽt comme un phĂ©nomĂšne de substitution aprĂšs une forme dâextinction de masse de lâensemble des cultes antiques ? 17Les journĂ©es de Dijon et Besançon furent Ă la fois fructueuses et trĂšs amicales leurs organisateurs voudraient en remercier tous les participants.
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