ophelia Jardinier en herbe. Message privĂ©. Bonjour Ă  tous, Je tiens Ă  prĂ©ciser que je ne m’y connais pas du tout, c’est la raison pour laquelle je m’en remets Ă  vos expertises pour m’éclairer. J’ai l’impression que mon arbre est en train de mourir, je suspecte mĂȘme un empoisonnement quand j’en juge par la partie dĂ©garnie

Une personne peut en tout temps s’adresser Ă  un professionnel de la santĂ© pour une demande d’information concernant l’aide mĂ©dicale Ă  mourir. Elle peut par la suite dĂ©cider de procĂ©der, ou non, Ă  une demande formelle d’aide mĂ©dicale Ă  personne doit, de maniĂšre libre et Ă©clairĂ©e, formuler pour elle-mĂȘme la demande d’aide mĂ©dicale Ă  mourir au moyen du formulaire prĂ©vu Ă  cette fin. Un processus formel doit ĂȘtre suivi pour enclencher la dĂ©marche et officialiser la demande, sans quoi l’aide mĂ©dicale Ă  mourir ne pourra pas ĂȘtre Ă©tapes pour demander l’aide mĂ©dicale Ă  mourir sont les suivantes Faire une demande verbale formelle Ă  un professionnel de la santĂ© ou des services une demande Ă©crite Ă  l'aide du formulaire Demande d’aide mĂ©dicale Ă  mourir, qui est disponible auprĂšs d’un professionnel de la santĂ© ou des services le formulaire en prĂ©sence d'un professionnel de la santĂ©. Le formulaire doit Ă©galement ĂȘtre contresignĂ© par le professionnel de la santĂ© ou des services sociaux et par un tĂ©moin la demande verbale lors de chaque entretien avec son tĂ©moin n’est pas indĂ©pendant s’il sait ou croit qu’il est bĂ©nĂ©ficiaire testamentaire ou qu’il recevra un autre avantage Ă  la mort de la personne ayant fait la demande d’aide mĂ©dicale Ă  personne qui fait la demande d’aide mĂ©dicale Ă  mourir est toujours libre de changer d’avis. Elle peut en tout temps et par tout moyen retirer sa demande d’aide mĂ©dicale Ă  mourir;demander de reporter l’administration de l’aide mĂ©dicale Ă  plus, si la personne qui demande l’aide mĂ©dicale Ă  mourir ne peut signer et dater le formulaire parce qu’elle ne sait pas Ă©crire ou qu’elle en est incapable physiquement, un tiers peut le faire, en sa prĂ©sence et selon ses directives. Le tiers autorisĂ© doit satisfaire aux conditions suivantes ĂȘtre majeure et apte;ne pas faire partie de l’équipe de soins responsable de la personne ayant fait la demande d’aide mĂ©dicale Ă  mourir;comprendre la nature de la demande d’aide mĂ©dicale Ă  mourir;ne pas savoir ou croire qu’il est bĂ©nĂ©ficiaire de la succession testamentaire de la personne ayant fait la demande d’aide mĂ©dicale Ă  mourir ou qu'il recevra un autre avantage matĂ©riel, notamment un avantage ayant une valeur financiĂšre, Ă  la mort de cette suite de la dĂ©marche consiste, pour le mĂ©decin, Ă  Ă©valuer l’admissibilitĂ© de la personne Ă  l’aide mĂ©dicale Ă  mourir, obtenir l’avis d’un second mĂ©decin indĂ©pendant confirmant le respect des conditions pour obtenir l’aide mĂ©dicale Ă  mourir et administrer les mĂ©dicaments, le cas Ă©chĂ©ant, selon les conditions prĂ©vues par la Loi. Le mĂ©decin doit aussi s’assurer que les proches reçoivent le soutien et l’aide nĂ©cessaires avant, pendant et aprĂšs l’administration de l’aide mĂ©dicale Ă  mĂ©decin administre l'aide mĂ©dicale Ă  mourir Ă  une personne, il doit, dans les 10 jours, transmettre un avis au Conseil des mĂ©decins, des dentistes et des pharmaciens de l’établissement dans lequel se trouve la personne ou, s’il travaille dans un cabinet privĂ©, au CollĂšge des mĂ©decins du QuĂ©bec. Le mĂ©decin doit Ă©galement remplir le formulaire unique de dĂ©claration des renseignements relatifs Ă  l’aide mĂ©dicale Ă  mourir, qui contient les renseignements requis par la rĂ©glementation quĂ©bĂ©coise et par la rĂ©glementation fĂ©dĂ©rale.

Dansune tribune publiée ce dimanche dans Le Journal du Dimanche (JDD), l'actrice Line Renaud et le député non-inscrit Olivier Falorni, également rapporteur d' une proposition de loi sur la fin de vie, ont pris position pour légaliser l'aide active à mourir en France. La chanteuse de 94 ans, engagée depuis plusieurs années dans cette

Ä v»/ ÂŁ v-epl 3 ‱.j Ăź * * *. a%s MMM ’&ÊK'M MMM ww WĂź ĂȘ"M r?Ăą-^ *\a mm WWWWM W'E WN ' v-"“ -M ?A8 ffiS5 t oĂ­^Ì^'Ì'- MM A ^A-nĂ­oUm, U U cJiou$ m „' i KEMPIS COMMUN, o u Les IV. Livres de LIMITATION D E JESUS-CHRIST, Traduits pour l’Edification Commune de tous les ChrĂ©tiens qui deßrent de s'avancer dans le solide de la pietĂ©. SixiĂšme Edicron, corrigĂ©e de nouveau, avec une PrĂ©face de Mr. P. P oiret. B A S L E, j ChĂ©s Jean Rodolph Im-Hoff. M D CCXXXVU. k \%UOT*fi ?ASt\- AVIS A u LECTEUR OĂč l’on donne Une IdĂ©e generale de cet Ouvrage . L n’est pas nĂ©cessaire de recommander ici un Livre , qui Pest dĂ©ja depuis Ă­i long-tems par fa propre dignitĂ©. Cette Edition n’est faite que pour le rendre plus Commuii Ă  toutes fortes de ChrĂ©tiens, qui y verront les vertus & les vices, les biens & les maux, le monde, le Ciel & l’Enfer, les choses de PĂąme, de Dieu & de JĂ©fus- Christ, divinement bien reprefen- tĂ©es, avec les divers mouvemens de cƓur qu’on doit avoir pour elles. Comme la science qu’il faut avoir de Jesus-Christ n’est pas tant la connoissance historique de fa vie que la pratique de ses ver- * 2 ÎUS A T I s tus, auflĂŹ cette Imitation de JĂȘfas- Christ n’a pas tant de raport Ă  l’ex- plication de son histoire , qu’à la ratification de fa doctrine ; & la figure du titre , qui reprĂ©sente Jesus-Christ enseignant sur la montagne les divins prĂ©ceptes de la vie ChrĂ©tienne & l’EĂ­prit du vrai Christianisme , nous doit faire penser qu’il est ici plus question d’u- ne imitation d’eiprit, de cƓur, & de pratique , que de la commĂ©moration de quelques-uns de ses gestes extĂ©rieurs. La maniĂšre dont ce TraitĂ© est Ă©crit fait voir que c’est plus pour les simples , que pour les savans qui ne veulent pas se simplifier ; & il n’y a point ici d’autre subtilitĂ© que celle de rendre l’ame moins charnelle & plus celeste qui est la subtilitĂ© vĂ©ritable par le dĂ©gagement de tout ce qui est terrestre & bas ; point auflĂŹ d’autre ordre & d’autre mĂ©thode que ce qui part des mouvemens d’un cƓur beaucoup plus touchĂ© de Dieu que re- Au Lecteur. gßé ou gĂȘnĂ© par l’étude des hommes. On peut nĂ©anmoins remarquer dans ie premier livre une espĂšce de Premier Apel de Dieu , qui par des instructions proportionnĂ©es Ă  la capacitĂ© des moins avancĂ©s, veut tirer les hommes, comme des Lazares, hors de leurs tombeaux, les apellant Ă  se dĂ©gager de tous les embaras mondains dont ils sont liĂ©s & qui empĂȘchent d’ouĂŻr & de suivre sa Voix. II y apelle les uns Ă  se dĂ©faire de leurs voluptĂ©s, les autres de leurs Ă©tudes & sciences steriles, d’au^ tres de leurs vaines conversations & pertes de tems, d’autres de leurs autres vices & pĂ©chĂ©s, de leurs vanitĂ©s , ambition , moleste, empor- temens, sĂ©curitĂ© & nĂ©gligence spirituelle ; tout cela par une voix Ă©galement douce, forte, & digne de la Sagesse & CharitĂ© infinie du Fils de Dieu. Le second livre peut servir Ă  disposer plus particuliĂšrement ceux qui Ă­s sont dĂ©ja dĂ©gagĂ©s des embaras ex- * z te- ‱ A V ! 8 tc-rietirs & les plus sensibles, & qui aprĂšs les avoir Ă©loignĂ©s ci'eux, sont apellĂ©s comme le fut S. Pierre aprĂšs ĂȘtre sorti de la Cour mondaine de CaĂŻphe; Ă  un recueillement intĂ©rieur, Ă  une retraite dans eux-mĂȘmes & dans le fond de leur cƓur, qui est le lieu qu’il faut preparer Ă  Dieu, & oĂč il faut chercher le trĂ©sor avec puretĂ©, silence, paix, simplicitĂ©, & amour, fans s’étonner si l’on commence ici Ă  ĂȘtre mis Ă  l’épreuve des afflictions, des delaissemens, L des croix tant exterieures qu’interieures, a quoi l’on fait bien de s’attendre. Tout cela est marquĂ© presque en mĂȘme ordre dans ce second Livre. Le troisiĂšme livre fait voir une ame qui aprĂšs ces dispositions commence Ă  entendre les inspirations que Dieu lui donne, lorsque, comme une Samaritaine , elle est sortie de sa ville qui marque le monde & des choses sensibles, pour chercher la fontaine & la source de la vie , qui est Dieu, lequel lui augmente toujours ses divines infoirations moiennant la fide. Äff L I C Ăź MĂ­ R. i’tpĂ­ fidĂ©litĂ© de sa correspondance, &quĂź lo.[ fait croĂźtre par ĂŹa dans elle toutes jprei sortes de vertus, accompagnĂ©es pour- e Ăš tant de leurs Ă©preuves. Ces vertus Ă  font ì’Amour de Dieu, ì’humilitĂ©, la ras resignarion parfaite, la patience, la qui priĂšre continuelle, la pauvretĂ© d’et iea, prit, la parfaite tranquillitĂ©, la paix vec spirituelle, Tabandon total Ă  Dieu, L le renoncement entier Ă  toutes cho- iu. ses, ĂȘtre parfaitement mortaumon- les de, & Ă  foi; la vie surnaturelle de !es la grĂące & la pleine extinction de i S tous mouvemens de murmures, de E , tous raisonnemens humains, & de i. > tous defirs venans bailleurs que du Ciel. i ' Enfin le quatriĂšme & dernier livre, i montre les mouvemens & les dispo- r fitions les plus enflammĂ©es d’une . I ame aspirante Ă  la rĂ©ception de l'Ef- i ! prit de Jesus-Christ qui fait le vĂ©ritable ChrĂ©tien devant Dieu. On , ' y voit une recherche & une purification trĂšs-exacte des pĂ©chĂ©s & des dĂ©fauts qui peuvent encore rester secrĂštement dans l’homme, & y em- , * * 4 pĂȘcher Avis \ pĂšchet la venue & la rĂ©sidence de cet hĂŽte divin, que l’on y invite avec des mouvemens & des transports d’un amour autant zĂ©lĂ©, qu’humble & respectueux ; & auffi ardent qu’é- purĂ© de tous les fantĂŽmes de la prudence & de la raison humaine, par une foi toute simple & divine, qui seule est capable de nous unir ici Ă  l’Esprit de Jesus-Christ , & de recevoir les impressions de fa divine i conduite. Je dĂ©clare au reste ouvertement & avec sincĂ©ritĂ© que dans ce quatriĂšme Livre je n’ai ni traduit ni voulu traduire par-tout nĂŽtre Au- i teur au pied de la lettre, mais en donner en divers endroits une efpe- ce de selon le sens spirituel, & intĂ©rieur. La raison est que comme il y est parlĂ© de la Communion exterieure selon des sentimens que tous les ChrĂ©tiens n’ont pas, & qui aussi ne font pas esiĂšntiels au salut ; tous ne pourroient fans cet expĂ©dient profiter de cet ouvrage. Ceux qui ont les sentimens de question, trouve- Au Lecteur.' veront assĂ©s d’éditions pour aider leur piĂ©tĂ© par cette voĂŻe-lĂ . Cette considĂ©ration , de pouvoir ĂȘtre utile Ă  tous, a fait aussi substituer dans les autres livres, mais trĂšs-rarement, quelques mots gĂ©nĂ©raux pour un ou deux de plus particuliers, mais toujours fans rien perdre de la substance de la vĂ©ritĂ© il est mĂȘme Ă  remarquer que la plus-part de ces mots substituĂ©s se trouvent dans une trĂšs-an- cienne traduction d’un Gottique- François, laquelle on prĂ©tend avoir Ă©tĂ© faite fur un Original latin plus authentique que ceux fur lesquels on a publiĂ© les Editions &les traductions qui ont paru jufqu’ici. Si aprĂšs cela je ne laiffois pas de dĂ©plaire Ă  quelques-uns, ce ne pour- roit ĂȘtre qu’à ceux qui feroient jaloux que b tous Esprits louassent le Seigneur & prissent de toutes choses * s mata VotĂ©s la muselle Edition denĂČtre auteur fnbĂŹiieĂ ParĂ» en 1 652.. Jhts le titre de la Consolation intĂ©rieure, ou Ăźe livre de ITmitatioit de Jéíus-Christ deThomat Ă Kempis selon son Original ; ÂŁ? la dissertation gui est m se au devant, 0 Psal. i/o. Avis au Lecteur.' matiĂšre de le louer. Ce sera alles d’avoir tĂąchĂ© de plaire Ă  Dieu & de contribuer Ă  l’édification de quantitĂ© d’ames pieuses, Ă  qui cela n’a Ă©tĂ© ni dĂ©sagrĂ©able ni inutile. Je n’en dirai pas davantage aprĂšs l’avis particulier qu’on a mis au devant du quatriĂšme livre, & la PrĂ©face suivante sur tout le TraitĂ©, laquelle est pour la plĂ»part tirĂ©e d’une Ancienne Edition, & qui est trop belle & trop excellente pour ĂȘtre ici omise. Le Lecteur puisse-t-il profiter de tout pour le salut de son aine, que je lui souhaite de tout mon cƓur. PRE- PREFACE. SOMMAIRE de la PREFACE. I. i-;. Fruits Ă  estĂŹr er de cet Ouvrage de la part des personnes de bonite volontĂ©. 4-7. Mats non de ceux qui se contentent soit du simple extĂ©rieur de la Religion ChrĂ©tienne, soit d'une science est d’rate persuaßon sterile i gens dont le nombre est bien grand aujourd’hui. II. 8-10. Que la Religion ChrĂ©tienne Ă©tant ttne vertu de Dieu puisante ÂŁ 5? este clive > il saut pour ĂȘtre ChrĂ©tien mourir este/livement au pĂ©chĂ© A? revivre ĂĄ la saintetĂ© & Ă  la justice, mime dĂšs cette vie. ir-is. Que les subter fuges tirĂ©s de l’imputation de la justice est des mĂ©ritĂ©s de J. Christ, ne valent rien pour ceux qui ne meurent point au pĂ©chĂ© & ne se revĂȘtent point de l'Estrit de JĂ©sus-Christ pour s’apliquer Ă  fin Imitation. 16-19. Que l’on ne fauroitni croire ni ĂȘtre en J. Christ fans limitation de fa sainte vie U de fe S divines vertus. III. 19-2j. Qu’il ne faut pas se laister dĂ©. tourner de limitation de J. Christ ni par la paresse de la nature, ni par la considĂ©ration des difficultĂ©s de la voie, ni par les prĂ©textes de nĂŽtre foibleste est de nĂŽtre impuissance; puit que Dieu a pomis le secours b e don de J oĂ­ Estrit tout puissant Ă  ceux qui le demanderont ardemment est constamment , b feront leurs estorts Ă  imiter * It PrĂ©facĂ©. Js. I. le Sauveur. i6. z 7 . Sam quoi l’on dematm re dam le pĂ©chĂ© est dans la mort . IV. lB, 19. Qu’elles font les marques infaillibles des vrais ChrĂ©tiens , qui seuls seront reconnus de Dieu A ?sauvĂ©s Ă©ternellement . S. I. I ce livre de I’Imita- T I O N DE JES U S- Christ, ajusqu’ici aportĂ© quelque fruit Ă  ceux qui se sont apliquĂ©s Ă  le lire avec quelque attention, j’estime qu’il n’en portera pas moins encore dĂ©sormais; car bien que les moeurs de ceux qui fe disent ChrĂ©tiens soient merveilleusement corrompues Ă  prĂ©sent, Dieu est nĂ©anmoins toujours si bon, que de vouloir entre la multitude infinie de ceux qui veulent pĂ©rir, retirer de l’a- bime ceux qui se ravisent, & qui veulent se rendre Ă  rĂ©clamer son nom pour ĂȘtre secourus» C’est ce qui nous doit donner courage, & pour grand que soit le mal, nous inciter Ă  agir comme on fait dans les grandes & les pĂ©rilleuses maladies, oĂč l’on apliqĂče prompte- PrĂ©facĂ©, js. L promptement tous les meilleurs re- medes que l’on peut trouver. Plus nous volons croĂźtre l’impiĂ©tĂ©, plus devons-nous rechercher les moĂ­ens d’y remedier autant qu’il est possible, & de sauver quelques Ăąmes de tant de milliers qui font endurcies & qui ont du dĂ©goĂ»t & de l’horreur pour toutes les saintes exhortations. II est bien vrai, hĂ©las! & l’expĂ©rience ne l’étale & ne le prouve que trop tous les jours, qu’il n’y a jamais eu de siĂšcle oĂč les ChrĂ©tiens aĂŻent Ă©tĂ© plus perdus & plus contempteurs de la piĂ©tĂ© qu’ils le font aujourd’hui cela nĂ©anmoins n’empĂȘche pas que nous ne devions espĂ©rer que Dieu en tirera toujours quelque nombre. De plusieurs frapĂ©s de peste, il en Ă©chape toujours quelques-uns. II faut espĂ©rer qu’entre le nombre infini des faux- ChrĂ©tiens d’à prĂ©sent, Dieu en touchera encore -aucuns; par sa grĂące pour les retirer de la corruption du siĂšcle, & pour les ramener Ă  sa Crainte &Ă  son divin Amour. Dans cette foule, d’impies Sa MajestĂ© a toujours, * 7 quel- PrĂ©facĂ©. js. I. quelques cƓurs qui fans consentir & sans avoir part Ă  l’impietĂ© & Ă  la licence dominante, fe conservent par la vertu de son bon Esprit dans de meilleures dispositions. Et c’est ce qui- m’asermit dans l’esperance que ce petit livre ne sera pas entiĂšrement inutile ni fans fruit. 2- Ce petit ouvrage n’est pas un Ă©fet de l’artifice des Sages du monde. II n’a pas l’agreable ni le divertissant que la sagesse du siĂšcle sait inspirer Ă  ses Ă©crivains. 11 ne traite pas non plus de choses ou subtiles ou obscures. II n’est pas rempli de questions Ă©pineuses, ni de raisonnemens rafinĂ©s. Son stile n’est ni recherchĂ© ni Ă©loquent, comme il le faut ĂȘtre Ă  prĂ©sent pour aller de pair avec les livres que l’on propose au monde plus par ostentation & par un motif de vaine gloire, que par un dĂ©sir d’avancer le salut des Ăąmes. Ce livre est simple ; il est sans rafinement; il est fans ornement; Sc nĂ©anmoins il est si rempli destructions saines & salutaires, que je puis assurer avec confiance que qui le lira en PrĂ©facĂ©. §. I. rk sn sincĂ©ritĂ© de coeur, ne regardant Ji- qu’à Dieu & au salut de son a me, par comme ilfaut faire en toutes choses Ăš en tirera indubitablement des avanta- ce ges qui ne peuvent s’exprimer. De ne ma part je puis affirmer touchant moi, o! que Dieu s’en est souvent servi comme d’un Ă©guillon pour me rĂ©veiller u de mon assoupissement & de mon e. sommeil, & pour faire naĂźtre dans it moi quelque ardeur Ă  lui obéïr j’et Ă  pĂšre qu’il pourra faire auffi la mĂȘme iĂź grĂące Ă  tout ceux qui le liront avec I une intention pure & simple de le connoĂźtre, le craindre, Paimer & mar- ĂŹ cher saintement en sa prĂ©sence. , z. En Ă©fet l’on peut dire que Iesli- r vres bons & saints font Ă  ceux qui i veulent devenir vrais ChrĂ©tiens comme une espĂšce d’echĂ©le ou de degrĂ©s , dont ils se servent pour s’élever vers le ciel ; ce sont comme des Ă©tincelles ou des flambeaux , qui alument dans eux l’ardeur de l’Esprit, mĂȘme quand elle veut diminuer & s’étein- dre; & comme des apuis qui les aident, & qui .faiblesse de leur PrĂ©facĂ©. $. I. leur foi, contribuent Ă  la faire croĂźtre. 4. Je dis pourtant que cet usage n’est que pour ceux qui aspirent Ă  ĂȘtre de vrais ChrĂ©tiens car pour ceux qui fe contentent d’ĂȘtre ChrĂ©tiens par paroles & par cĂ©rĂ©monies, ils font les uns si destituĂ©s du sentiment de Dieu & de leur conscience, qu’ils ne s’ocupent jamais Ă  penser Ă  ce qui leur seroit utile & nĂ©cestĂ ire pour les instruire dans la vĂ©ritĂ© , & pour les faire tendre Ă  la pratique des Ɠuvres de la piĂ©tĂ©; ils ne s’ocupent que des choses de cette vie, tout comme s’il n’y avoit plus rien aprĂšs elle. D'autres, qui Ă­Ăš croient moins matĂ©riels, ont l’eĂ­prit si attachĂ© aux lettres & Ă  l’érudition du monde , qu’ils ne sauroient estimer que les livres qui peuvent les rendre favans, Ă©loquens, rafinĂ©s & subtils, & ainsi leur attirer l’admiration & la louange des hommes. S’il paroĂźt quelque livre propre Ă  les corriger de leurs Ă©garemens, & Ă  les rendre meilleurs par de saintes instructions ; qui leur mette devant PrĂ©facĂ©. F. I. les yeux une maniĂšre de vie spirituelle, divine, & qui corresponde Ă  la profession de ChrĂ©tiens; ils le mĂ©prisent le plus souvent avec blĂąme & dĂ©rision. Ce font , dit quelqu'un, des fl>i- rituditĂ©s ridicules. C’est de ces gens- lĂ  dont S. Paul a dit, Ils font profession de connaĂźtre Dieumais ils le renient par leurs Ɠuvres. Le nombre de telles gens n’est pas petit aujourd’hui &enĂ©fet, nous vivons en un tems oĂč nous sommes plus ocupĂ©s Ă  faire des questions, Ă  disputer, & Ă  debatre de la vĂ©ritĂ© de la Religion ChrĂ©tienne, qu’à ĂȘtre vĂ©ritablement Religieux & ChrĂ©tiens ; plus appliquĂ©s Ă  en faire de beaux & de grands TraitĂ©s, qu’à la mettre en pratique, & qu’à en taire voir la vĂ©ritĂ© & la puretĂ© par une vie & par des Ɠuvres saintes ; enfin plus portĂ©s Ă  dire qu’à faire; si bien que dĂ©formais h profession de ChrĂ©tien n’estplus qu’u- ne vaine sie n ce de bouche, & un commerce de paroles entrĂ© ceux qui se prĂ©valent d’elle. Mais que dis-je de a Tit. r. ». 1 6. PrĂ©facĂ©. Js. I. de paroles ! Dieu veuille qu’elle ne soit pas bientĂŽt changĂ©e en fausse libertĂ© & en licence charnelle, comme nous commençons Ă  n’en voir que trop & les dogmes dans les Liberti- niĂ­tes & les effets dans tous en gĂ©nĂ©ral. 6. Cela ne pouvoit manquer d’ar- river Ă  ceux qui aĂŻant reçu la doctrine de J. Christ, ne se sont point apli- quĂ©s d’abord au a renoncement Ceux mĂȘmes, fans lequel pourtant il est absolument impossible que noussoions jamais de vrais ChrĂ©tiens & des disciples de JĂ©fus-Christ. Car comme la lumiĂšre n’a point de part avec les tĂ©nĂšbres , de mĂȘme l’Esprit de JĂ©sus- Christ dont la possession fait le ChrĂ©tien, n’en a point avec le pĂ©chĂ© & les dĂ©sirs de la chair si bien que lors qu’on ne renonce pas Ă  soi, Ă  fa chair, & au pĂ©chĂ©, l’on ne peut attendre de la connoissance qu’on a de la vĂ©ritĂ©, qu’une fausse libertĂ©, par laquelle les hommes secouant tout joug, s’aban- donnent au mal fans scrupule, & se fla- MiĂŹttk. 1 6 , V. M . PrĂ©facĂ©. §. I. fiaient en leurs vices fans rem ors de conscience. Ce n’est pas qu’ils ne retiennent toujours quelque aparence de piĂ©tĂ© car, si vous en exceptĂ©s quelques Epicuriens & AthĂ©es de profession, l’on n’en vient jamais jusques lĂ  que d’abandonner tout ouvertement & publiquement toute profession de Religion. Mais cette belle aparence & ces grimaces feront vaines & de nulle valeur devant celui qui demande les coeurs, & qui ne fe contente point de nos actions extĂ©rieures. 7. Cependant ces miserables pensent apaiser leurs consciences par ces petites fonctions du dehors, ‱ foiblesse, & s’y dĂ©plaisant extrĂ©me- i ment, le dĂ©firent avec ardeur, & le e lui demandent avec instance & lon- s gue persĂ©vĂ©rance. Mais il ne donne rien Ă  ceux qui ne lui demandent i rien, ou qui fe dĂ©sistent de lui demander. Cest lui qui opĂšre tout en nous; mais non pas pendant que nous nous endormons, ou que nous nous tenons les bras croisĂ©s, pour ainfi ß MaUk , 7. v. 7. a» PrĂ©facĂ©, js. IÌI. ainsi dire; & encore moins,lorsque nous lui rĂ©sistons. 2i. Jesus-Christ dit que i empĂȘchent leur Ă©garement, & a qui 5 observent leur cƓur sur toutes choses , p puis qu’il eU la source de la vie, aussi ant bien que celle de la mort. Ce sont, !! en un mot, ceux qui par l’Esprit de iiĂ­ JĂ©sus-ChriĂ­t, b crucifient tous les Ă© jours la chair avec tousses dĂ©sirs & tou- em tes ses convoitises. Et en vĂ©ritĂ© nous i4 sommes si ennemis de Dieu par la E dĂ©pravation de nĂŽtre nature ; nous c avons tant de penchant Ă  nous cher- ife chernous-mĂȘmes; nos affections & Z nos passions sont si violentes, si im- pĂ©tueuses, & si fortes par une habituĂąt de inveterĂ©e ; nĂŽtre chair nous atti- ei re au mal si opiniĂątrement & avec n- des atraits si puiffans ; que si nous i- n’usons d’une grande violence pour Ă  nous surmonter & pour nous vain- Je cre, il ne faut pas penser que le la RoĂŻaume de Dieu puisse jamais vĂȘle, nir dans nous, ni que nous y puissions Ă  entrer. iii 22. Cependant il y a aujourd’hui is une fi Prov. 4. v. ij. fi 14. PREFACE, js. III. une infinitĂ© de personnes qui fĂŹinsse faire violence, sans se peiner, ou plutĂŽt , ne se travaillant point du tout, ne laissent pas de se persuader & mĂȘme de se vanter d’ĂȘtre dans le RoĂŻau- me de Dieu. Mais c’est se tromper bien lourdement. Car puisque 00 le RoĂŻaume de Dieu est justice, paix & joie dans le S. Esprit, selon la parole de l’ApĂłtre, comment peut-il se trouver avec ceux qui laissent rĂ©gner dans eux l’injuttice , & qui ne font point dans le S. Esprit, ni le S- Esprit dans eux, comme ils le font assĂ©s voir par une vie qui n’eĂ­t pas meilleure que la vie des infidĂšles & des autres dont ils condamnent la doctrine. 23. Je Ă­ai encore un coup , qu’ils ont lĂ  dessus quantitĂ© de dĂ©faites, disant; Que nous ne pouvons rien; „ que nous serons toujours chair aussi > long-tems que nous demeurerons en „ cette vie; que nous ne pouvons pas „ faire de grands progrĂšs Ă  cause de la „ trĂšs-grmde fragilitĂ© de nĂŽtre natu- „ re mais que JĂ©sus-Christ suplĂ©era „ Ă  tous Rom. 14, v. i7. PrĂ©facĂ©. /. III. isi i, ĂŻ tous nos dĂ©fauts, & qu’ilnenous ’iĂŹ „ imputera point nos pĂ©chĂ©s. Mais k, hĂ©las! ne voient-ils pas que quand u;- ils parlent de la forte, ou plutĂŽt quand a ils tĂŹatent ainsi leur chair, ils fe re- ĂŹĂźi tranchent par leur propre confession aprĂšs avoir dit, que la condamnation demeure sur eux. 2s. Quant Ă  nĂŽtre fragilitĂ© & foi- blesse, qu’ils allĂšguent Ă  tout propos pour fe roidir contre ceux qui les poussent Ă  leur devoir, je confesse avec a Rom. S. Jß. & s. I, PREFACE. §. III. avec eux qu’elle est bien grande, & * qu’eile est telle que les meilleurs en L * font quelquefois comme accablĂ©s & j 5, abattus par l’entremife de Satan & de lc ? leur chair; ce qui les fait uĂ©mir & ^ soupirer. Mais la force deDieu, lors ^ qu’ils s’y abandonnent, est beaucoup u plus grande ; & avec elle » je puis tout DI P en Chr fl qui me fo-ttfie , dit a S. Paul. ^ Mais si fan l’implorer & s’y rendre on prĂ©tend faire de nĂŽtre infirmitĂ© a '! un bouclier ou un rempart pour la , dĂ©fense de nĂŽtre corruption , pour l,c3 nous y entretenir & nous y flater, & HĂź ' pour nous donner licence Ă  suivre f 8 nos volontĂ©s ; c’elt le propre de gens ; K , qui ne cherchent que prĂ©textes & occasions de mal faire , & d’abjurer lort tout foin de saintetĂ© & de justice. Ce Ă­ir ’ - qui ne peut convenir aux vrais ChrĂ©- M tiens, dont tout le foin n’est que de fe conserver en la pratique des bonnes foi- oeuvres ; parce qu’ils savent qu’il °' n’est pas biensĂ©ant que ceux qui font profession d’ĂȘtre purifiĂ©s par le sang “ e de J. Christ, retournent Ă  fe souiller feC dans l’ordure. *** z 26. » Pbil, 4. v, 1?. PrĂ©facĂ©. §. III. 26. Dire au reste, que Jesus -Chris " suplĂ©era Ă  tous nos dĂ©fauts & q C il ne 53 nous imputera point les pecbĂ©s auxquels fi nous nous abandonnons fĂŹ librement föi & fĂŹ volontairement aprĂšs fa connoif- ict tance; c’est faire de JĂ©sus-Chritt l’a- b file des vices, & de fa grĂące la nour- tĂł riture de l’iniquitĂ©. Ce qui est de la w derniĂšre impiĂ©tĂ©. II nous prĂ©sente b sa grĂące ; mais Ă  condition que nous ĂŹ menions une vie pure, sainte, &di- k gnedelui; & c’est pour cet Ă©fet qu’il n nous promet son Esprit, fĂŹ nous le lui fe demandons avec foi. PrĂ©tendre autre fo chose, c’est lui faire injure ; & fĂŹ nous tjii nous conduisons autrement, nous Ɠ nous privons du benefice de la rĂ©- jjf demption, & nous en rendons entiĂš- p renient indignes. Car ce sont ceuX siĂ­ d qui cheminent en la lumiĂšre que le sang de JĂ©sus-Christ puriße de tout pĂ©chĂ©, fa dit S. Jean. II n’y a rien Ă  attendre pour ceux qui demeurent dans les tĂ©nĂšbres & la dĂ©sobĂ©issance, que la condamnation la colĂšre de Dieu. Evang, I S. Jean 3. v. 19, 3 6. 27 Or a Epifl. S. Jean 7. . P Ä E F A C E. §. III. f? 27. Or je prie au nom de Dieu » ceux qui sont dans ce malheureux 10 Ă©tat, de considĂ©rer sĂ©rieusement toute; tes choses, & de penser tout de bon 3 Ìì Ă  ces paroles du Sauveur 00 Tout fi homme qui me dit , Seigneur, Seigneur, m. rientrera pas au i \diaume des cieux» e!i mais celui-lĂ  feulement qui fait la voll lomĂ© de mon PĂšre qui efĂŻ Ăšs cieux . » Ni les paroles, ni les cĂ©rĂ©monies ne 5 font pas des marques assurĂ©es des ri vrais ChrĂ©tiens, des enfans de Dieu, la des fidĂšles, des membres de Christ, ffi des Ă©lus de Dieu ; quelque parade 1 qu’on fasse de ces beaux mots & de ins ces belles choses comme si on les i possedoit en propre. Les vraies marie- ques font les fruits, font les actions il! C’est l'amour, b c est la charitĂ© d’un h coeur pur t d'une bonne conscience , d f h, d 7 me foi non feinte. Irs les 4 V 3 §- IV. Ç MfĂ­tth. Ib 1 Tm, i,v, 5 . PrĂ©facĂ©. §. IV. §. IV. 28. Et ce sera aussi ma conclusion, que la seule marque infaillible des fidĂšles ChrĂ©tiens est l’A m o u r & la CharitĂ©', fans laquelle on a beau parler de Jéíus-Christ & de l’Evangi- le, user des Sacrements, avoir toutes les plus belles cĂ©rĂ©monies qui se puissent penser ; tout cela n’elt rien sans la CharitĂ© ; & plĂ»t Ă  Dieu que les ChrĂ©tiens d’aujourd’hui les uns & les autres car, hĂ©las ! ils font tous divisĂ©s entr'eux, & les uns contre les autres, ì’eussent bien pratiquĂ©e toute leur vie jusqu’à prĂ©sent ! On ne verroit pas maintenant rĂ©gner au milieu d’eux les haines, les animositĂ©s, les meurtres, les cruautĂ©s, les factions, les partialitĂ©s, les trahisons, les dĂ©loiautĂ©s, les dĂ©sirs de vengeance, & une infinitĂ© d’autres maux. Le sang n’auroit pas Ă©tĂ© rĂ©pandu, comme il l’a Ă©tĂ© fi abondw-i ment, & le sera encore, si Dieu deĂŹ. Ăźpart ne refrĂšne par sa grande puissance les coeurs PREFACE. §. IV. des hommes, enragĂ©s & aĂ ro 4 ' les uns contre les autres au point qu’ils le font, & animĂ©s Ă  mettre Ă  Ă©fet tout ce que leur inspire la fureur & la violence de leurs pallions; & qu’euxdeleur cĂŽtĂ© ne ploient leurs tĂȘtes inflexibles fous le joug de Dieu, rĂ©connoissant humblement leurs fautes, & recourant au remĂšde de la con- verfion pour apaiser la colĂšre de Dieu Ă­ĂŹ alumĂ©e contre nous. En un mot, nul remĂšde si les hommes ne lĂš changent, & s’ils ne deviennent doux & charitables de durs & de cruels qu’ils font devenus. 29. Et afin que personne ne fe trompe plus par des titres magnifiques, je vais particulariser par ma conclusion qui sont ceux Ă  qui apar- tiennent vĂ©ritablement ces titres-lĂ . Les ChrĂ©tiens, font a ceux qui crucifient a chair avec ses afeffions & fies dĂ©sirs. Les Êjf^ANs de Dieu sont ceue. [o / . 'conduits "r t Esprit Ă e is'i. . par *** 4 * - . b Rom . 8 .v. 14» P R E F A C ĂŻ. Ăź. IV. % ' t, Ă  leurs propres dĂ©sirs. i-£» Jpideles, font ceux qui ne s’apuient pas seulement sur la misĂ©ricorde de Dieu par JĂ©sus-Christ; mais qui aussi s-exercent en toutes sortes de bonnes oeuvres, & qui, comme dit S. Pierre, a ajoutent vertu avec leur foi ; & avec vertu , science ; & avec science, tempĂ©rance ; & avec tempĂ©rante , patience , & avec patience, piĂ©tĂ© » & avec piĂ©tĂ©, amour fraternelle ; & avec amour, fraternelle, charitĂ©. Les Membres de Jesus -Christ, font ceux qui mettent peine Ă  Ă­Ăš conformer en cette vie Ă  leur Chef, autant qu’il eĂ­l possible, sachantqu’il ne se peut faire que le Chef soit d’une volontĂ© k ' ui encs" , wJpieu dev .‱ . tou- us “ tes o. 2 Pier. 6,7. Ă­ Eph. r. r>. 4° P R E F Ă  C E. K. IV. tes sortes de faux ChrĂ©tiens. Sur quoi Ă©ro’T^ns ce mot de S. Augustin U -,fVt le BatĂȘme ; il peut avoir la prophĂ©tie ; il peut recevoir le Sacrement du Corps & du Sang du Seigneur ; il peut ĂȘtre apellĂš ChrĂ©tien & avoir en fa bouche le nom de Christ; il peut avoir les autres vertus ; mats /'Amour , la CharitĂ©, est tellement propre aux vrais ChrĂ©tiens, ‱ “ i t * Que chacun donc, dit-ĂŹi ailleurs , s interroge foi - mĂȘme touchant ce qu 3 il aime, & il trouvera Ă€ oĂč il est Citoien, S*il aime le monde & ce qui est a u monde , comme la chair, les richesses, les honneurs ; il est citoien de Babilone, & r?a rien de commun avec la justice ; S'il aime Dieu, il est citoien de Jerusalem, il est bon , il est justes & Von ne doit pas douter que Dieu ne lui rende dans ce grand jour la couronne de justice. Amen. *** f TABLE DES CHAPITRES. OĂč le contenu de chaque chapitre est marquĂ© par un vers. Chap. LIVRE I. 1, '[Mite Jesus-Chr ist, mĂ©prise toutes choses. I 2. Aime L'humilitĂ© plutĂŽt que la science. 4 z. Ecoute Dieu parlant, & te combats toi-mĂȘme. 7 4. Ne juge de leger, & ne te prĂ©cipitĂ©. IZ ç. Lis, mais avec VEsjril qui diiĂŻa F Ecrit ure. 14 6. On se trouble en cĂ©dant, rĂ©sistant on se calme. 16 7. Ne te prevaus de rien, & te soumets Ă  tous. 17 g. Sois familier Ă  peu, mais fois ami de tous. 19 9. Aime bien d?obĂ©ir, & bai ton propre sens , 20 10, Fui TABLE DES CHAPITRES, Chap. LIVRE I. 10. Fui les vains entretiens, parle des choses saintes. 22 11. Pour aquerir la paix combats toi fans cesser, 24 12. 11 Fest avantageux que tu fois afĂŹigĂ©, 28 13. Heureux l’hcmme tentĂ©, mais qui demeure ferme. 29 14. Ne juge pas autrui , juge toi, quitte toi. 3 7 Is. Faipar un pur amour tout ce que tu veux faire. 37 16. On te doit fuporter , fuporte donc les autres. 39 17. TJn homme bien ChrĂ©tien doit F ĂȘtre par fa vie. 41 18 - Sui les ChrĂ©tiens pasiĂ©s,fui les tiĂšdes prĂ©sent. 43 19. Aies de bons desseins, & de saints r exercices. 48 20. Apren la solitude & le sacrĂ© silence . sZ aĂŻ. Afiige ton Esprit en voiant tes offen- ses. f9 22 . Voi la mifere humaine avec un caur touchĂ©. 63 *** 6 23. Th TABLE DES Chap. LIVRE II. 23. Tu mourras ĂŹ & ta mort fera comme ta vie. 69 24. Les juplices d'enfer attendent les mĂ©dians. 7ç Ls. Aie beaucoup d’ardetsr pour amen. der ta vie. 8i Chap. LIVRE II. I. Tu verra tout dans toi fi tu fat bien t'y rendre. 90 L. Dieu ne donne fes biens A son secours qu’aux humbles. 96 Z. Si tu chĂ©ris la paix tu fuporteras tout, 98 4. Vceil ftmple & le cƓur pur Ă©lĂšvent jusqu"Ă  Dieu. 100 f. Laiße autrui, laisse tout, pense Ă  ter, pense Ă  Dieu. 102 6 . La joie bien solide esl dans la conscience . 10s 7. Pour bien aimer ffeftts il faut Vaimer lui seul. 108 8- Aime tout pour ffeftts, & jlefus pour lui mĂȘme. 111 §. Pour Ă©purer les siens Dieu les prive de jo ie. Us 10. Pens CHAPITRES. Chap. LIVRE II. io. Ren grĂąces jour la grĂące , & soufre son absence. iai ĂŻl. Pottr suivre Chr iß soufrant peu de gens se renoncent. I2s 13. Fr en la croix de JĂ©sus st tu veux sa couronne. 1 29 Chap. LIVRE. III. 1. Ferme ton cƓur au monde , & Dieu t'y parlera. 140 2. Vbomme parle au dehors , Ă©> Die» parle au dedans. Ï42 3. On fait t j ut four le monde, on ne fais rien pur Dieu. J 45 4. Repi la vĂ©ritĂ© d'un cƓur humble & fincere. J$0 s. Demande Ă  Dieu F amour, car on a tout dans lui. If4 6. Vamour eĂ­t Ă©prouvĂ© par les choses contraires. 16 J 7. Sois humble dans la grĂące , & lors qu'elle est absente. 166 g. Reconnoi devant Dieu que tu rĂ­Ăšs rien du tout. 171 9. Que Dieu soit ton motif & ta fin souveraine. 174 *** 7 10 .Dieu TABLE DES Chap. LIVRE III. 10. Dieu te veut bien servir, sers le, car c* est ta gloire, 17 6 1 1. TĂąche de plaire Ă  Dieu, mais non pas Ă  toi mĂȘme. 180 12. Soufre les maux du monde, Ă©vite ses plaisirs. 182 13. Que ÂŁ exemple de Christ t'en feigne Ă  te soumettre. 186 14. Que la grandeur de Dieu , que ton nĂ©ant f Ă©tonnent. \ § 9 l s. Veux tout ce que Dieu veut, & non ce qui te plait, 192 16. Cherche ta joie en Dieu, maĂ» non pas dans le monde. 19s 17 - Jette tes foins fur Dieu, permets qu il te conduise. 197 18- Christ soufre le prĂ©mier,soufre donc aprĂšs lui. 199 19. On doit Ă©galement fuporter tout de tous. 202 20. Ta foiblesfe est bien grande, & ta vie penible. 206 21. Dieu visite le cƓur qui ÂŁ aime & qui le prie. 210 22 - BĂ©ni Dieu pour ses dons, & fois content des moindres , 21? a CHAPITRES. Chap. LIVRE III. 23 - Dieu t’enseigne la Paix, pris que tu l’objerves. 219 24. QĂą'te les foins fans fruits, & remets tout h Dieu. 224 2s. Cherche la paix de Dieu dans fĂȘtĂąt des parfaits. 22s 26. Use du nĂ©cessaire , & gĂ©mi fous on poids. 229 27. J Qu,i veut jouir de tout doit aujfi tout donner. 232 28- N’apiĂŹque pas ton coeur Ă  ce qu’on dit de toi. 236 29. Pren Dieu pour ton recours lors que les maux f accueillent. 237 30. Cherche en Dieu ton secours fans craindre f avenir. 239 31. Pour bien connoltre Dieu qui te toute autre chose. 24s 32. Si tu veux trouver tout, il te faut tout quiter. 249 33. Parmi les changement demeure inĂ©branlable. 252 34. Lorsque Pon goĂ»te Dieu Pon trouve tout en lui. 2s4 3 s. Dieu deßine les ftens Ă  foufrir dans ce monde. 258 36 . Luise TABLE DES Chap. LIVRE III. g 6 . Laisse dire le monde, & remets tout Ă  Dieu. 26 l 37* Qg’te toi tout-Ă -fait pour avoir le cƓur libre. 263 Z g. Demeure libre en tout, consulte Dieu sur tout. 2 66 39. Tu doĂč laisser Ă  Dieu le soin de ta conduite. 2 68 40. Vhomme n a rien de bon, c'est Ă  tort qu on le loue. 270 41. Laisse toi mĂ©priser , c est ce que tu mĂ©ritĂ©s. 274 42. N'aie garnis qtien Dieu ; & n aime que lui seul. 276 43. Dieu rend intelligens les petits & les humbles. 278 44. 11 faut mourir au monde , afin dia* v 4 r la paix. 281 4s. QĂ­sonse repose en Dieu, sans conter fur les hommes. 28Z 46. Laisse juger le monde, & voi ce que Dieu juge. 288 47. Soufre les petits maux atendantles grands biens, 293 48. Parmi les maux prĂ©fens pense aux biens Ă  venir ‱ 296 49- Pℱ CHAPITRES. Chap. LIVRE III. 49. Par le renomment Dieu dispose Ă  la vie, zo2 50. Dans son abaissement il faut qu en se rĂ©signĂ©. 309 Çï. Dans la langueur d'Esprit cherche les oeuvres humbles. 31s Ç2. Tu ne mĂ©ritĂ©s rien , brise ton coeur mauvais. 317 f 3, On nesauroit mĂȘler la grĂące & Da* muur propre. 320 54. La grĂące & la Nature ont des motifs contraires. 324. s s. Sans la grĂące de Dieu nous ne saurions rien faire. 332 5^- Quite toi, fui JĂ©sus t pren fa crois c, Ăł~ D imite. 336 57. iSse t 1 abat s point par trop quand tu vois tafoibleße. 340 5 S. RejpeBe en te taisant ce que Dies* Da cachĂ©. 343 s9. N’ejpĂšre que Dieu seul } ne cherche rien qu en lui, 351 CIIA P. TABLE DES Chap. LIVRE IV. 1. Aprocbe toi de Dieu, car c est Dieu qui f invite. Zsg 2. Aprocht toi de Dieu, mats dans ÏhumilitĂ©. Z 69 3. Ne te tien pas long-tems Ă©loignĂ© de ton Dieu. 374 4. Vunion avec Dieu, c*est la source des grĂąces. 378 s. Ce tĂ­efl quaux vrais ChrĂ©tiens que Dieu se communique. 384 6 . Demande Ă  ton Sauveur qu'il te prĂ©pare Ă  lui. 388 7. PrĂ©pare toi pour Dieu reconnaissant tes fautes. 389 8 - Ofre toi tout Ă  Dieu pour lui bien agrĂ©er. 394 9. Ofre Ă  Dieu, toi , tes vaux , tant pour toi que pour d’autres. 396 10. Uni Ă  Dieu ton cƓur en tout tems & fans c este. 401 11 .La vie de JĂ©sus est nĂŽtre nourriture. 408 12 . PrĂ©pare moi ton cƓur, & je viendrai chĂ©s toi. 416 13. Deftre avec ardeur de f unir tout Ă  Dieu. 420 14. Con- CHAPITRES. Chap. LIVRE IV. 14. ConsidĂ©rĂ© l'ardeur des saints pour t'animer. 423 Is. Plus on renonce Ă  foi, plus on s'unit Ă  Dieu. 42s 1 6 . Prie ton CrĂ©ateur qu'il vienne agir dans toi, 429 17. Redouble ton ardeur pour l'union heureuse. 431 18- Rejette les conseils de la chair malheureuse. 436 NB. Dam le troisiĂšme U le quatriĂšme livre , qui sont une espĂšce d’entretien de Dieu& de l’Ame ChrĂ©tienne , on a virgule Ă  la marge les lignes du texte oĂč Dieu eß in. traduit comme interlocuteur. TA TABLE DES MATIERES PRIN CIPALES» A. A Bnegation. VoĂŻĂ©s Renoncement. Actions de grĂąces. Peur la vocation m service de Dieu. Lvr. III, Cb. ro. Pour les biem reçus de Di grands & petits. Livr. III. Cb. 22. Afflictions. Voi. tribulations, &c l ur avantage & utilitĂ©. Uv . I. Cb. 12. Liv. II. Cb, 12. Liv. III. Cb. io. ZO. Z s. Ă©* 49 . On a toujours des sujets d’afliĂ©lions. Liv. I. Cb. 21. & LiUflI. Cb. 12. Comment on doit s’y comporter, Liv. III, Cb. 29. e- rance en Dieu. liv. III. ch. 59. li 25. PriĂšre & mĂ©ditation sur ce que Dieu nom apeĂŹlc Ă  sa divine communion . it, liv. IV. ch. X. Ăź6. PriĂšre & mĂ©ditation pour saprocher ii. de Dieu avec humilitĂ©, liv. IV. ch. 2. !i 17. PriĂšre pour demander Ă  Dieu la grain ce de fa divine Communion, liv. IV. ch. 3. 1 28. PriĂšre pour impetrer avec la Com - i. mu- Table des PriĂšres. munion divine les Effets qui tn pro. tedent. liv. IV. ch. 4. r-. PriĂšre & mĂ©ditation pour s’exami. mr avant que de se prĂ©senter Ă  la Sainte Communion, liv. IV. ch. 6.& 7. 30. PriĂšre pour demander le pardon de ses pĂ©chĂ©s & la misĂ©ricorde de Dieu sur soi & sur les autres avant la Ste. Communion, liv. IV. ch. 9. 31. PriĂšre & mĂ©ditation fur la maniĂšre dont le Sauveur fi communique Ă  fit bien-aimĂšs. liv. IV. ch. 11. 3 Z. PriĂšre pour s’abandonner du tout Ă  Dieu dam le dĂ©fir de le recevoir, liv. IV. ch. f . 33. PriĂšre pour implorer tEsprit d’ar- deur qui mus uniffe Ă  Dieu. liv, IV. cb. 14. 34, PriĂšre pour implorer la gratieufeprĂ©sence de Dieu par fa Communion divine , pour remedier Ă  toutes ms misĂšres. liv IV. ch. 16. Z s. PriĂšre & transports d’une ame qui dĂ©stre que JĂ©sus-Cbrist son Sauveur vienne dans elle. liv. IV. ch. 17. LE LE PREMIER LIVRE D E * LIMITATION JESUS CHRIST. CONTENANT Des avis utiles pour la vie spirituelle. Chapitre I. Imite Jesus Christ } mĂ©prise t o u. tes choses. Elui qui me fuit , ne marche point dans les tĂ©nĂšbres , l dit Je Seigneur, -r Ces paroles font de JĂ©fus- Christ ; & il nous avertit par elles que nous devons imiter fa vie & ses Ɠuvres, fi nous voulons ĂȘtre vraiement Ă©clairĂ©s & dĂ©livrĂ©s de tour aveuglement de cƓur. A Pat L De l’Imitation Par consĂ©quent, nĂŽtre grande affaira doit ĂȘtre l’étude assidue de la Vie de JéíĂčs-Christ. r. La doctrine de JĂ©sus-Christ est encore au-dessus de tout ce que les Saints enseignent. Si onavoitl'Esprit de Dieu lors qu’on la mĂ©dite , on y trouveroit cette a Manne cachĂ©e dont l'Ecriture il arrive tous les jours,qu'une infinitĂ© de monde Ă©coute les paroles de l’Evangile fans que personne ait le cƓur touchĂ© du dĂ©sir de les pratiquer. C’est parce qu’ilsn’ont point l’Espritde ne saurions bien entendre ni pratiquer la doctrine du Seigneur JĂ©sus, ni bien goĂ»ter ses paroles, qu’en nous efforçant de conformer nĂŽtre vie Ă  la sienne. z. A quoi bon disputer fur le mystĂšre de la TrinitĂ© , si 1 humilitĂ© te manque, & que par consĂ©quent la TrinitĂ© ne trouve rien en toi qui lui soit agrĂ©able? Les discours Ă©tudiĂ©s ne rendent personne ni saint ni juste devant Dieu. C’est la vie vertueuse qui nous rend ses amis. J’aime bien mieux sentir mon cƓur a Apoc . 2, v . 17. de J. Christ. Lhr. I. Ch. i, j cceur touchĂ© de la vraie repentance » K que de savoir comment il la faut dĂ©finir. Quand tu aurois toute la Sainte liftĂ© Ecriture imprimĂ©e dans la mĂ©moire, jisla & que tu sçauroispar cƓur toutes les % belles sentences des Philosophes, di os; moi, je te prie, Ă  quoi te serviroit f c tout cela fi tu Ă©tois destituĂ© de l’Amour rosis de Dieu & de fa grĂące ? a VanitĂ© des 't" vanitĂ©s ; tout efl VanitĂ© , hormis aimer p Dieu 8c lui obĂ©ir. Voici en quoi contrai siste la Souveraine sagesse, Ă  s’avan- OM CER VERS LE RoiAUME DU ClEL ÌSBC PAR LE MESPRIS DE TOUTES LES Itrli CHOSES QUI SONT SUR LA TERRE. r !E 4. C’est donc vanitĂ© que de s’appli- fe quer Ă  l’acquisition des richesses pĂ©ris. ,ne ' sables,8c d’y mettre fa confiance C’est iĂŹĂš' vanitĂ© que de rechercher les honneurs l2 -' du monde, & de vouloir s’élever dans 1,0 un rang distinguĂ©. C’est vanitĂ© que de courir aprĂšs les plaisirs du corps, & G de dĂ©sirer des contentemens insĂ©para- blĂ©s d’une punition sĂ©vĂšre & rigoureu- ;i se. C’est vanitĂ© que de souhaiter une 0 longue vie, sans se mettre en peine de - A r bien a Ecd. i. 4 De l’ Imitation , , ! bien vivre. C’est vanitĂ© que d’apliquer j p ses soins aux choses prĂ©sentes, & de n’avoir point de prĂ©voĂŻance pour cel- ! les qui doivent arriver cy-aprĂšs. C’est f ; enfin vanitĂ© que de vouloir attacher ses ' f; affections Ă  des choses qui ne font que , [f paffer avec une vitesse non-pareille, & J j, ne se point avancer vers celles qui de- ; r, meurent dans un Ă©tat fixe de fĂ©licitĂ© & * de joie Ă©ternelle. , Pense souvent Ă  cette parole du Sa- . ge ; a L’Ɠil ne sera jamais rassasiĂ© par { tout ce qu’il peut voir , & l'oreille ne sera { point assouvie en Ă©coutant. Pren donc , peine Ă  retirer ton cƓur de l’aniour des choses visibles, & Ă  te donner tout-en- tier aux invisibles. Car ceux qui ont de l’attachement aux plaisirs des sens, souillent leurs consciences, & perdent la grĂące de Dieu. * 1 a EccL l. ti . 8- 1 ChĂ pitĂŻce II. ÂŁ Aime ['humilitĂ© plutĂŽt que la science. “ I. I Out homme dĂ©sire naturelle- JL ment de sçavoir j mais que ] sert de J. Christ. 5 sert la science quand on n’a pas la crainte de Dieu ? En vĂ©ritĂ©, un PaĂŻsan qui est humble & qui obéßt Ă  Dieu, vaut mieux qu’un Philosophe enflĂ© de sa. s’emplofant Ă  considĂ©rer le cours des astres, n’a point de foin de se rĂ©gler ni de se connoĂźtre soi - mĂȘme. Celui qui se connoit bien, semetavec justice dans le rang des choses les plus viles & lesplus abjectes; & il neprend point de plaisir aux louanges des hommes. Quand je polTĂ©dcrois la science de toutes les choses qui font dans le monde, que meprofiteroit cette science devant Dieu si je n’avois point la charitĂ©, vĂ» que c’est fur mes actions qu’il me doit juger ? 2. RĂ©prime en toi le dĂ©sir de savoir beaucoup de choses ; parce qu’il ne fait que distraire l’eĂ­prit, & ne sert au’à le tromper. Ceux qui ont beaucoup de science ont aussi beaucoup d’ambition pour paroĂźtre en la dĂ©bitant ; & ils sont bien aises qu’on dise d’eux qu’ilssont sages & habiles. Cependant combien y a-t-il de ces choses, dont la science est de petit ou Ă­nĂȘ- A 3 me 6 Del’ Imitation me de nul usage pour l’ame? C’est ĂȘtre bien insensĂ© que de s’apliquer Ă  d’au- tres choses qu's celles qui contribuent au salut Ă©ternel. Beaucoup de discours ne nourrissent pas l’ame. Il n’yaque la bonne vie qui mette l’eĂ­prit en repos , & que la puretĂ© de la conscience qui salle que l’on se prĂ©sente avec confiance devant Dieu. z. Plus tu sçais de choses- & mieux tu les sçais;plus rigoureuse sera ta condamnation si tu n’en as vĂ©cu plus saintement. Si tu excelles dans la connoiss lance de quelque art ou de quelque science, ne t’en Ă©lĂšve point ; tremble plutĂŽt de ce que tu asplus de connoiss lance que de pratique. Lors qu’il te viendra dans la pensĂ©e, que tu sçais beaucoup de choses, & que tu les en- tens bien, pense qu’il y en a infiniment davantage Ă  l’égard desquelles tu n’ùs qu’un ignorant. Ne t’élĂšve point dans l’opinion de ta sagesse ; avoue plutĂŽt ton ignorance. Pourquoi voudrois-tu te prĂ©fĂ©rer Ă  d’autres, vu qu’il y en a tant qui te devancent & qui ont plus ^intelligence que toi dans la loi de Dieu? de J. Christ. LĂŹvr. 1. Cb. 7 Dieu? Veux-tu apprendre une science qui te fera fore utile Ç 1 Appren Ă  aimer d erre inconnu, & d’ĂȘtre estimĂ© moins que rien. 4. L’Instruction la plus haute & la plus utile , est de se connoĂźtre & de se mĂ©priser. C’est une grande Ă­Ă gesle & un avancement signalĂ© dans la perfection que de croire effectivement qu’on ne & que les autres font bien-meilleurs que nous. Quand tu verras quelqu’un commettre un pĂ©chĂ© ou un crime manifeste, tu ne dois pas penser que tu sois meilleur que lui; parce que tu ne sçais pas combien de te ms tu demeureras fans tomber. Nous sommes tous fragiles; mais ne croi pas que personne soit plus fragile que toi. Chapitre III. Ecoute Dieu parlant , & te combats toi-mĂȘme. X. T T Eureux celui que la vĂ©ritĂ© en- il feigne par elle mĂȘme, &non A 4 point 8 Del’ Imitation point sous l’obscuritĂ© des figures , & par des sons qui passent ; mais telle qu’elle est essencieliementl Nous sommes souvent trompĂ©s par nos opinions & par nos sentimens, qui ne nous dĂ©couvrent que trĂšs-peu de choses & trĂšs-imparfaitement. A quoi bon tant de contestations fur des choses cachĂ©es kc obscures, dont l’ignorance ne nous fera pas imputĂ©e Ă  pĂ©chĂ© aujpur du jugement de Dieu ? C’est une prodigieuse folie que de nĂ©gliger ce qui est utile & nĂ©cessaire,pour nous appliquer de gaietĂ© de cƓur Ă  des choses inutiles & curieuses, & mĂȘme nuisibles & dommageables. C’est avoir des yeux, & ne point voir. 2 . Qu avons-nous besoin de ces fatras Philosophiques, tels que les Genres ouĂŻes EspĂšces ? Celui Ă  qui la Parole Eternelle parle, n’a plus que faire de tant d’opinions. Cette unique Parole est la source de tout ce qui est solide , & tout nous renvoie Ă  Elle par un langage muet. C'est elle aussi § qui est le souverain principe qui nous parle. Sans Elle on ne comprend rien, & , 5» S. de J. Christ. Livr. 1. Cb. z. tz on ne peut juger de rien lui Ă  qui cette Parole unique est tout, qui ramĂšne tout Ă  cette UnitĂ©', & qui voit tout dans Elle, aura Ă­e cƓur ferme & inĂ©branlables demeurera tranquille en Dieu. Mon Dieu! VĂ©ritĂ© Ă©ternelle ! fai moi la grĂące que je fois une mĂȘme chose avec toi par ton Amour Ă©ternel ! Je m’ennuĂŻe souvent de tant de lectures, & de tant de discours. Tout ce que je cherche & que je dĂ©sire ne se trouve que dans toi. Que tous les Docteurs serment la bouche, & que toutes les crĂ©atures se taisent en ta prĂ©sence ! Toi seul, mon Dieu ! toi seul, parle Ă  mon ame. Plus un homme est recueilli dans lui-mĂȘme & rĂ©duit Ă  une innocente simplicitĂ© de cƓur, plus aussi s’éten- dent&s’élĂšventĂ­Ă nspeine sesconnois- lances ; parce qu’il est Ă©clairĂ© par Pin- telligence qu’il reçoit d’enhaut. Une ame pure, simple, & constante, ne se laisse pas distraire par une multitude d’opĂ©rations ; parce que tout ce qu’el- le fait ne tend qu Ă  un seul but, qui est l’honneur de Dieu , demeurant dans A 5 Pinac- lo De l’Imitatioh l’inaction sur ce qui la regarde, & tĂąchant d’ĂȘtre toujours libre de toute propre recherche. Ya - t-il rien qui te trouble & qui t’embaraiTe davantage que les dĂ©sirs imortifiĂ©s de ton cƓur ? Celui qui craint Dieu, ne fait rien au dehors que premiĂšrement il ne Tait rĂ©glĂ© & disposĂ© au dedans de lui-mĂȘme, fi bien qu’il ne fait rien par le penchant des inclinations vicieuses ; mais il range tout fous la Loi de l’efprit & de la droite raison. N’est-ce pas le plus rude de tous les combats que de tĂącher de se vaincre soi-mĂȘme ? Ce devroit ĂȘtre lĂ  nĂŽtre grande affaire, de nous vaincre, & de devenir tous les jours plus forts contre nous mĂȘmes par un progrĂšs continuel dans le bien. 4. Pendant que nous sommes dans cette vie nous n’avons point de perfection fans mĂ©lange d’imperfection, & nos lumiĂšres font toujours bien obscures. L’humble connoiĂ­sance de ton nĂ©ant te conduira plus sĂ»rement Ă  Dieu, que la recherche d’une science n’est pas qu on ait dessein de blĂąmer la science ou la simple con- noifsance de J. Christ. Livr. I. Cb. 3. II noistance des choses, puis qu’elleest bonne en foi 8c dans Tordre de Dieu. Mais on doit toujours prĂ©fĂ©rer la bonne conscience & la bonne vie. Il y en a beaucoup qui se trompent malheureusement & qui sont presque tout Ă  fait stĂ©riles en bons fruits, parce qu’ils s’é- tudientplus Ă  savoir beaucoup , qu’à bien vivre. 5. O! si Ton Ă©toit aussi diligent Ă  extirper les vices du cƓur & Ă  y Ă©tablir les vertus » qu’on Test Ă  former des questions & des disputes! L’on ne verroh pas tant de maux Sc de scandales parmi le peuple,ni tant de diĂ­ĂŹolutions entre ceux qui font profession d’une vieplus spirituelle ! Certainement lors que Je jour du jugement fera venu il ne nous fera pas demandĂ© ce que nous aurons lu, mais ce que nous aurons fait j il ne fera pas question de íçavoir si nous avons dit de belles choses,mais si nous en avons fait de bonnes Sc de saintes. OĂč font Ă  prĂ©sent ces grands Docteurs Sc ces Sçavans que tu as connus pendant leur vie,Sc que leur science rendoit si cĂ©lĂšbres ? Leurs charges A G 8c 12 De l Imitation & leurs biens font passĂ©s Ă  d’autresj qui peut - ĂȘtre ne pensent pas Ă  eux. Lors qu’ils vivoient,on les tenoit pour quelque chose de grand ; maintenant on n’en dit plus rien. 6. O! que la gloire de ce monde paf fe vite t O ! si leur vie fe fĂ»t accordĂ©e avec leur science ! leurs Ă©tudes & leurs lectures leur profiteroient prĂ©sentement. O! que le nombre est grand de ceux que la vanitĂ© de la science conduit de ce monde dansl’Enser; parce qu’ils ne se mettent pas en peine de servir Dieu ! Comme ils aiment mieux une vaine rĂ©putation que l’humilitĂ© , ils se perdent dans le vuide de leurs pensĂ©es. C’est ĂȘtre vraiement grand & louable que d’àvoir un grand amour pour Dieu & pour son prochain. C’est ĂȘtre grand que d’ĂȘtre petit en soi-mĂȘ- me, & de tenir pourrien les plus hauts degrĂ©s de Thonneur mondain. C’est ĂȘtre prudent que a de tenir toutes les choses de ce monde pour de la fiente afin de gagner A. Christ. Et celui-lĂ  est vraiement sçavant, quisçaitfaire la volontĂ© de Dieu & renoncer Ă  la sienne propre. nu. ?. v. 8. Cha " de J. Christ. JJvr. I. Ch. 4. iz Chapitre IV. Ne juge de leger , & ne te prĂ©cipite . I. \T Ous ne devons pas croire tout JLlI cequ’onnous veut persuader, ni tout ce que nĂŽtre cƓur nous suggĂšre ; mai s nous devons examiner toutes choses prudement & avec patience, selon Dieu. Mais, helas! nous avons la foibleffe de croire & de dire plutĂŽt du mal des autres, que du bien. Cependant ceux qui font avancĂ©s dans la perfection ne croient pas aisĂ©ment tous les rapports qu on leur fait ; parce qu’ils sçavent que l’infirmitĂ© des hommes les porte toĂ»jours vers le mal, &les fait Ă­ouvent tomber dans le dĂ©rĂšglement de la langue. 2. C’est une grande sagesse que de n’ĂȘtre point prĂ©cipitĂ© dans ses actions, ni attachĂ© Ă  son propre sens avec opiniĂątretĂ©. C’en est une aussi que de ne pas croire tout ce que l'on nous dit, dc de n aller point rapporter aux autres ce que nous avons ouĂŻ ou cru. Pren conseil d’une personne sage ĂŽi de bon- A 7 ne 14- De l’Imitation ne conscience ; & cherche de recevoir plutĂŽt s avis & sinstruction de celui qui est meilleur que toi, que de suivre ta propre pensĂ©e. La bonne vie rend rhomme sage & expĂ©rimentĂ© selon Dieu, & lui donne de l’expĂ©rience en beaucoup de choses. Plus on est hum. ble de cƓur & soumis Ă  Dieu, plus a- t-on de sagesse Sc de tranquillitĂ©. Chapitre V. Li » mail avec l’Eftrit qui diiĂŻa l’E - criture. faut chercher dans l’Ecriture X Sainte non TĂ©loquence, mais la vĂ©ritĂ©. On doit lire rĂ©criture avec le mĂȘmeEĂ­pritqu’elle a Ă©tĂ© faite; & nous y devons plutĂŽt chercher nĂŽtre Ă©dification,que la subtilitĂ© du ne devons pas moins trouver de plaisir dans la lecture des livres de piĂ©tĂ© quoi que tout y soit simple, que dans ceux qui font sublimes & relevĂ©s. Ne t’arĂš- te point Ă  considĂ©rer si celui qui Ă©crit, a Ă©tĂ© tenu pour peu Ă­Ă vant ou pour fort habile ; de J. Christ. Ch. y. if habile; qu’il n’yaitquel’amourdela pure vĂ©ritĂ© qui r incite Ă  lire ce que tu Jis. ConsidĂšre avec attention ce qui est dit, & ne te mets pas en peine de savoir qui c’est qui la dit. 2. Les hommes passent; mais la vĂ©ritĂ© du Seigneur demeure Ă  jamais. Dieu nous la propose par ses paroles en beaucoup de maniĂšres,fans qu’il regarde Ă  la qualitĂ© de ceux donc il sc sert pour nous parler. Souvent nous retirons peu de profit de la lecture de l’E- criture Sainte, parce que nous y cherchons la satisfaction de nĂŽtre curiositĂ©. Nous voulons Ă©plucher & rechercher curieusement des choses sur lesquelles il ne faudroit que passer. Si tu veux lire avec profit sEcriture, li la avec humilitĂ©, avec simplicitĂ©, & avec une intention sincĂšre de suivre ses instructions. Ne dĂ©sire jamais dĂ©passer pour sçavant. Demande toĂ»jours d’ĂȘtre instruit; Ă©coute en silence les paroles des Saints; & ne te rebute point des Paraboles & des maniĂšres de parler figurĂ©es des Anciens; car ils ne s'en font point servis fans sujet, ChĂĄ- l6 De l’Imitation Chapitre VI. On se trouble en cĂ©dant ; rĂ©sistant on se calme. T Oures les fois - que Hiomme Ă©tend son dĂ©sir au delĂ  des bornes que Dieu lui a prescrites, il est par cela mĂȘme rempli de troubles & d’ & lavare n’ont jamais de paix; mais le pauvre & rhumble d’eĂ­prit font dans i Ă©lĂ©ment d’unetranquilitĂ© qui n’est pas encore entiĂšrement mort Ă  foi-mĂȘme se laisse incontinent tenter & vaincre, mĂȘme dans les choses les plus petites & les plus basses. Celui dont Tarne est foible & lĂąche, & qui panche encore vers les choses charnelles & sensibles, trouve beaucoup de difficultĂ©s lors qu’il est question de Ă­Ăš dĂ©tacher entiĂšrement des dĂ©sirs ter- restres;aussi ne s’en dĂ©tache-t-il qu’avec beaucoup de tristesse; & si on lui rĂ©siste tant soit peu, il se met en colĂšre. 2. Que s’il a satisfait Ă­Ă  convoitise, Ă  TinstantmĂȘme les remords de fa conscience de J. Christ. LĂŹvy. I. Ch. 7. 17 science viennent le tourmenter, parce qu’ilasuivi sa passion , laquelle ne lui a pas apportĂ© la paix qu’il cherchoit. C’estdoncen rĂ©sistant aux passions, 6 c non pas en les satisfaisant,que se trouve la vraie paix du cƓur j & ainsi, il n’y a point de paix dans le cƓur d’un homme charnel, ni dans celui d’un homme qui est tout occupĂ© aux choses terrestres ; mais seulement dans ceux qui font animĂ©s de zĂšle & de dĂ©sirs pour les choses spirituelles. ChaĂźitre VII. Ne te prĂ©vaut de rien ; & te soumets Ă  . tous. I. /'"''Elui qui attend son bien des V> hommes ou des autres crĂ©atures, demeure vuide du vrai bien. Que l’amour que ru dois avoir pour imiter JĂ©sus-Christne te faste point prendre Ă  honte de servir les autres, & d’ĂȘtre vĂ» pauvre & abject en ce monde. Tu ne dois jamais te sier surtoi-mĂȘme, mais seulement sur Dieu, Fai ce que tu peux 5 l8 De limitation peux ; & Dieu secondera ta bonne r appuie point sur ton savoir- faire , ni sur l’habiletĂ© de personne , maisĂ­Ăčr la grĂące de Dieu, qui aide les \ humbles, & qui abaisse ceux qui prĂ©sument quelque chose d’eux-mĂȘmes. 2. Si tu as des richesses, ne t’cn glorifie pointmon plus que de tes amis s’ils font puissans. Ne te glorifie qu en Dieu qui fait & qui donne tout,& qui dĂ©sire de se donner Jui-mĂȘme encore par-dessus. Ne tire point de vanitĂ© de la taille &de la beautĂ© de ton corps, qu’une petite maladie peut ruiner & rendre tout difforme. Garde-toi bien de te plaire en toi-mĂȘme pour ton habiletĂ© ou ton esprit, de peur que tu ne. dĂ©plaises Ă  Dieu de qui tu tiens tous tes dons naturels. Z. Ne te croi jamais meilleur que les autres, de peur que Dieu ne te tienne pour le pire de tous; car il voit tout ce qui est dans I’homme. Si tu crois avoir fait de bonnes Ɠuvres ne t’en Ă©lĂšve point ; parce que les jugemens de Dieu font bien diffĂ©rens de ceux des hommes ; Sc que ce que les hommes de J. Christ. 8 . 19 trouvent bon, lui est souvent trĂšs-dĂ©ss agrĂ©abl^.S’il y a quelque bien dans toi, croi qu’il y en a davantage dans les autres ; afin que tu demeures toĂ»jours dans FhumilitĂ©. Tu ne perdras rien Ă  te mettre au dessous de tous ; mais il est trĂšs-dangereux pour toi de te prĂ©fĂ©rer Ă  un seul. La paix demeure toĂ»jours avec les humbles ; Fenvie & la colĂšre rĂšgnent dans les cƓurs des orgueilleux. Chapitre VIII. Sois familier Ă  peumais fois ami de tous. E dĂ©couvre pas ton cƓur a r-Xs _L\ touszne te communique qu a- vec un homme Ă­Ă ge, & qui craigne te trouve que rarement entre les jeunes gens & les personnes du monde. Ne flatte point les riches, & ne dĂ©sire point de paroĂźtre devant les Grands. Aime la compagnie des humbles & des simples; de ceux qui vivent religieusement,& dont les mƓurs font rĂ©glĂ©es, pour t’entretenir avec eux fur des ao DĂ© l* Imitation des sujets d’édification. Ne fois point familier avec les personnes del’autre sexe ; qu’il te suffise de les recommander Ă  Dieu, & fur-tout celles qui font vertueuses. Tu ne dois rechercher que la familiaritĂ© de Dieu & de ses Anges, & nullement d’ĂȘtre connu des hommes. 2. On doit avoir de la charitĂ© pour tous, mais non pas de la familiaritĂ©. Il arrive souvent qu’une personne est en bonne rĂ©putation pendant qu’elle Ă­e cache;& que lors qu’elle se produit, elle dĂ©plaĂźt. Nous nous imaginons quelquefois que nous nous rendons agrĂ©ables aux autres en les frĂ©quentant ; & c’est alors au contraire que leur donnant occasion de considĂ©rer le dĂ©rĂšglement de nos mƓurs, nous leur devenons odieux. Chapitre IX. Aime bien d’obéÏr; & hai ton propre sens, est avantageux d’ĂȘtre fous la A puiĂ­Tance d’autrui, de vivre fous un de J. Christ. Livr. ĂŻ. Cb. 9. ri un SupĂ©rieur , & non pas dans l’indĂ©- pendance. Il est bien plus feur d’obéïr que de commander. Mais il y a beaucoup de gens qui obĂ©issent plutĂŽt par nĂ©cessitĂ© que par amour ; & ce n’est qu’avec peine & avec murmure qu’ils flĂ©chissent. Cependant on ne trouvera jamais la libertĂ© de l’esprit que dans une soumission sincĂšre & qui naisse du cƓur par le motif de l’amour de Dieu. Qu’on aille oĂč l’on voudra, on ne trou- verapoint de repos que dans une humble soumission. Beaucoup de gens se font trompĂ©s en s’imaginant que le changement de lieu les mettroit en repos. 2. Il est vrai que chacun se plaĂźt Ă  agir selon son propre sens, & qu’on a beaucoup d’inclinarion pour ceux qui font dans les mĂȘmes fentimens que nous. Mais si Dieu est parmi nous, nous renoncerons souvent Ă  notre propre sens pour le bien de la paix. OĂč est l'homme assĂ©s sage pour avoir parfaitement raison en toutes choses ? Ne te fie donc pas trop Ă  ton propre sentiment 5 mais Ă©coute aussi de bon cƓur celui rr De l'Imitatiom celui des ton avis est le meilleur & que tu t'en dĂ©partes pour l’amour de Dieu , afin de ne pas troubler les autres en rejettantle leur, tu en tireras plus de profit. Z. J’ai souvent ouĂŻ dire qu’il y avoit plus de seuretĂ© Ă  Ă©couter & Ă  recevoir conseil, qu’à en donner. Il peut arriver que deux personnes donnant des avis diffĂ©rens, ü’un & l’autre soit bon ; mais c’est un effet d’orgueil & d’opi- niatretĂ© que de ne pas vouloir se rendre Ă  l’avis d’autruijlors que i’occasion . ou la raison le demande. Chapitre X. Fui les vains entretiens, parle des choses saintes. I. Vite autant qu’il t’esipossible j la foule & les grandes compagnies du siĂšcle. Ces conversations, oĂč l'on ne s’entretient que des nouvelles du monde,font nuisibles, mĂȘme Ă  ceux qui ne les disent qu’à bonne intention Lc L I de J. Christ. Livr. I. Ch, io. 2Z & avec beaucoup de simplicitĂ© ; car la vanitĂ© nous corrompt bien vĂźte, & nous met aisĂ©ment sous son joug. Je voudrois m’ĂȘtre teu en beaucoup de rencontres, & n’avoir pas Ă©tĂ© si souvent en compagnie. Mais pourquoi pre- nons-nous tant de plaisir Ă  parler & Ă - discourir ensemble , puis que trĂšs-ra- rement les conversations finissent lĂąns qu’on ait blessĂ© la conscience?C’estque dans nos entretiens nous cherchons de la satisfaction, & des consolations hu- cƓur est chargĂ© d'inquiĂ©tudes & de soucis, & nous voulons le relever, en parlant beaucoup de ce que nous aimons & dĂ©sirons le plus, aussi- bien que de ce qui rfbus fait de la peine. 2. Mais helas ! c’est bien en vain que nous cherchons Ă  nous soulager de cette maniĂšre. Cette sorte de consolation extĂ©rieure est un grand obstacle aux consolations intĂ©rieures & vraiement divines. Veillons donc & prions, de peur que nĂŽtre tems ne se passe inutilement. S’il faut parler, parlons de choses qui puissent Ă©difier. La mau- 24 De lÌmitation mauvaise habitude, & la nĂ©gligence que nous avons pour nous avancer dans le bien, contribuent beaucoup Ă  la mauvaise garde que nous saisons de nĂŽtre langue. Il est vrai cependant que les entretiens touchant les choses Ă­pi- rituĂ«iles , ne nous avancent pas peu dans la piĂ©tĂ©, fur tout lors qu’ils se passent entre des personnes qui n’ont qu’un mĂȘme cƓur & un mĂȘme Esprit en Dieu. fa r. h B li> t'a 1 to K Chapitre Xi. Pour acquĂ©rir la paix combats - toi fans °ceffer. i,\TOus pourrions jouir d’une grande paix si nous voulions ne nous pas occuper des paroles & des actions des autres, & de tout ce qui ne nous regarde pas. Comment seroit-il possible que celui qui se veut mĂȘler des affaires d’autrui demeurĂąt Iong- tems en paix? Comment y de meuterest celui qui cherche toujours hors de lui dequoi s’occuper,& qui rentre peu souvent P te !lĂši t» U ĂŹ de J. Christ. Cb. n. 2s j souvent & trĂšs-rarement dans lui mĂȘ- me? Heureux les simples, parceque Ieurpaix fera multipliĂ©e ! C!;; 2 . Veux-tu savoir pourquoi il y a P eu des Saints Ă­Ăź parfaits & si addonnĂ©s fp- Ă  la Contemplation des choses divi- nĂ©s ? C’est qu’ils ont eu foin de faire mourir en eux tous les dĂ©sirs de la ter- re, ensuite dequoi ils ont pĂ» s’unir Ă  pc Dieu par une application intĂ©rieure de tout leur cƓur, & fe possĂ©der eux-mĂȘ- mes en libertĂ©. Pour nous autres, nous nous occupons trop de nos propres passions, & nous avons trop d’empreC- fement pour des choses qui fontpassa- * gĂšres. Il nous arrive rarement de vaincre tout - Ă  - fait un seul de nos vices. { Nous ne sommes point enflammĂ©s du dĂ©sir de faire chaque jour de nouveaux „ progrĂšs dans le bien;Lc de lĂ  vient que nous demeurons tiĂšdes & nĂ©giigens. Ü Z. Certes si nous Ă©tions absolument I morts Ă  nous mĂȘmes, & bien libres au dedans de nous, nous pourrions goĂ»- . ter les biens cĂ©lestes, & sçavoir par ex- i pĂ©rience quelque chose de la contem- i plation divine, NĂŽtre unique 6c nĂŽtre t B grand 26 De T.’Im I T A T 1 O NT grand empĂȘchement est, que nous ne sommes pas dĂ©gagĂ©s de nos passions ni de nos convoitises, & que nous ne saisons point d’efforts pour entrer dans la voie parfaite que les Saints ont suivie. S’il nous survient quelque leger sujet d’affliction,nous en sommes abattus, & ne pensons qu’à chercher des consolations humaines. 4. Si nous avions aisĂ©s de courage pour demeurer fermes dans le combat comme des hommes de cƓur, fans doute que nous verrions venir Ă  nous le secours que le Seigneur nous enver- roit du Cid ; car il est toujours prĂȘt Ă  secourir ceux qui combattent, &qui espĂšrent sĂ  grĂące; puis qu’ilnenous procure les occasions de combattre, qu’afin que nous remportions la victoire. Que si nous ne faisons consister nos progrĂšs que dans des choses extĂ©rieures, nĂŽtre piĂ©tĂ© fera de peu de durĂ©e. Mettons la coignĂ©e Ă  la racine de l’arbre, afin que nĂŽtre intĂ©rieur Ă©tant purifiĂ© des passions, nous trouvions la vraie paix, &le repos de faĂźne, f. Nous ferions bientĂŽt parfaits si chaque de J. Christ. Lt' if chaque annĂ©e nous dĂ©racinions seulement un vice de nĂŽtre cƓur ; au lieu que souvent nous trouvons que nous avons Ă©tĂ© bien meilleurs & plus purs quand nous commencions Ă  nous convertir, que nous ne le sommes plusieurs annĂ©es aprĂšs avoir fait profession de vivre saintement. NĂŽtre ferveur & nĂŽtre progrĂšs devroient croĂźtre chaque jour ; mais maintenant c’est beaucoup si l'on retient une partie de fa prĂ©miĂšre ferveur. Si nous nous faisions un peu de violence au commencement , nous pourrions faire dans la fuite toutes choses avec facilitĂ© 8Ă­ avec joie. 6. On a de la peine Ă  se dĂ©faire de ses vieilles habitudes ; mais on en a encore beancoup plus Ă  agir contre fa propre volontĂ©. Si tu ne veux pas te vaincre dans les petites difficultĂ©s , comment surmonteras-tu les grandes? RĂ©siste dĂšs les commence mens Ă  tes inclinations , & te dĂ©fais de tes mauvaises coutumes, de peur que devenant insensiblement plus fortes, tune trouves de plus grandes difficultĂ©s Ă  B z les 2,8 De l Imitation les quitter. O! si tu favois qu’elle paix tu acquerrois , & quelle joie tu don- nerois aux autres en t’avançant dans la vertu! Je m’assure que tu y travailie- rois avec plus de foin. Chapitre XII. j 111'est avantageux que tu [ois aflĂŹgĂ©. I. T L nous est bon d’avoir quelque- j X fois des afflictions & des traverses, parce qu’elles font rentrer l’hom- me dans lui-mĂȘme, afin qu’il recon- noisse qu’il n’est qu’unpauvre banni, & qu’il ne mette point son espĂ©rance en aucune chose du monde. Il nous est bon qu’on nous contredise quelque- ' sois, & que l’on ait mauvaise opinion de nous, lors mĂȘme que nous agissons j bien & avec une bonne intention ; car Ăź tout cela sert Ă  nous humilier & Ă  nous dĂ©fendre de la vaine gloire. Lors que les hommes nous mĂ©prisent, & qu’ils n’ont pas bonne opinion de nous, c’est alors que nous cherchons avec plus d’empressement le tĂ©moin du cƓur, qui estDieu-mĂȘme. 2. C’est de J. Christ. Livr. 2. Ch. 12, z9 F 2. C’est pourquoi nous devrions nous afermir tellement en Dieu, qu’il ne nous fĂ»t pas besoin de chercher des consolations dans les hommes. Lors- qu’une bonne ame est affligĂ©e ou ten- — tĂ©e, ou persĂ©cutĂ©e par de mauvaises pensĂ©es, elle comprend mieux que jamais combien Dieu lui est nĂ©cessaire, 8Ă­ que Ă­Ă ns lui elle ne peut faire aucun e J. Christ. Cb. i6, 39 Chapitre XVI. On te doit fuporter , fuporte donc les autres. I. VT Ous devons Ă­Ăčporter avec pa- 1\ tience ce que nous ne pouvons changer ni dans nous ni dans les autres, jusqu’à ce qu’il plaise Ă Dieu d y mettre ordre. ConsidĂšre que peut-ĂȘtre il vaut mieux que les choses aillent aiiisi, afin que tu fois Ă©prouvĂ© & que tu t’afermisses dans la patience, fans laquelle toutes nos bonnes Ɠuvres font bien peu de chose. Tu dois cependant prier Dieu qu’il lui plaise de t’affister paria grĂące afin que. ces obstacles ne te fassent point succomber ; mais que tu les souffres paisiblement. 2 . Si aprĂšs avoir averti une fois ou deux ton prochain, il ne veut pas se rendre Ă  tes remontrances , n’entre point en contestation avec lui ; mais remets tout Ă  Dieu , avec dĂ©sir que Ă­Ă  volontĂ© se fasse, & que son honneur s’avance dans tous ses serviteurs; car il fait changer le mal en bien. Prens Ă  tĂąche 40 De l’Imitation tĂąche d’ĂȘtre patient, & de suporterles dĂ©fauts des autres, & toutes leurs foi- blefĂŹes quelles qu’elles soient ; car tu as toi-mĂȘme beaucoup de dĂ©fauts que les autres doivent aussi suporter. Si tu ne peux te rendre toi-mĂȘme tel que tu voudrois, comment prĂ©tens tu rendre les autres tels que tu veux ? nous voudrions bien que les autres fussent parfaits ; & nous ne voulons pas corriger nos propres dĂ©fauts. z. Nous voulons que l’on corrige les autres Ă  la rigueur ; mais nous ne voulons pas que l’on nous corrige. La licence que les autres prennent de tout faire nous dĂ©plaĂźt ; & cependant nous ne voulons pas qu’on nous refuse rien de toutes les choies Ă  quoi nĂŽtre volontĂ© se porte. Nous consentons qu’on rĂ©primĂ© les autres par des RĂ©glemens; mais nous ne voulons pas qu’on mette des bornes Ă  nĂŽtre impĂ©tuositĂ©. D’oĂč ilparoĂźt que nous n’avons presque jamais la mĂȘme considĂ©ration pour nĂŽtre prochain que pour nous-mĂȘmes. Si tous Ă©toient parfaits, quelle occasion aurions-nous de souffrir quelque de J. Christ. Livr. I. Cb. i6. 41 que chose des autres pour l’amourde Dieu? 4. Mais maintenant il a plu Ă  Dieu de laisser des imperfections dans tous, asm que nous apaisions Ă  a porteries fardeaux les uns des autres. Car personne n’est Ă­Ă ns dĂ©fauts ; chacun Ă  Ă­bn fardeau ; nul ne sufit Ă  soi-mĂȘme ; nul n’est assĂ©s sage pour soi-mĂȘme. Nous devons nous suporter mutuellement, nous consoler les uns les autres ; nous aider; nous instruire ; nous exhorter. On ne Ă­Ăąuroit mieux voir que dans ì’adverfitĂ©, quelle est la vertu d’un homme. Car ce ne font pas les fĂącheuses rencontres qui rendent l’homme foible ; elles ne font que montrer ce qu il est. , , _ . „ * a Gai. 6. v. Z. Chapitre XVII. Vn homme bien CmĂȘtien doit r ĂȘtre par fa vie. I. T L faut que tu aprennes Ă  rompre , A ta volontĂ© en beaucoup d occasions fi tu veux te conserver dans la paix & dans la concorde avec les autres. Ce n’est pas peu de chose, que de vivre Del’ Imitation $i vivre en ce monde sans reproche & de j [ÂŁ ; persĂ©vĂ©rer jusqu Ă  la fin dans la fidĂ©litĂ© ,,4 que l’on doit Ă  Dieu. Heureux celui j 3 , qui y a bien vĂ©cu & achevĂ© fa course ^ saintement! Si tu veux y demeurer fer- me & avancer dans la piĂ©tĂ©, regarde [} JĂź; toi comme un exilĂ©, qui est dans une a terre Ă©trangĂšre, oĂč il ne fait que pas- fer. Si tu dĂ©sires sincĂšrement de mener une vie vraĂŻement ChrĂ©tienne, que l’a- mour de JĂ©sus-Christ te dispose Ă  fou- frir d’ĂȘtre tenu du monde pour un fou & un insensĂ©. ^, 2 . RĂ©formation d’habits, rĂ©forma- V tion de cheveux , tout cela est peu de , ^ chose ; mais il faut la rĂ©formation des ' ] s , moeurs , la mortification de toutes les i IJS passions ; & alors tu feras vĂ©ritable- c ,. ; ment religieux Lc spirituel. Celui qui j ], s ne cherche pas Dieu ni le salut de son ^ ame uniquement & purement , ne trouvera qu afflictions & angoisses ; Lc i p 0 celui qui ne veut pas ĂȘtre le plus petit ^ de tous & soumis Ă  tous, ne jouira ^ pas long-tems de la paix. ' » ;. Tu Ăšs venu pour servir & non ! i, pas pour rĂ©genter; tu Ăšs apellĂ© Ă  la fou- ; ; francs , ... de J. Christ. Livr. I. C&. 1 8. 43 france & au travail, & non pas aux di- vertissemens & aux vaines converĂ­Ă - tions. C’est ici que les hommes font Ă©prouvĂ©s comme l’or Test dans la fournaise. Nç te trompe pas; personne n’est ChrĂ©tien s’il ne s’humilie de tout son cƓur pour Tamour de Dieu. Chapitre XVIII. Sui les ChrĂ©tiens passĂ©s , fui les tiĂšdes prĂ©fens, 1 . Z'"'* OnsidĂšre avec attention les exemples des Saints qui nous ont prĂ©cĂ©dĂ©s, dans lesquels ont Ă©clatĂ© la vraie piĂ©tĂ© & la perfection; & tu verras que tout ce que nous faisons n’est que peu de chose, & presque las, quelle vie menons-nous en comparaison dexelle qu’ils ont menĂ©e! Ces Saints, ces vrais Amis de JĂ©fus-Christ, pour servir le Seigneur & lui obĂ©ir, sĂš sont exposĂ©s Ă  la faim & Ă  la soif, au froid & Ă  la nuditĂ©, au travail & aux fatigues ; ils se sont dĂ©voilĂ©s aux veilles & aux jeĂ»nes,Ă  la priĂšre & aux mĂ©ditations saintes, Ă  la persĂ©cution 8Ă­ Ă  line infinitĂ© d’oprobres, 2 . Com- 44 Del’ Imitation 2. Combien d’afflictions, Sc de dures afflictions n'onr pas souffert les ApĂŽtres,les Martirs & tout le reste des Saints qui ont voulu marcher fur les traces du Sauveur ? Ils ont haĂŻ leur vie dans ce monde, pour la retrouver dans le Ciel. O quelle tempĂ©rance ! ĂŽ quel renoncement a paru entant de Saints, qui ont passĂ© leur vie dans les dĂ©serts & dans la solitude! ĂŽ les longues & dures tentations qu’ils y ont soussertes'.Com- bien de fois n’ont-ils pas Ă©tĂ© attaquĂ©s de l’ennemi ? Que leurs soupirs ont Ă©tĂ© profonds,que leurs priĂšres Ă  Dieu ont Ă©tĂ© frĂ©quentes & ferventes ! Que leur abstinence a Ă©tĂ© exacte & rigoureuse ! De quel zĂšle n’étoient-ils pas enflammĂ©s pour faire tous les jours de nouveaux progrĂšs dans les choses spirituelles ! Avec quel courage & quelle fermetĂ© se sont-ils fait la guerre pour domter leurs vices! Avec quelle puretĂ© & quel dĂ©sintĂ©ressement ont-ils vĂ©cu en la prĂ©sence de Dieu ! Ils travail- loient le jour,& ils emploioient la nuit Ă  la priĂšre, quoi que mĂȘme pendant le travail du jour leurs cƓurs aient Ă©tĂ© dans de J. Christ. Cb. 18. 4f i dans une Ă©lĂ©vation continuelle vers !s Dieu. i z. Ils ne laissoient point passer de tems inutilement. Chaque heure leur sembloit trop courte pour penser Ă  3 Dieu. La contemplation des choies d divines leur Ă©toit fi chĂšre & fi douce H qn’ils en oublioient les nĂ©cessitĂ©s du k corps. Ils renonçoient Ă  toutes les rira chesses- aux dignitĂ©s, aux honneurs, t. aux parents. Ils ne dĂ©siroient rien de Ă©s tout ce qu’ily adansle monde; mĂȘme e les choses nĂ©cessaires pour la vie leur t Ă©toient Ă  charge ; & c’étoit avec peine r qu’ils donnoient Ă  leur corps les foins ! indiĂ­pensablementnĂ©cessaires. Ainsi ils - Ă©toient pauvres eu Ă©gard aux choies de > la terre, mais riches en grĂące & en ver- > tus. Il y avoit disette au dehors, & ! plĂ©nitude de grĂące & de consolation divine au dedans. 4. Ils Ă©toient Ă©trangers au monde ; mais amis familiers de Dieu. A leur propre jugement ils n’étoientrien , Ă  celui du monde ils Ă©toient .mĂ©prisables ; mais ils Ă©toient prĂ©cieux aux yeux de Dieu, qui les aimoit comme 4 gion que fa naissance l'a engagĂ© de H5& professer. e ^ 6. LĂąches & nĂ©gligens que nous ao r sommes ! pourquoi nous Ă©loignons- üℱ,“ nous ainsi de ce premier zĂ©lĂ© des m Saints ! O que nĂŽtre lĂąchetĂ© & nĂŽtre tiĂ©deur est grande de ne pouvoir soufrir sans ennui qu’on nous parle seulement md de vivre comme eux,8c qu Ă  cette oca- ’.'O sion la vie mĂȘme nous devienne en- [uel nuĂŻeuse&insuportable ! Toi qui ou- ude vres souvent les yeux pour considĂ©rer te les exemples des Saints, ne les ferme cefi pas & ne t’endors pas quand il s’agit de leu t avancer dans f exercice des vertus. Je icĂ­ prie Dieu qu’il t’ en fasse la grĂące. 48 De lÌmitation so Chapitre XIX. Aies de bons desseins & de saints exercices. I. A vie d’un vrai chrĂ©tien doit tueuse, & telle qu’il soit dans l’intĂ©- rieur de son ame ce qu’il paroit devant >- les homes. Il doit ^ avoir plus de sain» f tetĂ© dans son intĂ©rieur, qu’on n’en re- ° marque dans ses dĂ©portemens ou dans ses paroles parce que nĂŽtre Dieu re- K garde au cƓur c’est pourquoi en quel- B que lieu, en quelque Ă©tat que nous jF soions, nous devons le rĂ©vĂ©rer & le j craindre avec un profond respect, 8c “ marcher en saintetĂ© devant lui comme ““ font les Anges. Il nous fautrenouvel- f ler chaque jour nĂŽtre sainte rĂ©solution, Q; & exciter nĂŽtre zĂ©lĂ©,comme si nous ne tn commencions que d’aujourd’hui Ă  D nous Ă­Ă ns cesse, Mon 15 Dieu, vien Ă  mon aide, aĂŻe Ă©gard Ă  p mes bonnes intentions,& me confirme dans la sainte obĂ©issance que je te dois. 81 Mon Dieu ! fais-moi la grĂące que ce j » soit , de J. Christ. LĂŹvr. I. Ch. 18. 49 soit aujourd’hui que je commence tout de hon ; jusqu’à prĂ©sent ce que j’ai fait est moins que rien. 2’ Nous avancerons dans la piĂ©tĂ© Ă  proportion de la vigueur 6 c de la fermetĂ© de nos rĂ©solutions; & ainsi, celui qui veut s’avancer beaucoup , doit ' avoir beaucoup de diligence & de foin. Que si ceux qui font les rĂ©solutions les plus fortes ne laissent pas de tomber souvent, que sera-cede ceĂ­uiquin’en fait que de foibles, & enĂ«ore trĂšs rarement ? Il y a pourtant diverses maniĂšres de n’y pas persister; mais pour peu qu’on vienne Ă  s’en relĂącher , on ea fouffre toujours du dommage. Cependant les bonnes rĂ©solutions des justes sontplĂ»tĂŽt fondĂ©es fur la grĂące de Dieu que fur leur propre sagesse. Quoi qu’ils entreprennent, toute leur confiance est en lui ; car l’homme propose , mais Dieu diĂ­pofe ; & a la voie de l’homme ne dĂ©pend pas de l’homme , selon la. parole d’un ProphĂšte. Z. Celui qui omet quelquefois un bon exercice par un principe de charitĂ©, ou pour le bien du prochain, peut le 00 v, 13. O ÂŁ&* De l’Imitation reprendre ensuite sans y avoir rien perdu ; mais si c’est par dĂ©goĂ»t, par nĂ©gligence & pour un sujet de nĂ©ant qu’on Tait quittĂ©, cela est trĂšs blamable , & l'on s’en trouvera mal. Quand nous ferons tous les Ă©forts possibles, nos chutes ne seront encore que trop frĂ©quentes. Cela ne doit pas pourtant nous empĂȘcher de faire de bonnes rĂ©solutions, surtout pour nous prĂ©munir contre nos endroits les plus & rĂ©glons bien l'intĂ©rieur de nĂŽtre ame & l’extĂ©rieur de nĂŽtre vie; car c’est par ces deux moĂŻens que nous devons espĂ©rer de faire des progrĂšs. 4. Si tu ne peux pas ĂȘtre continuĂ©s lement recueilli en toi-mĂȘme, ne manque pas de te recueillir quelque-fois,& pour le moins une fois le jour ; au matin, ou bien au soir. RĂšgle le matin de quelle maniĂšre tu passeras la journĂ©e ; le soir examine comment tu l as paflĂ©e, quel tu as Ă©tĂ© dans tes paroles, dans tes actions & dansĂątes pensĂ©es, parce que peut-ĂȘtre tu y auras fait beaucoup de fautes contre Dieu & contre le prochain, RevĂȘts toi comme un bon Soldat de J. Christ. Lhr. I. Ch. ip. st F dat de toutes les armes spirituelles, asin p de combatte contre les malices des Ef- l u \ prits diaboliques. Mets un frein Ă  l'a- Ă  pĂ©tit sensuel du manger Lc du boire ; 8 c m par ce moĂŻen tu rĂ©primeras mieux tou- ‱3 tes les autres inclinations de la chair. W Ne demeure jamais Ă  rien faire. Li p ou Ă©cri, prie ou mĂ©dite, oufai quelque Ă  ouvrage dont il reviĂšne du bien aux au- ifr tres ; cependant on doit user des exer- ;it' cices corporels avec discrĂ©tion, & tous & ne doivent pas en user d’une mĂȘme cs maniĂšre. Ă­ĂŽ 5. Ne fai point savoir aux autres ce que tu fais de bon en ton particulier ; JÍ' les choses de cette nature doivent dein* meurer secrĂštes, & cela est plus Ă­Ăšur $ pour toi. Donne toi de garde a’ĂȘtre pĂąte relseux pour les fonctions publiques & 12 communes, & ardent pour les particule liĂšres ; mais lors que tu auras rempli entiĂšrement & avec fidĂ©litĂ© les devoirs ss de ta charge & ce qui t’a Ă©tĂ© commis ; si f, tu as du tems de reste, emploĂŻe-le Ă  K; rentrer dans toi-mĂȘme, & fui les mou. K' vemens de ta piĂ©tĂ©. Tous ne peuvent ĂŹo'- pas s’ exercer saintement d’une mĂȘme Ă  C ĂŹ maniĂ©- 52 De i/Imitation maniĂšre;lesuns ont de l'atrait pour une chose, & les autres pour une autre. La saison oĂč l’on se trouve nous dĂ©termine souvent Ă  des exercices qui lui conviennent; les uns font propres Ă  des jours solennels, & d’autres aux jours ouvriers. Au tems de la tentation il nous en faut d’une forte ; & au tems de la paix & de la tranquillitĂ© il y en a d’au- tresqui conviennent mieux. Enfin les uns font propres au tems de la tri Helfe , & les autres lors que nous abondons dans la joie de Dieu. 6. Quand les grandes fĂȘtes arrivent» nous devons redoubler nos saints exercices; prier Dieu avec plus de ferveur ; implorer son secours, & penser aux inoĂŻens qu’il faut prendre, pour entrer un jour dans l’éternelle fĂȘte des Bien-' heureux. Nous devons alors nous tenir encore mieux disposĂ©s par une conversation sainte & par une exacte observation des commandemens de Dieu, comme Ă©tant prĂȘts de recevoir de lui la rĂ©compense que sa grĂące a promise Ă  nos travaux. 7. Qjies’il tarde Ă nousapeller Ă  cet heu- de J. Christ. Lhr. I. CÌj. 29. fz heureux & Ă©ternel moment, nous devons croire que c’est parce que nous sommes encore mal-prĂ©parĂ©s & indignes d’une fi grande gloire, qui ne fera rĂ©vĂ©lĂ©e en nous que lors que le tems qu’il a dĂ©terminĂ© fera venu ; c’est aussi afin que nous nous diĂ­posionS par une sainte vie Ă  une mort heureuse; a Bienheureux , est-il dit dans 8. Luc, sera le Serviteur queson Seigneur trouvera veillant lors qu il viendra, f}s vous di-s en vĂ©ritĂ© qiiil Ă­Ă©tablira fur tous fes biens.. ne t’occupe plus qu Ă  ce que ton Dieu t’a commandĂ©. Entre dans ton cabinet, ferme Ă­ur toi la porte, crie Sc apelle JĂ©sus ton bien-ai- mĂ©. Demeure ensuite avec lui dans la retraite ; car tu ne trouveras nulle-part une telle paix. Si tu n’étois pas sorti de chĂ©stoi, & que tu ne te fusses pas informĂ© de ce que l'on dit de nouveau, ta paixs’en seroit mieux conservĂ©e; car Ă  entendre des nouvelles, il est impossible que le cƓur puisse jamais demeurer dans la paix. Chapitre XXI. Afflige ton Efj>rit en votant tes offenses . I. ^1 tu dĂ©sires de t’avancer dans la O piĂ©tĂ©, demeure dans une crainte PerpĂ©tuelle de dĂ©plaire Ă  Dieu, &ne te doue point trop de libertĂ©;mais rĂ©freine tous tes sens fous une sainte discipline » C 6 sans 1 so De l’Imitation sans te laisser aller Ă  la jo'iejaour des choses vaines. Fai - toi une continuelle habitude de la componction de cƓur, & tu verras croĂźtre ta piĂ©tĂ©. Le cƓur contrit est une source de biens ; mais la distraction les fait perdre. C’est une chose Ă©tonnante, quel’homme, qui sait fort bien qu’il est ici bas en exil, & que son ame est fans cesse exposĂ©e Ă  des dangers mortels,puisse mĂȘme une feule fois 'abandonner entiĂšrement Ă  la joie. 2 . Nous sommes insensibles aux grands maux & aux plaies de nos amesj parce que nĂŽtre cƓur est leger , & que nous sommes -lĂąches Ă  considĂ©rer nos dĂ©fauts. Nous rions sotement & mal- Ă -propos lors que nous devrions fondre en larmes. Il n’y a point de libertĂ©, ni de joie bien fondĂ©e si ce n’est fur la crainte de Dieu & fur la bonne conscience. Heureux celui qui peut rejettes tous les obstacles quilui causent de la distraction, & se recueillir pour exciter dans son cƓur une sainte componction! Heureux celui qui Ă©loigne de soi tout ce qui est capable de souiller ou de charger Ă­Ă  conscience ! Combats avec coura- de J. Christ. Lhr. 21. 6r courage. .Une mauvaise habitude s’éfa- ce par une meilleure. Si les hommes t’importunent &que tulesquites, ils te quiteront aussi, & te laisseront en repos avoir foin de ton ame. z. Ne te mĂȘle pas des affaires d’au- trui, & ne t’embarasse point dans celle des Grands ; mais jette toujours fƓil fur toi-mĂȘme, & pren encore plus de foin de te corriger & de t'instruire que d'instruire tes meilleurs amis. Si tu n’ùs pas dans la faveur ou f estime des hommes, ne t’en chagrine point ; ne t’affii- ge que de ce que tu ne vis pas fi bien Sc fi sagement qu un serviteur de DieuSÂŁ un vrai ChrĂ©tien doit vivre. Il est souvent meilleur & plus fur Ă  un homme dĂ©passer Ă­Ă  vie fans beaucoup de consolations, que d’en avoir, fur tout de celles qui viennent du cĂŽtĂ© de la chair; mais si nous n’en sentons point qui viennent des choses divines , ou que nous en aĂŻons fort rarement, c’est nĂŽtre faute; parceque nous ne tĂąchons pas de porter nĂŽtre cƓur Ă  la componction, & que nous n’abandonnons pas parfaite- mentles choses vaines & extĂ©rieures. C 7 4. Re- 6 % De l’Imitation 4. Reconnois-toi indigne des consolations divines, & digne de beaucoup d’afflictions & de troubles. Quand un homme sent une vĂ©ritable componction, tout le monde lui devient pesant &amer. Un vrai ChrĂ©tien trouve toujours aisĂ©s de matiĂšre pour affliger son ame & pour pleurer devant son Dieu. Il en trouve en considĂ©rant ses prochains ; parce que nul n’est ici fans misĂšres ; plus il se considĂšre soi-mĂȘme, plus est- il dans Taffliction ; Sc la matiĂšre de Ă­Ă  juste douleur & de la componction de son cƓur, sont ses pĂ©chĂ©s Sc ses font des ordures oĂč nous nous plongeons si avant,que nous avons delapei- ne Ă  Ă©lever nĂŽtre esprit aux choses Ă­pi- jituĂ«lles & cĂ©lestes. s. Je m’aflĂčre que tu prendroisplus de foin qne tu ne fais Ă  t arnender si tu penfois Ă  la mort plus souvent qu’à te flater de vivre long-tems; &je crois que si tu t’apliquois sĂ©rieusement Ă  la considĂ©ration des peines qu’on souffre dans l’aiitre vie, tu ne ferois pas tant de difficultĂ© Ă  porter en ce monde les croix que Dieu t’impofe ; Sc que tu ne crain- drois de J. Christ. Livr. 1. Ch. 11 . 6} cons. drois pas ainĂ­i les adversitĂ©s qu’il te veut uo! faire Ă©prouver. Mais parce que nous ne inde prenons pas ces choses Ă  cƓur , & que npo'. nous nous laissons encore aller aux flapi terres & aux attraits de la chair, nous eto;. demeurons lĂąches & froids, erfc 6. Souvent ce malheureux corps n’est dans les plaintes, que parce que ijesĂŹ l’Esprit est destituĂ© des vrais biens. Va ers, t’en donc te prosterner avec humilitĂ© de- s eii. vant le Seigneur pour obtenir de lui la deĂ­i grĂące de la componction; & lui di n de dans les termes du ProphĂšte, a Don- ;,Ce ne mou mon Dkul a manger du sain de lar- ior, mes, & donne moi Ă  boire une f leine rnesu- apei. re d?eau de pleurs. jpi* e J. Christ. Livr. I. Cb. 22. 6 f plus un homme devient Ă­pirituĂ«l, plus trouve-t-il d’amertume dans la vie prĂ©sente ; parce qu’il voitplus clairement les imperfections & les dĂ©fauts aux- quels nĂŽtre corruption nous assujĂ©tit,& qu’il les ressent plus vivement. Manger, boire, veiller, dormir, se reposer, travailler, & toutes les autres nĂ©cessitĂ©s auxquelles la foiblesse de nĂŽtre nature nous soumet, sont une vĂ©ritable misĂšre & un poids affligeant pour celui qui aime les choses spirituelles , & qui vou- droit de tout son cƓur devenir libre , & se voir affranchi de tout pĂ©chĂ©. j. Car rhomme intĂ©rieur souffre beaucoup par les nĂ©cessitĂ©s que le corps exige dans cette vie ; ce qui fait que les Saints ont souhaitĂ© d’en ĂȘtre dĂ©livrĂ©s ; Ă  quoi l’on peut raporter cette parole du ProphĂšte ; a Seigneur dĂ©livre moi des nĂšceffitĂ©s oĂč je me trouve. Que malheureux font ceux qui ne connois- sent pas leurs misĂšres ! plus malheureux font encore ceux qui ont de l’a- mourpour elles & pour cette vie corruptible ! Il y en a qui l’embrassent avec tant d’ardeur, que bien qu’à peine ils f \ nr - aient 00 -P/. v. 17. 66 De l’ Imitation aĂŻent assĂ©s pour vivre soit en travaillant, soit en mendiant, si nĂ©anmoins ils Ă©- toient assurĂ©s de pouvoir vivre toĂ»- joilrs, ils ne se soucieroient point du RoĂŻaume de Dieu. 4. O ! que c’est ĂȘtre insensĂ© & infidĂšle Ă  sa vocation, que de demeurer si attachĂ© aux choses de la terre, SĂ­den’a- voir de goĂ»t que pour ce qui regarde la chair ! Ces malheureux sentiront enfin avec douleur combien Ă©toit vil & mĂ©prisable ce qu’ils ont tant aimĂ©. Les Saints de Dieu & les vrais amis de JĂ©- sus-Christ ne s’atachent pas ainsi aux choses qui font agrĂ©ables aux sens ; ils ne s’arĂštent pas Ă  ce qui a de l’apa- rence dans ce siĂšcle ; toute leur espĂ©rance & leur inclination est portĂ©e vers les biens Ă©ternels ; tous leurs dĂ©sirs n’ont de raport qu’aux choses qui font en haut, qui font stables, qui font invisibles; de peur que 1 amour des choses visibles ne les attire vers la bassesse des crĂ©atures. Courage, mon frĂšre, ne pers point l’efpĂ©rance de t’avancer dans la vie de l’Efprit, puis que tu en as encore le tems. f. Pa- ce J. Christ. Livr. I. Ch. 22, 67 4. Paresseux! pourquoi remets-tu de jour Ă  autre l’exĂ©cution de tes bons desseins? LĂšve-toi, commence dĂšs ce moment , & di enfin, a Voici mainte* nant le tems d’agir, voici le tems de combatte, voici le tems propre pour tarnender. Lors que tu te vois affligĂ© & dans la souffrance , sache qu’il est tems de te rendre agrĂ©able Ă  Dieu. Tu dois b passer par le feu & par l’eau avant que d’entrer dans le lieu du rafraĂźchissement. Si tune te fais violence, tu ne vaincras pas tes vices. Nous ne pouvons ĂȘtre fans pĂ©chĂ©, fans peine,^ fans douleurs, tant que nous portons ce corps fragile. Nous voudrions bien ĂȘtre dĂ©livrĂ©s de toutes nos misĂšres ; mais la perte que nous avons faite de nĂŽtre innocence par le pĂ©chĂ© entraĂźne nĂ©cessairement la privation de nĂŽtre fĂ©licitĂ©. PrĂ©sentement il n’y a point d’autre recours pour nous que la patience & Patente de la misĂ©ricorde de Dieu, jusqu’à ce que toutes nos iniquitĂ©s soient passĂ©es, & que ce qu il y a de mortel en nous soit absorbĂ© par la vie. a 1 . Cor. 6. D. L. b Psa. 66. v. 12 ,. 68 De h ’ Im i t a t i o m 6. Que la fragilitĂ© des hommes est grande,puisqu’ils ont toujours un penchant pour les vices! Aujourd’hui tu confeiĂŹ'es tes pĂ©chĂ©s devant Dieu, &dĂšs demain tu recommenceras Ă  commettre les mĂȘmes fautes. Maintenant tu prens rĂ©solution d’éviter & de fuir un pĂ©chĂ©; & tu y tombes un heure aprĂšs comme fi tu n’avois point fait de rĂ©solution contraire. O que nous avons sujet de nous humilier, & de n avoir null&bonne opinion de nous mĂȘmes, vĂ» que nous sommes si fragiles & si inconstans I NĂŽtre nĂ©gligence no$is fait perdre en peu de tems ce que la grĂące de Dieu nous a fait aquĂ©rir avec tant de peines. 7. HĂ©las ! que deviendrons-nous Ă  la sin de nĂŽtre vie si nous sommes si tiĂšdes au commencement ? Malheur Ă  nous, si nous voulons dĂ©jĂ  nous reposer comme si tout Ă©toit en paix Sl en assurance pour nĂŽtre salut, quoi-que dans nĂŽtre conversation il ne paroisse pas encore une feule trace de la vraie saintetĂ©! Nous aurions bien besoin d’ĂȘtre instruits de nouveau dans l’exercice de la vie ChrĂ©tienne corne de jeunes Ă©coliers; de J. Christ. Livr. I. Ch. 2j. 69 Ă­u moins s’il y avoir pour nous quelque eiperance d amendement, & de faire de plus grands progrĂšs dans les choses Ă­pirituĂ«lles. Chapitre XXIII. Tu mourras i & ta mort fera comme ta vie. 1./'“''E fera bientĂŽt fait de toi. Pense Ă  ce que tu deviendras ensuite. Un homme paroit aujourd’hui, il dis- paroit demain ; & lors qu’on ne le voit plus, on ne s’en souvient plus. O stupiditĂ© & endurcissement du cƓur humain ! L’homme ne pense qu’à ce qui est devant ses yeux, & il ne prĂ©voir point les choses Ă  venir. Dirige toutes tes actions & toutes tes pensĂ©es comme fi tu devois mourir aujourd’hui. Si ta conscience n’avoit rien Ă  te reprocher , tu ne craindrois pas beaucoup la mort. Il vaudroit bien mieux prendre peine Ă  Ă©viter le pĂ©chĂ© que de fuir la mort. Si tu n’ùs pas aujourd’hui bien prĂ©parĂ© , comment le seras-tu demain ? Le jour de 7o De l'Imitatiou de demain est incertain pour toi ; d'otl sais-tu que tu vivras demain ? 2. Que nous profite -1 - il de vivre long-tems, puisque nous nous amendons si peu? HĂ©las! ce n’est pas la longue vie qui fait que l'on s’amende. Le plus souvent elle ne sait qu augmenter le nombre de nos pĂ©chĂ©s & nous rendre plus inexcusables. PlĂ»t Ă  Dieu qu il y eĂ»t eu un seul jour dans nĂŽtre vie oĂč nous eussions tout Ă  fait vĂ©cu en vrais ChrĂ©tiens! Il y a beaucoup de gens qui font ailĂ©s vains pour compter les annĂ©es depuis leur conversion, mais l'on voit peu de fruits de leur amendement. Si la mort est Ă  craindre, peut-ĂȘtre que la prolongation delaviel’est encore davantage , Heureux a celui qui a toĂ»- jours devant les yeux fa derniĂšre heure, & qui est tous les jours dispose Ă  mourir! Il ne se peut presque que tu n’aĂŻes vĂ» mourir quelqu’un ; pense fans cesse qu’il te faudra franchir le mĂȘme pas. z. A u matin considĂšre que peut- ĂȘtre tu ne vivras pas jufqu’au soir, que si tu passes ce terme, ne te flate point du lendemain. Soi donc toĂ»j ours prĂȘt, & Ça Vl de J. Christ. Livr. I. Ch. 23. 71 jĂ­; vi de telle maniĂšre que si la mort te surprend elle ne te trouve pas mal-prĂ©- parĂ©. Beaucoup de gens meurent subi- tement & inopinĂ©ment ; _a Le fils de lab Vhomme viendra, dit l’E vangile, Ă  l’heu - L; re que l’onrĂŹy pensera pas. Quand ta der- m; niĂšre heure sera venue, tu auras bien une hcr autre opinion de ta vie, qui sera toute uil], passĂ©e, que tu nen as prĂ©sentement - , & ie 03 tu sentiras un cuisant dĂ©plaisir d’avoir vrais Ă©tĂ© si nĂ©gligent & si lĂąche, qui 4. Heureux & sage celui qui prend peine d’ĂȘtre tel en toute sa vie qu’il dĂ©nie lire d’ĂȘtre trouvĂ© au jour de la mort ! , Si Une vie passĂ©e dans le mĂ©pris des choses iela de ce monde, dans des dĂ©sirs ardens da. pour la vertu, dans l’amour de la cor- jjj. rection, dans l’aiĂŻliction de la repentante, ce, dans le renoncement Ă  soi-mĂȘme, ju* , dans le suport» de tous les maux pour t,es ' l'amour de JĂ©sus-Christ, donne une elfe merveilleuse assurance de bien mourrir. Tu peus , pendant que tues en bonne st santĂ©, emploĂŻer ta vie Ă  bien faire ; mais 115 je ne sai ce que tu pourras faire Ă©tant mail lade ; car il y en a peu qui s’amendent & par la maladie, comme il y en a peu '* 00 Luc. u. v. 40 . 72 De l’Imitation qui se sanctifient en faiĂ­ant souvent des courses d’un cĂŽtĂ© & d’autre. 5 . Ne te fie point fur tes amis ni fur tes proches, & ne diffĂšre point l’affaire de ton salut pour l’amour d’eux ; aussi bien seras tu oubliĂ© des hommes plutĂŽt que tu ne te l’imagines. Il vaut mieux pourvoir toi mĂȘme de bonne heure Ă  ton salut, faire un bon trĂ©sor pour l’ave- nir , que de t’en fier sur d’autres. Si tu n’as pas foin de toi mĂȘme, qui en aura donc foin ? Voici les momens prĂ©cieux; {a voici le jour du salut; voici le tems favorable. HĂ©las! ĂŽ douleur! faut-ilquetu rĂ©emploies pas mieux le tems qui t’est donnĂ© pouf aquĂ©rir l’éternitĂ© ! Un tems Viendra que tu souhaitteras d’avoir un jour, ou mĂȘme une feule heure, pour t’amcnder, 8c je ne sai fi tu l’obtiendras. 6. Ah ! mon cher frĂšre, quels pĂ©rils, quelles angoisses ne pourras-tu pas Ă©viter, si tu demeures toujours dans une sainte fraĂŻeur 8c dans une sage prĂ©caution Ă l’égarddela mort ! Faitous tes Ă©forts pour vivre de telle forte au tems prĂ©sent, qu’au jour de ta mort tu aies plus de sujet de te rĂ©jouir que detrem- , , „ , bler -» L. C or. 6 . v. 2 ,. Ue b ' ra 1 pi It !a! ' it la d'k fea troi VB ina M Mi enj tĂź/f EQ R; feĂŹ [c; de J. Christ. Livr. I . 7Z bler. Apren maintenant Ă  mourir au monde, afin qu’alors tu commences Ă  vivre avec JĂ©ius-Christ. Apren dĂšs Ă  prĂ©sent Ă  rejetter toutes choies avec un saint mĂ©pris,afin que tu ailles plus libre Ă  JĂ©sus-Christ lors qu’il Rappellera. ChĂątie ton corps par la mortification > afin qu’alors tu aies sujet de te fier entiĂšrement en la misĂ©ricorde de Dieu. 7. Fou Sc insensĂ© que tu Ăšs ! Jevou- drois bien lavoir pourquoi tu t’imagi- nes que tu vivras long-tems , toi qui n’as pas un seul jour d’asiurĂ©? Combien cette folle imagination a-t-elle trompĂ© de personnes qui ont Ă©tĂ© enlevĂ©es de ce monde plutĂŽt qu’ils ne pensaient? N’as-tu pas souvent oiii dir! toi-mĂȘmesur ce sujet, Un tel a Ă©tĂ© tuĂ©; un autre s'est noiĂ© ; l'un s’est rompu le cou Ă©tant tombĂ© d’un lieu haut; un autre est mort en mangeant, & un autre en jouant ? Le feu > le fer, la peste, les voleurs, n’enlĂšvent-ilspas beaucoup de monde ? & ceux qui en Ă©chapent doi- vent-ils attendre autre fin que la mort ? Ainsi la vie de l’homme paĂ­Ă­e vite ÔC comme une ombre. D 8. PrĂ©- 74 D » l’ Imitation 8. PrĂ©ten-tu qu’on se souvienne de toi ou qu’on prie pour toi aprĂšs ta mort ? Non, non, mon cher frĂšre, fai maintenant le plus de bien que tu peux; puis que tu ne sçais quand tu mourras, ni ce qui t’arrivera aprĂšs ta mort. Amasse des richesses immortelles pendant que tu en as le tems. Ne pense qu’à des choses vraiement salutaires ; n’a'ie foin que des affaires de Dieu. Fai toi maintenant des amis en honorant les traces des Saints par limitation de leur vie, afin que, selon la parole de l’Evangile, ct lors que ta vie dĂ©faudra ici , ils te re- solvent dans les tabernacles Ă©ternels. 9. Tien toi sur cette terre comme un Voiageur & un Ă©tranger que toutes les affaires du monde ne regardent en rien. Conserve ton cƓur dans la vraie libertĂ©, 8c qu’il soit toujours Ă©levĂ© vers Dieu; parce que b tu n as point ici de citĂ© permanente. Envoie lui tous les jours de ta vie tes priĂšres 8c tes gĂ©miffemens acom- pagnĂ©s de tes larmes, afin qu’aprĂšsta mort ton Esprit aille heureusement au Seigneur. Amen ! a Luc. 16. v. 9. Iß Jitbr. 13. v. i4. Cha- ee J. Christ. LĂŹvr. I. Ch . 24. 7 S mec prĂ©s te,Ê >pG Chapitre XXIV. / l. OnsidĂšre en chaque chose la fin V—/ derniĂšre, & comment tu com- paroĂźtras devant ce Grand Juge, qui est sĂ©vĂšre,Ă  qui rien n’est cachĂ©,qui ne peut ĂȘtre apaisĂ© par des prĂ©fens,qui ne reçoit point d’excuses ; mais qui juge selon la justice. Que rĂ©pondras-tu Ă  ce Dieu qui connoit toutes tes iniquitĂ©s , pĂ©cheur malheureux & insensĂ© ? Que fe- ras-tu devant lui, toi qui r-embles quelque fois devant un homme qui elV'en colĂšre ? Pourquoi ne teprĂ©pares-tu pas afin que tu puisses subsister au jour de ce jugement redoutable, oĂč personne ne pourra ĂȘtre excusĂ© ni dĂ©fendu pat son prochain, chacun devant porter alors son propre fardeau qui ne sera que trop pesant pour lui? C’est maintenant que ton travail te pourra ĂȘtre utile ; que tes larmes pourront ĂȘtre acceptĂ©es de Dieu* &tes gĂ©missemens exaucĂ©s , 8Ă­ que les afflictions de ton ame peuvent te profiter & te purifier. O L 2, Le- *}6 De l*Imitation 2 . Celui-lĂ  est dans la grande & la salutaire Ă©cole de la purification , qui souffre de bon cƓur tout ce qui lui arri- vVj quireccvastL'des injures, estais marri 8c affligĂ© de ce que les autres font malicieux que de ce qu il endure lui mĂȘme ; qui prie volontiers que Dieu bĂ©nisse ceux qui lui font contraires, 8c qui leur pardonne de tout son cƓur les maux qu’ils lui ont faits ; qui ne diffĂšre pas d’aller demander pardon Ă  ceux qu'il croit avoir tant soit peu offensĂ©s; qui fie laiste plutĂŽt toucher de compas- fi ' L * r . 1 X . r - rJ . ^ , > - “‱ , qui iv, iait viojence Ă  Ă­oi-mĂȘine & s'Ă«force d’assujettir Ă  l’efprit toutes les passions de la chair. Il vaut bien mieux arracher & faire mourir fies vices en cette vie, que d’attendre l’éfroiable expiation du siĂšcle Ă  venir. Nous nous trompons ici aussi certainement que malheureusement, parce que nous aimons trop nĂŽtre chair. z. Quelle fera la matiĂšre qui entretiendra ce feu dĂ©vorant, sinon tes pĂ©chĂ©s ? Plus tu t’épargnes maintenant pour suivre les attraits de la chair, plus feras- de J. Christ. Livr. I. Ch. 24. 77 seras-tu puni, &plus de matiĂšre auras- tu rĂ©servĂ© pour ce feu dĂ©vorant. Chaque pĂ©cheur y sera tourmentĂ© par des peines qui naĂźtront de ses pĂ©chĂ©s mĂȘmes, & qui y auront du raport. Ces tourmens seront pour les lĂąches un feu perçant qui les rĂ© veillera;pour les gour- mans, les ivrognes & les dissolus, une faim & une soif Ă©ternelle; ils seront aux voluptueux & aux impudiques une poix ardente & une puanteur de souffre brĂ»lant; & aux envieux un sujet de hurler comme des chiens enragĂ©s. 4. Nul vice ne fera fans un loĂźer particulier de peines & d’angoisses. Les .cƓurs hautains seront honteux & confus pour jamais, & les avares seront dans une disette Ă©ternelle. Une heure de ces peines leur fera plus insuportable que ne leur auroient Ă©tĂ© cent annĂ©es de trĂšs grande mortification dans ce monde ; car il n’y a nul repos, nulle consolation pour les damnĂ©s,au lieu que dans ce monde on a des intervalles pour Ă­ĂȘ reposer,&pourse consoler dans la compagnie de ses amis. Tien donc ton ame dans une crainte & dans une affliction D z salu- 58 De l’Imitation salutaire , Ă  cause de tes pĂ©chĂ©s, afĂźn qu’au j our du jugement tu puisses paroi- tre en assurance dans la compagnie des bien-heureux. Car a lesjufies RelĂšveront dors avec une confiance merveilleu- fe contre ceux qui les auront affligĂ©s & oprĂŹmĂ©s en cette vie. Alors celui qui se sera maintenant soumis avec humilitĂ© aux jugemens des hommes injustes, sera devenu leur Juge. Alors le pauvre & l’humble fera plein d assurance; mais le Ă­Ăčperbe fera Ă­Ăąisi de fraĂŻeur & en tremblera. f. Alors on verra que celui-lĂ  Ă©toitvĂ© ritablement Ă­Ă ge dans ce monde, qui pour l’amour de JĂ©fus-Christ n aura pas refusĂ© de passer pour un homme sans cƓur & indigne de toute estime. Alors les afflictions qu’on aura soussertes avec patience seront agrĂ©ables ; & {U toute iniquitĂ© aura la bouche fermĂ©e. Alors toute ame qui se sera consacrĂ©e Ă  1’obéïs- lance de Dieu, sera pleine de joie , au lieu que l’impie sera plein d’affliction. Alors le corps mortifiĂ© aura plus d’allĂ©- gresseques’il avoir Ă©tĂ© nourri dans les dĂ©lices. a Sap . Z. de J. Christ. Livr. 1. Ch. 24 .- 7p dĂ©lices. Alors le vil habillement du pauvre deviendra lumineux, & les habits Ă©clatants des superbes seront obs- curcis, Alors un pauvre domicile fera plus prisĂ© que des Palais toutbrillans d’or. Alors la grande patience fera plus profitable que la grande puiĂ­Tance. Alors l'obĂ©issance rendue en simplicitĂ© aux commandemens du Seigneur fera plus estimĂ©e que tout le rafinement 8c toutes les adresses des Ă­Ă ges du siĂšcle. 6. Ce fera alors qu’une pure & bonne conscience donnera plus de joie qu’une grande science ; Que le mĂ©pris des richesses aura plus de poids & de prix que tous les trĂ©sors de la terre; Que l’on retirera plus de rafraĂźchissement de l’ardeur des priĂšres que des vivres les plus dĂ©licats ; Que le silence qu’on aura gardĂ© rĂ©jouira plus que les longs entretiens; Que les bonnes Ɠuvres que l’on aura faites seront plus utiles que les belles paroles que l'on aura dites; Qu’une vie austĂšre & mortifiĂ©e, fera plus agrĂ©able que lescontentemens que l’on aura pris fur la terre. Apren donc maintenant Ă  souffrir patiemment ici de D 4 petits 8o De limitation petits maux, pour en Ă©viter alors de si dĂšs Ă  prĂ©sentĂ©e que tu peux. Si tu ne peux suporter des maux si petits que font ceux de ce monde , comment pourras-tu soutenir les peines Ă©ternelles ? Si la moindre incommoditĂ© que tu souffres te jette dans l’im- patience & dans le dĂ©pit, - " . c i’abusepoint; tu ne peux avoir deux bonheurs ni deux fĂ©licitĂ©s ; tu ne peux vivre ici dans les joies du monde, & rĂ©gner enĂ­uite avec JĂ©sus-Christ dans le Ciel. 7. Quand tu aurois vĂ©cu jusqu’à ce jour dans les honneurs & dans les plaisirs du monde, Lc qu'il te saudroit prĂ©sentement mourir, di-moi, je te prie, que te serviroit tout cela? Tu vois donc comment toutes choses ne font que vanitĂ©, exceptĂ© l’amour & l’obeissance que l’on rend Ă  Dieu seul ; car celui qui aime Dieu, de tout son cƓur, ne craint point la mort, ni les suplices, ni le jugement, ni Penser ; parce que le parfait amour fait aprochcr de Dieu avec confiance ; mais quand on trouve encore du plaisir Ă  pĂ©cher, il ne faut pas s’éton- ner de J. Christ. Ch. Ls. 8ĂŻ nerfi l’on craint la mort & le jugement, Cependant fi 1 amour de Dieu ne te peut encore empĂȘcher de mal faire, au moins que la crainte des peines ' ;. . *-e tienne en bride. Il est vrai que ct^ i qui n’estpas retenu par la crainte de dĂ©plaire Ă  Dieu, ne peut demeurer long-tems dans le bien, & qu’il ne peur manquer de tomber bientĂŽt Chapitre XXV. Aies beaucoup d'ardeur pour amender ta vie. I. Ç Ers Dieu, 5c lui obĂ©i avec vigi- O lance & avec foin. Pense souvent pourquoi tu Ăšs ChrĂ©tien, & que tu as promis au batĂšme de renoncer au monde. N’a ce pas Ă©tĂ© afin que tu ne vives plus que pour Dieu,& que tu deviennes un home vraiement spirituel ? Sois donc ardent Ă  t’avancer dans cedestein ; parcs que tu recevras bientĂŽt la rĂ©compense de ton travail, & alors tu feras exemt de craintes & de peines pour jamais. D 5 Pouj %l De l’ïmit aĂŻ i o k Pour le peu que tu souffres en cette vie, tu trouveras un repos trĂšs-grand,& mĂȘme Ă©ternel. Si tu Ăšs zĂ©lĂ© & fidĂšle, Ă  faire ce que Dieut’a commandĂ©, Dieu sera fidĂšle, & te rĂ©compensera richernc'. EspĂšre que tu viendras jusqu’au bout de la course pour avoir la victoire ; mais garde toi de la sĂ©curitĂ©, depeurqu’elle ne te fasse relĂącher, ou qu elle ne te rende prĂ©somtueux. ... . ‱ L. Un homme Ă©tant un jour agitĂ© dans Ă­ĂČn ame & flottant entre la crainte & l’elpĂ©rance, fut saisi de tristesse, & alla se prosterner devant Dieu. Comme il repassoit souvent dans son cƓur ces paroles ; O fi fĂštok assurĂ© que je persĂ©vĂ©rerai jusqu Ă  la fin! il entendit cette divine rĂ©ponse qui lui fut faite dans intĂ©rieur ; Et si tu le savon, que ferok-tu ? Va, f ai dĂšs Ă  prĂ©sent tout ce que tu ferok alors; &tuferas enseuretĂ©. Se sentant en mĂȘme tems consolĂ© & fortifiĂ© par cette parole, il se remit entiĂšrement Ă  la volontĂ© de Dieu, & les agitations de son ame cessĂšrent. U ne s'apliquaplus ensuite Ă  s’enquĂ©rir curieusement de ce qui lui devoir arriver Ă  l'avenirz mais il mitpei- ne be J. Christ. Livr, Ă­. Cb. 25. tf' ne Ă  rechercher quelle Ă©toit la volontĂ© de Dieu, agrĂ©able & parfaite, pour commencer & finir par elle des Ɠuvres toutes saintes. I . 4 Mets ton espĂ©rance au Seigneur, & fai ce qui est bon, dit le ProphĂšte j tu habiteras fur la terre ,& feras repu de ses biens. Il y a une chose qui empĂȘche beaucoup de personnes de s’avancer Sc d’ĂȘtre ardeiis Ă  s’amender ; c’est qu ils frĂ©missent Ă  saĂ­pect des difficultĂ©s & du travail qu’il y a dans ce saint combat. Mais ceux qui font de courageux Ă©fforts pour surmonter ce qui leur est le plus pĂ©nible & le plus contraire, font aussi, les plus grands progrĂšs dans la vertu. Plus un homme se combat & se vainc lui mĂȘme, plus il se mortifie dans l’eĂ­prit ; plus avance-t-il & reçoit-il de grĂąces. 4. Il est vrai que tous n’ont pas la mĂȘme mesure de forces pour se vaincre &pour mourir a eux-mĂȘmes ; celui-lĂ  nĂ©anmoins qui a un grand zĂšle rĂ©ussira mieux Ă  vaincre ses passions quoi qu’el- les soient en grand nombre, que ne fernst un autre moins dĂ©rĂ©glĂ©, mais aussi moins ardent & moins zĂ©lĂ© que lui. Il W Pajal’ 37 3 . ^ 3 ?4 De l’Imitation y a deux excellens moĂŻens qui nous peuvent beaucoup servir Ă  nous corriger; l’un, de nous faire violence pour nous soustraire aux penchans vicieux de la nature ; l’autre, de nous empresser Ă  la recherche du bien & des vertus qui nous manquent le plus. Tu dois aussi tĂącher sur-tout de fuir & de vaincre en toi les dĂ©fauts qui te dĂ©plaisent le plus dans les autres. 5. Fai ton profit de tout. Si tu vois des personnes qui vivent exemplairement, ou que tu en entendes parler,fois enflammĂ© d’un saint dĂ©sir de les imiter; & si tu vois de mauvais exemples, pren occasion de lĂ  de te tenir fur tes gardes de peur que tu ne commettes les mĂȘmes maux. Que si tu les as dĂ©jĂ  faits, corrige t’en avec plus de foin. Si tu prens garde Ă  ce que font les autres, les autres prennent aussi garde Ă  ce que tu fais. Qiul y a dĂ©plaisir Ă  voir des Ăąmes religieuses pleines de ferveur & de piĂ©tĂ© , vivre comme des frĂšres d’une maniĂšre sainte & bien rĂ©glĂ©e! Mais qu’il y a de dĂ©plaisir & de tristesse Ă  les voir vivre licencieusement, & appliquĂ©es Ă  de J. Christ. 85 des choses qui ne regardent pas leur sainte vocation 1*0 qu’ilest dangereux de nĂ©gliger les choses auxquelles on est appel lĂ©, & de se mĂȘler de celles qui ne nous ont pas Ă©tĂ© commises 1 6. Souvien - toi des promesses & des desseins que tu as faits devant Dieu, & aĂŻe toujours devant les yeux JĂ©sus- Christ crucifiĂ©. Peux-tu considĂ©rer Ă­Ă  vie Ă­Ă ns ĂȘtre honteux & confus de ce que jusqu’à cette heure tu as eu si peu de foin de rendre la tienne conforme Ă  la sienne, quoi qu’il y ait dĂ©jĂ  Iong-tems que tu fasses profession d’ĂȘtre dans la voie de Dieu ? Le ChrĂ©tien qui s’exerce de tout son cƓur & sans reserve dans la trĂšs-saĂ­nte vie & dans la Passion du Seigneur , y trouve trĂšs - amplement toutes les choses qui lui font utiles & nĂ©cessaires ; & ce seroit en vain qu’iĂ­ chercheroit quelque chose de meilleur que ce qui est en JĂ©sus. O ! que nous serions savans, &que nous le serions tĂŽt, si JĂ©sus crucifiĂ© venoitdans nĂŽtre cƓur! 7. Le ChrĂ©tien zĂ©lĂ© aprouve & porte ce que Dieu lui impose. Le ChrĂ©tien nĂ©gligeant & le tiĂšde ont troubles fur D 7 trou. 86 De l’Imitation troubles,& se trouvent en peine de tous cĂŽtĂ©s; parce que n’aĂŻartt point de consolations intĂ©rieures, ils ne peuvent en chercher qui viennent du dehors. Le ChrĂ©tien dĂ©rĂ©glĂ© est fur le bord d'un grand prĂ©cipice. Celui qui cherche Ă  mener une vie lĂąche & molle fera toujours en peine ; parce qu’il y aura toujours quelque chose qui ne lui plaira pas. 8. Comment ont fait tant de saintes personnes qui ont menĂ© une vie trĂšs mortifiĂ©e pendant qu’elles Ă©toient renfermĂ©es dans la prison de ce corps mortel? Ilsfrequentoientpeu le monde ; ils vivoient dans la retraite; ils se nourrissoient trĂšs pauvrement; un chĂ©tif habit sufisoit pour couvrir leur corps ; ils travailloient beaucoup de leurs propres mains ; ils parloient peu ; ils passoient les nuits Ă  veiller, & se levoient de grand matin ; ils prioient sans cesse ; lisoient & mĂ©di- toient souvent la parole de Dieu, & se maintenoient exactement sous Ă­Ă  sainte discipline. ConsidĂšre les Saints Patriarches, les ProphĂštes, les ApĂŽ- de J. Christ. Lh. 87 tres, & les vrais disciples de Jéíus- Christ. Voi-tu comme ils emploĂŻ- oient a les nuits Ă  chanter les louanges du Seigneur. Quelle honte pour toi j que tu fois paresseux pour faire des Ɠuvres fi saintes lors que tu vois une multitude de saintes personnes , prendre tant de plaisir Ă  chanter les louanges de Dieu. 5 >. O ! si nous n’avions point d’au- tres choses Ă  faire qu’à louer de cƓur & de bouche le Seigneur nĂŽtre Dieu! O ! si nous pouvions nous passer du manger & du boire & du dormir, pour ne rien faire que chanter ses louanges , & ne vaquer qu’à des choses spirituelles, nous serions incomparablement plus heureux que nous ne sommes ; puisque les moindres nĂ©cessitĂ©s du corps nous dĂ©tournent de ces saints exercices ! O ! si nous n’é- tions point asservis Ă  ces nĂ©cessitĂ©s, 8i que nous n’eussions qu’à repaĂźtre nos Ăąmes de la cĂ©leste nourriture, que nous ne goĂ»tons que si rarement ! io. Quand un homme est venu jusqu’à » Ps, us. v. 6r>. AtĂ­, 16. v, 88 De t.’Imitat ion jusqu’à ce point de ne chercher aucune consolation dans la crĂ©ature, il commence Ă  bien goĂ»ter Dieu, & quoi qu’il lui arrive , il est toujours content. Alors dans la prospĂ©ritĂ© il ne s’abandonne plus aux vaines joies, & il n’est plus susceptible de tristeste pour des traverses qu il regarde comme peu de chose; mais il se remet & se fonde absolument sur Dieu, qui lui est devenu tout Ă  l’égard de toutes choses, & pour lequel rien ne meurt, rien ne pĂ©rit ; car toutes choses vivent Ă  lui, & obĂ©issent Ă  la moindre de ses paroles. 11. Souvien - toi toujours de ta fin derniĂšre, & que le te ms perdu ne revient plus. Souvien - toi que tu n’aquerras jamais la satisfaction fans beaucoup de peines & de grands foins. Malheur Ă  toi si tu deviens tiĂšde. Heureux ! si tu t Ă©chauffes , & si tu prens courage; car alors tu trouveras une grande paix, & le travail redeviendra facile, parce que la grĂące de Dieu & l’amour qu il te donnera pour la vertu, adoucissent le joug du Sauveur, ĂŻĂź. ÂŁ3 de J. Christ. Livr. k. Ch. 25. 8- Veur. Lame fervente est prĂȘte Ă  tout; quoi que la rĂ©sistance aux vices &aux passions soit un travail beaucoup plus grand que tous ceux du corps. Si l’on ne prend point de peine pour Ă©viter les petits dĂ©fauts, on tombera peu Ă  peu dans les plus grands. On est toĂ»jours joĂźeux au soir quand on a bien emploĂŻĂ© la journĂ©e. Veille donc sur toi ; anime toi ; exhorte toi; & quoi qu’il arrive aux autres, ne te nĂ©glige point toi-mĂȘme. Tu ne feras des progrĂšs qu autant que tu te feras fait de violence. Fin du prĂ©mier Livre . DE D E LÌMITATIO JESUS CHRIST. LIVRE SECOND. CO N TENANT Des admonitions pour avancer PĂąme dans la vie intĂ©rieure & spirituelle. Chapitre I. Tu verras tout dans toi , fi tu fais bien t'y rendre. ' E Roiaume de Dieu est dans vous a dit le Seigneur. Retourne au Seigneur;con- verti toi ; fai divorce avec ce malheureux monde, & ton ame trouvera le repos. Apren Ă  mĂ©priser les choses du dehors, & Ă  t’a- pliquer Ă  celles du dedans, & tu verras a Luc. 17. v. xi. c l ue Del’Imit. de J. 91 que le RoĂŻaume de Dieu viendra dans toi ; Car a le Roiaume de Dieu est la paix & la joie au S. Esprit, ce qui n’est pas donnĂ© aux impies. JĂ©sus-Christ viendra dans toi, & te fera goĂ»ter ses consolations, si tu lui prĂ©pares dans ton intĂ©rieur une demeure digne de lui. b Toute la ; J/Qur retrouverfĂąsi’J z /pĂ­uroitr JĂŽtĂ­tazre. 50 D E L’IMITATIO JESUS CHRIST. llrn c Del’Imit. de J. 91 que le RoĂŻaume de Dieu viendra dans toi 5 Car a le RoĂŻaume de Dieu est la paix & la joie au S. Esprit, ce qui n’est pas donnĂ© aux impies, JĂ©sus-Christ viendra dans toi, & te fera goĂ»ter Ă­Ăšs consolations, si tu lui prĂ©pares dans ton intĂ©rieur une demeure digne de lui. b Toute la gloire & la beautĂ© qu’il recherche est dans t intĂ©rieur; & c’estlĂ  oĂč il prend tout son plaisir. Il rend de frĂ©quentes visites Ă  shomme du dedans; il le gratifie de ses entretiens pleins de suavitĂ©, & de ses agrĂ©ables consolations ; il le comble de fa paix divine, & entre dans une ravissante familiaritĂ© avec lui. L. Pren donc courage, ame fidĂšle, prĂ©pare ton cƓur Ă  cet Epoux cĂ©leste , afin qu’il vienne dans toi, & qu’il daigne y demeurer ; car voici fa promesse, c quelcun m aime, il gardera ma parole ; & nous viendrons Ă  lui , & ferons dans lui nĂŽtre demeure . Fai donc place Ă  JĂ©sus-Christ, & refuse l’entrĂ©e Ă  tout autre objet. Si tu as JĂ©sus-Christ, tu Ăšs riche ; pz De l’Imitation riche ; & lui seul te sufit pour tout. Il sera ton PourvoĂŻeur AdĂšle, sans qu’il soit besoin que tu t’attendes aux hommes. Car les hommes font changeans; ils nous manquent en un instant j mais JĂ©sus-Christ demeure Ă©ternellement,& il se tient constamment prĂšs des siens jusques Ă  la fin. 3 . Il ne faut pas s’attendre beaucoup Ă  1 homme quoi qu’on en tire de I’utili- litĂ© & qu’on l’aime ; car il est fragile & mortel. Il ne faut pas aussi s’attrister beaucoup fi quelque fois il s’élĂšve contre nous, & nous est contraire. Ceux qui font aujourd’hui pour toi, pourront ĂȘtre demain contre toi ; &au contraire , les ennemis d’aujourd’hui seront peut-ĂȘtre demain tes amis. Les hommes changent comme le vent. Ne te confiequ’en Dieu ; ne crain que lui; n’aime que lui ; alors il rĂ©pondra de tout ce qui pourra t’arriver , & fera tout pour le mieux. Pense que a tu rias point ici de citĂ© permanente ; que tu Ăšs un Ă©tranger & un voĂŻageur quelque part que tu fois ; & que tune trouveras point 00 Heb. IZ. v. 14 . de J. Christ. Livr. II. Cb. i. 93 point de repos si tu n’ùs uni intĂ©rieurement avec JĂ©sus-Christ. 4. Pourquoi jettes-tu les yeux de tous cĂŽtĂ©s autour de toi, puis que ce n’est pas ici le lieu ou tu dois te reposer? Cest dans les Cieux que doit ĂȘtre ta demeure ; 8c tu ne regarder toutes les choses de la terre que comme en passant. Toutes choses passent, & tu passes aussi avec elles. Donne toi de garde de t’attacher Ă  elles, de peur que tu ne fois pris & que tu ne pĂ©risse avec elles. ElĂšve toutes tes pensĂ©es Ă  celui qui est Ă©levĂ© au dessus de toutes choses, 8c offre fans cesse tes priĂšres Ă  si tu n as pas le don de porter tes mĂ©ditations jusqu’aux choies sublimes qui font dans le Ciel, cherche ton repos dans la passion de JĂ©sus-Christ, Lepren plaisir Ă  te tenir colĂ© Ă  ses sacrĂ©es plaies. C’est un refuge oĂč tu te sentiras fortifiĂ© dans tes tribulations ; tu ne te mettras point en peine des mĂ©pris des hommes, & tu souffriras trĂšs aisĂ©ment toutes leurs injures & leurs mauvaises paroles. 5. JĂ©sus-Christ n’a-t-il pas Ă©tĂ© mĂ©prisĂ© des hommes dans ce monde? N’a- t-il 54 De l Imitation t-il pas Ă©tĂ© abandonnĂ© de ses amis & de tous ceux de fa connoissance au milieu des oprobres & dans ses trĂšs grandes nĂ©cessitĂ©s ? Quoi! JĂ©sus- Christa bien voulu souffrir & ĂȘtre mĂ©prisĂ©, & tu oses te plaindre de quelqu’un ? Il a eu beaucoup d’ennemis & tu ne voudrois trouver que des amis & des bien-faiteurs ? Comment seroit couronnĂ©e ta patience, si tu n’avois rien qui te fĂ»t contraire ? Comment seras-tu ami & compagnon de JĂ©sus-Christ, fi tu ne veux point souffrir d’adversitĂ©s ? Si tu veux rĂ©gner avec Christ, il faut que tu souffres avec Christ, & pour l’a- mour de Christ. 6. Si tu Ă©tois une fois entrĂ© dans l’in- tĂ©rieur de JĂ©sus, & que tu eusses un peu goĂ»tĂ© de l’ardeur de son Amour, tu ne te soucierois plus de tes propres commoditĂ©s, ni de tes incommoditĂ©s. Les oprobres que tu recevrois , te donne- roient alors de la joie ; parce que l’A- mour de JĂ©sus-Christ fait que 1 homme se mĂ©prise soi-mĂȘme. Celui qui aime JĂ©sus & la vĂ©ritĂ©, l’homme vraiement intĂ©rieur» & qui est libre de toutes les passions pi t nous le perdons bientĂŽt par nĂŽtre nĂ©gligence. Nous sommes souvent si stupides, que de ne pas sentir jusqu’ou va saveuglement de notre cƓur. Souvent nous agissons mal 8c nous nous excusons encore plus mal. Nos passions nous font prendre feu & nous emportent, & nous nous imaginons que c’estle ZĂšle de Dieu. Nous reprenons avec rigueur les petites fautes que les autres font, 8c nous passons par dessus les nĂŽtres qui font beaucoup plus grandes. Nous sentons bien-tĂŽt 8c nous pesons avec exactitude le petit poids que nous devons porter 8c soutenir de la part des autres ; mais nous ne considĂ©rons pas quelle charge ils ont Ă  porter de nĂŽtre part,8c combien nous leur pesons. Certes si chacun vouloit bien examiner 8c peser ses actions,il verroitqu’il n a pas sujet de juger si sĂ©vĂšrement ses frĂšres. L. L’Homme intĂ©rieur prĂ©fĂšre le foin de son ame Ă  tous les autres foins ; & celui qui est exact Ă  se considĂ©rer soi- ÂŁ 4 mĂȘme, 104 DĂ©limitation mĂȘme , se taĂźt aisĂ©ment Ă  l’égard des autres. On ne vivra jamais de la vie spirituelle & intĂ©rieure, ni dans la piĂ©tĂ©, qu’en se tenant dans le silence sur ce qui regarde les autres , pour s’emploĂŻer tout entier Ă  rĂ©flĂ©chir fur soi-mĂȘme. Si tut’occupes entiĂšrement de Dieu & de toi-mĂȘme, tout ce qui arrive au dehors retouchera peu. OĂč Ăšs-tu quand tu nĂ©s pas prĂ©sent Ă  toi-mĂȘme ? Qu’as- tu profitĂ©, si aiant parcouru & furetĂ© toutes choses, tu t’ùs nĂ©gligĂ© toi-mĂȘme? Veux-tu avoir la paix & la vraie union avec Dieu ? Il faut nĂ©cessairement que tu te dĂ©taches de tout ce qui est au monde, pour ne jetter les yeux que fur toi. z. Et par consĂ©quent tu avanceras merveilleusement si tu te tiens libre de tous foins temporels ; mais tu reculeras beaucoup pour peu que tu t’en charges encore. Que rien ne te paroisse grand, ni Ă©levĂ©,ni agrĂ©able,ni dĂ©sirable, que Dieu mĂȘme, ou ce qui est purement de Dieu. RĂ©putĂ© pour vain & pour inutile tout ce que la crĂ©ature p eut te donner de consolation. Lame qui de j. Christ. Livr. II. Ch. 6. iojs qui aime Dieu, mĂ©prise tout ce qui est au dessous de Dieu. Dieu seul Ă©ternels infini j & qui remplit toutes choses , est la consolation de Tarne, 8c la vraie joie du cƓur. Chapitre VI. La joie bien solide est dans la conscience » homme de bien ne cherche point de gloire ailleurs que dans le tĂ©moignage d’une bonne conscience. Aie donc une bonne conscience, 8c tu auras toujours de la joie, L’Homme qui a une bonne conscience sait beaucoup suporter ; 8c sa joie se redouble au milieu des adversitĂ©s les plus grandes; mais celui qui a une mauvaise conscience, tremble toujours , 8c n’a point de repos. Si ton cƓur ne t accuse de rien, tu jouiras d J un repos trĂšs doux. Ne te rĂ©jouis jamais que d’avoir fait du bien. Nul mĂ©chant n’a jamais de vĂ©ritable joie , 8c ne ressent jamais de paix intĂ©rieure ; car a il rĂŹy a point de paix pour les mĂ©chans, dit le Seigneur. Que E j ’ils W Wa. M- v. u» f Ă­o 6 Del’Imitation s’ils disent» nĂłus sommes dans la paix» les maux ne viendront point nous trouver. Et qui seroit alles hardi pour entreprendre de nous nuire ? ne les en croi pas» car la colĂšre de Dieu se lĂšvera soudain contr’eux ; tout ce qu’ils ont fait, s’évanouĂŻra » & leurs desseins pĂ©riront. r. II n’est pas dificile Ă  celui dans le cƓur duquel a U amour de Dieu eß rĂ©pandus se glorifier dans les afflĂŻEiions ycar se glorifier de le sorte est b se glorifier dans la croix du Seigneur. La gloire que les hommes se donnent 8c reçoivent mutuellement les uns des autres, paf- se & s’é van ouĂŻt en x un moment; & comme elle est mondaine, la tristeste raccompagne toujours. La gloire des vrais ChrĂ©tiens est dans leur conscience, Sc non pas dans la bouche des hommes. La joĂŻe des justes vient de Dieu ; elle est en Dieu; ilsneĂ­Ăš rĂ©jouissent que de la vĂ©ritĂ©. Celui qui est vraiement touchĂ© du dĂ©sir de la gloire vĂ©ritable & Ă©ternelle, ne se soucie pas de la temporelle ; & celui qui recherche cette der- a Rom. f. v. z. Ăš Gai. 6 . v. 14. f ĂŻ>e J. Christ. Livr. II. Î07 derniĂšre - ou qui ne la mĂ©prise pas de tout son cƓur, demeure convaincu parla d’aimer peu la gloire cĂ©leste. Celui qui ne se soucie ni du blĂąme ni des louanges» est dans une grande tranquillitĂ© d’eĂ­prit. 3 . L’homme dont la conscience est pure, est content en quelque Ă©tat qu’il soit, Lc demeure paisible quelque traitement qu’on lui fasse. Quand on te loue, tun’en Ăšs pas plus saint; & quand on te blĂąme, tu n’en Ăšs pas pire. Tu Ăšs ce que tu Ăšs ; &tune peux raisonnablement ĂȘtre estimĂ© plus grand que tu n’ùs au jugement de Dieu. Si tu considĂšres avec attention ce que tuĂ©s intĂ©rieurement, tu ne te soucieras guĂšres de ce que les hommes pourront dire de toi. a Les hommes ne voient quel’apa- vence ; mais Dieu connoit le fond du cƓur . Ceux lĂ  ne considĂšrent que les actions qui paroissent; mais celui-ci pĂšse les intentions secrĂštes. La marque d’une ame vraiment humble est, de faire toujours bien, & de s’estimer peu. La marque d’une grande puretĂ© & d une E 6 vraie 00 16. V, 7 . lo8 De l’Imitatio» vraie confiance en Dieu est , de ns point chercher de consolation dans les crĂ©atures. 4 . Celui qui ne recherche point de tĂ©moignages de la part des hommes , faitparoĂźtre qu’il s’est entiĂšrement donnĂ© Ă  Dieu. b Ce rieft pas celui qui fe recommande foi-mĂȘme , & qui se rend bon tĂ©moignage, qui est aprouvĂȘ ; mais c'est celui que Dieu recommande & aprou - ve , dit S. Paul. Cheminer avec Dieu dans l’intĂ©rieur de son am e, &n’ĂȘtre point attachĂ© Ă  aucune des choses du dehors, est le vĂ©ritable Ă©tat de l’hom- me intĂ©rieur. Chapitre VII. JPour bien aimer JĂ©sus » il faut Faimer lui seul, celui qui comprend L JL bien ce que c’est que d’aimer, jesus , & de fe mĂ©priser foi-mĂȘme Ă  cause de JĂ©sus 1 Pour cet Ami, il faut renoncer Ă  tout ce qui nous est cher ; parce que JĂ©sus veut qu on l'aime seul, , & A r. Or. 10. v. iR. de J. Christ. Cb. 7. 109 & par dessus toutes choses. L’amourde la crĂ©ature est trompeur & sujet au changement ; l’arnour de JĂ©sus est fidĂšle 8c durable. Celui qui est a-tachĂ© aux crĂ©atures tombera lors qu elles tomberont ; mais celui qui embrasse JĂ©sus demeurera toĂ»jours ferme 8c inĂ©branlable, Aime-le, 8c t’en fai un ami ; tu feras seur qu’à tes derniĂšres heures, quand tu feras abandonnĂ© de toutes les choses du monde, il te tiendra compagnie 8c ne permettra pas que tu pĂ©risses. Soit que tu y consentes , ou que tu y rĂ©pugnĂ©s , il faudra qu’un jour tu fois sĂ©parĂ© de toutes les choses du monde. 2 . Tien-toi attachĂ© Ă  JĂ©sus en ta vie & en ta mort, 8c te laisse conduire par ce fidĂšle Ami, qui seul peut te secourir quand tous les autres te quiteront. Mais cet ami est tel, qu’il ne peut sou- frir qu’on ait un autre ami que lui. Il veut seul possĂ©der tout ton cƓur, 8c y ĂȘtre astis comme un Roi dans son propre TrĂŽne. Si tu pouvois te tenir vui- de de toutes les crĂ©atures, JĂ©sus vien- droit trĂšs-volontiers faire fa demeure en toi, Tout ce que tu crois rassurer E 7 hors ĂŻio De l'Imitatio» hors de JĂ©sus & dans les crĂ©atures, est perdu, tu le verras un jour. Ne te fie point, ne t’apuĂŻe point fur un roseau sujet aux? secouĂ­ĂŹes & Ă  l’inconstance des vents ; car Ça toute chair rĂŹefi que de Vherhe , & toute Ja gloire tombe comme la fleur de I’herbe. Si tu n’as Ă©gard qu’aux apparences , & Ă  l’extĂ©rieur des hommes > tu feras bientĂŽt pris & trompĂ© j car la consolation & les avantages que tu auras crĂ» trouver en eux , te deviendront trĂšs-funestes. Si dans toutes tes dĂ©marches tu cherches JĂ©sus , tu le trouveras par-tout. Si tu te cherches toi-mĂȘme, tu te trouveras aussi toi-mĂȘ- me, mais Ă  ta damnation & Ă  ta perte. Car fhomme qui ne cherche pas JĂ©sus cn toutes choses, se fait plus de mal que tout le monde & que tous ses ennemis ne lui en pourroient jamais faire, a Esai. 40. v, 6 . ChĂ - bi J. Chris t. Livr. IL Ch. g. m Chapitre VIII. Aime tout pour JĂ©sus , & JĂ©sus pour lui mĂȘme. I,T Ors que Jesus est prĂ©sent, tout J_ t va bien, & rien ne semble disi- eile j mais lors qu’il est abĂ­ĂȘnt, il n’y a rien que de triste & que d’afstigeant. Lors que JĂ©sus ne parle pas dans l’intĂ©- rieur, toute consolation qui vient d’ail- leurs est de peu dimportance ; mais lors qu’il prononce une feule parole, on est divinement consolĂ©. VoĂŻĂ©s comment Marie Madelaine se lĂšve du lieu oĂč elle pleuroit, ausli-tĂŽt que Marte lui dit, a le MaĂźtre est id, & il Rappelle. Heureux le tems auqu'el JĂ©sus appelle d’un Ă©tat qui fait verser des pleurs, Ă  la joie de l’esprit! Que tu Ăšs sec & dur si JĂ©susn’est dans toi! Que tues fou & vain si tu cherches quelque autre choie que JĂ©sus ! Ne perds-tu pas davantage, en agissant ainsi , que si tu perdois tout le monde ? 2. Situn’aspoint Jéíus, quels avantages 00 Jean I I. Ăź-. ig. 1 12 De l’Imitatios tages te peut procurer tout le monde ? Le vrai enfer c’est d’ĂȘtre fans JĂ©sus ; le vrai Paradis, c’est d’ùtre avec JĂ©sus. Si JĂ©sus est avec toi, nul ennemi ne te pourra plus nuire. Celui qui a trouvĂ© JĂ©sus ; a trouvĂ© un grand trĂ©sor, & un bien qui estau dessus de tous les biens ; mais celui qui perd JĂ©sus, fait une perte indicible j il perd plus que s’il per- doit tout le monde. Celui qui vit fans JĂ©sus est trĂšs pauvre , & celui qui est bien uni avec JĂ©us est le plus riche de tous. j. La plus grande de toutes les sciences est de savoir s’entretenir avec JĂ©sus; & la souveraine prudence consiste Ă  le lavoir retenir dans soi. Sois humble & pacifique, & JĂ©sus ne manquera pas d’ĂȘtre avec toi. Sois tranquille & dĂ©vot ; & il demeurera toujours avec toi. DĂšs que tu veux te rĂ©pandre fur les choses qui font hors de toi, tu Ă©loignes JĂ©sus - & tu perdras bientĂŽt fa grĂące ; & si tu veux ainsi le chasser & le perdre, vers qui prendras-tu ton refuge, & quel autre ami te chercheras-tu? Sans ami tu ne saurois vivre heureux j & si tu n’as point de J. Christ. 8. nz point JĂ©sus pour ami souverain , en quel Ă©tat de tristesse & de dĂ©solation ne se trouvera pas ton ame ? Tu fais donc une folie bien grande si tu mets ta confiance ou ta joie en quelque autre objet. Tu dois bien plutĂŽt choisir que tout le monde soit contre toi, que non pas JĂ©sus seul; & par consĂ©quent, entre tout ce qui test cher, que JĂ©sus te soit le bien le plus cher , & le plus amoureusement chĂ©ri. 4. Il faut aimer tous les hommes k cause de JĂ©sus, mais il faut aimer JĂ©siis Ă  cause de lui-mĂȘme. Il n’y a que JĂ©sus Christ seul qu’il saille aimer sans rĂ©serve & sans mesure ; parce qu’il surpasse en bontĂ© & en fidĂ©litĂ© tous ceux que l’on pourroit avoir pour amis. A cause de lui & dans lui tu dois tenir pour chers & aimables tant cgux qui te sont amis, que ceux qui te font ennemis ; & tu les dois recommander tous Ă  fa misĂ©ricorde, afin qu’il les remplisse tous de Ă­Ă connoissance&de son amour. Ne dĂ©sire jamais d’ĂȘtre singuliĂšrement aimĂ© ou louĂ©; parce que cela n apartient uniquement qu’à Dieu, qui n’a point de fern- H4 De l’Imitation semblable. Comme tu ne dois point dĂ©sirer que personne se remplisse & s’occupe le cƓur de Tamour qu’il pour- roit avoir pour toi ; aussi ne dois-tu point donner entrĂ©e dans le tien Ă  l'a- mour de qui que ce soit. DĂ©sire seulement que JĂ©sus seul remplisse par son amour & ton cƓur &le cƓur de tout homme de bonne volontĂ©. f. Garde ton intĂ©rieur pur & libre, fans rattacher Ă  aucune crĂ©ature. Il faut que tu fois dĂ©nuĂ© de tout, & que tu offres Ă  Dieu un cƓur pur, si tu veux te trouver dans l’état de contempler, devoir & de {a goĂ»ter combien le Seigneur tft doux. Mais pour en venir lĂ , il saut que la grĂące te prĂ©vienne & te tire, asm qu’étant vuide de toute autre chose, &C qu’aĂŻant donnĂ© congĂ© Ă  tout, tu sois uni purement aveqje pur,uniquement avec Tunique. Car lors que la grĂące de Dieu se rĂ©pand dans l’homme , il devient capable de tout. Au lieu que lors qu'elle se retire de lui, il demeure pauvre, infirme, & exposĂ© Ă  toutes sortes de coups. Cependant son ame ne doit pas s’abat- 4 P/. 34. v. 9. de Livr. II. Ch. g. n 5 s’abattre ni se dĂ©sespĂ©rer dans cet Ă©tat ; mais il doit se soumettre paisiblement Ă  la volontĂ© de Dieu , St souffrir tout ce qui lui arrive pour la gloire de JĂ©sus- Christ. L’EtĂ© revient aprĂšs l’Hiver, le jour aprĂšs la nuit, Sc le calme aprĂšs la tempeste. Chapitre IX. Pour Ă©prouver les siens, Dieu les prive de joie. n’est pas difficile de mĂ©priser JL les joies Sc les consolations qui viennent de la part des crĂ©atures, lors qu’on en reçoit de Dieu mĂȘme. Mais c’est une vertu trĂšs grande que de pouvoir se paiser d es consolations divines & humaines; Sc de vouloir bien demeurer, pĂČur la gloire de Dieu,dans un Ă©tat oĂč famĂ© est comme exilĂ©e de la joie de son CrĂ©ateur, fans que l’on se cherche soi-mĂȘme en quoi que ce soit, 8 c que l'on ait le moindre Ă©gard au bien que l’on pourroit avoir fait. Quelle merveille que tu sois plein de joie Scde zĂšle lors que la grĂące t est prĂ©sente 1 U O Ii6 De l’Imitation n’y a personne qui ne dĂ©sire ces heureux moments. Peut-on ĂȘtre menĂ© plus doucement que lors qu’on est portĂ© par la grĂące de Dieu ? Quelle merveille encore j que celui qui est soutenu par le Tout-puiffant, ne sente point le fardeau dont il est chargĂ©. 2. Nous cherchons volontiers quelque matiĂšre de consolation, & l’homme a beaucoup de difficultĂ© Ă  se mettre lui- mĂȘme dans le dĂ©nuement. Les Saints nĂ©anmoins renoncent Ă  tout cela, comme l’Histoire nous raconte que fit le Martir St. Laurent > qui aĂŻant vaincu le monde par le mĂ©pris de tout ce qu’il y avoir d’agrĂ©able dans le fiĂšde, souffrit en paix pour l’amour de Christ d’ĂȘtre sĂ©parĂ© d un Saint EvĂȘque qu’il aimoit ardemment, & que l’on menoit sans lui au supplice. L’Amourde Dieu surmonta en lui l'amour de l'homme, & il aima mieux choisir le bon plaisir de Dieu, qu’une consolation humaine. Tu dois suivre cet exemple, & aprendre a qui- ter pour l’amourde Dieules amis qui te font les plus chers,& qui te Ă­emblent les plus nĂ©cessaires pour ton salut. Ne tastĂŹige Ch. 9. 117 t’aflige point aussi iors que quelqu’un de tes amis t’abandonne ; car tu fais qu’enfin il faudra que nous soions tous sĂ©parĂ©s les uns des autres. z. L’homme doit soutenir un combat intĂ©rĂ­eur,grand,& de longue durĂ©e, avant qu’iJ Reliefe vaincre entiĂšrement soi-mĂȘme & donner ses affections & ses inclinations Ă  Dieu. Lors que l’hom- me s’arrĂȘte trop Ă  soi-mĂȘme, il se tourne facilement du cĂŽtĂ© des consolations humaines & sensibles. Mais celui qui aime vraiment JĂ©sus-Christ & qui fait Ă©fort pour suivre ses divines vertus, ne pan ehe 8c ne s'abaisse point Ă  ces fortes de consolations; il ne cherche point de ces douceurs sensibles; il aspire Ă  ĂȘtre exercĂ© d'une maniĂšre plus vigou- &use, ic Ă  souffir pour l’amour de JĂ©- sus-Christ les travaux les plus durs & ies plus pĂ©nibles. 4. Lors donc que Dieu te favorisĂ© de ses divines consolations, reçoi-les avec actions de grĂąces ; mais souvien toi que c’est un pur don de la libĂ©ralitĂ© de Dieu, & non pas une rĂ©compense de ton mĂ©rite, Ne t’élĂšve point alors j ne te ĂŻiS De í’ Imitation te rĂ©jouis pas avec excĂšs ; ne t’enfle point de prĂ©somption ; mais plutĂŽt, tjue le don de Dieu te rende plus humble, plus circonspect, & te fasse diriger toutes tes actions avec crainte & tremblement ; parce que ce tems lĂ  passera pour faire place Ă  des tentations qui suivront. Lors que tu Ăšs dĂ©laissĂ© & fans consolation, ne perds pas incontinent courage ; mais atten avec patience & humilitĂ© que Dieu te visite de son ciel ; parce que Dieu est puissant pour te donner de nouveau des consolations plus grandes que celles qu’il t’a ĂŽtĂ©es. Ceux qui savent par expĂ©rience ce que c’est que des voies de Dieu, ne trouvent rien d’étrange & de nouveau dans cette conduite ; car les plus grands Saints, &mĂȘme les Anciens ProphĂštes, oiĂ­t Ă©prouvĂ© en eux ces sortes de change- mens. 5. C’est pourquoi l’un d’entr’eux di- Ă­oit lors que la grĂące de Dieu lui Ă©toit prĂ©sente, a se ne serai jamais Ă©branlĂ©. Mais pour faire voir ce qu’il avoit Ă©- prouvĂ© lors que la grĂące s’étoit retirĂ©e, il ajoute j Tu as cachĂ© ton visage, & je - P f. Z0. v. 7. S. ^ de J. Christ. 119 fuis devenu tout Ă©perdu. Cependant il ne perd point courage ; mais priant le Sei- gueur avec plus d’ardeur, il lui dit ; Ae crie Ă  toi, Seigneur ; fe prĂ©sente ma priĂšre Ă  mon Dieu. En fuite dequci remportant le fruit de fa priĂšre, il tĂ©moigne que Dieu la exaucĂ© , disant ; /' Eternel m'a Ă©coutĂ© , a eu pitiĂ© de moi ; il m'est venu secourir. Mais comment ? Tu as changĂ©, dit-il ; mon deuil en joie, & tu m'as environnĂ© d'allĂ©gresse. Si cela est arrivĂ© aux grands Saints, nous ne devons pas tomber dans l'abatement lors qu il nous arrive, Ă  nous autres pauvres & foibles, d’ĂȘtre dans la ferveur, & tantĂŽt dans le refroidissement ; parce que TEÍprit vient & Ă­Ăš retire selon son bon plaisir. Ce qui fait dire au bien-heu- reuxjob, {a Tu prens garde Ă  1homme chaque matin , & tu le sondes Ă  tous mo ments. 6. En qui donc dois-je mettre mon cĂ­perance, fur quoi me dois-je fier > Ă­i non fur la feule misĂ©ricorde de Dieu ; quiesttrĂšs-grande, & fur le Ă­Ăšul appui de fa grĂące cĂ©leste ? Bonnes compagnies, personnes saintes, amis fidĂšles, 00 Job. 7. r>. 18. livres 120 De lImitatiom livres de piĂ©tĂ©, beaux fermons, chants de Psaumes & de Cantiques, tout cela est peu de chose, tout cela est de peu de goĂ»t lors que je fuis dĂ©laissĂ© de la grĂące de mon Dieu, & abandonnĂ© Ă  ma pauvretĂ© naturelle. Je n'ai dans cet Ă©tat qu un seul remĂšde , qui est la patience 8c l’entier renoncement Ă  moi-mĂȘme pour ne rien vouloir que ce que Dieu veut. 7 , Je n’ai jamais trouvĂ© personne pour religieux, zĂ©lĂ©, 8c craignant Dieu qu’il ait Ă©tĂ©, qui n’ait senti des Ă©clipses de la grĂące de Dieu & des diminutions de desSaintsn'a jamais Ă©tĂ© tellement Ă©levĂ© vers Dieu & illuminĂ© de lui, '‱ v ' ''d ’ ces grĂąces. Car celui-lĂ  n'est paĂĄ digne d’ĂȘtre admis Ă  une sublime contemplation de Dieu, qui n’a pas Ă©tĂ© exercĂ© 8c Ă©prouvĂ© par quelques afflictions qu’il aitsouftertespourì’amour de Dieu. La tentation est une marque d’ lation qui la luit, 8c ce n’est qu’à ceux qui font Ă©prouvĂ©s par des tentations que les consolations cĂ©lestes font promises. Ça A celui qui vaincra , est- il net \b 60 Afoç, z, v. 7, ' de J. Christ. Livr. IL Cb. io. 121 ' ^ il dit, je lui donnerai Ă  manger de Varbre ℱ ; “ de vie. P- 8. Dieu donne quelques fois fes di- “5 vines consolations, afin que l'I omme ’I- soit plus fort ensuite pour supoi ter les ĂŻĂź! 'ĂŻ adversitĂ©s. Mais aprĂšs il permet que la S tentation vienne, de peur que l’homme ne s’élĂšve Ă  cause des grĂąces que Dieu Ă  lui a faite, . "" ~ la chair n’est pas encore morte,r ton- Ă Ăź sĂ©quent tien-toi toĂ»jours prĂȘt Ă  com- battre jparce que tu as Ă  droitte & Ă  gau- ipto ehe des ennemis qui ne sommeillent 8C ‱Mi ne reposent jamais. Chapitre X. gne iĂą' Sc [Uli II ifo- ux M no- fĂ­. Ren grĂąces pour la GrĂące , & soufre son absence. I. T Ourquoi cherches-tu du repos JL puis que tu Ăšs venu dans ce monde pour le travail ? Tu te dois plĂ»- tĂŽt attendre Ă  voir ta patience bien exercĂ©e , qu’à recevoir des consolations 8c des joies ; plutĂŽt Ă  porter la croix qu’à te rĂ©jouir. Qui est l’homme dans le monde qui ne reçût volontiers de la k con-. HZ De t Imitation consolation &de la joie spirituelle sĂŻl en pouvoit avoir toujours, vĂ»qu’elles surpassent toutes les dĂ©lices du monde & tous les plaisirs de la chair ? Car les dĂ©lices du monde font ou vaines, ou honteuses;maisles spirituelles font chastes & accompagnĂ©es dune joĂŻe solide, vĂ» qu’elles naissent des vertus, & que c’est Dieu mĂȘraei0fles verĂ­Ă« dans les Ăąmes pures. Mais il n’y a personne qui se puisse promettre d’en joiiir Ă  son grĂ©, parce que le tems de la tentation revient bien-vĂźte. 2 . Dieu nous ĂŽte aussi cesĂ©fets de fa cĂ©leste visite, pour empĂȘcher que nĂŽtre esprit ne se trompe, tant par une fausse opinion de sa libertĂ©, que par une vaine complaisance & confiance en soi- fait un grand bien Ă  l’hom- me lors qu’il lui donne la grĂące de la consolation & de la joĂŻe, mais l’hom- me fait un grand mal lors que la recevant il ne la raporte pas entiĂšrement Ă  DiĂȘĂč avec une humble reconnoissance. C’est pour cela que les dons de la grĂące ne peuvent couler dans nĂŽtre ame; par- ce qu’ils rencontrent i’obstacĂ­e de nĂŽtre ingra- de J. Christ. Livr, II. Cb, io. 123 ingratitude envers leur Auteur ; & que nous ne les faisons pas retourner vers. leur source cĂ©leste. Dieu a promis de nouvelles grĂąces Ă  celui qui est recon- noiffant des premiĂšres ; mais il ĂŽte au superbe ce qu’il a coutume de donner Ă  l’humble. z. Je ne veux point de consolation qui m’empĂȘche d’ĂȘtre touchĂ© du senti- " ment de mes offenses. Je ne recherche point la sublimitĂ© des contemplations qui donnent de l’élĂ©vation Ă  mon ame; car tout ce qui est sublime, n’est pas Ă­Ăąintjtout ce qui est doux, n’est pas bon; tout ce que l'on dĂ©sire, n’est pas pur ; & tout ce que l'homme aime, n’est pas pour cela aimĂ© de Dieu. J’embraffe de bon cƓur la grĂące qui me rend plus humble, plus circonspect&plus disposĂ© Ă  me renoncer moi-mĂȘme. Celui que la grĂące a enseignĂ©, & qui a passĂ© sous la discipline & le chĂątiment des destitutions Ă­pirituĂ«lles, n’osera jamais s’attri- buer aucun bien ; il qu’il est pauvre &nud. a Ren Ă  Dieu ce qui est Ă  lui, & retien ce qui est Ă  toi ; F z c’est s 124 De l’Imitation c’est Ă  dire, Ren grĂąces Ă  Dieu, recon- noissantque tout le bien qui est en toi vient de fa pure grĂące ; & ne t attribue que le pĂ©chĂ©, & la peine qu’il mĂ©rite. 4. d Mets toi toĂ»jours dans le dernier rang, & l’on te mettra au premier ; car rien ne peut-ĂȘtre haut, qu’il ne soit fondĂ© sur un bas. Devant Dieu les plus grands Saints font les plus petits en eux mĂȘmes; & plus ils font remplis de gloi- re, plus font-ils humiliĂ©s dans leur cƓur. Ceux que la vĂ©ritĂ© & la gloire cĂ©leste remplit, n’ont point de dĂ©sirs pour une vaine gloire; & fondĂ©s qu’ils font fur Dieu avec fermetĂ©, ils ne s’élĂš- vent jamais par orgueil. Ceux qui attribuent Ă  Dieu tout ce qu’ils ontreçude bon , ne cherchent point Ă  b recevoir de gloire les uns des autres ,‱ mais ils ne dĂ©firent que celle de Dieu seul. Ils dĂ©firent souverainement que Dieu soit louĂ© en eux & dans tous ses Saints;c’est lĂ  l'unique but qu’ils fe proposent. s. Sois donc reconnoissant des moindres grĂąces que Dieu te fait; 8C tu en recevras de plus grandes. Tien mĂȘme les e Ch. ĂŻĂŹ, 22 tu dĂ©sires de mourir fur la cro ix.a Jjhie fi tu meurs avec lut, tu vivras aujfi avec luis & si tu Ăšs le compagnon de ses /outrances, tu le feras aussi de fa gloire. z. Tu vois donc que tout consiste Ă  embrasser la croix & Ă  y mourir, LL ‱qu’iln’y a point d’autre voie Ă  la vie LL Ă  la vraie paix de i’eĂ­prit que la sainte voie de la croix & de la mortification journaliĂšre. Va oĂč tu voudras, cherche tant que tu voudras, tu ne trouveras point de voie ni plus sublime en haut, ni plus feure en bas, que la sainte voie de la croix. Dispose de tout comme il te plaira & le mieux qu’il te semblera, tu ne laisseras pas de trouver toujours quelque chose Ă  souffrir ou de bon grĂ©, ou mal-grĂ© toi, & ainsi tu trouveras toujours la croix. Car, ou ton corps sentira quelque douleur, ou ton esprit sera affligĂ© par des peines & des inquiĂ©tudes. 4. TantĂŽt Dieu te laissera pour un tems dans la dĂ©stitution spirituelle; tantĂŽt tes prochains donneront de f exercice Ă  ta patience, &par-dessus cela, tu feras souvent Ă  charge Ă  toi-mĂȘme, fans * F 6 P ° U " r;r De t/Imita ti on .pouvoir trouver de remĂšdes & d’alle- gemens Ă  ta langueur. Tu dois alors porter cette croix autant qu’il plaira Ă  Dieu ; car il veut que tu aprennes Ă  endurer des foufrances fans joies & fans consolations, asin que tu te soumettes Ă  lui fans referve, & que les afflictions te rendent plus humble. Nul n’a le cƓur lĂŹ bien touchĂ© de la passion de JĂ©fus- Christ, que celui qui est exposĂ© Ă  de semblables foufrances. La croix est donc toĂ»joursprĂȘte ; elle t’attend par tout. Tu ne la peux Ă©viter quelque- part que tu ailles, parce que tu te portes toujours avec toi par tout, & que tu te trouveras toujours avec toi en tout lieu. Tourne-toi vers les choses d’enhaut, ou vers celles d embas ; cherche au dedans de toi, ou au dehors, tu trouveras des croix par-tout ; tu trouveras partout des occasions d’exercer ta patience , au moins si tu veux jouir de la paix de TeĂ­prit & de la couronne de l’E- ternitĂ©. 5- Si tu portes la croix de bon cƓur, elle te portera aussi & te conduira au port dĂ©sirĂ© lorsque la fin desoufrirsera venue de Livr. II. Cb, 12 . I zz venue, quoi qu’elle ne doive pas venir pendant que nous vivons en ce monde. Mais si tu la portes malgrĂ© toi, tu te la rens plus pesante & plus infuportable ; & toutes-fois il faudra que tu la portes, Que si tu en rejettes une, tu en trouveras infailliblement une autre, peut-ĂȘtre plus pelante que la premiĂšre. 6. Croi-tu donc pouvoir Ă©viter ce que nul des hommes n’a pu Ă©viter ? Qui est-ce d’entre les Saints qui ait Ă©tĂ© iĂ ns croix & fans adversitĂ©s dans ce monde? NĂŽtre Seigneur JĂ©fus-Christ mĂȘme n’a pas Ă©tĂ© une heure fans elles, pendant qu il a vĂ©cu Ă­ur la terre, a ll falot, dit-il, que le Christsoufrit,qi\il rĂ©- Ă­ufeitĂąt, & qu il entrĂąt ainsi dans fa gloire. Comment donc cherches-tu une autre voie que cette voie RoĂŻale, cette sainte voie de la Croix ? 7. Toute la vie de J. Christ n’a Ă©tĂ© qu’une croix & un martire continuel ; & tu cherches du repos & de la joie pour toi ? Certes, tu te trompes , si tu aspires Ă  d’autres choses qu’à foufrir des adversitĂ©s ; veu que toute cette vie mortelle n'est pleine que de misĂšres, ni .. T , envi- que plus on fou- de J. Christ, Cb. 12. IZ5 frira pour l’amour de lui. Ilne saur pas pourtant attribuer ces Ă©fets Ă  la vertu de rhomme ; ce n’est que la grĂące de J. Christ qui peut & qui fait tout cela dans la foiblesse de la chair; c'est elle qui fait qu’on embrasse & qu’on aime avec une ardeur d'esprit, ce qu’on abhorre 8 c qu’on fuit naturellement en tout tems. 9. Porter la croix, aimer la croix, mortifier son corps j le rĂ©duire en servitude , fuir les honneurs, soufrir de bon cƓur des injures & des oprobres , Ă­Ăš mĂ©priser soĂź-mĂȘme, dĂ©sirer d erre mĂ©prisĂ©, endurer toutes sortes d’adversitĂ©s & de dommages, ne point dĂ©sirer de prospĂ©ritĂ© dans ce monde;sont des choies contraires aux inclinations naturelles de Thomme. Si tu ne jettes les yeux que fur toi, tu te verras dans l’impuis. sance de faire rien de tout cela. Mais si tu t appuies fur le Seigneur, il Renverra du Ciel une force si puissante, qu’élis assujĂ©tira Ă  l’EĂ­pritle monde & la chair. Les armes spirituelles de la Foi & de la croix du Sauveur banniront de ton cƓur toute la crainte de l’ennemi. 10, Consacre-toi donc comme un bon r;6 De limitation bon & fidĂšle Serviteur de J. Christ Ă  porter courageusement la croix de ton MaĂźtre, qui a bien voulu ĂȘtre crucifiĂ© pour l’amour de toi Ă  soufrir beaucoup d’adversitĂ©s, & toutes sortes de maux dans cette misĂ©rable ne trouveras point d’autre traitement quelque part que tu fois ; & dans quelques cachettes que tu te mettes, ils iront t’y un chemin par oĂč il faut nĂ©cessairement passer. Il n’ya point de moĂŻen d’éviter les afflictions, les maux & les douleurs*, Tunique remĂšde est, de possĂ©der ton amepar la patience. Boi dc bon cƓur dans la coupe de la Passion de ton Seigneur, si tu dĂ©sires d’ĂȘtre son ami & d’avoir communion avec aubon plaisir de Dieu de te donner les consolations qu’il jugera le plus Ă  propos. Mais de ton cĂŽtĂ© prĂ©pare-toi Ă  soutenir des Ă©preuves, & regarde les soufrances comme tes joies les plus grandes 3 car {a Les soufrances dutems prĂ©sent, quand tu pourrois seul les soufrir toutes ne sont point Ă  contrepe- ser Ă  la gloire Ă  venir > ni capables de la mĂ©riter. a Rm, S. v, 18, IIi Lors de J. Christ. Ch. 12. 137 U il. Lors que tu auras fait un tel pro- on grĂšs que les afflictions te deviendront fiĂ© douces, & que tu trouveras du goĂ»t ri; dans les soufrances pour l’arnour de J. es Christ, assure toi alors que tout va bien K pour toi, & que tu as trouvĂ© le Paradis 1 . fur la terre. Mais tant que tu te fais de s la peine de soufrir, & que tu cherches Ă  j t’en dispenser , tu n’ùs pas encore dans u un bon Ă©tat, & les maux que tu fuis te e suivront par-tout. t 12. Que si tu tĂąches de rĂ©pondre Ă  tĂą , Vocation qui est de soufrir jusqu’à la i mort, ton Ă©tat changera promtement en , mieux, & tu trouveras la paix. Quand ! bien tu aurois Ă©tĂ© ravi comme S. Paul jusqu’au troisiĂšme ciel, ctcela nets dis, pensera pas de soufrir. {b A- lui ferai voir, dit JĂ©sus de ce mĂȘme combien de maux il faut soufrir pour monNom, Tu ne dois donc attendre que des soufrantes, si tu veux aimer JĂ©sus & le servir toujours. 1 z. Plut Ă  Dieu que tu fusses digne de soufrir quelque chose pour l’amour de JĂ©sus ! que de gloire pour toi ! que de joie pour les saints de Dieu ! que a 2. C or. IL. v. L. Q> AS. A. 16. d edl ~ iz8 De limitation d’édisication pour ton prochain ! Car toutle monde recommmande la patience, quoi que peu de gens veuillent Ă­ou- frir. Mais ne devrois-tu pas soufrir un peu pour Jéíus-Christ ; veu que tant de personnes soufrent tant pour le monde? 14. Tien pour certain que tu dois mener une vie mourante ; ĂŽt que plus on meurt Ă  foi, plus on vit Ă  Dieu. Nul n’estpropre Ă  comprendre les choses du ciel, s’il ne s'est rĂ©duit Ă  soufrir pour Jéíus-Christ les maux de cette vie. Iln’y a rien de jdIus agrĂ©able Ă  Dieu, ni de plus salutaire a l'homme dans ce monde,que de soufrir de bon cƓur pour Pamour de J. Christ. Si tu avois le choix, tu de- vrois plutĂŽt choisir des afflictions pour Pamour de lui, que d abonder en consolations & en joies ; parce que tu se- rois ainsi plus semblable Ă  J. Christ & Ă  tous les Saints. Car ni ce qui plaĂźt Ă  Dieu dans nous, ni l’état de nĂŽtre avancement , ne consiste pas dans des senti- mens de douceurs & de joies; mais plutĂŽt dans la soufrante des plus grandes tribulations. if. Certes, s’ilyavoit eu quelque cho- de Livr. II. Cb. 1 1. ijj> choie de meilleur & de plus utile poux le Ă­Ăąlut des hommes que la Ă­oufrance » Ă­Ă ns doute que Jéíus-ChrĂŻst l’auroit enseignĂ© par ses paroles & par Ă­ĂČn exemple. Cependant il ne fait qu’exhorter hautement ses Disciples, & tous ceux qui le veulent suivre, Ă  porter la Croix» leur disant, a Si quelqu'un veut venir aprĂšs moi, qu'il renonce Ă soi-mĂȘme , qu'il charge sa croix. & qu'il me suive. Donc tout bien recherchĂ© 8c bien considĂ©ré» nous devons conclure avec l’ApĂŽtre » que b c est par plusteurs tribulations qu'il notts faut entrer dans le RoĂŹaume de Dieu. a Matt h. Ă© ASĂź. 14. v. LL» Ftn du second Livre, V 140 D E L’IMITATiON JESUS CHRIST. LIVRE TROISIEME. CONTENANT Les consolations spirituelles que Dieu donne Ă  l'ame & que l'ame cherche en Dieu, & cela par une maniĂšre, de Dialoguent tout ce qui se paffe dans la vie de rEsprit est rĂ©prĂȘsentĂ©. Chapitre I. Ferme ton cƓur au monde, & Dieu t'y parlera. I. M 'Ecouterai maintenant ce que le Seigneur Dieu dira dans D moi. Heureuse l'ame qui en- .gjp tend le Seigneur parlant dans elle, & qui reçoit de fa bouche la parole de la consolation! Heureuses De L* 141 ieuses les oreilles qui bouchĂ©es au bruit des choses du monde , reçoivent le doux son des inspirations divines; & qui ne s’arrĂȘtant point Ă  la parole qui rĂ©sonnĂ© au dehors, Ă©coutent avec attention la vĂ©ritĂ© qui enseigne dans l’intĂ©- rieur ! Heureux les yeux qui font fermĂ©s pour les choses visibles du dehors, & ne font ouverts que pour celles qui font au dedans 1 Heureux les hommes qui rentrent dans 1 intĂ©rieur pour y connoĂźtre les choses spirituelles, & qui font tous les jours de nouveaux Ă©forts pour se disposer de plus en plus Ă  la vraie science des secrets cĂ©lestes 1 Que bien-heureux font ceux qui se dĂ©font avec joie de tous les embarras du SiĂšcle, pour donner solidement le reste de leur vie Ă  Dieu ! O ! mon ame, pren ces choses Ă  cƓur. Ferme la porte atout ce qui est sensuel, afin que tu purstes oĂŒir ce que te dira ton Seigneur & ton Dieu. Voici ton bien-aimĂ© qui parle ; Ecoute-le. 2. C’est Moi qui suis ton salut 5 je ,, suis ta paix j je suis ta vie. Tien toi „ con- 142 De limitation „ constamment avec moi, & tu trouve- „ ras la paix. Laisse-JĂ  tout ce qui n’est ,, que passager ; ne cherche que ce qui „ est Ă©ternel. Toutes les choses que ,, tu vois dansĂ­emonde, nesontpro- „ prĂ©s qu’à te sĂ©duire. Que te serviront ,, toutes les crĂ©atures si ton CrĂ©ateur ,, t’abandonne ? Laisse tout cela, & ,, te rens toute Ă  ton CrĂ©ateur, lui ,, devenant agrĂ©able & fidĂšle, afin que ,, tu parviennes Ă  la jouissance de la », vraie bĂ©atitude. Chapitre II. L'Homme parle au dehors , & Dieu far» le au dedans. I.aTArle Seigneur. ! car tonSer» viteur Ă©coute.{b Je fuis ton Ser» viteur ; donne moi 1intelligence afin que je comprenne tes tĂ©moignages. Donne Ă  mon cƓur les inclinations de recevoir & de garder les paroles de ta bouche ; que cette divine rosĂ©e coule dans lui & le rende fertile. Si les IsraĂ©lites disoient autre-fois Ă  MoĂŻse c Toi , parle avec nous t a I. Sam . Z. D. io. Ăš\Psal. IIÇ. 0 DE 145 nous, & nous f Ă©couterons ; mais que Dieu ne nous parle point de peur que nous ne mourions je n’en dis pas de mĂȘme. Je ne dis pas ainsi. Seigneur! mais je te demande avec humilitĂ© & de tout mon cƓur la mĂȘme grĂące que Samuel ton ProphĂšte te demandoit ; a Parle Sei» gneurĂŹ car ton serviteur Ă©coute. Que MoĂŻse, qu un ProphĂšte, ne me parle point. Parle plutĂŽt toi-mĂȘme, Seigneur mon Dieu! Parle, Inspirateur &Illumina- teur de tous les ProphĂštes. Tu peux toutseul m’enseigner parfaitement sans eux ; mais eux tous ne peuvent absolument rien sans toi. 2. Ils peuvent bien faire ouĂŻr des paroles au dehors ; mais ils ne peuvent donner l’elprit. Ils ont beau aire des choses admirables ; ils ne peuvent toucher le cƓur quand tune parles pas toi- mĂȘme. Ils administrent la lettre ; mais toi, Seigneur ! tu en donnes Intelligence & en dĂ©couvres le sens. Ils annoncent desmistĂšres; mais tu ouvres l’entendement pour les faire comprendre. Ils nous donnent des commande- mens - I. Sam, 3, v. 10. 144 DĂ©limitation mens de ta part ; mais tu donnes la force pour les faire. Ils nous montrent la bonne voie ; mais tu donnes la vigueur pour y marcher. Ils agistent extĂ©rieurement ; mais tu touches, tu enseignes, tu illumines les cƓurs. Ils arrosent au dehors ; Lc tu rensle dedans fertile. Ils font retentir le bruit de leur voix ; tu verses dans le cƓur le don de comprendre la vĂ©ritĂ©. Je te prie donc, Seigneur' mon Dieu ! VĂ©ritĂ© Ă©ternelle ! que ce ne soit pas MoĂŻse qui me parle ; mais que ce soit toi-mĂȘme, de peur que je ne meure & qu’étant seulement prĂȘchĂ© & averti au dehors, & non touchĂ© ni Ă©chauffĂ© au dedans, je ne fois une terre stĂ©rile & fans fruits ; de peur que la parole que j’aurai ouĂŻe, fans la faire ; connue,sans f aimer; crue, fans la pratiquer ; ne soit un jour la sentence de ma condamnation Ă©ternelle. Parle donc, 0 Seigneur ! car ton serviteur Ă©coute , {b'& tu as les paroles de vie Ă©ternelle. Parle moi pour la consolation de mon ame, pour l’amen- dement de ma vie, & afin que ton saint Nom en soit louĂ©, glorifiĂ© & bĂ©ni Ă©ternellement. ,. „ - -o Cha , sagesse des Philosophes & des sages „ de ce monde n’est que folie en com- „ paraifon. Mes paroles font Esprit de ,, vie, & le sens humain ne doit pas Ă­e ,, mĂȘler de les interprĂ©ter. On ne doit „ point y chercher dequoi satisfaire „ une vaine curiositĂ© ; il faut les Ă©cou- „ ter & les recevoir en silence, avec une „ profonde humilitĂ©, & avec un cƓur n brĂ»lant d’ardeur pour les effectuer. r. AĂŻant ouĂŻ ce divin avertissement de mon Dieu, je me fuis Ă©criĂ©, avec le ProphĂšte, {aj 0 Seigneur! qu'beureux est l'homme que tu corriges , & que tu instruis dans ta Loi , afin que tu le fasses refofer dans la faix quand les jours d’angoisse arriveront ,& qu’il Ă©chape les maux qui couvriront la terre ! 3 . C’e s t moi, dit le Seigneur qui ai G instruit 00 P/.94-V. n. 13 . tifi De limitation », instruit les ProphĂštes dĂšs le com- „ mencement du monde, & je parle », encore Ă  tous les hommes ; mais la „ plus-partd'entr’eux, sontdes sourds ,, volontaires, leurs cƓurs font durs & „ impĂ©nĂ©trables Ă  ma aiment », mieux Ă©couter le monde que Dieu. », Us courent plutĂŽt aprĂšs ce que leur », chair dĂ©sire qu^aprĂšs ce qui plait Ă  „ Dieu. Le monde promet des choses », temporelles Sc de nĂ©ant, & il trouve », des gens tout brĂ»lans pour son ser- „ vice. Je promets des biens souve- „ rains & Ă©ternels, & je ne trouve que », des cƓurs lĂąches & endormis. OĂč „ font ceux qui me fervent & qui m'o- ,, bĂ©issent avec autant de foin dans tout », ce quç je leur commande, qu’on sert », le monde & les Grands qui y domi- », nent ? ö Rougi de honte, SĂŹdon, dit la „ Mer, &c ft tu demandes pourquoi? „ Ecoute. On vient, on va, on court », bien loin pour briguer une charge ec- », clĂ©siastique ou sĂ©culiĂšre,quel que pe- », tite mĂȘme quelle soit ; cependant la „ plupart des gens ne daignent pref. », que pas lever le pied quand il s'agit WÂŁ/4.» 3 .v. 4. » de de Livr. III. Cb. 3. 147 », de la vie Ă©ternelle. On est ardent Ă  », chercher un gain mĂ©prisable j on fait », honteusement des procĂšs pour une ,, obole ; on travaille, on se fatigue le », jour & la nuit pour obtenir d'un „ homme une chĂ©tive rĂ©compense, ou „ un trĂšs petit paiement. 4. LĂąches ChrĂ©tiens , n’avĂ©s vous „ point de honte de faire les paresseux, „ & de plaindre un peu de peine pour », un bien immuable, pour une rĂ©com- „ pense inestimable, pour un honneur », souverain, pour une gloire Ă©ternelle? », Et toi, serviteur paresseux, qui te », plains fans cesse qu’il y a beaucoup », de difficultĂ©s Ă  faire ce que je com- », mande, rougi & fois confus, en „ voĂŻant que ceux-lĂ  font plus ardens „ Ă  prendre beaucoup plus de peine », pour se damner, que toi pour te sau- », ver ; qu’ils trouvent plus de joie », dans la vanitĂ©,que toi dans la VĂ©ritĂ©. „ Cependant ils se trouvent souvent », frustrĂ©s de leur espĂ©rance, au lieu que », mes promesses ne trompent person- », ne, Lc ne soufrent point que celui M quis’yest fiĂ©s’en retourne Ă  vuide. G 3, „ Je 148 De l’ Imitation „ Je donnerai sans saillir tout ce que >} j’ai promis, j’accomplirai trĂšs certai- „ nement tout ce que j’ai dit ; Ă  con- ,, dition nĂ©anmoins que l’on demeure fidĂšle dans mon amour jusques Ă  la >, fin. Je rĂ©compense tous les bons > & je mets Ă  de grandes Ă©preuves „ ceux qui se sont donnĂ©s le plus rĂ©so- >} lument Ă  moi. f. Grave mes paroles dans ton cƓur, „ & t’en entretien toujours ; car elles „ te seront trĂšs nĂ©ceĂ­ĂŹaires au tems de ,, comprendras au jour „ que je te visiterai ce que tu ne com- ,, prens point maintenant quoi que tu „ le lises. J’ai coutume de visiter mes „ Ă©lus en deux maniĂšres diffĂ©rentes, ,, dont l’une est la tentation, & lautre » est la consolation. Et je leur fais tous ,, les jours deux leçons ; Tune en les reprenant de leurs vices ; l’autre, en ,, les exhortant de s’avancer dans le „ bien. Celui qui entend mes paroles, „ & les mĂ©prise,les aura pour juges au ,, dernier jour, & pour sentence de „ condamnation. 6. Mon Seigneurs mon Dieu! je »e LĂŹvr. IIÍ. Ch. 3, 149 rsai de bien que toi seul. Et qui suis-je, mon DieuĂźque j’ose prendre la hardiesse de parler Ă  toi ? Je suis le plus chĂ©tif de tous tes esclaves,Lc un trĂšs petit vermisseau, vil & abjet ; je fuis infiniment plus pauvre & plus digne de mĂ©pris que je ne saurois exprimer & comprendre. Seigneur, ne laisse pas de te souvenir de mon nĂ©ant ; je ne suis rien, je n’ai rien, jene puis rien. O toi, seul bon, seul juste,seul saint ! tu peux tout,tu sais tout, tu remplis,tout ; il n’y a que le seul pĂ©cheur que tu laisses vuide, Seigneur! souvien-toi, je te prie, de tes misĂ©ricordes, & rempli mon cƓur de ta grĂące, toi qui n’aimes pas qu’il y ait du vuide dans tes ouvrages. 7. Comment pourrai-je me uporter moi-rnĂȘme dans cette misĂ©rable vie, st ta misĂ©ricorde & ta grĂące ne me soutiennent ? Ne cache point ton visage de moi; ne difĂ©re point de visiter mon ame; ne retire point ta consolation de mon cƓur,de peur que jene sois comme une terre sĂšche en ta prĂ©sence. Apren-moi, mon Dieu! Ă  faire ta volontĂ© ; apren- moi Ă  me conduire humblement 8c G z d’une isv De t’ Imitation d’une maniĂšre digne de toi en ta prĂ©sence. Fai moi c es grĂąces ; car tu Ăšs ma sagesse, toi qui me connois selon la vĂ©ritĂ© , qui m’as connu avant que je fusse au monde, & mĂȘme avant que le monde fut créé. Chapitre IV. Reçoi la vĂ©ritĂ© d’un cƓur humble & sincĂšre. t. Tfc JĂ­ On fils, mĂšne en ma prĂ©sence i_VjL une vie qui soit rĂ©glĂ©e parla „ vĂ©ritĂ©, me cherchant toujours dans >, la simplicitĂ© de ton cƓur. Celui qui >, chemine dans la vĂ©ritĂ© devant moi » „ fera en seuretĂ© contre les vrais maux „ qui le veulent attaquer ; la vĂ©ritĂ© le „ dĂ©livrera de tous ceux qui pour- „ roientle sĂ©duire, &leguarantirades „ traits de la mĂ©disance des mĂ©chans. „ a Si la vĂ©ritĂ© te dĂ©livre,tu feras vraĂŻ- „ ment libre , & tu ne te soucieras point „ des vains discours que les hommes „ pourront faire de toi. 2. Il est vrai, Seigneur! Fai-moi je te * Je*n%. v. de J. Christ. Livr. III. iyi je te prie, la grĂące,que je sois tel que tu viens de dire. QuĂȘta vĂ©ritĂ© m’enseignej qu’elle me garde, jusques Ă  ce que j’áìe heureusement termine ma course’.Qu’el- le me dĂ©livre de toute affection mauvaise, & dĂ©tour amour quin’a point ta volontĂ© pour rĂ©gie! alors je me conduirai devant toi avec un cƓur vraiment libre & afranchi. Z. „ Ecoute donc, mon fils! la ,, VĂ©ritĂ© qui te va enseigner les choses ,, justes & qui me font „ pli ton cƓur de dĂ©plaisir,d’affiiction, „ & de tristesse, en pensant Ă  tant de „ pĂ©chĂ©s que tu as commis contre moi. „ S’il s’est fait quelque bien par toi, ne „ croi pas pour cela que tu fois de toi- „ mĂȘme quelque chose de plus qu’un „ rien. Certes tu n’ùs qu’un misĂ©rable ,, pĂ©cheur, sujet Ă  une infinitĂ© de pas „ fions injustes & impures. DetoimĂȘ- „ me tu ne te portes qu’au nĂ©ant ; il ne ,, te faut qu’un moment pour tomber, „ un moment pour ĂȘtre vaincu, un „ moment pour ĂȘtre troublĂ©, un mo- „ ment pour quitter tes bonnes rĂ©so - „ luttons. Tu n ’as pas le moindre su- G 4 * y e ^ Isa De limitation », jet de te glorifier & de te complaire ; „ mais tu en as beaucoup de te mĂ©pri- „ sertoi-mĂȘme, parce que ta foiblesie », est si grande, que tu n’ùs pas capable *, de la comprendre. 4. ,, N’aĂŻe pas une grande opinion », de tout ce que tu fais. Ne tien rien pour grand, pour prĂ©cieux, pour ad- », mirable; rien pour louable, pour su» ,, blime & pour dĂ©sirable, que ce qui ,, est Ă©ternel. Que la vĂ©ritĂ© Ă©ternelle s, te plaiĂ­e fur toutes choses. QuĂȘta », trĂšs-grande indignitĂ© & ta bassesse te „ dĂ©plaisent & te fassent horreur en », touttems. Necrainrien, ne blĂąme », rien, ne fui rien tant que tes vices & », tes pĂ©chĂ©s, qui te doivent plus ĂȘtre », en horreur que les plus grands maux „ du monde. Il y enabeaucoup qui ne „ vivent pas devant moi avec un cƓur ,, sincĂšre; mais qui ne cherchent qu’à ,, satisfaire leur curiositĂ© & leur or- ,, guĂ«il, voulant savoir mes secrets, & „ comprendre les choses sublimes de „ Dieu, pendant qu’ils se nĂ©gligent ,, eux-mĂȘmes & leur salut. Les gens », lĂ  tombent souvent en de grandes 5j ten- de j\ Christ. LĂŹvr. W. Ch. 4. 1$; r, tentations & de grands pĂ©chĂ©s ; leur ,, orgueil Scieur curiositĂ© les fonttoni- „ ber -, & moi je leur rĂ©siste & leur dĂ©- „ clare la guerre. 5* >> Quanta toi, mon fils! aprĂ©- ,, hendeles jugemensde Dieu; trem- „ ble en considĂ©rant la colĂšre du Tout- ,, puissant ; & au lieu de t’amuser Ă  pĂ©- ,, nĂ©trer dans les secrets des Ɠuvres „ cachĂ©es du TrĂšs-haut, rentre en toi ,3 pour faire la recherche de tes iniqui- 33 tĂ©s, des maux que tu as commis , Sc ,, des biens que tu as ĂŽmis. Ilyades ,3 personnes assĂ©s insensĂ©es pour faire; 33 consister leur Religion & leur piĂ©tĂ©, ,3 les uns en ce qu’ils lisent quelquefois ,, ou qu’ils entendent lire de beaux li~ „ vres ; les autres en ce qu’ils ont des ,3 images ; d’autres en ce qu’ils se ser- ,3 vent des Sacremens, des signes extĂ©- „ rieurs, & qu’ils pratiquent quelques „ cĂ©rĂ©monies. II y en a qui m’ont fou- „ vent dans la bouche, quoi que je fois ,, peu dans leur cƓur. Mais aussi il y ,3 en a qui aĂŻant Fentendement Ă©clairĂ© ,, pour connoĂŻtre les vrais biens, & les „ affections sanctifiĂ©es poux s’y p ter, O 5 „ ne Ïf4 Dl LIMITATION „ ne soupirent plus qu’aprĂšs les choies „ Ă©ternelles, ne peuvent qu’avec peine ,, entendre parler des choses de la ter- „ re, & ne donnent qu'Ă  regret le tems „ &les foins qu’il saut aux besoins de „ la nature. Et ceux-ci Ă­Ă vent par Ă­Ăšn- ,, riment & par expĂ©rience ce que l’Es- ,, prit de la vĂ©ritĂ© dit dans eux ; car il ,, leur aprend Ă  mĂ©priser tout ce qui est ,, sur la terre, & Ă  n’aimerrien que ce ,, qui est cĂ©leste ; Ă  ĂȘtre nĂ©gligens & ,, froids pour les choses du monede,8Ă­ „ Ă  penser au Ciel avec ardeur le jour ,, & la nuit. Chapitre V. Demande Ă  Dieu VAmour >‱ car on a tout dans lui, I. T E te bĂ©nis, PĂšre cĂ©leste,PĂšre de Jé» J sus-Christ mon Seigneur, je te bĂ©nis de ce qu’il t’aplĂ» te souvenir d’une crĂ©ature aussi chĂ©tive & aussi misĂ©rable que moi. O PĂšre des misĂ©ricordes ! 6 Dieu de toute consolation ! je te rens grĂąces de ce que tes consolations ont quelquefois recréé mon aine, quoi que Ăź>i LĂŹvr. III, Ch> f. j’en sois tout Ă  fait indigne. Que mon sme te bĂ©nisse & te glorifie dans tous les siĂšcles, avec ton Fils unique & ton Esprit saint,le vrai Consolateur. O mon Seigneur & mon Dieu ! Dieu plein d’a- mour & de charitĂ© pour moi, quand tu viendras dans mon cƓur , toutes mes entrailles tressailliront de joie ! C’est toi qui Ăšs ma gloire ; c’est toi qui Ăšs l’alle- gressede mon cƓur. Quand les jours d’affliction & d’angoisse viennent fur moi, je n’ai point d’eĂ­pĂ©rance ni de refuge hors de toi. 2 . Mais comme l’amour que j’aĂ­ pour toi est tout foible & tout languissant, & que le peu de vertus que je puis avoir est imparfait, je viens vers toi,mon Dieu! pour recevoir la force & le soulagement dont j'ai besoin. Ne dĂ©daigne pas, s'il te pĂ­ait, de me visiter souvent, & de remplir mon ame de tes saintes Loix. DĂ©livre moi de mes passions mauvaises, & guĂ©ri mon cƓur de tout amour & de tout dĂ©sir qui n’est pas rĂ©glĂ© selon ta volontĂ© divine; afin qu’é- tant guĂ©ri & nettoie dansl’intĂ©rieur, je lois rendu capable de te bien aimer,fort G 6 pour if ĂŻ8 De l'Imi t a t i ont s. L’Amour est vigilant ; & J ors qu’on Iecroit endormi, il ne someille pas feulement. On a beau le fatiguer, il n’est jamais las; quand on veut le resserrer, il se rĂ©pand d'auta''t plus; & il ne craint pas lors qu’on tĂąche de l’é- pouvanter. C’est une flamme vive ; c’est un feu violent ; il monte en haut,il paf- fe, il perç£ tout. II n’y a que celui qui aime qui puisse comprendre l’ardeur de ses cris. Ces paroles de feu,_M>w Dieu ! mon Amour ! Tu Ăšs tout Ă  moi, & je fuis tout Ă  Toi ! lors qu elles viennent d’une ame embrasĂ©e, sont une puissante voix qui frape les oreilles de Dieu, quand mĂȘme elles ne seroient pas prononcĂ©es par la bouche. 6. Dilate, Ăš mon Dieu ! & amplifie les facultĂ©s de mon ame, afin qu’elles 'Ă©tendent dans l'infinitĂ©de ton Amour, & que dans l'intĂ©rieur & le fond de mon cƓur j’aprenne Ă  goĂ»ter combien il y a de douceur Ă  t’aimer, Ă  se fondre & Ă  se confondre dans ton amour, Ă  nager & Ă  se perdre dans cet OcĂ©an insondable. O li j’étois tellement saisi & possĂ©dĂ© de ton amour que Ă­a violence me ravĂźt de J. Christ. JJvr. III. Ch. 5. 15g ravĂźt & m’emportĂąt hors de moi-mĂȘme & par dessus moi-mĂȘme ! O s’il m’étoit donnĂ© de te suivre en haut, monBien- aimĂ©,en chantant un cantique d’amour, & que mon ame publiĂąt tes louanges jusqu’à ce que l’excĂšs de ton amour la fit tomber en dĂ©faillance ! O donne moi Jagrace que je t’aime plus que moi mĂȘme ! que je ne m’aime qu’à cause de toi ! que j aime en toi tous ceux qui ont un vrai amour pour toi, ainsi que le commande la Loi de l’amour qui vient de toi ! 7. L’Amour estpromt; l’amour est sincĂšre ; il est pieux ; il est gai ; il est agrĂ©able ; il est fort ; il est patient ; il est fidĂšle ; il est prudent ; il ne se dĂ©pite de nulle Ă©preuve pour long-tems qu’el- Ă­e dure ; il est courageux il ne se cherche jamais Ă­oi-mĂȘme ; car dĂšs que quelqu’un se cherche soi-mĂȘme, l’amour dĂ©faut dans lui. L'Amour est circonspect ; il est humble ; il est droit ; la mollesse & l’inconstance n’ont point de lieu dans lui ; il ne s’aplique point aux choses vaines ; il est sobre ; il est chaste; il est ferme ; il est paisible ; il rĂ©frĂ©nĂ© tous lĂ©o De l’Imitatios tous les sens. L’Amour fait qu’on Te tient dans la soumission ; qu’on se mĂ©prise & qu’on se dĂ©daigne soi-mĂȘme qu’on se consacre Ă  Dieu sans reserve qu’on lui donne tout pour la reconnoist sance de ses misĂ©ricordes ; qu’on se repose sur lui, qu’on espĂšre toujours en lui ; lors mĂȘme qu’on est dans la destitution spirituelle; car dans l’amour on ne vit pas fans douleur. Celui qui n’estpas prĂȘt Ă  soufrir tout, & Ă  se conformer en tout Ă  la volontĂ© de son Bien-aimĂ©, n’estpas digne d’ĂȘtre regardĂ© comme aĂźant de I’amour pour Dieu car quand on aime vĂ©ritablement, on doit embraflĂšr de bon cƓur pour son Bien-aimĂ© les choses les plus dures & les plus amĂšres ; & ne s’en pas dĂ©tourner quand bien toutes choies nous deviendroient contraires, Cha- de J. Christ. Ch. 6. 161 Chapitre VI. U Amour est Ă©prouvĂ© par les choses contraires. I. » M* ON fils, tu n’ùs pas encore IVA ni fort, ni prudent dans ,» l’amour que tu dois porter. Pourquoi cela, Seigneur? „ Parle que la moindre opposition », qui se prĂ©sente, te fait quitter ce que » tu avois bien commencĂ© ; & parcs „ que tu dĂ©sires avec trop d’aviditĂ© d'ĂȘ- », tre consolĂ© & contentĂ©. Celui qui est ,, fortement fondĂ© dans l’amour, de- », meure ferme au milieu des tenta- », tions,&n’écoute pas les suggestions del’ennemi. U m’aime dans l’adver- ,, sitĂ© tout de mĂȘme que dans la prof. », pĂ©ritĂ©. 2. ,, Un amateur prudent ne regar- ,, de pas tant au don de celui qui l’ai- », me,qu’à l’amour de celui qui donne. ,, U considĂšre plus l’affection qu'on lui », porte que les biens qu’on lui fait; ,, parce qu’il met son BiemaimĂ© au deÂŁ ,, fus de tout. Celui qui m’aime ge- ,, nereu- 1 6z De l’Imitaiiom „ nereusement cherche Ă­Ă  joĂźe 8c ion ,, contentement non pas dans mes „ dons, mais dans moi ; parce qu’il „ m’aime plus que tous mes dons. Ne ,, te tiens pas pour perdu s’il t’arrive „ quelque fois de sentir dans toi moins ,, d’affection pour moi & pour ceux „ qui m’aiment, que tu ne voudrois. ,, Cet agrĂ©able sentiment que tu ex- ,, pĂ©rimentes quelque fois, est un effet „ de la prĂ©sence de ma grĂące, & un „ avant-goĂ»t des douceurs du Ciel „ mais tu ne dois pas trop t’apuiĂ«r fur „ cela ; parce que je le donne 8c le re- „ tire comme il me plait. Ce que je ,, tiens pour vertu, & que je recom- „ penserai abondamment, est, de com- ,, battre contre les mouvemens dĂ©rĂ©- ,, glĂ©s & contre les passions du cƓur, „ & de mĂ©priser tout ce que le Diable „ suggĂšre Ă  Tarne. z. ,, Ne te trouble donc point si des ,, pensĂ©es absurdes & des imaginations ,, Ă©tranges se prĂ©sentent Ă toiĂ Tocca- „ fion de quoi que ce soit. Demeure ,, ferme dans le bon dessein que tu as ,, prisd’ĂȘtreĂ Dieu, 8c tourne vers lui „ tous de J. Christ. 6. i6z „ tous tes dĂ©sirs & toutes tes inten ,, tions. Quoi que tu te sentes quel- „ que fois Ă©levĂ© Ă  Dieu & comme ra- ,, vi hors de toi jufqu’au ciel, & que », peu aprĂšs tu te voies retombĂ© „ dans les folles pensĂ©es qui t’atta- „ quent souvent i tu ne dois pas croi- ,» re pour cela que ton Ă©tat ne soit ,, qu’illusion & tromperie. Car tu sou- „ fres plutĂŽt ces choses que tu ne les „ fais ; pourvu qu’elles te dĂ©plaisent ,, & que tu y rĂ©sistes» bien loin de te „ perdre, elles te seront une occasion », de rĂ©compense. 4. », Sois persuadĂ© que l’ennemi an- »» cien n’a point d’autre dessein que de „ mettre des obstacles aux dĂ©sirs que tu „ as pour le bien ; que de te dĂ©tourner ,, de tous bons exercices» de t’empĂȘ- „ cher d’imiter la vie des Saints, de „ penser Ă  mes soufrantes , de te Ă­ou- „ venir de tes pĂ©chĂ©s, de veiller Ă  la », garde de ton cƓur, & d’accomplir le », dessein que tu as de t’avancer dans la „ vertu. C’est pour cela qu’ilprĂ©sen- „ te souvent de mauvaises pensĂ©es Ă  „ ton Esprit pour t’affliger & pour te ,s faire 64 De lÌmitatiow , faire horreur il veut ainsi t’empĂȘcher , de parler Ă  Dieu & de mĂ©diter sa , sainte Parole. Il lui dĂ©plaĂźt fort que , tu reconnoiĂ­ses & confesses tespĂ©- , chĂ©s Ă  Dieu avec un cƓur contrit; & , s’il pouvoit t’empĂȘcher de commu- , ni quer avec lui, il le feroitsans dou- , te. Ne le croi point } ne te soucie 3 point de lui, quoi qu’il te dresse sou- , vent des embĂ»ches pour te tromper. , Il jette dans ton esprit des pensĂ©es 3 mauvaises & impures, Lc il te veut , faire acroire qu elles font de , pousse-le hardiment, en lui disant, , Va arriĂšre de moi, Satan, Esprit im- , pur & misĂ©rable ; sois couvert de , confusion, impur que tuĂšs, de me , suggĂ©rer de telles choses. VasĂ©du- , cteur malin ; tu n’auras point de part , en moi ; car JĂ©sus fera avec moi, & , combattra fi bien pour garder la pla- , ce de mon cƓur, que tu resteras con- , fus. J’aime mieux mourir Sc soufrir , toutes les peines imaginables que de , consentir Ă  ce que tu me prĂ©sentes. , Tartoi ,& ne parle plus. Jenet’é- , coĂ»terai plus, quoi que tu m’inquiĂš- „ tes, de J. Christ. Livr. III. Ch. 6. t6f j, tes. {a Le Seigneur est ma lumiĂšre & j> mon salut, de qui aurai-je peur ? Jjjuand -, toute une armĂ©e se camper oit contre moi, „ mon cƓur ne craindra point. Car c’est „ le Seigneur qui m’aide & qui est „ mon RĂ©demteur. 5. n Tu dois donc combatre comme ,, un bon Soldat avec courage ; & si ,, quelquefois il t’arri ve de tomber par ,, foiblesse, relĂšve-toi &pren denou- »5 velles forces. ÉípĂšre que ma grĂące , j te soutiendra encore plus fortement; >3 mais donne-toi de garde de l’or- ,> gueil 3 Lc de la vaine complaisance »> qu’on trouve en soi-mĂȘme. C’est ce ,, qui sait que plusieurs s’égarent & ,, tombent quelquefois dans unaveu- „ glement presque incurable. Que cet- ,3 te ruine des orgueilleux, qui ont fol- ,3 lement prĂ©sumĂ© deux-mĂȘmesjte ren- ,3 de avisĂ©, & serve Ă  te conserver tou- „ jours dans 1’humilitĂ©, a Ps. » 7 . v. U l66 De lImitatiom Chapitre VII. Sois humble dans la GrĂące , & lors qu'elle est absente. t.» T\,/s On fils! ilt’est meilleur & IVA ,, plus leur de cacher la gra- „ ce de la piĂ©tĂ© 8c de la ferveur, que » de t’en prĂ©valoir, d’en parler beau* „ coup devant les autres, Sc de te », considĂ©rer comme quelque choie », pour avoir de tels dons. Que plutĂŽt, „ la considĂ©ration de cette grĂące te „ porte Ă  te mĂ©priser toi-mĂȘme, 8c Ă  „ craindre de t’en rendre tout-Ă -fait „ indigne. Net’attachepasaveccom- „ plaisance Ă  la douceur des sentimens „ que tu goĂ»tes ; car tu peux soudain „ passer dans un Ă©tat bien ,, cette grĂące, lors que tu la possĂšdes » „ te fasse rĂ©flĂ©chir fur le misĂ©rable Ă©tat „ 8c ladĂ©stitutionoĂčtuĂšs, quand tu ,, ten vois privĂ©. Le progrĂšs que l'on „ fait dans la vie spirituelle ne consiste ,, pas en ce qu’on Ă©prouve toujours la », grĂące qui rĂ©jouit 8c qui console ; » mais principalement en ce qu’on n soufre ur& igra. T* leaih e lĂź iosĂ­ tĂŽt te ici saie m- tns u'n ue S tat tu on stc la ei on iĂ­ »E J. Christ. Livr. III. Ch. 7. 167 ,, soufre volontiers d’en ĂȘtre privĂ© en ,, s humiliant & se renonçant soi-mĂȘ- ,, me ; fans que nĂ©anmoins on perde „ courage, ni qu’on se relĂąche de la ,, priĂšre, ou qu’on abandonne les bons „ exercices Ă  quoil’on est obligĂ©. Au- ,, contraire, c’est alors qu’il faut faire ,, les plus grands efforts, & tour ce „ qu’il est possible, pour ne se pas nĂ©- ,, gliger entiĂšrement dans la sĂ©cheresse ,, & les troubles de lame oĂč l’on se „ sent tombĂ©. 2. ,, Combien y a-t-il de gens qui „ lors que tout ne leur va pas Ă  sou- „ hait, tombent incontinent dans l'im- », patience ou dans la paresse ? Ne doit-. », on pas considĂ©rer que a la voie de „ lhomme rieft pas Ă  lui, & que c’est Ă  ,, Dieu de dispenser ses dons & sesgra- „ ces quand il lui plait, dans la meĂ­Ăčre „ qu’il lui plait, Ă  qui il lui plait,fans », que personne y doive trouver Ă  redi- ,, re? Il y en a qui font si imprudens „ que de se perdre par l’ardeur de leur „ zĂšle > parce qu’ils ont entrepris de », faire plus qu’ils ne pouvoient, ne », pen- * Jer. 10, v. rz. » r68 De l’Imitation j, pensant pas Ă  la petitesse de leurs for- », ces ; mais suivant plutĂŽt l’emporte- 5, ment de leur zĂšle que la lumiĂšre de „ leur intelligence. J’ai retirĂ© soudain », ma grĂące d'eux, parcequ’ils ontprĂ©- ,, tendu faire plus que ce que je de- „ mandois. Ainsi,ils font devenus pau- », vres; &eux, qui vouloient, selon ,, la parole du ProphĂ©te,slĂźfWe/er „ nid dans le ciel , ont Ă©tĂ© rabaissĂ©s dans un Ă©tat oĂč il paroĂźt qu’ils ne font que ,, des crĂ©atures viles 8Ă­ mĂ©prisables. », C’est afin qu’étant humiliĂ©s & dĂ©- „ nuĂ©s de tout, ils aprennent Ă  ne pas », s’élever en haut fur leurs propres ai- », les,mais Ă  mettre leur espĂ©rance fous », la protection des miennes. Ceux qui », font de nouveaux aprentifs dans les ,, voies de Dieu, & qui n’y font pas », encore expĂ©rimentĂ©s, pourront fa- », cilemencĂȘtre sĂ©duits, & trouver des », Ă©cueils qui les brisent s’ils ne se con- „ duisent selon le conseil des plus sa- », ges. Z. ,, Que s’ils aiment mieux suivre g , leur propre opinion que les avis de ,, ceux a Abdiaf, v, 4. de J. Christ. Livr, III. Cb. 7. 169 >> ceux qui les surpassent en expĂ©rien- ,, ce, tout ira mai pour eux, Ă -moins ,, qu’ils ne se laissent enfin dĂ©tacher de ,, leur propre sens. Il arrive rarement „ que ceux qui croient ĂȘtre sages se „ soumettent humblement aux autres. ,, Il vaut pourtant mieux avoir peu de ,, dons & une intelligence fort mĂ©dio- ,, creavecshumilitĂ©, que de poflĂ©der j, de grands trĂ©sors de science avec j, une vaine complaisance en soi-mĂȘ- „ me. La disette qui humilie est meil- ,, leure que l’abondance qui donne de ,, l’élĂ©vation. Ce n'est pas agir avec „ discrĂ©tion que de s’abandonner Ă  la „ joĂŻe, en oubliant fa prĂ©miĂšre pauvre- „ tĂ© & la crainte respectueuse oĂč l’on ,, doit ĂȘtre devant Dieu de perdre par „ soiblesse la grĂące qu’il nous fait ,, Ă©prouver» Ce n’est pas aussi agir assĂ©s j, sagement ni assĂ©s courageusement ,, que de s’abandoner trop au dĂ©sespoir „ au tems de l’adversitĂ© & de l’oppreso „ sion ; Lcde n’avoir pas de ma bontĂ© „ & de ma protection la confiance & „ les pensĂ©es que l’on doit en avoir. 4 * » Celui qui fait trop le fort & 170 De l’Imitation „ l’asseurĂ© au tems de la paix, est fou- ,, vent le plus lĂąche & le plus craintif ,, au tems de la guerre. AllurĂ©ment si ,, tu avois foin de demeurer toujours „ humble & petit,& que tu gouvernas. „ ses ton esprit avec modĂ©ration, tu ne ,, tomberois pas fi souvent dans le pĂ©- ,, ril & dans le pĂ©chĂ©. Ecoute ce bon ,, conseil que je te donne. Lors que ,, tu te sentiras animĂ© de l’efprit de zĂš- „ le & de ferveur,applique toi Ă  mĂ©di- , ,, ter ce que tu devras faire quand ce i 3, feu divin se retirera de toi ; Lc lors ! ,, qu'il s’en fera retirĂ©, pense qu’il peut \ 3, ' fĂȘtre donnĂ© de nouveau. Carjel’o- i 3, te pour un tems asin de söhliger Ă  te 33 tenir fur tes gardes, &pourte porter ' 3, Ă  me rendre la gloire qui m’apar- 3, tient. f. s, Ce changement qui se fait pour 3, rĂ©prouver t’est bien plus utile, que 3, st toutes choses te succĂ©doient Ă  sou- 3, hait ; car de ce qu un homme reçoit 3, plusieurs consolations , mĂȘme des 3, rĂ©vĂ©lations cĂ©lestes, de ce qu’il est », Ă­Ă vant dans les Saintes Ecritures, de ,, ce qu’il est avancĂ© en quelque digni- » te» de Gj. 8. 171 j il n’en saut pas conclure qu’il soit „ plus agrĂ©able Ă  mes yeux. Il neu ,, faut juger que parle fondement qu’il ,, a dans la vraie humilitĂ©, & dans la ,, plĂ©nitude de l’amour divin. Il faut ,, examiner s’il cherche toujours par- ,, faitementLc d’une maniĂšre dĂ©sintĂ©- ,, reliĂ©e l’honneur de Dieu ; s’ïlse tient „ pourriem & se mĂ©prise de tout Ion ,, cƓur; & s’il aime mieux & se rĂ©jouĂźt ,, plus d’ĂȘtre mĂ©prisĂ© & abaissĂ© des au- ,, tres, que d’en ĂȘtre honorĂ© 8c estimĂ©. Chapitre VIII. Reconnoi devant Dieu que tu n'Ăšs rien du tout, I. U\T 01C1 maintenant f ai pris la V hardiesse de parler au Seigneur, combien que je ne soĂ» que poudre & que cendre. Si je me crois quelque choie de plus, tute dĂ©clareras d’abord l’en- nemi de mon orgueil, 8c mes propres iniquitĂ©s porteront contre moi un tĂ©moignage auquel il me fera impossible de rĂ©pondre. Mais si je me mĂ©prise juÂŁ H z , qu’aU a Gn. lyz De l’Imitatxoh qu au dernier degrĂ©, si je m’anĂ©antis, si je pers toute bonne opinion de moi-mĂȘ- me, si je m’abaiffe & me rĂ©duis jusqu a la cendre & Ă  la poussiĂšre, comme c’est en effet tout ce que je suis ; alors ta grĂące me fera propice , & ta lumiĂšre s'ap- prochera de mon cƓur ; aussi les moindres restes de l’estime que j’ai malheureusement pour moi, seront plongĂ©s & engloutis dans ce profond abĂźme de mon nĂ©ant, d’oĂč ils ne se relĂšveront jamais. C’est dans cet abĂźme que tu me montres moi-mĂȘme Ă  moi, que tu me fais voir ce que je fuis > ce que j’ai Ă©tĂ©, & ce que je fuis devenu. Maintenant, mon Dieu, je saique je ne suis rien; mais, hĂ©las, je ne l’ai pas toujours Ă­u ! Si tu me laifles Ă  moi, il n’y a plus dans moi que foibleffe & que nĂ©ant; AU lieu que si tu me regardes favorablement, incontinent je i'uis rempli de force & de nouvelle joie. Que ta misĂ©ricorde est admirable,, 6 mon Seigneur ! de relever ainsi mon ame, & de l’embras- fer avec tant de tendresse, quoi qu’elle tende toujours vers la terre par fa propre pesanteur ! 2 . Ce de J. Christ. LĂŹvr. III. Cb. 8. I7Z 2. Ce font, mon Dieu ! des Ă©stets de ton Amour, qui me prĂ©vient par une pure misĂ©ricorde, qui m assiste en mille besoins, qui me prĂ©servĂ© des pĂ©rils les plus grands , & qui me dĂ©livre de mes maux, dont le nombre est infini. Car en m’aimant malheureusement moi-mĂȘ- me, je me suis perdu ; mais en te cherchant uniquement, & en t’aimant purement & fans intĂ©rĂȘt, je me fuis retrouvĂ© avec toi; & par i’amour j’ai senti que je devois encore plus m’anĂ©antir que je n’avois fait; car j’ai connu,ĂŽ mon Bien- aimĂ© ! que tout le bien que tu me fais ne vient pas de mes mĂ©rites ; & que tu me donnes plus que je n’oserois eĂ­pĂ©rer ou demander. ;. BĂ©ni Ă­ois-tu, mon Dieu ! de ce qu’encore que je fois indigne de toutes tes grĂąces, ta haute MajestĂ© & ta bontĂ© infinie ne ceffe jamais de faire du bien, mĂȘme aux ingrats & a ceux qui font Ă©loignĂ©s de toi. Converti nous Ă  toi, afĂ­n que nous foions vraiment recon- noĂŹĂ­lans, humbles, & ardents Ă  t’aimer; puis que c’est toi qui Ăšs nĂŽtre Ă­Ă Ă­ut, nĂŽtre vertu & nĂŽtre force. H z Cha- 174 Ee l’ Imitation Chapitre IX. J^ue Dieu soit ton motif & ta fin souveraine . i. Js ON fils ! si tu veux ĂȘtre du iVJL nombre des bi en-heureux, il „ faut que tu me regardes en toutes tes „ actions comme ton motif & ta der- „ niĂšrefin. Cette intention sanctifiera „ tous tes dĂ©sirs, qui sont souvent ,, souillĂ©s par un trop grand panchant vers toi-mĂȘme & vers les crĂ©atures. ,, Car si tu te cherches en quoi que ce ,, soit, tu tombes incontinent, & tu ,, t’aĂ­fĂ©ches en te dĂ©tachant de moi ; ,, raporte donc tout Ă  moi seul ; car il „ n’y a que moi seul qui aĂŻe & donne ,, tout. Envisage chaque chose en par- ,, titulier comme un Ă©ffet qui procĂšde ,, du Souverain Bien 5 & consĂ©quem- j, ment, fai revenir toutes choses Ă  „ moi, qui fuis leur source & leur ori- „ gine. 2. ,, Je luis la fontaine d’eau vivan- „ te dans laquelle les petits & les j, grands, les pauvres ßclesrichespui- sent 3 de J. Christ. CĂČ. 9. 175 sentl’eau vive, & qui donne grĂące ,, pour grĂące a ceux qui me servent & ,, qui m’obéïísent volontiers & d’un », cƓur libre. Celui qui veut se glori- ,, fier hors de moi, & se plaire dans ,, quelque bien particulier, ne fera pas „ afermi dans une joie vĂ©ritable,&son », cƓur ne sera pas mis au large & en. », libertĂ©-, il se sentirapßûtĂŽtresserrĂ© 5 c », embarrassĂ© dans le dĂ©troit d’une infi- », nitĂ© d'angoisies. Donne-toidonc de „ garde de t a tri b u er aucun bien, & „ ne mets pas les autres dans s Ă©tat de „ s’en atribuer eux-mĂȘmes par les „ louanges que tu leur pourrois don- ,, n er. AtribuĂ« &ren tout Ă  Dieu seul, ,, sans lequel l'homme n’a rien. J’ai ,» tout donnĂ©; je veux que tout me ,, soit rendu ; & c’est avec une exacti- », tude rigoureuse que j’exige que tou- ,, tes les louanges & les actions de gra- „ ces soient raportĂ©es Ă  moi seul» z. ,, Cette vĂ©ritĂ© confond &repouÂŁ ,, se la vanitĂ© de la gloire. Lors que la ,, grĂące cĂ©leste ÂŁz le vrai Amour en- », trent dans le cƓur de quelqu'un » ,, comme ils y Ă©teignent les dĂ©sirs du H 4 „ pco- i y 6 De l’Imitation ,, propre, ils y Ă©facent aussi les imprek ,, fions de i’envie, ils desserrent & dĂ©- ,, lient le cƓur, & l’arnour desoi-mĂȘ- j, me n’y trouve plus de place ; car ,, l'amour divin, qui Ă©tend &augmen- ,, te les forces de l ame , demeure vi- ,, ctorieuxde tout. Si tu Ăšs Ă­age, tu ne „ te rĂ©jouiras qu’en moi seul, & tu ,, n’auras d’espĂ©rance que dans moi ,, seul; pareeque {a nul ti est bon que ,, Dieu seul, qui doit ĂȘtre louĂ© Ă  l'oc- cafion de toutes choses, Sc qui doit „ ĂȘtre bĂ©ni en tout. a Matth . 19. v . iy . Chapitre X. Dieu te veut bien servir ; sers-le car c 1 est ta gloire. Ă­. "E prens, Seigneur! la har- Jf dieffe de parler encore Ă  toi. Je tĂźe me tairai point ; je ferai retentir les soupirs de mon cƓur dans les oreilles de tnon Dieu , de mon Seigneur & de mon Roi, dont le TrĂŽne est Ă©levĂ© par deslus toutes Seigneur! aque tes biens sent gr auds que tu tts rĂ©servĂ©s pour 00 Pi 3 i . ». Ăźo. ceux de Cb, 10 . ijf teux qui te craignent ! Que n’ùs tu pas Ă  ceux qui t'aiment & Ă  ceux qui te servent & t’obéïssent de tout leur cƓur ! C’est une douceur vraiment inĂ©fable que de jouir de cette contemplation de ton visage que tu acordes Ă  tes amis sincĂšres. Tu m’as montrĂ© la tendresse de ton grand amour en ceci ; c’est que je n’étois pas, & tu m’as fait ; j’étois Ă©garĂ© de toi, &tu m’as ramenĂ©, afin que je te serve, & tu m’as fait la grĂące de me commander que je t’aime. 2. O Fontaine de l’amour Ă©ternel l que dirai-je de toi ? Pourrois-je bien doublier, toi qui as daignĂ© de te souvenir de moi, lors mĂȘme qu’étant sĂ©parĂ© de toi j’étois devenu comme une branche toute sĂšche & toute morte ? Les misĂ©ricordes que tu as faites Ă  ton serviteur sont plus grandes que je n’aurois jamais osĂ© eĂ­pĂ©rer. Je n’aĂ­ aucunement mĂ©ritĂ© que tu m'honores de ton amitiĂ© & de ta grĂące. O Seigneur! que te ren- drai-je pour tant de faveurs?Que te ren- drai-jc pour la grĂące que tu m’as faite & que tu ne fais pas Ă  tous, de renoncer Ă  toutes choses & au siĂšcle prĂ©sent ; & de H 5 msnex ,78 De l’Imitation - mener une vie retirĂ©e & intĂ©rieure ! Te recompenferai-je beaucoup en te servant , toi Ă  qui toute crĂ©ature est obligĂ©e d’obéïr ? Tous les services que je puis te rendre font trĂšs peu de chose ; mais la grĂące que tu m’as faite de m’ho- norer jusques-lĂ  que de me prendre pour un de tes serviteurs , & de me joindre Ă  ceux que tu aimes,nonobstant mon indignitĂ© & ma bassesse , est une grĂące trĂšs-grande , que je nesaurois ailes admirer. j. VoilĂ , toutes choses font Ă  toi, je n’ai rien qui ne soit Ă  toi ; & le service que je te rens, est un don de ta pourquoi dire que je te fers? M’est-ce pas plutĂŽt toi, Seigneur ! qui me fers? C’esi pour le service de l’hom- me que tu as créé le Ciel & la terre qui en effetle servent tousles jours selon les rĂšgles que tu leur prĂ©feris. Et comme st cela Ă©toit peu de chose , tu lui as encore donnĂ© pour serviteurs tes saints Anges. Mais que tu fois devenu toi- mĂȘme le serviteur de Thomme, &que tu te sois voulu donner toi-mĂȘme Ă  lui, c’est ce qui surpafle toutes pensĂ©es & toutes paroles. 4. Qu e . de C&. lo. 179 4. Que te rendrai-je, Seigneur! pour cette infinitĂ© de biens dont je te fuis redevable? O que ne te puis-je servir tous les jours de ma vie! Mais hĂ©las! Ă­ĂŹ seulement je te pouvois servir comme il faut un seul jour ! Tu Ăšs vraiment digne d’ĂȘtre servi, d’ĂȘtre honorĂ©, & d’ĂȘtre loiiĂ© souverainement & Ă©ternellement. Tu Ăšs vraiment mon Seigneur; & je suis ton pauvre Serviteur , obligĂ© Ă  te servir de toutes mes forces, & Ă  publier tes louanges fans me lasser jamais. Je le veux, mon Dieu ! je le dĂ©sire ; je te prie de supplĂ©er Ă  ce qui me manque pour l’accomplissement de ce dĂ©sir. f. Quel honneur ! quelle gloire de te servir, & de mĂ©priser toute autre chose pour samour de toi ! ceux qui se soumettent de bon cƓur Ă  ta trĂšs- sainte obĂ©issance,y trouveront une grande abondance de grĂące. Ceux qui rejettent tous les plaisirs de la chair, par- ce qu’ils t'ai ment avec tendresse, trouveront dans ton 8. Esprit des dĂ©lices aussi charmantes que pures. Ceux qui pouri’amour de toi entrent dans la voie Ă©troite, & qui se dĂ©font de tous les H 6 foins Ăźgo De limitation soins mondains,jouiront d’une vraĂŻe libertĂ© d’eĂ­prit. 6 . O divine & agrĂ©able servitude, qui rendlTiomme vraiment libre & qui le sanctifie! O Ă©tat sacrĂ© de l’obĂ©issance ChrĂ©tienne qui rend Thomme chĂ©ri de Dieu, Ă©gal aux Anges, terrible aux DĂ©mons, & recommandable Ă  tous les fidĂšles ! O servitude aimable & digne de de tous nos souhaits,qui nous met dans ĂŹa jouissance d’un bien souverain & d’une joie Ă©ternelle ! Chapitre XI. TĂąche de plaire Ă  Dieu , mak non pas Ă  toi-meme. i - ĂŹ ON fils, il te reste Ă  apren XV Ja dre beaucoup de choses que tu ne fais pas encore bien. 2. Seigneur! quelles sont-ellcs ? Z- ,, C’e s t , mon fils, que tu sou- ,, mettes entiĂšrement ta volontĂ© Ă  ,, mon bon plaisir; & que tu ne fois ,, plus amateur de toi-mĂȘme ; mais ,, que tu dĂ©sires avec ardeur que ma 3, feule volontĂ© s’acomplisse. Souvent il jj de J. Christ» Livr. III. Ch. n. i8Ăź », il naĂźt en toi des dĂ©sirs qui t’empor- ,, tent avec violence; mais considĂšre „ alors si c’est mon honneur ou ton „ propre intĂ©rĂȘt qui retouche. Car », si tune regardes qu’à me plaire, tu s, demeureras en paix de quelque ma- „ niĂšre qu’ilme plaise de disposer des ,, choses ; mais situ te recherches toi- „ mĂȘme secrĂštement, ce n’est pasmer- », veille si tu te trouves embarassĂ© &in- ,» quiet. 4. „ Pren donc bien garde de ne », point trop danach er aux dĂ©sirs que ,, tu as formĂ©s fans me consulter ; de », peur que tu ne te trouves obligĂ© Ă  », t’en repentir,& Ă  dĂ©saprouver en sus », te ce quetuaurois prĂ©miĂšrement a- prouvĂ© & recherchĂ© avec zĂšle, com- ,, me quelque chose de bon. On ne ,, doit pas suivre d’abord tous les ,, mouvemensquiparoissentbons, ni », rejetter tous ceux qui semblent ,, mauvais & qui nous ,, quefois il elĂŹ Ă  propos d’user de sus- ,, pension & de retenue,mĂȘme dansies ,, bons mouvemens & les bons dĂ©sirs, ,, de peur qu’un empressement trop H 7 vio- Ăź8i De lImitation „ violent ne t’égare FeĂ­prit 5 & que tu ,, ne sois en scandale aux autres par un „ emportement dĂ©rĂ©glĂ© , ou bien que ,, rencontrant des personnes qui s'op- ,, posent Ă  toi, cela ne te jette dans le „ trouble 8 c dans sabatement. f. Quelquefois aussi il faut user de 3 , violence, & rĂ©sister fortement aux ,, dĂ©sirs senfaĂ«ls & mondains, fans se ,, soucier de ce que la chairveut ou ne ,, veut pas ; mais s’éforcer de la sou- ,, mettre malgrĂ© elle Ă  l’empire de „ l’Esprit. On la doit mortifier fi long- ,, tems, & la contraindre si fermement ,, Ă  obĂ©ir, qu’enfin elle soit prĂȘte Ă  5, tout, & qu’elle aprenne Ă  se conten- jj ter de peu, & Ă  aimer ce qui est le „ plus simple, fans murmurer pour 55 quoi que ce soit. Chapitre XII. Soufre les maux du monde ; Ă©vite ses plaisirs. I. ' k € ON Seigneur & mon Dieu ! \/J je voi bien que la patience m’est trĂšs-nĂ©ceĂ­saire, parce qu’il III. CV?. 12. iSj qu’il me survient beaucoup d adversitĂ©s en cette vie. Quoi que je fasse pour me mettre en paix & en repos, j’expĂ©rimen- te que ma vie ne peut ĂȘtre fans guerre &fĂ ns douleurs. 2. „ Mon fils, ce que tu dis est trĂšs- ,, vĂ©ritable. Mais je ne veux pas que ,, tu cherches une paix qui consiste en „ ce que tu fois exemt de tentations , ,, ou que tu fois Ă­Ă ns foufrances. Tien ,, plĂ»tĂŽt pour certain que tu auras ,, trouvĂ© la paix lors que tu te verras ,, exercĂ© par beaucoup d’affiictions, 8c „ Ă©prouvĂ© par la rencontre d’une infi- ,, nitĂ© de choses qui te font contraires. „ Si tu dis, que tu ne peux tantsoufrir; „ comment donc pourras-tufoufrir le „ feu de ma sĂ©vĂšre justice ? La pru- „ dence veut que de deux maux l’on „ choisisse le moindre. Choisi donc de „ soufrir de bon cƓur & pourlamour „ de Dieu les maux de la vie prĂ©sente, „ afin d’éviter les maux Ă©ternels de la ,, vie Ă  venir. Croi-tu que les hom- ,, mes du monde ne soufrent rien du „ tout, ou n’endurent que de petits ,, maux? Cela n’est point j & mĂȘme » les 184 De ^Imitation „ les plus adonnĂ©s aux plaisirs & Ă  la „ mollesse ne font pas exemts de gran- „ des peines. Z. Mais dis-tu ils ont aussi d’aiĂ­- leurs beaucoup de divertiffemens & de , joĂŻe dans racomplisiement de leurs dĂ©sirs ; &c’est ce qui adoucit toutes leurs peines, & qui fait qu’ils sentent peu les 1 afflictions. 1 4- ,, Je veux que cela soit, & qu’ils „ aient mĂȘme tout ce qu'ils dĂ©sirent ; ] 5 , mais combien croi-tu que leur du- ; „ rera ce faux bonheur ? VoilĂ , ceux ; >, qui font pleins des biens du monde j „ diĂ­paroĂźtront comme de la fumĂ©e,& „ la mĂ©moire de tous leurs plaisirs paf- „ fĂ©s pĂ©rira. Ne vois-tu pas que mĂȘme „ dĂšs maintenant ils trouvent du dĂ©- „ goĂ»t & de l’amertume dans leurs >, plaisirs; que le repos qifils ycher- „ estent est mĂȘlĂ© de crainte; & que fou- » vent ce qui a Ă©tĂ© la cause de leurs „ contentemens,3eur est une source de „ douleurs ? C’est ma justice qui les en „ punit de la forte; Ă©tant bien raifon- „ nable qu’ils trouvent leur fuplice & „ leur confusion dans ces mĂȘmes plai- >} sirs ee J. Christ. 185 -, sirs qu’ils recherchent contre mon „ ordre & ma volontĂ©. O que leurs ,, voluptĂ©s Scieurs joies font courtes ! ,, quelles font fausses 1 qu’elles font „ dĂ©rĂ©glĂ©es 8 c infames tout ensemble ! „ Mais FenivrementScfaveuglement ,, de leurs cceurs ne leur laissent point „ d’intelligence. Ils font comme des >, bĂȘtes fans raison, achetant lesplai- » sirs si courts decette vie misĂ©rable au „ prix de la perte de leurs Ăąmes. Toi >, donc, ĂŽ mon fils, ne fatisfai jamais -, tes passions 1 , mais dĂ©tourne toi de ta », propre volontĂ©, a Que tout ton », plaisir soit en Dieu ; & il acomplira „ les dĂ©sirs de ton cƓur. 5 . „ Car si tu veux jouir d’une joie », vraiment solide Sc pleine, tu la dois „ chercher par le mĂ©pris de toutes les „ choses du monde , Sc par la fuite de », tous les plaisirs bas Sc terrestres. >, Alors tu verras croĂźtre tes bĂ©nĂ©di- », ctions Sc tes consolations. Plus tu „ te sĂ©pareras de tout ce qui peut te Ă­Ă - „ tisfaire Sc te contenter dans les crĂ©a- „ tures,plus tu trouveras en moi de fc- >, lides W Pi 37- »‹ 4- i86 De l’Imitatio» „ lides & de vĂ©ritables contentemens. „ Mais il net’estpas donnĂ© d’y attein- „ dre fans avoir Ă©tĂ© exercĂ© par les tri- „ steifes spirituelles & par de rudes „ combats. Tes mauvaises habitudes ,, enviellies reviendront souvent; mais ,, il les faut vaincrepar-de meilleures. „ Ta chair fe rĂ©voltera ; mais il la faut „ domter par la ferveur de l’ „ Serpent ancien ne manquera pas de „ r inciter au mal, & de t’inquiĂ©ter ; „ mais tes priĂšres le doivent mettre en „ fuite, & les Ă©forts que tu feras pour ,, faire le bien, joints avec un juste tra- ,, vail, lui fermeront les principales „ portes de ton ame. Chapitre XIII. Que Pexemple de Christ Renseigne Ă  te soumettre. I.,, On fils 1 celui qui tĂąche de XVJL ,, se soustraire Ă  l’obéïfian- ,, ce, se soustrait aussi Ă  la grĂące ; &si „ quelqu’un recherche son bien parti- „ culier, il perd les biens cornons. Ce- 3 lui qui ne fe soĂ»metpas volontiers & » de de J. Christ. Livy . III, Ch. 15. 187 „ de bon cƓur Ă  ceux que Dieu a Ă©ta- „ bJis fur lui, montre par lĂ  que Ă­Ăą ,, chair n’est pas encore domtĂ©e j mais ,, qu elle ferĂ©volte souvent contre l'es- „ prit. C’estpourquoisituveux vain- ,» cre parfaitement ta chair, apren Ă  te ,» soumettre Ă  tes supĂ©rieurs^car quand ,, cet ennemi domestique fera domtĂ© * ,> & soumis Ă  l’homme intĂ©rieur, Ten- ,, nemi du dehors le monde ou le ,, Diable en fera bien plĂ»tĂŽt vaincu. „ Ton ame n'a point d’ennemi plus „ importun ni plus dangereux que toĂź- „ mĂȘme lors que tu ne te rens pas Ă  la „ Loi de TEfprit. U faut nĂ©cestaire- ,, ment que tu aprennes Ă  te mĂ©priser ,, toi-mĂȘme fi tu veux remporter la vĂź- „ ctoire sur la chair 5c le sang Tu ne ,, refuses de te soumettre Ă  la volontĂ© ,, des autres que parce que tu Ăšs encore „ trop plein de l’amour de toi-mĂȘme. 2. ,, Mais est-ce une si grande affai- „ re que toi, qui n’ùs que de la poudre ,, 5c qu’un rien , te soumettes Ă  quel- „ ques hommes parce que Dieu le ,, veut ; si Moi qui fuis le Dieu TrĂšs- 5 > haut& le Tout-puissant, qui ai créé ,» tou- l88 De t.’Imitation ,, toutes choses de rien, je me fuis Ă­ou- ,, mis humblement aux hommes pour ,, l'amour de toi ; Je me fuis rendu le „ plus humble & le dernier de tous ,, afin de t’aprendre Ă  dorntet ton or- „ Aueil pat mon humilitĂ©. Apren donc, ,, ĂŽ cendre orgueilleuse, apten Ă  obĂ©ir! „ Apren Ă  t’abaiĂ­fer, terre & boire que ,, tu Ăšs, & Ă  te laitier fouler fous les ,, pieds de tous les hommes. Apren Ă  ,, rompre tes malheureuses volontĂ©s, & 5, Ă  te soumettre Ă  ce que Dieu voudra. z. ,, Mets toi en colĂšre contre toi- „ mĂȘme, & Ă©touffe d’abord les prĂ©- ,, mi ers mouvemens de prĂ©somtion ,, qui naissent dans ton Esprit. Ren toi ,, si petit & si bas , que tous les hom- ,, mes puissent te marcher sur la tĂȘte, & ,, te fouler comme la boue qui est dans „ les homme de nĂ©ant! ,, qu’as-tu dont tu te puisses plaindre? ,, PĂ©cheur vil & puant ! comment ofe- ,, rois-tu t’opposer aux reproches & ,, aux injures qu’on te peut faire, toi, ,, qui as si souvent oiseuse ton Dieu , ,, & qui as mille fois mĂ©ritĂ© l’Enfer ! } , Mais ton ame a Ă©tĂ© prĂ©tieuĂ­e Ă  mes ,, yeux, 18p „ yeux, & je t’ai pardonnĂ©, je t’ai fait ,, connoĂźtre la grandeur de l’amour „ que j’ai pour toi, afin de t’obliger Ă  », ĂȘtre reccnnoiĂ­sant de mes grĂąces , », & que soufrant avec patience d’ĂȘtre », avili & mĂ©prisĂ© de tous , tu aprenes ,, la soumission & ThumilitĂ© sincĂšre. Chapitre XIV. ÂŁue la grandeur de Dieu , que ton nĂ©ant bĂ©tonnent* I I * 1 Es paroles, Seigneur! font A des foudres & des tonnerres qui m'Ă©tonnent, dans la considĂ©ration de tes jugemens ! Je tremble tout saisi d’une crainte qui me pĂ©nĂštre les os, & mon ame est toute pleine de sraĂŻeur. Je vois» tout Ă©pouvantĂ©, que a les Cieux mĂȘmes ne font p as purs devant toi. Si tu as trouvĂ© de la corruption dans les Anges, & si tu ne la leur as pas pardonnĂ©e, hĂ©las! que dĂ©viendrai-je ? Si les Ă©toiles font tombĂ©es du Ciel, que dois-je attendre, moi qui ne fuis que boue? J’ai veu tomber dans le prĂ©cipice des person- -r Job,l^. ipo De l’Imitation personnes dont la conduite avoit paru louable. J’ai veu ceux qui mangeoient le pain des Anges, prendre plaisir Ă  la nourriture des pourceaux. r. O Seigneur ! oĂč est la saintetĂ© qui puisse subsister lors que tu retires ta main ? OĂč est la sagesse, lors que tu quittes le gouvernement d’une ame ? OĂč est la force, lors que tu refuses le concours de ta grĂące ? OĂč est la chastetĂ© & la puretĂ© qui puissent se maintenir, lors que taprotection lui manque?Rien n’est bien gardĂ© si tu ne veilles toi-mĂȘ- me pour fa garde. Aussi-tĂŽt que tu nous laiĂ­ĂŻes, nous nous prĂ©cipitons dans l’a- bime ; & nous n en revenons point par une vie nouvelle,si tu ne reviens Ă  nous. Nous ne sommes qu’inconstance & que foiblesse ; il n’y a que toi qui puisses nous afermir ; nous ne sommes que des tiĂšdes & des lĂąches ; & c’est toi seul qui peux nous donner du zĂšle & de la vigueur. Z. HĂ©las 1 que je dois avoir de bas fentimens & d’abjectes pensĂ©es de moi, & que je dois faire peu de cas de ce que je parois avoir de bon ! O Seigneur, com- de J. Christ. 191 combien profondĂ©ment dois-je m’abat- tre Ă  la vûë del’abime de tes jugemens, puisque je voi que je ne fuis qu’un rien, qu’un vrai nĂ©ant! O poids Ă©ffroĂŻable ! O mer fans fond ni rives, dans laquelle je ne trouve rien de moi qu’un rien, un nĂ©ant par tout! OĂč est Ă  prĂ©sent l’a* file de ma gloire ? oĂč trouverai-je une retraite pour ma vanitĂ© & pour les pré— /omtueux sentimens que j’ai eus de ma vertu ? O Dieu! toute ma vaine gloire est abimĂ©e dans la profondeur de tes jugemens fur moi. 4. Qu’est toute cbair'devant tes yeux divins? L’argile s’élĂ©vera-t’ellepar orgueil contre celui qui la met en Ɠuvre? Comment un amas de paroles flateufes pourroient-elles donner de la vanitĂ© Ă  celui dont le cƓur est soumis Ă  Dieu par la vĂ©ritĂ© ? Celui que la vĂ©ritĂ© a fait abaisser en le soumettant Ă  elle-mĂȘme » ne s’élĂ©vera pas quand mĂȘme tout le monde feroit fes Ă©fortspour lui inspirer Torgueil. Celui qui est fermement fondĂ© en Dieu ne fe laissera jamais Ă©mouvoir par les louanges des hommes ; car & ceux qui louent, &Ă­ leurs louanges , ne 192 De l’Imitation- ne sont que vanitĂ© ; & tout cela pĂ©rira. Mais a la vĂ©ritĂ© de Dieu demeure Ă©ternellement. a Ps. Chapitre XV. Veux tout ce que Dieu veut , & non ce qui te plait. i. ^ ^ On fils, je veux que tu me XVJL ,, dises en toute affaire ; Sei- Ăź, gneur, que telle chose fe fajse ainsi, st s, cest tavolontĂ©! Seigneur , sic est pour 3 , ton honneur, que cecisefqjje par ta gra - ,, ce! Seigneur ,fi tu prĂ©vois que ceci soit „ bon & utile pour mon salut, donne-moi, „ je te prie, de m’en servir Ă  ta gloire; „ mais fi tu voĂ» que cela seroit nuisible ,, pour moi, & dĂ©savantageux ausalut de ,, mon ame, f ai moi la grĂące dien Ă©teindre „ le dĂ©sir dans moi ! Car tout dĂ©sir ne „ vient pas du S. Esprit quoi qu’il pari roiffe juste & bon Ă shomme. C’est ,, une chose bien difficile de juger si ,, les dĂ©sirs que l’on a,viennent du bon », Esprit, ou del’Esprit malin, ou de la Ăź> propre fantaisie de chacun, Plusieurs j? de Ch. ts. ,, se sont vĂ»s trompĂ©s fur la fin,qui s’i- s, maginoient au commencement que „ cetoit le bon EĂ­prit qui les Ă­nĂ­piroit. 2. ,, Lors donc que quelque choie ,» te semble dĂ©sirable , & que tu me la „ veux demander, tu le dois faire avec » crainte & humilitĂ©, & en telle mail niĂšre , que renonçant Ă  ta volontĂ© ,, propre, tu rĂ©signes le tout Ă  ma dis. ,» dois me dire en toute oc- „ casion ; Seigneur, tu sus ce qui fi de „ meilleur, film ceci fe fasse ou ne se fasse „ pas,tout ainsi qu’il semblera bon Ă  ta Di- „ ville volontĂ©. Donne moi ce qui te plaĂźt, „ & au terns qu'il te plaĂźt. Dijpofe & foi ,» de moi comme tu l'entens, selon ton boit y , plaifir,&selon que ta gloire t’ t y moi oĂč tu voudras , & dijpofe de moi ett y » toutes choses avec une entiĂšre liber tĂ©..f}e y y fuis en ta main , tourne moi,retourne moi y y f ai moi aller d'un cĂŽtĂ© & a autre comme „ il te plaira. Voici, je fuis ton serviteur, ,, je fuis prĂȘt Ă  tout ; je ne dĂ©sire pas de „ vivre pour moi, mais pour toi; ĂŽ qu’il yy me soit donnĂ© par ta grĂące de le faire di- yy gnement & parfaitement ! z, O Mon trĂšs-misĂ©ricoidieux Sau- Ă­ veur \ ip4 O L l’Imitation veur! acorde moi ta sainte grĂące, asm qu’elle soit avec moi, qu’elle travaille avec moi, & qu’elle demeure avec moi jusqu’à la fin. Fai que je dĂ©sire & que, je veuille toujours ce qui t’est agrĂ©able & aĂŻe point de volontĂ© que la tienne ; que ma volontĂ© suive toujours la tienne & se conforme Ă  elle. Que je n aĂŻe qu un seul vouloir 5 c non vouloir avec toi ; & que je ne puisse jamais vouloir que ce que tu veux, & ne vouloir pas ce que tu ne veux pas. 4. Accorde moi la grĂące de mourir Ă  toutes les choses du monde, & d’aimer Ă  ĂȘtre mĂ©prisĂ© dans le monde pour l’a- mourdetoi, & Ă  y ĂȘtre inconnu. Fai mon Dieu! que je me repose en toi, & point en ce qu’on peut dĂ©sirer hors de toi ; fai que mon cƓur ne cherche point de paix que dans toi. Tu Ăšs lavĂ©- ĂŻitable paix du cƓur ; tu Ăšs son repos ; hors de toi tout est mauvais, tout est inquiet. a me reposerai, & dormir d en faix, c’est-Ă -dire, en toi,ĂŽ mon Dieu! quiĂšs le bien unique, souverain & Ă©ternel. Amen ! >- P/. 4 r-. 9, Cha- de ipf Chapitre XVI. c jCherche ta joie en Dieu , mais non pas dans le monde. I. ' I 'Out ce que jesauroĂźs dĂ©sirer, X toutes les joies & les consolations que j’attens, ne sont pas dans cette vie, mais dans celle qui est Ă  venir. Quand j’aurois seul toutes les joies du monde, & que je joĂ»irois de toutes ses dĂ©lices, il est certain que cela ne pour- roit pas durer long-tems. Ainsi, ĂŽ mon ame! tu ne peux trouver de consolation & de repos vĂ©ritable qu'en Dieu, qui est la joie & la consolation des pauvres & des humbles. Arten un peu, mon ame ! atten l’éfet des promesses de ton Dieu, & tu jouiras dans le ciel d’une abondance de tous biens. Tu ne peux dĂ©sirer les choses prĂ©sentes contre l’ordre de Dieu, qu’en perdant les Ă©ternelles & cĂ©lestes. SoĂ»mets toi les prĂ©miĂšres ; dĂ©sire les derniĂšres. Tous les biens temporels ne font pas capables de te remplir & de te rassasier, parce que leur jouissance n’est pas la fin pour laquelle tu as Ă©tĂ© créé. I a 2. Opand 19 6 De limitation 2. Quand tuaurois la possession de toutes les crĂ©atures, il te seroit impossible d’ĂȘtre heureuse pour cela. C’est dans Dieu seul, dans le seul CrĂ©ateur, que tu dois trouver ta bĂ©atitude; non une bĂ©atitude semblable Ă  celle que les insensĂ©s qui aiment le monde, s’imagi- nent grossiĂšrement & dĂ©sirent charnellement pour eux ; mais une bĂ©atitude digne del’attente de ceux qui ont suivi JĂ©sus-Christ avec fidĂ©litĂ© ; une bĂ©atitude dont les hommes qui vivent selon l’esprit, & desquels le cƓur est sanctifiĂ©, & la conversation cĂ©leste, ont quelquefois des avant-goĂ»ts. La oĂŻe qui vient de la considĂ©ration des choses humaines est vaine & joie vĂ©ritable & heureuse vient de la vĂ©ritĂ© & de la rĂ©alitĂ© des choses divines qui se rĂ©pandent dans sintĂ©rieur. Une personne qui consacre Ă  Dieu toute sa vie , porte toujours avec foi JĂ©sus, qui est la source de la joie; & lui dit sans cesse ; Demeure toĂ»jours & par tout avec moi, ĂĄ mon Je s u s ! & que toute ma joie [ou d litre trĂšs volontiers privĂ© de toutes les joies humaines. Jjues’ilte plaĂźt de me priver 1 3 Ă  »e Ch, 17. 197 du sentiment de tes joies divines , f ai, je te f rie , que ta volontĂ© me soit pour joie, & que j’acquiesce de bon cƓur au bon plaifir que tu auras de nĂŹĂ©prouver. Car ta colĂšre f & tes menaces ne font pas pour durer toujours. Chapitre XVII. fjette tes foins fur Dieu, permets qu’il te conduise. fils! laisse moi disposer de IVi toi ainsi qu’il me plaĂźc. JesaĂ­ „ ce qui t’est utile. Tu penses en hom- ,, me; tu juges d’une infinitĂ© de choses 5, comme font les hommes, par des af- ,, sections & des inclinations toutes ,, humaines. 2 . Seigneur! ce que tu dis esttrĂšs- vĂ©ritable. Le foin que tu prens de moi est bien plus grand & vaut bien mieux que celui que je pourrois en avoir moi- mĂȘme. L’homme qui ne rejette pas fur toi tousses foins, & tout ce qui le concerne, est exposĂ© Ă  de grandes chutes. Fai, Seigneur ! que ma volontĂ© soit droite Lc fortement attaia tienne; I z L- ip8 Di L’Imitation Sc quand au reste, sai de moi tout ce qu’il te plaira ; car tout ce que tu feras, ne peut ĂȘtre que trĂšs bien fait. Si tu veux que je fois dans les tĂ©nĂšbres, je t’enrens grĂąces. Si tu veux que je fois dans la lumiĂšre je t'en rens grĂąces. Si tu daignes me consoler, ton Nom est Ă­oit bĂ©ni. Si tu veux que je sois affligĂ©, ton saint Nom en soit bĂ©ni de mĂȘme. J. „ C’est ainsi , mon fils ! que tu », dois ĂȘtre disposĂ© si tu veux'marcher », avec moi. Tu dois ĂȘtre aussi prĂȘt Ă  „ soufrir, qu’à recevoir des sujets de ,, joie. Tu dois vouloir ĂȘtre dans la », disette Sc dans la pauvretĂ© d’aussi boa », cƓur, que dans l’abondance 8c dans », les richesses. 4. Je veux, Seigneur! Ă­ĂČufrirde bon cƓur tout ce qui m arrivera par la dispensation de ta sage providence. Je recevrai Ă©galement de ta main le bien Sc le mal, le doux Scl’amer, la joie & la tristesse ; Sc quoi qui m’arrive, je te rendrai pour toutes choses des actions de grĂąces. PrĂ©serve seulement mon ame de tout pĂ©chĂ©, Sc je ne craindrai ni la mort, r. “hi Ne me rejette point pour de J. i§z pour jamais de devant ta face, 8c n’éfa- ce point mon nom du livre de vie; aprĂšs cela, tous les maux qui pourront tomber fur moi, ne me nuiront point. Chapitre XVIII. Christ soufre le premier , soufre donc aprĂšs lui. I.„ Tk JS' ON fils ! je fuis dĂ©cendu du XV*. „ Ciel pour ton salut ; je 5, me suis chargĂ© de tes maux, non par ,, nĂ©cessitĂ© > mais? par un engagement „ volontaire de mon amour ; afĂ­n que „ tu aprennes la patience, 8c que tu ,, soufres Ă­Ăąns indignation les affli- ,, ctions de cette vie temporelle. Car „ depuis ma naissance jusqu’à la mort „ que j’endurai sur la croix, je ne fus „ jamais fans soufrante. J’ai Ă©tĂ© dans „ une trĂšs grande disette des choses „ trĂšs-souvent enten- „ du beaucoup de plaintes qu’on fai- „ soit de moi; j’ai soufert paisiblement „ la honte, les injures, 8c les outrages „ dont onm’a couvert. Pour tous les „ biens que j’ai faits, je n’ai trouvĂ© que I 4* » Ăąe zoo Dr i*I mitation ,, de l’ingratitude ; ona paßé mes ml* „ racles de blasphĂšmes 8c onnem’a „ rendu que des insultes & des blĂąmes 9> pour tous les saints enseignemens 5» que j’ai donnĂ©s. 2 . Seigneur! puis que tu as Ă©tĂ© si patient pendant toute ta vie,8c que c’est Ă­ur-tout en cela que tu as accompli la volontĂ© de ton PĂšre ; il est bien juste que n’étant comme je fuis, qu’un misĂ©rable pĂ©cheur, je me rĂ©signe Ă  la patience pour accomplir ta divine volontĂ©, 8Ă­ que je porte le fardeau de ce corps mortel aussi long-tems qu’il te plaira pour mon salut. Car quoi que cette vie temporelle soit un fardeau bien pĂ©nible, ta grĂące nĂ©anmoins le rend leger & salutaire ; & ton exemple avec celui de tes Saints donne aux plus foibles le courage de le suporter, mĂȘme avec beaucoup plus de joie & de consolation que n’en ont pĂ» avoir ceux qui vivoient autrefois fous la Loi ancienne, lors que feutrĂ©e du lieu trĂšs-Ă­Ă int n’étoit pas encore ouverte, que la voie qui y mĂšne Ă©toit fort obscure, & que le nombre de ceux qui cherchoient le RoĂŻaume du ciel Ă©toit petit, Ăź>e 18. Lvr petit. Et alors mĂȘme tous les justes qui dĂ©voient ĂȘtre sauvĂ©s & introduits dans ton RoĂŻaume, ne le pouvoient ĂȘtre que par tes soufrantes & par ta mort. z, O Seigneur! puis que tu as daignĂ© me montrer aussi-bien qu’à tes fidĂšles , la bonne & la droite voie qui conduit Ă  ton RoĂŻaume Ă©ternel, combien de grĂąces Ă­uis-je obligĂ© de te rendre ? Ta vie est nĂŽtre voĂŻe; & nous nous approchons de toi, qui Ăšs nĂŽtre couronne , Ă  mesure que nous nous avançons dans la sainte vertu de la patience. Si tu ne nous avois enseignĂ© & par tes paroles, & par ton exemple, en marchant le prĂ©mier devant nous,qui est-ce qui auroit voulu entrer dans ce chemin? O combien y en auroit-il qui s’en Ă©loigneroient & s’en dĂ©tourneroient si la veiie de ce grand exemple que tu nous as laissĂ© ne leur donnoit du courage ! Nous demeurons encore tiĂšdes aprĂšs la lecture & la connoissance de tant de miracles que tu as faits , & de tant de saintes instructions que tu nous as donnĂ©es ; que seroit - ce donc lĂŹ nous n’avions pas le divin flam- I tirs, fais Ă©sort pour les soufrir avec „ patience. 2. ,, Plus tu te disposeras Ă  Ă­bufrir 9 ,, plus deviendras-tu sage kc agrĂ©able a, Ă  mes yeux ; & si l’occasion de sou- ,, srir test souvent prĂ©sentĂ©e, & que tu ,, l’embrasses de bon cƓur, tous les 5> maux te deviendront plus 5, di jamais , il niest impossible de soufrir ,, cela d’un tel homme, S'il niavoit atta- ,, quĂ© f une autre maniĂšre, je iaurois en- 5, durĂ©; mais de m’avoir fait un tel tort » ,, c'est ce que je ne puis soufrir. stfuoĂŹĂŹ ,, voyĂ©s quel dommage Uni a fait! quelle „ injure ! quel dĂ©shonneur ! Il me noir- „ cit en mimputaĂŹit des chof ?r dont je rĂŹai „ jamais eu la moindre pensĂ©e. Encore „ pourroĂč-je bien soufrir de quelque au- ,, tre certaines choses que ionpeut raison - ,, nablement soufrir. Ces pensĂ©es, mon ,, fils! font insensĂ©es; elles marquent ,, qu’on ne regarde que Foffense & la ,, la personne qui Fa commise ; & que „ Ton ne considĂšre pas ce que c'est que ,, la vertu de la patience,ni quel est ce-> ,, lui qui la doit couronner. Z. », Ce n’est pas possĂ©der cette ver- I 6 » ru, 204 De limitation „ prĂ©tendre soufrir qu’au- „ tant qu’on veut, & de qui l'on veut. », ĂŹffn homme vraiment patient ne jette ,, point les yeux sur celui qui le fait ,, soufrir-, il ne regarde point si c’est un ,, de ses SupĂ©rieurs, ou un de ses Ă©gaux, „ ou un de ses infĂ©rieurs ; fi e'elĂŹ un ,, homme qui soit en rĂ©putation de », probitĂ© & de saintetĂ© ou si e'elĂŹ un „ homme infame & un mĂ©chant. Mais ,, toutes les fois qu’il lui arrive quoi », que ce soit de fĂącheux, il le reçoit ,, indiffĂ©remment de toutes les crĂ©atu* », res, il rembraffe de bon cƓur com- », mesic’étoit Dieu mĂȘme qui le lui „ presentĂąt de sa main paternelle, &il „ croit y trouver un grand avantage ; », puis qu’on ne sauroit soufrir la moin- », dre chose du monde pour l’amour de », Dieu, que Dieu n’en tienne compte, 4. „ Si donc tu veux demeurer vi- », ctorieuxjsoistoĂ»joursprĂ©parĂ© Ă  com. », batre en soufrant. Tu ne remporte» », ras point la couronne de la patience », fan § combatte de la forte. Si tu ne », veux pas soufrir, tu ne veux pas auĂ­Ăźi be 20j> ĂŹ Ul1 ĂȘtre couronnĂ©. DĂ©sires-tu la couron» ! eti ,, ne? combats courageusement ; Ă­ou- ^ „ fre, endure , suporte tout patient- Ă ' „ ment. Le repos est la rĂ©compense ^ ,, du travail; & la victoire, du combat, JK i Seigneur mon Dieu! toutes ces choses Ă  parodient impossibles Ă  la foiblesse de 1 & ma nature ; fai s’il te plaĂźt que ta grĂące stj me les rende connois par- hii faitement mon impuissance naturelle, u °i combien peu je fuis propre Ă  soufrir , oie que je suis fort sensible aux moindres tu» difficultĂ©s, & qu’il ne faut presque rien m- pour m’abatre. QuĂȘta grĂące me rende lui aimable l’exercice des afflictions & de iil la soufrance pour ^accomplissement de r i ta sainte volontĂ© ; & que ce soit lĂ  l’ob- h tOÌ, 7. Seigneur! je t’ai appelle, 8c j’ai dĂ©sirĂ© de joiiir de ta divine prĂ©sence, avec un ferme dessein de quiter tout pour toi. C’cst toi qui m’as prĂ©venu, aĂŻant rĂ©veillĂ© dans moi le dĂ©sir de te chercher. BĂ©ni sois-tu, mon Dieu, d’a- voir agi envers moi avec une bontĂ© si singuliĂšre, 8c d’avoir dĂ©ploie Ă­ur ton servi- DE Liv. 215 ft?, serviteur des misĂ©ricordes fi grandes! Que te pourroit dire de plus ton servies. teur, ĂŽ mon Dieu! Il n’a qu’à s’humi- rplĂźi lier trĂšs-profondement devant toi, reis Ɠ passant fans cesse dans son esprit la mul- cĂ - titude de ses ossenses, & FextrĂ©mitĂ© de [eue sa bassesse. Seigneur! qui est pareil Ă  ntdĂŻ toi dans toutes les merveilles qui font esĂŹ au Ciel ou fur la terre? Tout ce que le tjie Seigneur fait j est trĂšs bien fait, ses judo gemens font Ă©quitables > & fa providence rĂšgle admirablement bien tou- ils! tes choses. Que ma bouche, que mon Ăči ame & que toutes tes crĂ©atures , te louĂąt. ent, te glorifient, & te bĂ©nissent Ă© ternĂ©lis, incréée duPĂšreEternel! Jfi-—- tt Chapitre XXII. BĂ©ni Dieu pour ses dons, & fois content a j des moindres. i. OEigneur ! ouvre mon cƓur Ă  ta ;‱ O Loi, 8c m’enfeigne Ă  marcher , dans Ă­es saints commandemens. Fai . moi bien connoĂźtre ta sainte volontĂ©,& . que je considĂšre avec un Esprit d’atten- i tion & avec un cƓur touchĂ© toutes les grĂąces gĂ©nĂ©rales & particuliĂšres que tu mas Li6 De i'Im i t a T i o si faites, afin d’ĂȘtre disposĂ© Ă  t’en remercier dignement. Je Ă­Ăąi cependant, & je le confesse franchement, que je ne Ă­auroiste rendre les actions de grĂąces 8c les louanges que mĂ©ritent les moindres de tes biens, Je fuis au dessous de tous les biens qu il ta plĂ» me faire ; 82 lors que je jette les yeux fur ta grandeur, je demeure comme acablĂ© fous la gloire de ta Maj estĂ©. z. Tout ce qu’il y a de bien dans nĂŽtre ame 8c dans nĂŽtre corps, tous les biens que nous possĂ©dons intĂ©rieurement ou extĂ©rieurement, dans l’état naturel 8c dans le surnaturel, font des Ă©fets de ta grĂące, qui font Ă©clater ta bontĂ© 8c ta libĂ©ralitĂ©, laquelle est la source de tous nos biens. Les uns en ontplus,Ă­es autres en ont moins; mais tout ce qu’ils ont, vient de toi, & est Ă  toi ; 8c fans toi il est impossible d’avoir le moindre bien. Celui qui en a receu beaucoup n’a point de sujet de se glorifier, comme s’il les avoir mĂ©ritĂ©s ; il n'a point de droit de s’élever par destus les autres» & d’insulter Ă  celui qui n’en a pas autant j car celui-lĂ  est le plus grand 8c le meil- ; m & 8 " act kj ; inc I fi Ă  I tir ; se. cei j doi lof ! do & ! f jfc bi J bo Tu i ce co D le se LĂŹvrllĂŹ. 217 ^ meilleur de tous qui s’attribuĂ« le moins ! ĂŻ qui est le plus humble & le plus soi- gneux Ă  te rendre de continuelles M actions de grĂąces. Et celui qui s’estĂ­me 3 ”- le plus abjet, le plus vil de tous, le plus indigne de tes biens,est le mieux diĂ­po- sĂ© Ă  les recevoir. s- 3. Celui qui n’en a receu qu’une pe- 'slĂą tite portion, ne doit pas s’en affliger 8 C s’en mĂ©contenter > ni porter envie Ă  uj. ceux qui en ont receu davantage. Il es doit plĂ»tĂŽt considĂ©rer avec respect 8c K , louange ta bontĂ© infinie, qui dispense ses dons si abondamment, si gratuitement, „.j & par le pur motif de son bon plaisir, gj Ă­Ă ns acception de personne Toutes cho- d c ses viennent de toi, & ainsi tu Ăšs loiia- [ ES ble en toutes fais ce qu’il est jj s bonde donnera chacun, 8cpourquoi to j. l'un en a plus 8c l'autre moins ; cen’est jj { pas Ă  nous de rechercher les raisons de EI k cette inĂ©galitĂ©* c’est toi, ĂŽ Dieu ! qui les connois & tu fais la mesure qui est con- j { venable Ă  chacun. !S,'- 4. C’est pourquoi, Seigneur mon 11* Dieu ! je mets au nombre de tes grĂąces le * les plus grandes le refus que tu m’as fait i!-'' K de aiB De l’ Imitat ion de ces dons d’aparence & d’éclat qui attirent les loiianges & la gloire des hom. mes. C’est beaucoup que tu donnes sujet Ă  un homme de considĂ©rer tellement Ă­Ă pauvretĂ©, Ă­a bassesse, & le nĂ©ant deĂ­Ă  personne,qu'au lieu detomber dans l’a. batement & dans la tristesse, il en prenne occasion de se consoler, & de se rĂ©jouir du peu qu'il a; car ce sont les humbles & les pauvres, ce font a les ab- jets & les mĂ©prisĂ©s de ce monde que tu as choisis, ĂŽ Dieu! pour en faire tes amis & domestiques. Tes ApĂŽtres font autant d’exemples qui confirment cette vĂ©ritĂ©; car tu lĂ©sas Ă©tablis pour maĂźtres fur toute la terre, & nĂ©anmoins ce n etĂČient que des gens simples fans bruit, fans finesses & fans artifices ; ils foufroient avec joie toutes fortes d’outrages pour l’amour de toi ; & ils embrassaient de tout leur cƓur Ă  ta considĂ©ration les choses que le monde abhorre le plus. 5 . Ainsi celui qui t’aime vĂ©ritablement, & qui est touchĂ© de reconnoistan- ce pour tes bien-faits, doit trouver toute Ă­k joie en ce [que xa divine volontĂ© s’ac- dĂ©lirant & ne cherchant rien hors „ de moi. Abstientoi dĂ©juger tĂ©mĂ©- 33 rairement des paroles ou des actions 3, d’autrui ; ne te mĂȘle point des 3, choses qui ne font pas recomman- 3, dĂ©es Ă  tes foins. C*est ainsi que tu ,3 tomberas rarement dans le trouble, s, Mais pendant qu’on est en ce mon- j, de, il n’est pas donnĂ© Ă  l’homme de » ne »e III. Co. 2f. Í 27 , ne point tomber dans le trouble, nĂź ,, de ne sentir aucune peine d’esprit ou ,, de corps ; cela n’arrivera que lors „ qu’on aura Ă©tĂ© introduit dans le re- 5 , pos Ă©ternel. Ne t’imagine donc pas t, que tu as trouvĂ© la paix lors que ru ,, ne sens rien qui te fasse de la peine ; ,, ni que tout va bien pour toi lors que „ nul ne t’est contraire ; que ta vie est ,, parfaite lors que tout se fait selon „ ton dĂ©sir. Tu ne dois pas non-plus „ t estimer beaucoup , ni t’imaginec s, que tu Ăšs un des favoris de Dieu,par- ,, ce que tu sens en toi quelque ferveur ,, cĂŻe zĂšle, Sc les douceurs d’une dĂ©vo- 5, tion sensible. Ce n’est pas Ă  cela que -, l’on connoit la solide vertu ; & le „ progrĂšs SC la perfection d’un homme 3 , spirituel ne consistent pas lĂ -dedans, 4. En quoi donc, Seigneur? 5. En ce que tut’ofres & que tu te ,, sacrifies de tout ton cƓur Ă  la volcn» ,, tĂ© Divine, ne cherchantpas tonpro- ,, pre,ni dans les choses petites, ni dans „ les grandes ; ni dans le rems, ni dans „ l'Ă©remitĂ©; tellement que tu demeu- „ res toĂ»jours uniforme, me rendant K. 6 j, ega» Lr8 De l*Imitation j, Ă©galement grĂąces dans la prospĂ©ritĂ© „ & dans l’adversitĂ©, pesant tout dans „ la balance du Sanctuaire, qui est la ,, volontĂ© de Dieu. Que si lors que je ,, retire de ton ame les consolations ,, spirituelles & intĂ©rieures j tut’éver- ,, tues tellement que de prĂ©parer ton „ ame Ă  soufrir encore davantage,sans „ chercher Ă  te justifier,comme si tu ne ,, mĂ©ritois pas de tant soufrir ; mais ,, que tu reconnoisies que je ne fai rien „ que de trĂšs-juste & de trĂšs-bien fait, ,, de quelque maniĂšre qu’il me plaise ,, de disposer de toi, & que tu loties ,, mon trĂšs-saintNom ; alors tien pour 3 , certain que tu Ăšs dans la vraie voie s, de la paix, & qu’indubitablement tu 3, verras de nouveau mon visage lors 3, que je viendrai te combler de joie. ,, Que si tu Ăšs arrivĂ© jusqu’au plein & 3, parfait mĂ©pris de toi-mĂȘme, assure 3, toi que tu jouiras de la plus grande 3, paix qu’il soit possible d'avoir dans 3, l'exil oĂč tu Ăšs pendant cette vie „ mortelle. Cha- de J. Christ. Cb. 26 . 229 3I?ß ctdĂŻi -ick ciĂźe !Ă  teiĂŻ' ura ;e,fci ! Hin; mais iiia hit, laise Ă  iOl't roĂ­e !tm K, Sc e Je ES ii Chapitre XXVI. Use dit nĂ©cessaire, ne fera plus esclave de rien. NedĂ©si- ,, re jamais ce qu’il ne t’efi pas permis „ d’avoir, & ne retienrien de ce qui „ peut retarder ta libertĂ© intĂ©rieure & », spirituelle. Chose Ă©trange ! que tu „ fasses difficultĂ© de t’abandonner Ă  ,, moi de tout ton cƓur & fans reserve, » avec tout ce que tu peux dĂ©sirer ou ,, possĂ©der. 2. „ A quoi bon consumer ta vie en „ des » n » ! d » » > I " ‱ » ! >> I ' » ! " } » I 1 ĂŹ be J*Christ. LivrXLl. 2zz „ des foins inutiles ? Pourquoi te tour- „ menter de tant de vains soucis? Tien „ toi fermement Ă  ce qui est de mon } j bon plaisir, &rien ne te pourra nui- „ re. Mais si tu recherches quelque 5, chose de particulier, si tu dĂ©sires d'ĂȘ- ,, tre ou en tel lieu, ou en tel Ă©tat, pour „ trouver ce qui fest le plus agrĂ©able „ & le plus commode, fois assurĂ© que „ tune feras jamais en repos, & que tes ,, ennuis & tes inquiĂ©tudes te suivront „ par-tout ; parce que quoi que tu „ rencontres, il y manquera toujours j, quelque chose de ce que tu auras », dĂ©sirĂ© ; & tu trouveras par-tout des „ oppositions. z. Ainsi le plus grand profit que l’on ,, peut retirer des choses extĂ©rieures », consiste, non pas en ce qu’on les pot „ fĂšde & qu on les amasse ; mais en ce ,, qu’on les mĂ©prise & qu’on les arra- ,, ehe de son cƓur jusqu’à la racine. Et „ ceci ne doit pas s’entendre seule- ,, ment des richesses d’or ou d’argent ; „ mais ausii des dĂ©sirs de l’ambition , „ dĂ©shonneur, de la louange, Lc de „ la gloire; qui font des vanitĂ©s qui LZ4 De limitation ,, disparaissent pour nous avec le'mon- ,, de. En quelque lieu que tu fois, tu Ăšs ,, mal situĂ© & mal gardĂ© , si f esprit de ,, la piĂ©tĂ© te manque ; Lc de quelque ,, tranquillitĂ© que tu jouisses au dehors, „ elle est peu ferme si ton cƓur n’est ,, pas bien fondĂ©, je veux dire, s’il ne „ fe repose pas absolument sur moi ; ,, Ă  moins de cela, quelque change- „ ment qui t’arrive,tu demeureras toĂ»- ,, jours le mĂȘme, c’est-Ă -dire, misĂ©ra- ,, ble, Ă©galement Ă©loignĂ© du vĂ©ritable ,, amendement; Lc Ă  la prĂ©miĂšre oc- ,, casion, tu verras que tu Ăšs encore 5 , dans les mĂȘmes maux ou mĂȘme dans „ de plus grands, que ceux que tu vou» „ lois Ă©viter. 4. O DIEU ! afermi mon ame par la grĂące de ton 8. Esprit. Que l’hom- intĂ©rieur & spirituel devienne fort dans moi par ta bontĂ© puissante. Vuide mon cƓur de tous les foins inutiles & de tous les chagrins du permets pas que mes dĂ©sirs m’entrainent vers quoi que ce soit ou de considĂ©rable eu de peu d’importance ; mais fai que j’enviĂ­age tout ce qui est fur la terre com» de Ch. %Ç>. 2Z5 comme des choses qui ne font que passer, aussi bien que moi, qui passe & qui disparaĂźtrai avec elles, a Rien de tout ce qui est fous le Soleil niest permanent. Tout est vanitĂ© & tourment d'esprit. O qu'heureux est celui qui considĂšre ainsi toutes choses ! f. Je te denfande, 6 mon Dieu ! la sagesse qui vient d’enhaut, afin qu’elle m’aprenne Ă  te chercher par dessus toutes choses, &Ă te trouver au dessus de toutes choses ; qu’elle fasse que je ne goĂ»te & que je n’aime que toi seul, & que je ne considĂšre tout le reste qu e par rapport Ă  cette divine Sagesse. Donne moi la prudence nĂ©cessaire pour ne me pas laisser surprendre aux flateries & sux louanges des uns -, & la patience pour bien suporterles contradictions & les oppositions des autres. Car c’est un Ă©fetde taSagefle que de demeurer ferme lors que les langues des mĂ©disans battent 1 air pour nous Ă©branler par leurs Ă©forts, & de ne pas se laisser sĂ©duire par les caresses des dateurs & des donneurs de lĂ  le moĂŻen de a Etcles. r. v. r. 2z6 De ^IMITATION de s’avancer avec seuretĂ© dans la Voie ‱ salutaire qui conduit Ă  Dieu. Chapitre XXVIÍI. A 7> aplique sas ton cƓur Ă  ce qu on dit de toi. !» ĂŹ K on fils! ne tethagrine point Ă­ĂŹ j\/I ,, quelques-uns ont mau- „ vaise opinion de toi, &C ,, s’ils en parlent dĂ©savantageusemenc ,» & en te choquant. Tu dois encore „ en avoir plus mauvaise opinion „ qu’iis n'en ont, & te persuader forte- ,, ment qu’il n’y a personne au monde ,, plus foible & plus digne de mĂ©pris „ que toi. Si ta vie est spirituelle, & „ que tu te conduises par la vûë de l’in- ,, terieur,tu n’auras point d’égard Ă  des j, paroles qui Ă­Ăš dissipent dans l’air. ,, C’est un Ă©fet de la vraie prudence, ,, que de garder le silence au tems de ,, TadversitĂ©, & de se retirer dans l’in- „ tĂ©rieur pour s’entretenir avec moi, „ fans se laisier entraĂźner & diviser au „ dehors par les jugemens des hom- ,, mes. 2. Ne de J. Christ. 2Z7 2 . Ne fai pas dĂ©pendre ta paix de la „ langue des interprĂȘ- ,, tent comme il leur plaira, en bien ou „ en mal, ce que tu auras fait ou dit ; >, en Ăšs-tu pour cela ou meilleur,ou pi- „ re ? OĂč est la vraie paix ? OĂč est la „ vra'ie gloire? N’est ce pas en moi? „ Celui qui ne dĂ©sire point de plaire 9 , aux hommes, & qui ne craint point s , de leur dĂ©plaire, jouĂŻra d’une paix ,, profonde. L’inquiĂ©tude du cƓur s „ & la distraction de l’eĂ­prit & des ,, sens ne viennent que d’aimer ce qui j, ne doit pas ĂȘtre aimĂ©, &de craindre „ ce qu’il ne Ă­audroit pas craindre. Chapitre XXIX. Pren Dieu pour ton recours lors que les maux t'acueillent ♩ X. OEiGNEURldont l’adorabledistpen- O station a permis que cette tentation vienne fur moi, & que cette affliction m’acueille ; que ton saint Nom soitbĂ©ni Ă  jamais! Je vois que je ne puis 1 eviter ; mais je viens implorer ton secours afin qu elle me tourne Ă  bien. Mon v 2z8 De l Imitation Mon Dieu! je suis en peine 5 mon coeur est affligĂ© ; les maux me pressent & ne me laissent point de repos. Mon Dieu & mon PĂšre, que dirai-je ? Je fuis rĂ©duit dans une grande extrĂ©mitĂ©. Seigneur ! fauve moi de cette heure. Mais c’est pour cela mĂȘme que j’y fuis venu, afin que tu fois glorifiĂ© par mon extrĂȘme humiliation,& par la dĂ©livrance que tu donneras ensuite. DĂ©livre-moi, Seigneur ! selon ton bon plaisir. OĂč puis- je aller & que puis-je faire fans toi, pauvre Sc misĂ©rable que je suis ? Seigneur! donne-moi encore la patience en cette rencontre ! Aide-moi, mon Dieu ! 8c & jene succomberai point,quelque fardeau qui me soit imposĂ©. 2. Quetesaurois-je dire en cet Ă©tat, Seigneur ! sinon, Ta volontĂ© soit faite ? J’ai bien mĂ©ritĂ© ce chĂątiment & cette affliction. Je dois la soufrir ; & plaise Ă  ta souveraine BontĂ© de m’accorder que je la soufre avec patience, en attendant que cette tempĂȘte passĂ© & que la tranquillitĂ© revienne. Ta main, qui peut tout, peut auffi me tirer de cette tentation , Sc modĂ©rer sa violence, dĂ©pĂ©rir BE Liv. m. Ch. 30. 2Z- peur que je n’y succombe Ă  plein ; puis que c’est une grĂące, que tu m’as dĂ©jĂ  faite Ă­ĂŹ devant & fi souvent, ĂŽ mon Dieu! source inĂ©puisable des misĂ©ricordes que j’espĂšre ! Plus il m’est difficile de sortir de cette extrĂ©mitĂ©, plus la main du TrĂšs-haut se signalera en m’en retirant» d’une maniĂšre facile Ă  Ă­Ă  loute-puis. sance. Chapitre XXX. Cherche en Dieu ton secours , fans craindre Vavenir. I. 3 3 i Ăź> 3 > 3 ? 3, », -, -, - M ON fils ! Je fuis le Seigneur ,, qui fortifie les hommes ,, au jour de l’affiiction. Vien vers moi lors que tu feras en peine. Ce qui t’empĂȘche d’ĂȘtre consolĂ© d’enhaut, est que tu tardes trop Ă t’aprocher de moi par la avant que tu appliques bien ton cƓur Ă  me prier, tu cherches ailleurs du secours & du soulagement ; tu te rĂ©pans au dehors pour y chercher de l’astisiance & du suport; mais tout ce que tu fais te sert de peu,jusqu a ce que 240 De 1/ Imitation „ tu reconnoisses que c’est Ă  moi seul „ qu’il fauts’adresser ; parce que c’est ,, moi seul qui dĂ©livre ceux qui espĂš- „ rent en moi. Hors de moi il n’y a se- ,, cours qui serve, il n’y a conseil qui 1 ,, profite, il n’y a remĂšde qui soit du- „ rable. Maintenant que tu commen- „ ces Ă  respirer aprĂšs cette tempĂȘte „ que je viens d’appaiser , repren de ,, nouvelles forces & une nouvelle vi- „ gueur dans la lumiĂšre de mes misĂ©ri- ,, cordes , dont je rĂ©pans de nouveau ,, les ratons fur toi. Car je me fuis ra- „ proche de toi, dit le Seigneur ; non „ feulement pour te rĂ©tablir dans ta ,, prĂ©miĂšrepaix, mais aussi pour te ,, remplir &te combler de nouvelles „ grĂąces. 2 . Y a-t-il rien qui me soit difficile? „ Suis-je semblable Ă  ceux qui font des „ promesses & qui ne les acomplissent j ,, pas? OĂč est la foi que tu dois avoir „ en moi? Demeure ferme &persĂ©vĂš- ' „ re ; sois patient & courageux ; ta „ consolation viendra en son ,, tenmoi, atten moi ; je ne manque- „ rai pas de venir, & de te guĂ©rir. Ce , qui I de J. Christ. Ch.^o. 241 ,, qui t afflige n’est qu’une tentation qui 5 , ne durera pas toĂ»jours;ce qui t’épou. „ vante n’est qu’une vaine fraĂŻeur. as Pourquoi te mets tu en peine des s, choses Ă  venir ? que gagnes-tu sinon 33 d’ajoĂ»ter tristesse fur tristesse ? a A 33 chaque jour suffit sa peine. C’est une vai- 33 ne occupation de s’affliger ou de fe 33 rĂ©jouir par la considĂ©ration des cho- 3, ses que l’on rĂ©prĂ©sente corne futures, 3, & qui peut-ĂȘtre n’arriveront jamais. z. C’est nĂ©anmoins une fuite de la 33 fragilitĂ© des hommes que de fe laisser 3, aller Ă  ces fortes d’imaginations j 5 c 33 c est un des avantages que l’ennemi >3 obtient fur les Ăąmes foibles, que de 33 les tirer Ă  lui par ces sortes depen- 33 fĂ©es qu’il leur lui est tout 33 un de fe servir des choses vrai-fem- 33 blables ou de celles qui font hors 3, d’apparence pourvu qu’il sĂ©duise & 33 qu’il trompe; pourvu qu’il ait abatu 33 &c fait tomber une ame, il lui est in- 33 diffĂ©rents’il s’estservi de l’amour des 33 choses prĂ©sentes, ou de la crainte des 33 futures, a ßue donc ton cƓur ne fe L j, trou - -r Matth. 6 . v. 34. .s Jean 14. v. I. 24^ O L l’ Imitation j, trouble & ne s'Ă©pouvante point Croien ,, tnoijk. mets ta confiance en ma mifĂ©ri- ,, tu penses ĂȘtre Ă©loignĂ© -, de moi j & c’est alors que je fuis le ,> plus prĂšs de toi. Quelquefois tu te j, crois fur le moment de tomberd’une ,, chute irrĂ©parable, & c’est alors,pour ,, le plus souvent, que tu Ăšs prĂȘt de re- ,, cevoir une plus grande mesure de ,, mes grĂąces. Tu ne dois pas croire „ que tout soit perdu lors que les cho- „ ses arrivent autrement que tu ne pen- ,, ses. Tu ne dois jamais juger de ton „ Ă©tat par les maux prĂ©sents que tu „ sens, ni t’abandonner tellement Ă  „ l’afftiction, de quelque part qu’elle ,, vienne, que tu perdes toute efpĂ©ran- ,, ce de t’en relever. 4. Ne te tiens pas pour entiĂšrement ,j abandonnĂ© de moi lors quejet’attĂŹi- „ ge pour quelque tems, ou que je re- „ tire de toi la douceur de mes confola- „ rions; car c’est par cette voie que „ l’on va au RoĂŻaume des Cieux. Sans „ doute il est meilleur pour toi & pour „ mes autres serviteurs,que vous forĂ©s n exercĂ©s par des afflictions Sc des con- n ttĂ€- DE 243 -, trariĂ©tĂ©s, que Ă­ĂŻ routes choies vous „ arrivoient Ă  souhait. Jeconnoisies „ dispositions du cƓur les plus ca- „ chĂ©es, & je Ă­ai trĂšs bien qu’il est bon „ pour toi que tu fois quelquefois » dans le dĂ©laissement spirituel,& sans ,, le goĂ»t des choses divines ; de peur >, que si tout succĂšde au grĂ© de tes dĂ©- „ sirs, tu ne relĂšves, & que tu n’aĂŻes ,1 pour toi une estime prĂ©somptueuse -, qui te persuade que tu Ăšs ce que tu „ n es pas. J’ai la puissance & d’îter ce » que j’ai donnĂ©, & de rendre ce que -, j’ai ĂŽtĂ©,Lcj’en use comme il me plaĂźt. s. Lors que j’ai donnĂ© quelque cho- -, se elle demeure toujours Ă  moi ; 8c „ lors que je la retire, je ne reprens -, rien du tien. Tout bien, &c tout bien „ parfait, vient de moi & esta moi. Si ,, je t’envoĂŻe quelques afflictions & „ quelques adversitĂ©s,ne t'en fĂąche pas „ & ne perds point courage ; car j’ai „ la puissance de t’aider soudainement, -, & de changer ta tristesse en joie. Ce- -, pendant, reconnoi que je suis juste, -, & adore la bontĂ© que j’ai de te trai- ter ainsi, L ĂŹ 6, Si 244 De l’ Imitation 6. Si tu Ăšs sage & que tu considĂšres „ les choses dans la lumiĂšre de la vĂ©ri- ,, tĂ©, tu verras que tu n’as point de su- ,, jet de t’atrister lors qu’il te survient ,, des afflictions & des contrariĂ©tĂ©s J ,, mais que plutĂŽt tu dois te rĂ©jouir & ,, m'en rendre grĂąces ; Lc mĂȘme ta joie „ unique doit ĂȘtre que je te chĂątie & „ den voie des douleurs fans ^Ă©pargner. J’ai dit autrefois Ă  mes Disciples, [a ,, ^Jc vous aime comme mon PĂšre nia aĂŹ- „ mĂš; cependant lors que je les ai ap- „ pellĂ©spour me suivre , Lc que je les „ ai envolĂ©s dans le monde, ce n’a pas ,, Ă©tĂ© pour goĂ»ter les joies & les plai- ,, sirs de cette vie ; mais poury soute- „ nir de grands combats; ce n’a pas ,, Ă©tĂ© pour y ĂȘtre honorĂ©s; mais poux „ y ĂȘtre mĂ©prisĂ©s & dĂ©shonorĂ©s ; ce ,, n’a pas Ă©tĂ© pour y vivre dans l’oisi- ,, vetĂ©, mais pour y travailler fans ces- „ se; ce n’a pas Ă©tĂ© pour y chercher du „ repos, mais pour y porter beaucoup 3 , de fruitpar la patience Lc parles sou- „ stances, hdon fils ! je te recommande „ de p enfer souvent Ă  toutes ces choses. Cha- a Jean ij. v, p. de Liv. III. Ch, 51, 245 Chapitre XXXI. Pour bien connaĂźtre Dieu quĂŹte toute autre chose.. I. ÇJ Eigneuk. ! Ă­l est nĂ©cessaire que O ta grĂące s’augmente encore en moi, pour me faire un tel Ă©tat qu’aucune crĂ©ature ne me lie & ne m’embaraffe plus ; car tant que je fuis attachĂ© Ă  quelque chose, je ne puis librement voler Ă  toi. Ça ÂŁsuĂŹ efi ce qui me donnerndes ailes de colombe , afin que je m'"envole & que je trouve mon repos ? difoir le saint ProphĂšte dans le dĂ© Ă­ir de la libertĂ© divine. L’ceil simple donne le repos ; & il n’y a rien'de plus libre qu’une ame qui a dĂ©tachĂ© ses dĂ©sirs de toutes les choses qui font fur la terre. U faut donc que Tarne paffe au deffus de toutes les crĂ©atures & qu elle s’abandonne foi - mĂȘme parfaitement ; afin qu’étant hors o elle mĂȘme, elle comprenne en ce contemplant, ĂŽ Dieu 1 CrĂ©ateur de toutes choses, que rien n*est semblable Ă  toi dans. toutes tes. L 1 00 ?f. ->5^-7- 246 De l’Imitation crĂ©atures. Celui qui n’est pas ainsi sĂ©parĂ© de toutes ks crĂ©atures , n’a pas la libertĂ© de Rappliquer aux choses divines. C’est pourquoi il y a aujourd’hui fi peu de personnes adonnĂ©es Ă  la vie contemplative, parce qu’il y en a peu qui aient la science du parfait renoncement, & de l’abandonnement des crĂ©atures & des choses pĂ©rissables. 2 , Pour arriver Ă  cet Ă©tat, il efĂŹ besoin d’une grande grĂące, qui Ă©lĂšve l’a- .me & qui la transporte au-dessus d’elle mĂȘme. Si un homme n’a l’esprit Ă©levĂ© de la sorte, s’il n’est dĂ©gagĂ© de rattachement Ă  toutes les crĂ©atures, s’il nest entiĂšrement uni au CrĂ©ateur, toutes les connoissances & tous les dons qu’il peut avoir, font de peu de considĂ©ration. Celui qui a de l’estime pour autre choie que pour le bien unique, infini & Ă©ternel, sera long-tems plongĂ© dans une bassesse honteuse. Tout ce qui n’est pas Dieu, n’est rien, &doit ĂȘtre tenu pour rien. 11 y a beaucoup de diffĂ©rence entre la sagesse d’un homme qui craint Dieu & qui est enseignĂ© par son Divin Esprit, & entre la science char- de J. Christ. Lhr. 247 charnelle de quelque grand ThĂ©ologien. fqence qui vient de Fonction cTenhautest sans comparaison plus noble que celle qui s’aquiert par lc travail &par les Ă©forts de l'Esprit humain. ĂŹl y a beaucoup de personnes qui voudroient bien goĂ»ter les douceurs de la Divine contemplation ; mais il y en a fort peu qui veulent pratiquer les choses qui font nĂ©ceĂ­ĂŹaires pour arriver Ă  cet Ă©tat. Un des principaux obstacles est, que nous sommes trop attachĂ©s Ă  TextĂ©rieur de la Religion & aux choses qui stupeur les sens, & que nous avons trop peu de foin de nous mortifier parfaitement. Je ne sai que penser, jene sai de quel esprit nous sommes menĂ©s, ni ce que nous prĂ©tendons, qu 0n nous tienne pour des pers anes Ă­pirituëßles, nous qui travaillons plus & qui prenons plus de foin pour les choses temporelles, abjectes, & qui ne font que passer , que pour celles qui font spirituelles & intĂ©rieures ; puis qu’iĂź est vrai que nous rentrons peu souvent dans nous-mĂȘmes pour nous appliquer Ă  ces derniĂšres. L 4 4. HĂ©- 2, De limitation 4 . HĂ©las! si tĂŽt que nous sommes rentrĂ©s dans nous pour considĂ©rer nĂŽtre intĂ©rieur, nous en sortons incontinent , fans avoir bien examinĂ© nos Ɠuvres. Nous ne voulons pas considĂ©rer Ă  quelles bassesses nous attachons nos pensĂ©es & nos affections en les appliquant aux choses tetrestres ; & nous ne pleurons pas en voĂŻant qu’il n’yarien en nous que d’impur & de souillĂ©. Le dĂ©luge fut un Ă©ffet de ce que a toute chair avoit corrompu fa voie. Nos pensĂ©es & nĂŽtre intĂ©rieur Ă©tant tout corrompus , que peut-il suivre de lĂ , si ce n’est un dĂ©luge & urr dĂ©bordement dictions toutes corrompues & qui retiennent les impressions de la corruption de leur source ? Car le fruit d’une vie sainte ne peut venir que d’un fond & d'uir cƓur saint. f- On a beaucoup d’égard aux actions extĂ©rieures & visibles ; mais on ne regarde pas assĂ©s au principe de vertu qui devroit nous faire agir. On recherche avec foin si cpuelqu’un a du courage j s’il a des richesses , si c’est une personne a Ge»,6. Ch. z r- 2 49 sonne bien-safte, fi elle est habile, fi elle sait parfaitement ou rĂ©criture, ou ĂŹa musique, ou si elle excelle en quelque autre chose ; mais on ne se met pas en peine si elle est pauvre d’eĂ­prit, douce Lc patiente, sainte & la nature corrompue qui nous porte Ă  regarder Ă  TextĂ©rieur de l'homme; au lieu que la grĂące regarde Ă  TintĂ©rieur. Celle-lĂ  se trouve souvent trompĂ©e ; & celle-ci Ă©tant fondĂ©e sur Dieu , ne se trompe point. Chapitre XXXIL Si tu veux trouver tout , il te faut tout quitter . I. 4s OXsils ! tu ne Jouiras jamais XVX ,, de la vraie libertĂ© si tune ,, te renonces parfaitement toi-mĂȘme. ,, Tcus ceux qui recherchent leur pro- ,, pre & qui ont de Tamour pour eux- ,, mĂȘmes, font autant d’esclaves Ă  la ,, chaĂźne- Leurs convoitises & leur cu- ,, riositĂ©les promĂšnent Sc les font aller ,, comme des vagabonsde tous cĂŽtĂ©s n pour y chercher leur satisfaction, 8C L s „ non A^o De limitation ,, non pas les choses qui sont du RoĂŻ- ,, de JĂ©sos-Chrilt. Que fi quel- ,, que soi s il leur vientdans la fantaisie „ de mieux vivre,ils commencent bien ,, pour quelque tems;mais leur Ă©difice ,, retombe toujours ; car tout ce qui „ n’estpas fondĂ© fur Dieu, & qui ne ,, ne vient pas de lui, pĂ©rira. Jetere- ,, commande cetteparole,qui dit beau- ,, coup en peu de mots; Quite tout, ,, ET TU TROUVERAS TOUT quite tes ,, dĂ©lits, & tu trouveras le repos. Pen- ,, se bien Ă  cela ; 8c lors que tu sauras ,, acompli, tu sauras toutes choses. 2. Seigneur! ce n’tst pas lĂ  l’ou- vrage d’un joui ; & l'on n’en vient pas Ă  bout en ne s’y donnant que par maniĂšre de divertissement. Tout ce qu’il y a de plus grand dans la perfection ChrĂ©tienne est renfermĂ© dans ce peu de paroles. Z. ,, MON fils! tu ne dois pas re- „ tourner en arriĂšre, ni perdre coura- » ge, lors qu’on te recommande la „ voie des parfaits. Tu dois au ccu- „ traire t’excitcr avec plus d’ardeur veis cet Ă©tat sublime, ou au moins , sou- DE LĂŹv. III, Cb.%z, 2sl „ soupirer dans le dĂ©sir d’y parvenir. ,, Je voudroisque tu fusses dans cette „ disposition; Lc qu'Ă©tant dĂ©gagĂ© de ,, l’amourde toi-mĂȘme, tu dĂ©pendis- „ ses entiĂšrement de ma volontĂ©, te „ soumettant aussi Ă  ceux que j’ai Ă©ta- „ blis fur toi. Si tu Ă©tois tel, tu me se- ,, rois trĂšs-agrĂ©able & toute ta vie se „ passeroit dans la joie & dans la paix. „ Mais tu as encore Ă  renoncer Ă  une „ infinitĂ© de choses, &si tune les qui- „ tes & ne les laisses entiĂšrement Ă  ma „ disposition , tu n’obtiendras jamais „ ce que tu demandes, a $ete con- „ seille d’ache ter de moi de L’or Ă©purĂ© par y , le feu afin que tu devienne riche je „ veux dire que tu dois acheter la sa- ,, gesse cĂ©leste qui foule aux pieds tou- „ tes les choses de la terre. Le prix „ qu’il faut pour l’acheter,estde renon- yy cer Ă  la sagesse & Ă  l’estime des hom- „ mes, & Ă  la complaisance que tu as „ pour toi-mĂȘme. 4. >, Jeterecommanded’acheterce „ qui est bas & mĂ©prisĂ© au jugement y, des hommes , en abandonnant ce L 6 qu’il s a Aj>oc. 3, v, j S- 2^2 Bel’ Imitation ,, qu ils estiment le plus & qu ils tien- ,, nent pour le plus prĂ©cieux & le 5 , plus noble. En Ă©fet, la sagesse vrai- ,, ment cĂ©leste leur paroit basse &abje- 3, Ăąe;elle est dans l’oubli des hommes; „ & comme elle ne s’estime pas elle- 3, mĂȘme, elle ne dĂ©sire pas aussi les 33 loĂŒanges &Testime des hommes. Il 3> est pourtant vrai qu’elle est recom- 33 mandĂ©e de plusieurs ; mais ce n est 3, que de bouche , pendant qu’ils la 3, combatent parleur vie. Cependant 3, elle est cette a perle de grand prix & 33 ce trĂ©sor cachĂ© Ă  plusieurs» d Mattb. 6. Chapitre XXXIIL Parmi les changemens demeure inĂ©branlable. i. '\W On fils Ăź ne te fie pas Ă  ta fer- 1VA -, veut & Ă  ta dispositionprĂ©- 33 fente ; car elle changera bientĂŽt en 33 une autre. Tant que tu vivras, tu fe- 33 ras sujet, mĂȘme malgrĂ© toi, au chan- 3, gement &Ă  l’ te verras „ tantĂŽt ioĂŻeux ÔC tantĂŽt triste; tantĂŽt ĂŒe Cb. 35. 25; y, en paix & tantĂŽt en trouble ; tantĂŽt 3, plein de zĂšle, & tantĂŽt tout sec & „ tout aride, tantĂŽt dans lardeur, & ,, tantĂŽt dans le dĂ©goĂ»t;tantĂŽt sĂ©rieux, ,, tantĂŽt leger. Mais celui qui estvrai- 5, ment sage & qui est enseignĂ© par TEÂŁ s, prit de Dieuj Ă©lĂšve son Esprit audes- „ susdetousceschangemensquiĂ©bran- 5, lent son homme extĂ©rieur ; & sans y, considĂ©rer beaucoup ce qui se sait sen- „ tir dans lui, & de quel cĂŽtĂ© sousie le „ vent de cette mutabilitĂ©, il demeure y, ferme & inĂ©branlable parmi tous ces y, ne pense qu’à s’avan- ,, cer vers moi ; & il rĂ©unit toutes ses „ pensĂ©es pour les porter vers la sin fou» ,3 veraine qu’il se propose & qu’ildĂ©- 5, sire c’est ainsi qu’aĂŻant y, Tceil de sintention simple, & tournĂ© ,, uniquement fur moi par la puretĂ© de ,, son motif 8c de ses dĂ©sirs ; ilconti- 3, nuĂ«ra fa course vers moi fans inter- ,, ruption , ni fans ĂȘtre arrĂȘtĂ© par Tin- 5, constance de tous ces Ă©vĂ©nemens. 2, Plus l’ceil de sintentĂ­on est pur, 3, plus a-t-on de force pour demeurer j, ferme au milieu de tous lesorages par L 7 » 1kl- 24 De l Imitation „ lesquels on il arrive s, souvent que cet Ɠil s’ébloĂ»it& s’ob- 3, scurcit Jans plusieurs ; parce qu’ils 33 s’arrĂȘtent d’abord Ă  cherchc-r quel- 3> que ph isir Ă  la premiĂšre chose qui se 33 piĂšlente. Car Ă  peine trouvera-t-on 3> une seule personne qui soit entiĂšre- 33 ment exemte du vice de se chercher 33 soi-mĂȘme. La double intention que 33 l’on remarque dans ccs Juifs qui n’al ,3 lomnt pas Ă  BĂ©thanie uniquement 33 pour voir JĂ©sus,mais aussi par la cu- 33 riositĂ© de voirLazare qui Ă©toit resius- 33 citĂ©,se trouve presque dans tous les 3, hommes. Travaille donc Ă  purifier j, l’ceiĂź de l’intention & du motif par », lequel tu agis, afin qu’ilsoit simple », & droit; & que nonobllant la divcrsi- ,, tĂ© des objets, il tende Lc se porte uni- 3, quementĂ moi. Chapitre XXXIV. Lors que l'on goĂ»te Dieu , l'on trouve tout en lui. i & ON Dieu, & mon tout ! Que JV/Ï dĂ©sire-je davantage? que souhaite-je dĂ©plus heureux? O pa- de J. Christ. Lh. III. Cb. 34. 2sf O parole pleine de goĂ»t 5 c de douceur! mais qui n’est telle qu’à ceux qui aiment celui qui est la Parole Ă©ternelle, 6 c non pas le monde, ni les choies qui font dans le monde. Mon Dieu & mon tout ! C’est allĂ©s dit pour celui qui l'emend ; & celui qui fait ai mer, trouvera de la douceur dans cette parole en la repass fant souvent dans son eĂ­prit. Et en Ă©fet, mon Dieu ! lors que tu Ăšs prĂ©sent, tout est doux; mais lors que tu t’absentes, tout m’est amer. Ta prĂ©sence rend le cƓur tranquille, elle le remplit de joie, de liesse & de paix. Tu nous aprens Ă  bien juger de toutes choses, & Ă  te louer en tout ce qui est & qui arrive. Rien ne peut plaire long-tems fans toi ; tout ce qui doit ĂȘtre agrĂ©able & de bon goĂ»t, doit ĂȘtre assaisonnĂ© de ta grĂące & de ta sagesse. 2. Celui qui te goĂ»te que peut-il trouver d amer dans rout ce qui lui arrive ? Et celui qui ne te goĂ»te pas, que peut-il trouver d’agrĂ©able & de doux? Mais ceux qui n’ont du goĂ»t que pour la Sagesse du monde ou pour la chair, n’ont garde d’en trouver en ta divine fa- 2^6 De l’Imitatton gesse;puĂ­s que celle qu i!s goĂ»tent n’eft que vanitĂ© & que mort. Cependant lesr vrais sages Ă­dnt ceux qui te suivent en mĂ©prisant tout ce qui est dans le monde, & en mortifiant leur chair; puis qu’ils passent ainsi de la vanitĂ© Ă  la vĂ©ritĂ©, & de la chair Ă  l’esprit. Dieu a du goĂ»t pour ces personnes ; eux aussi ra- portent Ă  la gloire du CrĂ©ateur tout ce qu’ils trouvent de hon dans les crĂ©atures. Mais quoi qu’ils goĂ»tent Dieu & dans les crĂ©atures & dans lui-mĂȘme, ils reconnoissent bien en mĂȘme tems qu’il y a beaucoup de diffĂ©rence entre le goĂ»t qui vient immediatement deDieu, & celui qui vient par la crĂ©ature ; entre leternel & le temporel ; entre la lumiĂšre illuminante & incréée, Sc la lumiĂšre illuminĂ©e. j. O lumiĂšre Ă©ternelle, Ă©levĂ©e au dessus de toutes les lumiĂšres! Lance tes rasons Sc tes Ă©clairs d’enhaut, & pĂ©nĂštre par ta vive clartĂ© les plus profondes cachettes de mon cƓur. Purifie , rĂ©jouis, Ă©claire & vivifie mon Esprit, avec toutes ses puissances, afin que je nVunisse Lc m’élĂšve Ă  toi par les joies DE C/ 257 ineffables que tu quand viendra l’heureux moment que je ferai rassasiĂ© de ta prĂ©sence , & que a tu nous fer as t ont en tous? Majore ne fera pas pleine que je ne voie l'ac- complilĂźement de cette promesse ; & cependant je fuis encore misĂ©rable, parĂ©e que je sens que le vieil-homme vit encore dans moi, &qu’il n’estpas encore parfaitement ni crucifiĂ©, ni mort. Il a encore des dĂ©sirs violens par lesquels il se soulĂšve contre l'Esprit j il me fait une guerre domestique & intestine; & il ne permet point Ă  i’eĂ­prit de rĂ©gner en paix. 4. Mais toi b qui as pouvoir fur les flots de la mer , & qui peux rabaisses ; toi qui as pouvoir fur mes passions lors qu'elles font le plus Ă©mues & qui les peux calmer; lĂšve-toi, aide-moi. c Dijflpe les nations qui me font la guerre, & les brise par le bras de ta force. Fai-moi voir les merveilles de tes Ɠuvres, & que ta main se rende glorieuse par ma dĂ©livrance ; car je n ai point 00 r. Cor, 15. v. 2§. {b Ps. 89. v. 10. 0 Ls8 De limitation point d’elpĂ©rance ni point de refuge qu’en toi seul, mon Seigneur & mon Chapitre XXXV. „ Dieu destine les stau h foufrir dans ce » inonde. » I. ON fils! tant que tu seras dans iVJ „ c^tte vie mortelle, tu ne te ,, verras point en si uretĂ©, & tu auras ' „ toujours besoin dos armes de l’Es- „ prit. Tu Ăšs cortinuĂ«llementau mi- » lieu de tes ennemis, &ilst’attaquent s Ă  droite & Ă  donc tu n’op- » poses Ă  tous leurs traits le bouclier » de la patience, tu feras bientĂŽt cou- >3 vert de plaies; & si tu ne me donnes 33 entiĂšrement ton cƓur & ne m’ofres 33 une volontĂ© prĂȘte Ă  foufsir tout pour 33 l’ainour de moi, tu ne pourras foĂ»- 33 tenir la violence de leurs assauts, ni >3 remporter la palme de la victoire. 33 Tu dois pasier courageusement au 33 milieud’eux&les renverser avec un 33 bras invincible, a Car la manne cachĂ©e a A }’ oc . %, D. 17. de LĂŹvr. I!L Cb. z s. 2s- „ cbĂ©e r'cß que pour les vainqueurs , & il s, ne reste pour les lĂąches & les vaincus „ que des peines Ă©ternelles. 2. „ Si tu cherches du relĂąche & du „ repos en cette vie, comment prĂ©tens- ,, tu parvenir au repos Ă©ternel ? N’at- „ t?n point de repos ici - bas ; mais „ dispose toi Ă  y voir ta patience bien ,, exercĂ©e. Cherche la vraie paix non ,, sur la terre, oĂč elle n’est p;.s ; mais „ dans le Ciel, oĂč elle se trouve ; non ,, dans les hommes, ni dans aucune „ crĂ©ature ; mais en Dieu seul. Il n’y a „ rien que tu ne doives soĂșfrir de bon ,, cƓur pour samour de ton Dieu; les „ travaux, les douleurs,les tentations, ,, les traverses, les atstictions les plus „ prestĂ ntes, la dĂ©stitution, les mala- ,, dies, les injures, les dĂ©mentis, les „ rĂ©primandes, les humiliations, les „ confusions , les corrections, les mo- „ queries & le mĂ©pris, tout te doit ĂȘtre „ agrĂ©able, parce que je le veux. Tou- ,, tes ces choses servent Ă  acquĂ©rir la ,, parfaite & solide vertu, Ă  Ă©prouver 5 , les vrais Soldats & disciples dejĂ©sus- ,, Christ, 8 Ă­ Ă  former cette couronne qui 2 jO De l’Imitation „ qui doit ĂȘtre la rĂ©compense de leur o victoire. Ne t’ai-je pas promis une „ rĂ©compense Ă©ternelle pour un petit ,, travail, & une gloire infinie pour un ,, oprobre temporel? Z. Crois-tu toujours avoir des joies ,, & des consolations spirituelles Ă  ta ,> disposition & selon ta volontĂ©? Mes ; s, plus grands Saints en ont Ă©tĂ© privĂ©s j, eux-mĂȘmes. AttaquĂ©s d'une foule ,, de tentations ils Ă©toient souvent Ă  ,, charge Ă  eux-mĂȘmes & dans des dĂ©- „ laiĂ­ĂŻemens surprenans. Mais ils ont possĂ©dĂ© & loutenu leurs Ăąmes par la „ patience, & se sont du tout rĂ©signĂ©s ĂŹĂŹ Ă  moi ils savoient bien , dĂ©nuĂ© de tout; car, comment pour- „ rois-tu ĂȘtre bien Ă  moi, & moi Ă  toi, s, fi tu n’étois entiĂšrement dĂ©pouillĂ© de ,, toute volontĂ© propre au dedans & ,, au dehors ? Plus tu serapromt Ă  exĂ©- ,, cuter ce commandement ; plus te 5, trouveras-tu fort ; 6 c plus tu le feras ,, pleinement & sincĂ©rementiplus aussi ,, feras-tu agrĂ©able Ă  mes yeux & en- j, richi de mes grĂąces. 4. Il y a des gens qui se dosent Ă  moi, „ mais c’est avec quelque rĂ©serve ; ils „ ne se confient pas entiĂšrement en moi; ,, ils veulent aussi pourvoireux-mĂȘmes „ Ă  ce qui les regarde. D’autres s’of- „ Ă­rent d’abord entiĂšrement Ă  moi, „ mais de Cb.$7. z6 f „ mais la premiĂšre tentation qui les at- ,, raque les fait retourner vers eux-mĂȘ- „ mesj&ainsiilsn’avancentpointdans ,, le bien j ils ne viendront jamais Ă  la „ vraie libertĂ© des cƓurs purs, & ils ,, n’atteindront point Ă  TĂ©tĂąt de la fa- ,, miliaritĂ© avec moi, 6 prĂ©miĂšrement „ ils ne renoncent absolument Ă  eux- „ mĂȘmes, & s’ils ne s’ofrent tous les », jours Ă  moi en sacrifice;car fans cela, ,, cette divine Union par laquelle o» „ jouĂźt de moi, n'a point de lieu. s. JeteTaiditĂ­ouventj&jetelere- ,» dis encore ; Quite-toi, laiĂ­ĂŻe-toi, », abandonne-toi, & tu joiiiras d’une „ paix profonde & le „ tout pour le tout ; ne cherche plus ,, rien; ne demande plus rien. Demeu- „ re Ă  moi purement & fermement; & », tu joiiiras de moi. Ton cƓur fera „ alors tout libre ; 8c les tĂ©nĂšbres ne ,, t environneront plus. Fai Ă©fort pour „ venir Ă  cet Ă©tat ; prie, soupire, de- „ mande d’ĂȘtre dĂ©livrĂ© de toute propre „ recherche, & que mis dans le dĂ©nuĂ«- », ment tu suives JĂ©sus dĂ©nuĂ© de tout ; t> que tu meures Ă  toi-mĂȘme,& que tu M „ vives 266 De l’ Imitation „ vives Ă©ternellement pour moi. Alors ,, toutes les folies & les vanitĂ©s qui ,, ont occupĂ© tes pensĂ©es,tousjes trou- ,, blĂ©s inconsidĂ©rĂ©s , & tous tes foins ,, inutiles difparoirront;les craintes fri. „ voles seront bannies de ton ame, & ,, l’amour detoi-mĂȘme mourra dans j, toi. Chapitre XXXVIII. j Demeure libre en tout, consulte Dieu j sur tout. I 1 ‱ "\ \ OX fils ! en quelque lieu que IVl ,, tu fois, quoi que tu fasses, ,, Ă  quoi que tu fois occupĂ©, aĂŻe toĂ»- ,, jours un grand foin d’ĂȘtre libre au „ dedans de toi ‱, conserve un empire „ fur toi-mĂȘme ; tien toutes choses ,, fous toi, Sineterenspasleurefcla- ,, ve;afin qu’étan t maĂźtre de tes actions, „ tu fois un HĂ©breu vĂ©ritablement li- ,, bre, aĂŻant part au fort & Ă  la vĂ©rita- „ ble libertĂ© des en fans de Dieu , qui i ,, font au dessus dc toutes les choies ; ,, qui paroissentpour un tems j qui ne 3, considĂšrent que les Ă©ternellesjqui ne . „ voient de J. Christ. Livr - III. 8. 267 „ voient que de Tocil gauche le mon- ,, de qui passe ; & qui regardent de ,, l’Ɠil droit les choses permanentes & ,, spirituelles ; qui ne se laissent pas ,, entraĂźner ni attacher aux choses tem- „ porelles, mais qui les entraĂźnent „ plutĂŽt & les contraignent de servir », aux usages pour lesquels les a Ă©ta- », blies Dieu leur crĂ©ateur,qui n’a rien ,, laissĂ© dans les crĂ©atures Ă  quoi il n’ait ,» prescrit un ordre rĂ©glĂ©, & comment », il s’en faut servir. 2. Que si dans toutes les choses qui », t’arrivent, au lieu de t’arrĂȘter Ă  l’ap- „ parence extĂ©rieure & d’envisager », d’un Ɠil charnel ce que tu vois ou » que tu entens, tu entres incontinent „ dans le Sanctuaire avec MoĂŻse, pour », demander conseil Ă  ton Dieu en tou- „ te rencontre; tu recevras souvent des », rĂ©ponses toutes divines qui satisfe- „ ront Ă  toutes tes difficultĂ©s & qui t’in- „ struiront touchant les choses prĂ©sen- », tes & Ă  avoit son recours », auTabernacĂ­epours’édaircir detou- „ tes les difficultĂ©s qui lui survenoient; », & lors que l’impiĂ©tĂ© des hommes Ma „ Tat- % 6 8 De l Imitation „ l’attaquoit, il n'avoir son recours „ qu Ă  la priĂšre. Fais-en de mĂȘme; „ entre dans le sanĂ»uaire de ron coeur; „ implores-^ la grĂące & le secours „ d’enhaut. JosuĂ© & les IsraĂ©lites fu- ,, rent trompĂ©s par les Gabaonites,par» ,, ce> ditl’Ecriture, qu’ils ne confultĂš- ,, rent point la bouche du Seigneur; & ,, qu ainsi ils se laiffĂšrent trop facile- ,, ment persuader par les artificieuses ,, paroles de ce peuple, & sĂ©duire par ,, une compassion indiscrette. Chapitre XXXIX. Tu dois laĂŹjser Ă  Dieu le soin de ta conduite. I. ĂŹ /jsoN fils 1 remets toujours en- \/i ,, tre mes mains tout ce qui **- v te concerne; &jediĂ­po- „ ferai de tout pour le mieux, lefai- ,, sant rĂ©ussir lors qu'il en fera tems. ,, Atten mes ordres & les Ă©fets de ma j, volontĂ©;& tout ira trĂšs bien pour toi. 2. Seigneur! je t’abandonne de tout mon cƓur & avec beaucoup de joie le foin de ce qui me regarde ; car jere- connois de III. 269 connois par expĂ©rience que lors que je veux me garder, & me rĂ©gler par mes propres foins, je travaille inutilement. PlĂ»t Ă  ta bontĂ© que j’euĂ­Ă­Ăš aisĂ©s de force,lors que je connois ce qui t’est agrĂ©able, que de m’ofrir d’abord tout entier Ă  ta Divine volontĂ©, fans raisonner ou me mettre beaucoup en peine touchant les consĂ©quences de l’avenir! Z. Mon fils ! souvent un homme se >, tourmente pour aquĂ©rir une chose j, qu’il dĂ©sire avec ardeur; & quand il ,, la possĂšde, il s’en dĂ©goĂ»te, & chan- „ ge de sentiment ; parce que les incli- ,, nations des hommes font inccnstan- „ tes & changeantes j elles ne demeu- „ rent pas les mĂȘmes ; mais elles paf- ,, fentd’un objet Ă  son contraire. Ce „ r/est donc pas une petite vertu que ,, de renoncer Ă  foi-mĂȘme dans les plus „ petites choses. 4. De vrai progrĂšs d’un homme dans „ la piĂ©tĂ©, est de renoncer Ă  fa propre ,, volontĂ©. Celui qui est dans le saint „ renoncement Ă  foi, est dans un Ă©tat „ trĂšs libre 5 c assurĂ©; ce qui n’empĂȘche 5, pas que l’ennemi ancien qui est con- M z traire X]Q De l’IlilTATlOK „ traire Ă  tous les Saints , ne le tente „ encore par toutes sortes de moĂŻens ; 3> il l’attaque fans doute, il lui tend „ des embĂ»ches jour & nuit pour le ,, faire tomber dans ses piĂšges lors qu il 3, ne le trouvera pas fur ses gardes. „ d VeillĂ©s donc & priĂ©s, de peur que 3, vous riemrĂŹĂ©s en tentation, dit le Sei- 3, gneur. Ă­ĂŻ M dttk, 16. v, 4 ĂŻ* Chapitre XL. JJ Homme ria rien de bon ; c est Ă  tort qu on le lotie. ‱WÇJ EIGNEÜR I qriefl - ce que de O f homme que tu te souviennes de lui, & du fils de fhontme que tu le visites? Qu’a mĂ©ritĂ©l’homme pour reporter Ă  lui donner ta grĂące ? Seigneur ! si tu veux m’abandonner, de quoi me pourrai - je plaindre ? Ou si tu me refuses ce que je redemande, avec quelle justice pourrois -je murmurer contre toi ? Certes, je puis bien & penser & dire avec vĂ©ritĂ© ; Mon Dieu ! je ne W p f 8. v. 5. de C&.40. 2J1 ne suis rien , je ne puis rien, je n ai rien de bon de moi-mĂȘme ; je manque de tout & en tout; je tends fans cesse Ă  ce qui n est qu’un nĂ©ant;& fĂŹ ta force ne me soutient & que ta grĂące ne m’enseigne dans l’intĂ©rieur, je fuis tiĂšde & tout lĂąche» L» Mais toi , Seigneur ! tu Ăšs toujours Je mĂȘme ; tu demeures dans toute í’éternitĂ© toujours bon , toujours juste, toujours saint. Tu disposes toujours de tes ouvrages avec bontĂ©, avec justice, avec saintetĂ©, & avec sagesse. Mais moi, qui fuis toujours plus portĂ© par le poids de ma fragilitĂ© Ă  reculer qu’à m a- vancer dans tes saintes voies, je ne puis toujours demeurer dans un mĂȘme Ă©tat; parce qssĂ©tant temporel, je fuis sujet L la variĂ©tĂ© & Ă  la vicissitude des rems. Mon ame nĂ©anmoins Ă­Ăš trouve mieux , aussi-tĂŽtqu’il te plaĂźt de me regarder favorablement &de me tendre ta main secourable ; car tu peux seul me secourir sans l’aide Ă©trangĂšre d’aucun homme ; ru peux m’afermir d’une telle forte que je ne fois plus sujet Ă  prendre tant de diíßéxens visages, 8c Ă  changer si souvent ; A7Ăź DĂŻ l’Imitation vent^mais que mon cƓur se tourne tout vers toi, & ne se repose qu’en toi. z. Que si je savois bien renoncera toutes les consolations humaines , en considĂ©rant que ce renoncement me peut disposer Ă  la ferveur del’esprit, ou que l’impuisiance d’ĂȘtre consolĂ© de Ja crĂ©ature, me contraint heureusement de rechercher le seul CrĂ©ateur ; sans doute que j’aurois sujet d'espĂ©rer de recevoir ta grace;&de me rĂ©jouir du nouveau don de tes divines consolations. 4 . Seigneur 1 je te rens grĂąces de tous les biens que j’ai jamais eus, parce que c’esttoi qui en Ăšs fauteur. Je ne fuis devant toi que le nĂ©ant & la vanitĂ© mĂȘme, qu’un homme composĂ© de foibles- se 8c cl’inconstance. Quel sujet ai - je donc de me glorifier ? Pourquoi dĂ©fi— re-je qu’on m’éstime & qu’on me lotie ? Est-ce Ă  cause de mon nĂ©ant ? Il n’y au- roit rien de plus vain que cette extravagance. O que la gloire humaine est ridicule ! ĂŽ la peste dangereuse ! ĂŽ l'Ă©- trange illusion ! Autant qu’elle s’attri- buĂ«, autant dĂ©robe -1 - elle Ă  la vraie gloire ; elle dĂ©pouille de grĂące ceux qui de Livr. TII. Ct. 40. 27 ] se revĂȘtent Ă­ĂącrilĂ©gement rhomme qui s’agrĂ©e&seplaĂźtĂ  lui mĂȘme , dĂ©plaĂźt Ă  tes yeux divins ; & pendant qu’il aspire aux vaines louanges des hommes j il perd les biens vĂ©ritables & solides. 5. Il n’y a point de vraĂźe gloire ni de joie sainte qu’en se glorifiant non pas de soi-mĂȘme ni en soi, mais de toi, ĂŽ mon Dieu ! & en toi. Il n’y en a qu’en se rĂ©jouissant de tes perfections, & non pas de celles qu’on croit avoir ; &qu en ne trouvant de joie en aucune que pour l'a- mour de toi. Due ton Nom soit loiiĂ©, Lc non pas le mien 1 que tes Ɠuvres soient Ă©stimĂ©es & non pas les miennes que ton trĂšs-saint Nom soit bĂ©ni,& que je n’aĂŻe jamais de part aux louanges des hommes ! Tu Ăšs ma gloire ; tu Ăšs la joie de mon cƓur. Je me glorifierai & me rĂ©jouirai de toi seul tout le temsde ma vie; & pour moi, a je ne me glorifierai que de mes infirmitĂ©s & de mes foiblesfes 6 . Queles hommes cherchent, comme les Juifs faisoient autrefois , {bj la M 5 gloi- 00 l. Cs r. n, v. b Jean. v. 44, 2^4 Or t? Imitation gloire qu ils se dament mutuellement ; pour moi je ne chercherai que celle qui vient de Dieu toute la gloire humaine , tout shonneur temporel, toute grandeur mondaine, auprĂšs de ta gloire Ă©ternelle,sinon pure vanitĂ© & folie ? O vĂ©ritĂ© qui m’enseigne ! ĂŽ misĂ©ricorde qui me soutient ! ĂŽ mon Dieu Ăź TrinitĂ© heureuse ! Qu’il n’y ait que Toi seul qui sois louĂ©, honorĂ©, exaltĂ©, & glorifiĂ© ; & que ce soit pour jamais Si dans tous les siĂšcles. Chapitre XLI. Laisse toi mĂ©priser , c est ce que tu mĂ©rites. l."\ yfONfils! net’atristepointde JX/I ,, voiries autres honorĂ©s ,, Ă©levĂ©s en dignitĂ©, & que ,, pour toi tu Ăšs rejettĂ© & ,, ve ton cƓur au ciel vers moi, & le ,, mĂ©pris des hommes de la terre ne ,, t’aflĂŹigera point. 2. O Seigneur ! quenoussommes aveugles, & promts Ă  nous laisser sĂ©duire par la vanitĂ© ! Si je considĂšre bien de J. Christ. C&.41. 27;' bien ce que je suis, je vois clairement que quelque traitement que l’on me fasse, on ne me sautoir jamais faire aucun tort ; Lc que je n’ai pas la moindre raison du monde de me plaindre de toi ni d’aucune crĂ©ature, comme sijemĂ©ri- tois d’ĂȘtre mieux traitĂ©. Au-contraire je mĂ©rite que toutes tes crĂ©atures s’ar- ment contre moi pour me fraper 8c pour me dĂ©truire , parce que je me fuis rĂ©voltĂ© trĂšs-souvent contre toi, ĂŽ CrĂ©ateur ! par f excĂšs de mes pĂ©chĂ©s. Ainsi, il est trĂšs-justeque la honte & le mĂ©pris soitmon partage, & que tu sois louĂ©, honorĂ©, & glorifiĂ© en tout. Jesai, Seigneur ! par la connoissance que tu m'as donnĂ©e, que je ne suis vĂ©ritablement dispose Ă  ĂȘtre mĂ©prisĂ© & rĂ©jettĂ© de toutes les crĂ©atures, jene ferai jamais affermi dans la paix, ni Ă©clairĂ© parfaitement par ton Esprit , ni pleinement uni Ă  toi. M 6 Cha De l’Imitation Chapitre XLII. JV’aĂŻes d'ami qu'en Dieu, n aime rien que lui seul. ON fils! si TamisĂ© & l’union ,, que tu as avec quelqu’un j s est fondĂ©e fur ce qu’il a ,, les mĂȘmes fentimens que toi,& qu’il ,, s’accommode Ă  tes opinions & Ă  ta „ conduite, tu n’y trouveras point de ,, fermetĂ©, ni de tranquillitĂ©. Mais si „ tu as Ă©gard Ă  la vĂ©ritĂ© qui est vivan- 3 , te Ă©ternellement Sc qui ne change ja- j, mais, le dĂ©part ou la mort de ceux ,, que tu te feras rendus amis par cette ,, considĂ©ration ne t’alstigerapointzpar- ,, ce que l’amour que l’on a pour un „ ami doit ĂȘtre fondĂ© en moi, Lc c’est ,, pour moi que tu dois aimer tous ,, ceux qui te parodient vertueux, Si 5 , qui te font lesplus chers dans cette s, vie. Sans moi nulle amitiĂ© n’est ni 5 , valable, ni durable; Lc l’amour qui ,, lie les personnes n’est ni vĂ©ritable,ni 3, pur, si je ne fuis moi-mĂȘme le nƓud ,, qui les lie. Tu dois ĂȘtre tellement 3 mort Ă  Taffeßion des personnes que tu d de ]. 42 . 277 „ tu aimes, que tu fois content d’ĂȘtre , », pour ce qui te regarde, sĂ©parĂ© d’el- ,, les pour jamais. Moins on ad’atta- „ ehe au soulagement que son trouve », dans les crĂ©atures, pluss’aproche-t- », on du CrĂ©ateur. Plus aussi une per- », sonne qui se recueille & qui sent son ,, nĂ©ant, se trouve basse & abjecte,plus », s’élĂšve-t-elle vers Dieu. 2. Celui qui s’attribuĂ« quelque bien, ,, empĂȘche que ma grĂące ne se rĂ©pan- ,, de en lui; parce que la grĂące da St. „ Esprit ne cherche que les cƓurs qui », font humbles & fans bonne opinion „ d’eux-mĂȘmes. Si tu Ă­Ă vois t’anĂ©antir », parfaitement, &vuiderton cƓur de „ l’amour des crĂ©atures, je viendrois „ dans toi avec Fabondance de mes gra- ,, ces. Cette vue que tu jettes fur les », crĂ©atures, t’empĂȘche de voir le CrĂ©a» „ teur. Apren Ă  te vaincre en tout Ă  ,, cause de ton CrĂ©ateur, & ii te rem- „ plirade sa divine connoissance. Tu „ ne saurois aimer dĂ©sordonnĂ©ment la ,, moindre chose qui soit au monde,ni ,, arrĂȘter ta vue fur elle , fans ĂȘtre re- ,, tardĂ© dans ta course vers le souve- M 7 „ rain 278 De l’ Imitation „ rain bien, & sans souiller ton cƓur ,, de pĂ©chĂ©. Chapitre XLIII. Dieu rend intelligcns les petits & les I. A X ON fils ! n’aĂŻe point d’égard \/ ,, Ă  l’élĂ©gance des paroles ni ~ ,j Ă  la subtilitĂ© des discours „ des hommes. Car a le Roiaume de ,, Di u nc conßfle pas dans des paroles, 3 , mais dans la ai attention Ă  mes ,, paroles qui embrasent les cƓurs, & ,, qui illuminent les Ăąmes; qui brisent „ l’esprit& qui le consolent. Nelija- „ mais ma parole pour en paroĂźtre ou „ plus savant ou plus sage devant les ,, hommes. Etudie toi Ă  faire mourir ,, tes vices; cela te fera incomparable- ,, ment meilleur que la connoissance 33 des questions les plus difficiles. 2. Lors-que tu as lu beaucoup & que 3, tu connois beaucoup, tu dois rapor- „ ter le tout Ă  une feule chose,savoir Ă  33 moi,qui suis le Principe de 33 moi a 4. Ăź 1 . Ăź. DE 279 ,» moi qui enseigne aux hommes la vĂ©- 3 ritable sience, & qui communique ,, plus de lumiĂšre ÔC ^intelligence aux 3, humbles & aux petits, que tous les 33 hommes ne leur en sauroient donner. 33 Celui Ă  qui }e parle intĂ©rieui ement, 33 est bien-tĂŽt sage & avancĂ© dans 'a vie 33 Ă  ceux qui cher- 33 chent Ă  satisfaire leur curiositĂ© dans 33 les sciences humaines 3 & qui ne se 33 mettent point en peine de me servir ! 33 Un jour viendra que le Souverain 33 Docteur & MaĂźtre 3 JĂ©sus le Roi des 33 Anges, paroĂźtrapour oiiir chacun re- 3, citer ses leçons, je veux dire, pour 3, examiner Ï’état de toutes les con- „ sciences. Alors a on cherchera avec 3, des lampes dans les lieux les plus secrets „ de JĂ©rusalem, & ce qui Ă©toit cachĂ© dans „ les tĂ©nĂšhrisparoitra fi Ă©videmme nt Ă  la ,, lumiĂšre. que les langues seront muet- ,, te s & confuses,& tous leurs discours 3, & leurs raisonnemens renversĂ©s. z. J’élĂšvesihaut l’esprit humble en 3, un moment, 6c lui fais incompara- ,, blement plus comprendre de vĂ©ritĂ©s ,, Ă©ternelles,5c d’une maniĂšre plus ex- a Sophon, i,v. 11, 4.».y. n i&o De r/I mit'ation ,, cellente qu’un hommejqui auroit Ă©tu* », diĂ© un grand nombre a annĂ©es dans „ les AcadĂ©mies les plus cĂ©lĂšbres,n’en ,, pourroit savoir. Jssenseigne sans bruit „ de paroles , fans confusion d’opi- », nions, sansambition d'honneur,sans „ combats d’arguments. J’enseigne Ă  ,, mĂ©priser le monde ; f aprens Ă  se dĂ©- », goĂ»ter des choses prĂ©sences, Ă  cher- », cher & Ă  goĂ»ter les Ă©ternelles, Ă  fuĂźt », les honneurs, Ă  soufrir les scandales, », Ă  mettre en moi seul toute son espĂ©- », rance, Ă  ne dĂ©sirer rien hors de moi, ,, &Ă  m’aimer ardemment par dessus », toutes choses. 4. Il y en a qui en m'aimant de tout „ leur cƓur ont apris les mistĂšres les „ plus divins & en ont parlĂ© d’unema- ,, niĂšre admirable. Us ont plus profitĂ© ,, en renonçant Ă  toutes choses, qu’en ,, s’apliquant Ă  toute la subtilitĂ© de l’é- „ tude. Mais je ne me communique ,, pas Ă©galement Ă  tous; j'enseigne aux ,, uns des choses gĂ©nĂ©rales, &Ă d’au- ,, tres de plus particuliĂšres. J’instruis ,, agrĂ©ablement les uns par des ombres „ & par des figures 3 & les autres par „ une vr J. Christ. Ch 44. 281 iĂŹ une clartĂ© toute lumineuse qui leur >, fait voir mes secrets les plus cachĂ©s „ aux hommes Quoi que mes livres di- ,, sent Ă  tous la mĂȘme chose,ils ne font „ pourtant pas la mĂȘme impression „ dans tous; parce qu’il n’y a que moi ,, qui mette la vĂ©ritĂ© dans i’ame , qui „ pĂ©nĂštre le fond du cƓur, cpi con- „ noilse les pensĂ©es, & qui opĂ©rĂ© intĂ©- 5, rieurement, donnant Ă  chacun telle „ portion de mes grĂąces qu’il me plaĂźt. Chapitre XLIV. 21 faut mourir au monde afin Savoir ma paix. On hls! tu dois te conduire 1VA „ en beaucoup de choses com- ,1 me fĂŹ tu ne les savois pas, & te consi- „ dĂ©rer comme un homme mort fur la 5, terre, a Ă  qui tout le monde efl cru- „ cifiĂ© .Tu dois aussi ĂȘtre sourd Ă  beau- „ coup de paroles,& ne faire attention „ qu'a ce qui regarde la paix intĂ©rieure „ de ton cƓur. U vaut bien mieux dĂ©- 3, tourner tes yeux de dessus les choses „ qui fr Gai. 6. V. 14. 28r De l’Imitatioh ,, qui te dĂ©plaisent, & laisser penser Ă  „ chacun ce qu’il lui plaĂźt,que de s’em- ,, harasser dans des contestations & des ,, disputes. Si tues bien d’acord avec ,> Dieu, & que tu considĂšres qu’il te „ jugera un jour, tu n’auras point de ,, peine Ă  soustir qu’on te tienne pour ,, vaincu, & qu’on prĂ©fĂšre les raisons „ des autres aux tiennes. 2. HELAS Seigneur! oĂč en sommes nous ? Nous pleurons amĂšrement une perte temporelle^nous travaillons, nous courons de tous cĂŽtĂ©s pour un petit gain j mais on ne veut pas penser Ă  la perte que Ton fait de son ame,& c’est rarement qu’on daigne y faire quelque rĂ©flexion. On a beaucoup de soin de ce qui ne sert que de peu, ou de rien du tout, & on nĂ©glige ce qui est de la derniĂšre importance ; parce que l’homme se rĂ©pand entiĂšrement sur les choses visibles & extĂ©rieures, & il y cherche absolument son repos , si tu ne lui donnes la grĂące de se convertir» de Livr, III. C/ 28; lili Issir f/ii isƓ 1;;. iĂ­ as & Chapitre XLV. GÂŁuou se repose en Dieu sans conter fur les hommes, I ,a TT~\Onne-nous, Seigneur ! ton se- JL/ cours, pour sortir hors de dĂ©tresse car le secours de l'homme riest que ĂŹ vanitĂ© . Combien de fois ai-je Ă©tĂ© trompĂ© en ne trouvant point de fidĂ©litĂ© oĂč j’eĂ­pĂ©rois en trouver ? Combien de fois en ai - je trouvĂ© oĂč je n’en attendois point ? C’est donc en vain que l’on espĂšre quelque chose des hommes ; aussi les justes n’espĂšrent rien que de toi seul. BĂ©nisois-tu, ĂŽ monSeigneur 8c mon Dieu ! dans toutes les choses qui nous arrivent de ta part. Jette les yeux fur nĂŽtre foibleffe 8csur nĂŽtre inconstance, qui nous exposent Ă  tant de chutes 8c de changemens. 2. OĂč est l’homme qui se tienne sur ses gardes avec tant de circonspection, qu’il ne tombe jamais dans quelque surprise ou dans quelque peine d'eO- prit qui l’inquiĂšte ? Mais ĂŽ Seigneur ! celui 00 ?/. 60 . V. zF. 284 Dr l’Imitation celui qui met sa confiance en toi, & qui te cherche sincĂšrement dans la simplicitĂ© de son cƓur, ne fera point sujet Ă  ces s’il arrive qu’iltoro- be dans quelque semblable accident, quelque engagĂ© qu’ilysoit, il en sera dĂ©livrĂ© bien-tĂŽt & consolĂ© par ta grĂące; parce que tu n’abandonnes point ceux qui espĂšrent en toi avec persĂ©vĂ©rance. On trouve rarement un and fidĂšle qui n’abandonne pas son ami dans les maux les plus grands & les plus pressans, Mais toi, Seigneur 1 tu Ăšs un ami trĂšs- fidĂšle en toutes les rencontres, &il n r y en a point de pareil Ă  toi, z. O ! que cette sainte ame Ă©toit divinement sage, qui disoit d’elle avec vĂ©ritĂ©, sfesuis afermie, je suis fondĂ©e dans le Seigneur ffĂ©fus ! Si je pouvois me rendre avec vĂ©ritĂ© le mĂȘme tĂ©moignage, je ne serois pas si facilement Ă©mu par des craintes humaines ; ni parles paroles & les injuresles plus piquantes. Ya-t- il quelcun qui puiĂ­se prĂ©voir tous les mauxauxquels nous sommes exposĂ©s & se bien prĂ©munir contr’eux ? Si nous en sommes si touchĂ©s lors qu ils nous K va ac; 1 ° tu ai k m fa Ci Si n 1 v tt j c i Ă­ DE Ch. 45. L? Z arrivent aprĂšs les avoir prĂ©vus auparavant, comment n’en serons nous pas acablĂ©s s’ils sondent sur nous Ă  l’im- pourveu ? MisĂ©rable que je luis ! pourquoi ne pren-jepas la prĂ©caution qui est la plus seure contre tant de maux , en nsabandonnant Ă  Dieu ? Pourquoi ai-je pris si aisĂ©ment ma confiance dans les hommes ? En vĂ©ritĂ© nous ne sommes que des hommes, &des hommes fragiles, quoi que nous passions pour des Anges dans /estime de plusieurs. Sur qui donc me dois-je fier, Seigneur mon Dieu! sinon fur toi seul? TuĂšsla vĂ©ritĂ© ; mais {a tout homme efi menteur, foible, & inconstant ; il est si sujet Ă  tromper & Ă  dĂ©mentir ses paroles, qu’on ne doitpass’y rendre facilement, quoi que ce qu’il dise ait ì’aparence de la vĂ©ritĂ©. 4. O Dieu ! queĂźes advertissemens que tu nous as donnĂ©s font pleins de sagesse ! b DonnĂ©s vous de garde des hommes, nous as - tu dit ; & encore, Les domestiques de Ă­homme seront ses propres eme* OOP/. 116. v, II. 286 De l Imitatio» ennemis; {aLors qu'on vous dira;le Christ, est ici, ou il est lĂ  , ne le croies pas. J’ai apris ces vĂ©ritĂ©s Ă  mon domage;8c Dieu veuille qu’au lieu de demeurer toujours dans ma folie, j’en devienne plus sage 8c plus circonspect Ă  l’ homme me recommandera souvent avec beaucoup d’instances de tenir cachĂ©e une chose qu’il ne pourra lui-mĂȘme tenir sĂ©crĂ©tĂ©, mais il ira incontinent le- venter, abusant ainsi de ma crĂ©dulitĂ©, Lc de fa parole. Garde moi, mon Dieu! de toutes ces illusions, 8c de ces personnes legeres 8c imprudentes; de peur que je ne tombe entre leurs mains, ou que je ne devienne semblable Ă  eux. Affermi dans ma bouche la paroi e de la vĂ©ritĂ© , 8c Ă©loigne de moi la langue trompeuse. Fai moi la grĂące de ne pas commettre moi-mĂȘme ce que je ne puis soufrir en un autre. f. O ! quel avantage 8c quelle paix, que de ne point parler de ce qui regarde les autres ; de ne point croire aisĂ©ment tout ce qu’on entend; de ne se pas plaire Ă  faire de longs discours ; de dĂ©couvrir Ă  peu de personnes les secrets a Mstth. Ă  dtl toĂȘ cet r»- pli w ce ho Ă­ec iv tĂš ! ti ; É m ĂŹ ĂŹ Ă­ d K Ă - P. ! »kĂ . pks; '.litt ives n UiĂ­ vnJ Cift; Ej; snb fflllLV ĂĄlĂ­ic ib iitr. f? K 3 » de 287 de son cƓur ; de te rechercher & t avoir toujours devant les yeux comme celui qui connoit le fond de nĂŽtre cƓur ; de ne se pas laisser emporter Ă  l’inconstan- ce dĂšs paroles des hommes ; mais de souhaiter uniquement que tout se faste au-dedans & au - dehors selon le bon plaisir de ta sainte volontĂ© ! O ! l’assurĂ© moĂŻen pour conserver dans son cƓur la grĂące cĂ©leste, que de fuir tout ce qui a de l’apparence 8 c de l’éclat devant les hommes» 8 c de ne point dĂ©sirer les choses qui nous rendent remarquables 8 c recommandables au dehors ; mais plĂ»- tĂŽt de s’apliquer uniquement Ă  celles qui peuvent servir Ă  nous rendre meilleurs» 8 c Ă  augmenter la ferveur de nĂŽtre piĂ©tĂ© ! O ! combien y a-t-il de personnes Ă  qui leur propre vertu a Ă©tĂ© funeste pour avoir Ă©tĂ© connue 8 c louĂ©e mal Ă  propos ! Qu’il est avantageux de conserver la grĂące dans le silence en cette vie fragile, qui n’est qu une guerre & une tentation continuelle sur la terre ! 288 De l’ImitaĂŻion Chapitre XLVI. Laisse juger le monde , & voi ce que Dieu juge. l. It ON fils ! demeure ferme, & jLVJ. „ espĂšre en que font „ toutes les paroles des hommes que ,, du vent ? Elles battent 1 air, mais el- », les ne peuvent Ă©branler la fermetĂ© de „ la tu Ăšs vĂ©ritablement cov- ,, pable de ce qu’on dit de toi, prende ,, lĂ  occasion de t’en corriger ; & si tu », Ăšs innocent,pense Ă  soufrir avec joie ,, poiirl’amour de que tune ,, peux encore soufrir les coups, au „ moins apren Ă  soufrir quelquefois Ăź, des paroles. Pourquoi de si petites », choses tepiquent-ellesjusqu’au vif, ,, sinon parce que tuĂ©s encore charnel, ,, & que tuas plus d’égard auxhom- „ mes que tu ne devrois?Tu crains d’ĂȘ- „ tre mĂ©prisĂ© d'eux; & c’est pour cela ,, que tu ne veux pas qu’on terepren- ,, ne de tes fautes, & que tu cherches p, toĂ»jours des excuses pour les couvrir, a. Mais considĂšre toi mieux que tu AA n ĂąS »a 7 j. 46. 289 55 n’as fait jufqu’à prĂ©sent, & tu verras „ que ie monde vit encore dans toi,& „ que tu Ăšs encor ailes vain pour dĂ©- », sirerde plaire aux hommes. Tune », saurois mieux prouver que tu n’ùs », pas vraiement humble , que tu n’ùs „ pas mort au monde, & que le mon- yy de ne t’est pas crucifiĂ©, qu’en fu'Ă­ant, y, comme tu fais, d’ĂȘtre abaiffĂ©, d etre „ repris, & de recevoir de la confu- », sion de tes fautes. Ecoute donc ma „ parole autrement que tu n’as fait, 8c yy toutes les langues & les paroles ne yy te toucheront point. Di moi un peu, », quand le monde publieroit pour te », noircir tout ce que la calomnie peut », inventer de plus malin, quel mai te », feroient toutes ces mĂ©disances si tu », les laiĂ­ĂŹbis palier & emporter par le »> vent comme un peu de paille? En » tomberoit-il un cheveu de ta tĂȘte? ' Z. H est vrai que celui dont le cƓur» „ au lieu d’ĂȘtre appliquĂ© Ă  la considĂ©ra- „ tion de son intĂ©rieur, est tout rĂ©pan- », du au dehors,& qui n’a pas Dieu de- », vant les yeux,fe choque incontinent u de la moindre parole de blĂąme quon N yy Id Ăź90 De l’ Imitation ,, lui dir, mais celui quĂźaĂŻant renoncĂ© ,, Ă  son propre jugement, nes’apuĂŻe ,, que fur moi seul, ne craindra rien, ,, quoi que les hommes puissent dire ,, ou faire contre lui. Car je fuis le Ju- ,, gedetqus; je connois ce quiestca- ,, chĂ© dans les cƓurs de tous; je faĂ­ ,, comment toutes les choses fe font ,, passĂ©es;je connois celui qui a le tort, ,, & celui qui le soufre. J’ai permis que ,, tout ce qui t’a Ă©tĂ© dit & fait en cette ,, rencontre, arrivĂąt ainsi, aafinque ,, les pensĂ©es de plusieurs fe manifestassent. ,, Je jugerai le coupable & l’innocent ,, au dernier jour ; mais il m’a plu au- ,, paravant de sonder fun& lautre par ,, un jugement secret & cachĂ©. 4. Le tĂ©moignage que leshommes ,, donnent, eft trompeur; mais mon ,, jugement est vĂ©ritable, il est ferme, ,, & ne sera jamais renversĂ©. Il est ca- ,, chĂ©; &iln’ya que peu de gens qui - ,, voient comment je juge des hommes j ,, & des choses humaines bien autre- > „ ment que l’on ne pense ; nĂ©anmoins ,, il est fans erreur,& il ne fe peut trom- -, per, a I x>e Cfj.^6. 20l , per , quoi qu’il ne paroisse pas droit , auxyeux des insensĂ©s. C’est donc Ă  , moi que l’on doit avoir recours dans , tous les jugemens qui se peuvent fai- , re de toutes ks choses qui font fur la , terre, fans s’apuĂŻer fur son propre , sens. Le juste ne sera point Ă©fraĂŻĂ©, , quoi que Dieu permette qu il lui ar- , rive. Il ne se mettra point en peine , des jugemens injustes qu’on fera de , lui ; Lc ne se rĂ©jouira pas beaucoup , s’il voit que d’autres prennent son , parti pour le dĂ©fendre raisonnable- , considĂšre que [a je r uĂ» celui , qui sonde les cƓur s & les reins, & qui , ne juge point selon le dehors & se- , Ion ce qui paroit aux yeux des hom- , mes. Car trĂšs souvent j c blĂąme & je » condamneçe queleshommesjugent , bon & louable. f. Seigneur mon Dieu ! juste Juge, fort & patient, qui connois parfaitement la fragilitĂ© & la corruption des hommes, fois ma force & tout mon apui ; car ma conscience ne Ă­ufit pas pour me dĂ©fendre & pour me rendre N a inno- 00 Apo fl. ij. 2$2 DĂ©limitation innocent. Tu vois dans moi ce que je n’y vois pas moi mĂȘme ; c’est pourquoi j’ai sujet de m’humilier toutes les . fois que l’on me reprend & que l’on me blĂąme, & je dois fuporter tout avec douceur. O mon Dieu / pardonne moi tous les pĂ©chĂ©s que j’ai commis toutes les fois que je n’ai pas agi de la forte; & me fai la grĂące que dĂ©formais j’a- prenne mieux Ă  foufrir. Je recherche plutĂŽt l’abondance de tes misĂ©ricordes pour obtenir le pardon de mes pĂ©chĂ©s , que non pas la prĂ©fomtion de ma propre justice pour justifier ma conscience, dont je ne comtois pas bien la corruption. Ça Car quoique je ne me sente coupable en rien, je ne suis pas pour cela justifiĂ© . En Ă©fet, si fans avoir Ă©gard Ă  ta misĂ©ricorde , tu veux nous juger Ă  la rigueur, b nul homme ne fera justifiĂ© devant toi. & t’a'oaif* », ferais jusqu’à choisirais plĂ»- ,, tĂŽt d’ĂȘtre le dernier de tous que d’e- », tre prĂ©fĂ©rĂ© Ă  qui que ce puisse ĂȘtre. ,» Tu ne dĂ©sirerais ni les beaux jours ,, ni le bon tems de cette vie ; mais », tu aimerais mieux foufrir pour l’a- », mour de Dieu toutes les traverses », qu’il lui plairait de t’envo'ier. Tu », tiendrais pour un trĂšs grand avanta- ,, ge d’ĂȘtre mĂ©prisĂ© & tenu pour rien ,, entre les hommes. 4. O si tu trouvais du goĂ»t en tou- », tes ces choses,& qu’elles te touchas- », sent le cƓur'.Comment oserois-tu te ,, te plaindre tant soit peu de quoi qui ,, t’arrivĂąt? Quoi donc ! ne faut-il rien ,, foufrir, ou plutĂŽt,ne faut-il pas tout ,, foufrir pour la vie Ă©ternelle ? Est-ce ,, si peu de chose que de perdre ou d’a- „ quĂ©rir le RoĂŻaume de Dieu ? LĂšve N 4 les 2 , p 6 De ^Imitation j ,, les yeux en Ă  moi; re- ' [ ,, garde Ă  mes Saints, qui onĂź Ă©tĂ© dans 1 p „ ce monde en de grands combats, & ,, qui les ont soutenus avec courage, ^ m s. Voici ils font maintenantdans la joie jc dans la consolation; ils font dans t; ,, la seuretĂ© 8 C dans le repos, & ils de. Ăź „ meureront Ă©ternellement avec moi i ,, dans le Roiaume de mon PĂšre, i _________ ÂŁ Chapitre XLVIÏI. Parmi les maux prĂ©fens pense aux biens Ă  venir . I, HEUREUSE demeure de la citĂ© cĂ©leste! O jour lumineux de rĂ©ternitĂ©, que la nuit du pĂ©chĂ© n’ob» fcurcit point, mais que la vĂ©ritĂ© souveraine Ă©claire incessamment ! O jour de joie sainte & interminable ! jour assurĂ© contre les chutes & l’inconstance ! PlĂ»t Ă  Dieu que tu fusses prĂ©sent, & que ces choies temporelles fustent disparues ! Il est vrai que ceux qui font Ă­Ă ntifiĂ©s jouissent dĂšs ce monde de ta clartĂ© Ă©ternelle ; mais ils n'en jouissent que comme de loin ; ils n y participent que de Ci j. 48. 25 7 - que comme par le moĂŻen d’un miroir pendant qu’ils voiagent fur la terre. z. Il n’y a que les CitoĂźens de la JĂ©rusalem cĂ©leste qui connoisfentbien la joie dont elle est comblĂ©e , pendant que les EnĂ­ans d ! Eve gĂ©miĂ­lent dans le sentiment des peines & des amertumes de leur jours de cette vie mortelle font courts & mauvais, douleurs & de misĂšres. L’homme y est souillĂ© par une infinitĂ© de pĂ©chĂ©s, enchaĂźnĂ© par une multitude de pallions, tourmentĂ© par beaucoup de craintes, embarafĂ­e de mille soucis, dissipĂ© par la curiositĂ©, possĂ©dĂ© par la vanitĂ©, aveuglĂ© par Terreur, abatu par les travaux, accable parles tentations, amolli par les dĂ©lices, & tourmentĂ© par la pauvretĂ© &par la disette,. HĂ©las T quand ces maux siniront- ils pour moi? hĂ©las! quand í’erai-je dĂ©li- fĂ­vrĂ© de la malheureuse servitude des vices ? quand viendra le tems oĂč toutes choses Ă©tant oubliĂ©es pour moi, je ne penserai plus qu'Ă  mon Dieu, & ne me rĂ©jouirai plus que de mon Dieu?Quand Ă­erai-je dĂ©livrĂ© de mes chaĂźnes, de tous N 5 \ es 2$$ De i’Imitatios les obstacles que je trouve Ă  ma liberté» de ce qu il y a dans mon corps & dans mon ame qui m’empĂȘche d’ĂȘtre tout Ă  Dieu ? Quand aurai-je une paix solide avec Dieu j une paix qui ne puisse plus ĂȘtre troublĂ©e; une paix intĂ©rieure & extĂ©rieure ; une paix ferme & qui ne cesse jamais ? O! mon Sauveur trĂšs-misĂ©ri- cordieux , quand serai-je afermi dans la saintetĂ© parfaite pour voir ta face en justice ? Quand verrai-je rĂ©tablissement de ton RoĂŻaume dans moi & hors de moi ? quand seras-tu mon tout en toutes choses ! Quand serai-je uni Ă  toi dans le RoĂŻaume que tu as dĂ©stinĂ© dĂšs TĂ©ternitĂ© Ă  tes amis ? Regarde, je fuis ici abandonnĂ© comme un pauvre banni» vagabond dans une terre d’ennemis,oĂč la guerre est continuelle, & les maux fans mesure &Ă­Ăąns nombre. 4. Je ne soupire qu’aprĂšs toi, Seigneur ! console moi dans mon exil & modĂšre mes maux. Tout ce que le monde me peut prĂ©senter pour me rĂ©jouir m'est pĂ©nible. Je dĂ©sire ardemment de jouĂŻr de toi dans mon ame» mais je ne puis atteindre jusqu’à toi pour bi J. Chris r. Ch. 48. 299 pourt’embrasser. Je dĂ©sire de m’élevet & de m’attacher aux choses spirituelles & cĂ©lestes; mais les temporelles^ mes passions qui font encore vivantes, me traĂźnent eh bas, &m’ylient. Jevou- drois bien selon l’Esprit ĂȘtre Ă©levĂ© au dessus de toutes choseszmais la foibles- se de la chair me contraint d’y ĂȘtre soĂ»- mis malgrĂ© moi. Ainsi, misĂ©rable que je suis, je me combats moi-mĂȘme, &je fuis insuportable Ă  moi-mĂȘme, parce que l’eĂ­prit tend en haut > 6c la chair en bas. .5. O quelle peine ne Íoufre-Je pas lors que mĂ©ditant dans l’oraison des choses spirituelles & cĂ©lestes, je me vois tout d’un coup prĂ©cipitĂ© dans la boite des pensĂ©es terrestres & charnelles ! O mon Dieu 1 {a net Ă©loigne f oint de moi t ne te dĂ©tourne point de ton serviteur en ta colĂšre. Lance tes Ă©clairs & tes fou ‱= Ares , & dijfipe toutes ces illusions. Tire tes flĂšches , & dĂ©trui ces pensĂ©es ennemies. Uni tous mes sens Ă  toi ; fai moi la grĂące que j’oublie toutes les choses du monde, que je rejette & mĂ©- N 6 prise * P/. 2,7. v , 9> & iS, v. 15» ĂŹoo De l’ímitatioĂźj prise les premiĂšres impressions du pĂ©chĂ©, & qu’elles ssefacent incontinent dc mon esprit. VienĂ mon aide, VĂ©ritĂ© Ă©ternelle, afin oue je ne fois point Ă©branlĂ© par la vanitĂ© temporelle.. Plai sir chaste & divin, fai toi goĂ»ter Ă  mon ame, afin que TimpuretĂ© des plaisirs du monde s’évanouĂŻsse de devant toi. Par- donne-moi, mon Dieu ! St u st envers moi de misĂ©ricorde, toutes les fois que je pense Ă  autre chose qu a toi dans mes priĂšres. Je te confesse que c’est une faute qui m’arrive souvent. Souvent je ne fuis pas oĂč est mon corps ; mais mort esprit est ailleurs oĂč 1 Ă©garement de mes pensĂ©es & de mes inclinations m'entrainent; & ce qui me plait naturellement, ou que l'aceoutumance rn'a rendu agrĂ©able, se prĂ©sente souvent Ă­l aisĂ©ment Ă  moi. 6-, C’est pourquoi, ĂŽ VĂ©ritĂ© in créée! tu nous as dit en termes trĂšs - clairs , {a Oh est vĂŽtre trĂ©sor , lĂ  est auflĂŹ vĂŽtre cƓur. Si donc j’aime bien les choses spirituelles,' s’il est vrai que je prenne pour mon trĂ©sor les choses cĂ©lestes, j’y dois Manb, 6 bernacle de ton corps , afin que tu „ puisses contempler ma lumiĂšre Ă  ,, plein & fans obstacles , tu dois ou- ,, vrir ton cƓur, l’étendre, & em- j, brasser de tous tes dĂ©sirs cette sainte ,, inspiration. Ren grĂąces Ă  ma fou- „ veraine bontĂ©, qui daigne bien te ,, favoriser de la forte, te visiter si ,, agrĂ©ablement , t’animer par des s, mouvemens si vifs , t’éleverparune „ main si puissante , de peur que ta ,» propre pesanteur ne te fasse enfoncer ,, dans la terre. Pren bien garde que 5 > tu n’attribuĂ«s ces bons Ă©fets Ă  tes „ Ă©forts ou Ă  tes pensĂ©es ; car ils ne ,, viennent que de la pure mifĂ©ricor- ,, de & du bon plaisir de DieUjasin que „ tu prennes courage en t’avançant „ dans la saintetĂ© & dans f humilité» » hue ru te prĂ©pares sux combats Ă  ve- „ nir; sr Livr. III. Ch. 45. jof ,, nir,& que tu t’éforcespour t’attacher ,, Ă  moi de toutes les affections de ton „ cƓur, & pour m’obéïr avec une ar- „ dente volontĂ©. 2 . Mon fils! souvent le feu brĂ»le» », mais sa flamme ne monte pas fans „ fumĂ©e, jl y a aussi beaucoup de gens ,, qui poussent vers le Ciel des soupirs », brĂ»lans, qui nĂ©anmoins ne font pas ,, Ă©purĂ©s du malheureux Ă©gard Ă  eux- ,, mĂȘmes Lc Ă  la „ bien qu'ils demandent Ă  Dieu avec „ beaucoup d’ardeur & de zĂšle les cho- »> ses cĂ©lestes, leurs dĂ©lĂŹrs font impurs; „ parce qu’ils ne cherchent pas la feule „ gloire de Dieu d’une maniĂšre toute „ pure & toute dĂ©sintĂ©ressĂ©e. C’estun », dĂ©faut qui se trouve souvent dans tes „ priĂšres & dans les soupirs que tu m’a- ,, dresses avec tant d’ardeur &d’impor- ,, tunitĂ©; Car tout ce qui estinfectĂ© par ,, l'amourpropre & par l’égard au pro- ,, pre avantage, n’est ni pur, ni parfait, z. Demande moi, non pas les cho- „ ses qui te font agrĂ©ables & avanta- ,, geuses^mais celles qui me plaisent & „ qui font pour ma gloire ; car tu dois bien 3 z »4 De l'Imitation -, bien juger qu’il est juste que tu prĂ©~ ,> fĂšres ma volontĂ© Ă  tes dĂ©sirs Sc Ă  tout ,, ee que tu. souhaites j St que tu dois. ,, quiterl’égard Ă  toi pour suivre mon », bon-plaisir. Je saibien ce que tu dĂ©- s y sires, je vois bien aprĂšs quoi m scĂ»- » pires si souvent. Tu voudrois dĂ©ja » ĂȘtre dans Ăźa libertĂ© de la gloire des » enfans de Dieu-, ton plaisir seroit d’ĂȘ- », tre dans la maison de TĂ©ternitĂ© & dans » la cĂ©leste patrie qui est pleine de joie; „ mais l’heure n’est pas encore venue ; ». il y a encore un sems Ă  palier,un terris » de combat & de guerre ; un rems de. » travail 8c d Ă©preuve. Tu dĂ©sires d’ĂȘ- » tre rempli du souverain bien, mais » ce n’est pas en le dĂ©sirant par raport » Ă  ta volontĂ©. & Ă  ton avantage que » tu y atteindras. Le souverain bien. » est moi-mĂȘme & ma volontĂ© ; ?.t- » ten moi donc, atten ma volontĂ©> » juĂ­qu’à ce que leRoiaumede Dieu » vienne dans toi. 4 . Tu dois encore passer parbeau- » coup d’épreuves dans ce monde ; tu » y dois encore ĂȘtre exercĂ©en beaucoup » de rencontres. Quelquefois je te se- Ch. 45?. 505 „ rai sentir mes consolations ; mais il „ ne te fera pas donnĂ© d’ĂȘtre pleine- ,, mentraffasiĂ©. Fortifie toi donc,& sois ,; courageux, tant pour agir, que pour j, soufrir les choses qui font contraires ,, Ă  la nature. Tu dois te revĂȘtir de ,, rhomme nouveau ; tu dois ĂȘtre chan- „ gĂ© en un autre homme. Tu dois sou- ,, vent faire ce que tu ne voudrois pas; „ &ne pas faire ce que tu voudrois. ,, Tu verras rĂ©ussir les defleins & les „ dĂ©sirs des autres ; & que les tiens ne „ prospĂ©reront pas. On Ă©coutera ce „ que les autres disent ; & on ne te ,, voudra pas Ă©couter, ou bien on n’au- ,, ra point d’égard Ă  ce que tu auras dit. „ Les autres feront des demandes, & „ on leur accordera ce qu’ils veulent; „ mais pour toi, si tu en fais, on te ,, les refusera. 5. Les autres seront estimĂ©s & loties ,, partout; mais on ne dira rien de toi. ,, On donnera aux autres des charges „ & des emplois ; & on te laissera lĂ  ,, comme si tu n’étois utile Ă  rien. C’est 3, pourquoi la nature fera quelquefois 5, atristĂ©e dans ces rencontres ; & ce se- ;o6 Del’Imitation ,, ra beaucoup, si tu soufres ces choies ! ,, dans le silence. Or c’estpar ces cho- ,, ses, & par de semblables, que Dieu „ Ă©prouve la fidĂ©litĂ© de ses serviteurs, i, & qu’il leur veut aprendre Ă  rompre ,, si souvent & si universellement leur „ volontĂ©, qu’ils soient enfin dansle- ,, tat d’un renoncement vĂ©ritable. Il n’y ,, a rien en quoi tu aĂŻes plus de sujet de „ mourir par un vrai renoncement Ă  ,, toi-mĂȘme, que lors que tu Ăšs rĂ©duit ; ,, Ă  voir & Ă  soufrir des choses qui font } , contraires Ă  ta volontĂ©; & fur tout ,, lors qu'on te fait des comandemens 5 , qui te semblent peu raisonnables ou ,, peu utiles. Et parce quĂȘtant fous la „ domination d’un autre, tu n’oserois ,, rĂ©sister Ă  un plus puissant que toi, il ,, te paroit bien dur de te voir rĂ©duit Ă  „ te conduire selon la volontĂ© d’autrui, & Ă  quiter tes propres sentimens. 6 . Mais si tu pensois bien que ceux s» qui se soumettent de bon cƓur Ă  tou- ,, tes ces choses, verront bien-tĂŽt la fin ,, de leurs travaux, & jouiront d’une ,, trĂšs-grande rĂ©compense ; sans doute, ,, que tout cela nç te Ă­eroit pas si pesant, 2>e LĂŹv. III. C&- 49 * z 27 „ & que ta patience en deviendroitcou- „ rageuse. Car en quitant de bon cƓur „ ta chĂ©tive volontĂ©, tu en trouves une ,, autre toute cĂ©leste Lc Ă©ternelle, dans „ laquelle tous les vrais biens que tu „ Ă­aurois jarrtaĂ­s dĂ©sirer,son renfermĂ©s, ,, fans qu’on puisse avoir aucun sujet de „ craindre qu’ils s’en perde „ lĂ  que ta volontĂ© n’étant autre que „ ma volontĂ©, elle ne dĂ©sirera rien d'Ă©- „ tranger, ni rien de propre & de parti- ,, culier. C’est lĂ  que tu ne trouveras „ point de rĂ©sistance,point de plaintes, „ point d’obstacles, point d’oppositi- „ ons ; mais tous les biens que tu vou- ,» dras seront prĂ©sens ; ils combleront „ tes dĂ©sirs ; ils rempliront toute ton „ ame. C’est lĂ  que je rĂ©compenserai „ de gloire les oprobres que l’on aura 5 > souferts ; que je revĂȘtirai de joie „ ceux qui ont Ă©tĂ© dans les afflictions ; ,, & que ceux qui se sont mis au-desi- ,, sous de tous, seront assis dans un j, TrĂŽne pour rĂ©gner dans toute l’éter- „ nitĂ©. On verra lĂ  les fruits deì’o- ,, béïssance, & de la mortification du ,, vieil homme ; & l’humilitĂ© y fera ,, glorieusement couronnĂ©e, 7. zo8 DĂź l*Imitation 7. Humilie toi donc profondĂ©ment ,, sous la main de tous, & ne te mets j, point en peine qui aura dit ou com- ,, mandĂ© ce qu'on exige de toi. Mais ,, ticfee principalement de prende tout ,, en bonne part,& de faire de bon cƓur s, ce qui n’étant pas contre ma volonté» ,, est exigĂ© de toi, ou par tes supĂ©rieurs» „ ou par tes semblables, ou par desper- » sonnes qui te font infĂ©rieures. Que 5 , les uns recherchent ceci, & les autres ,> ceja ; que celui-ci se glorifie en cette », chose, & celui-lĂ  en une autre, & ,» qu’ils trouvent des millions de per- ,, sonnes qui les louent. Pour toi, mon », fils, ne mets ta joie dans aucun hom- », me, ni dans aucune chose particuliĂš- ,, re ; mais te mĂ©prisant toi-mĂȘme» ,, mets la dans ma feule volontĂ© 5t dans ,, magloite. lu dois dĂ©sirer seulement ,, que Dieu soit toujours glorifiĂ© dans », toi, soit par la vie, soit par la moru CĂ­IA de Ch. 50. 309 Chapitre L.. Dans fan abattement il faut qu’on fe rĂ©signe. mon Dieu! PĂšre O Saint ! bĂ©ni sori-tu maintenant 8c dans tous les siĂšcles ; car rien ria Ă©tĂ© fait que tu ne l’aĂŻes voulu ; & ce que tu Fais, est toujours bon. Que ton serviteur riait de joie que parce que ta volontĂ© se fait j & non la sienne & qu’il rien ait pour aucune autre chose. Il riy a point de vraie joie hors de toi, ĂŽ Seigneur ! ta volontĂ© est mon espĂ©rance & ma couronne, ma joĂźe & ma gloire. Qu’a ton serviteur si-non ce qu’il a reçû de toi, & encore sans savoir mĂ©ritĂ© ? Toutes choses font Ă  toi ; celles que tu as faites, 8c celles que tu as donnĂ©es. Pour moi, je fuis pauvre, & je languis dĂšs ma jeunesse dans mes travaux ; quelquefois mon ame s’atriste jusqu’à rĂ©pandre des larmes, & quelquefois elle fe trouble en elle-mĂȘmelorsqu’elle voit des maux qui font prĂȘts Ă  fondre fur elle, 310 De l’ Imitation 2. Je dĂ©sire la joie de ta paixq’afpi- re Ă  la paix que tu donnes Ă  tes enfans lesquels tu nourris dans la lumiĂšre de tes consolations. Si tu m’accordescette paix, 11 tu remplis ton serviteur de cette sainte joie, mon aine sera toute pleine d’allĂ©grcfle , Sc chantera tes louanges avec un transport merveilleux ; mais si tu te retires pour quelque teins, comme tu fais trĂšs-souvent, elle ne pourra plus courir dans la voie de tes comman» demens -, mais plutĂŽt la sentant afoi- blie, j’aurai sujet de m’abattre devant toi & de sraper ma poitrine,parce que je ne me verrai plus dans l’état oĂč jetois auparavant, lors que ton flambeau lui- soit sur ma tĂȘte, & que j’étois fous sombre de tes ailes Ă  l’abri de forage des tentations. 3. Et maintenant , ĂŽ PĂšre juste & toujours louable en tout ce que tu fais! l’heure est venue que ton serviteur doit ĂȘtre Ă©prouvĂ©. Mon trĂšs-aimable PĂšre ! il est bien juste que ton serviteur soufre quelque chose en cette heure pour l'a- mour de toi. PĂšre souverainement adorable ! voici sheure que tu as prĂ©or- don- de J. Christ. Lw. III. ; n donnĂ©e dĂšs l’éternitĂ©, en laquelle ton serviteur doit succomber au-dehors pour un peu de tems , asin qu’il vive toujours avec toi d’une vie intĂ©rieure. Il doit ĂȘtre mĂ©prisĂ©, humiliĂ© , abatu devant les hommes , accablĂ© d’affiic- tions & de langueurs, pour se relever avec toi au jour de la nouvelle lumiĂšre, & pour ĂȘtre rempli de la cĂ©leste clartĂ©. PĂšre Saint ! tu l as ainsi ordonnĂ©, tu l as ainsi voulu ; 8c ce que tu as voulu A Ă©tĂ© accompli. 4. O Dieu! tu me traites comme ton ami ; car tu ne fais qu’à tes amis la grĂące d’ĂȘtre prĂȘts Ă  soufrir, & d’ĂȘtre affligĂ©s pour l’amour de toi dans ce monde, en quelque maniĂšre que ce soit, & par qui que ce soit que tu permettes que l’affliction vienne. Rien ne se fait sur la terre sans ton conseil, fans ta providence, & sans une juste cause. ll niest bon, Seigneur ! que j’aĂŻe Ă©tĂ© affligĂ©, afĂŹn que j’aprenne tes commandemcns , & que je renonce Ă  mon orgueil & Ă  la bonne opinion que j’ai de moi mĂȘme. Il fest utile que mon visage ait Ă©tĂ© couvert Pfii9'V7t> I 312 De limitation vert de honte , afin que je cherche plutĂŽt ma consolation dans Dieu que dans les hommes. J’ai encore apris par cette conduite Ă  rĂ©vĂ©rer avec fraĂŻeur la profondeur de tes jugemens ; car quoi que tu affliges le juste aussi bien que le mĂ©chant, ce n’est pas fans Ă©quitĂ© & fans justice. f. O mon Dieu ! je te rens grĂąces de ce que tu ne m as point Ă©pargnĂ© dans mes pĂ©chĂ©s ; mais que pour mon salut tu m as chĂątiĂ© rigoureusement par les douleurs & par les amertumes dont tu m’as rempli au dedans & au dehors. Il n’y a rien fous le ciel qui puiiTe me consoler en cet Ă©tat ; il n’y a que toi seul, mon Seigneur & mon Dieu ! cĂ©leste mĂ©decin des Ăąmes , qui Ă­rapes & qui guĂ©ris, qui mĂšnes juĂ­ques auxportes de l’enfer, & qui en fais remonter. Que ta discipline soit fur moi, & que ta verge m’aprenne Ă  me bien conduire ! 6. PĂšre chĂ©ri, je me mets entre tes mains, &je m’humilie de tout mon cƓur sous la verge de ta correction paternelle. Drape fur moi; abaisse pat, tes coups ma tĂȘte orgueilleuse ; que most M Ă©tii dĂ©a k con w tefi k tn le ce T 1 i\ I x I E c i - i 0!f de ziz mon cou flĂ©chisse , & que ma volontĂ© u p; dĂ©rĂ©glĂ©e & inflĂ©xible se plie selon la 1S ?;; droiture de la tienne. Fai moi la grĂące d’ĂȘtre un de tes Disciples en piĂ©tĂ© & en ĂŻp humilitĂ©, tel que tu as coutume de ren- pi; dre tes bien-aimĂ©s, afin que je ne me conduise que par une dĂ©pendance continuelle de ta sainte volontĂ©. Je me re- ^ mets Ă  toi, moi & tout ce qui est en I,.’ moi, afin que tu me corriges. La cor- - 6 . tection est meilleure dans ce siĂšcle que >.s dans celui qui est Ă  venir. Tu fais tout ; j’i. tu connois tout en dĂ©tail ; tu pĂ©nĂ©tres .... les replis les plus secrets des conscien- ces de tous les hommes. Tu vois les choses Ă  venir avant qu’elles se fallen t, ’T & st n’est pas besoin qu’aucun t’informe “t & t’avertisse de ce qui se fait sur la terre. Tu sais ce qui est nĂ©cessaire pour mon ; avancement spirituel, & combien l’é- J xercice des afflictions m’est utile pour s nĂ©toĂŻer mon ame de la rouille & des tĂąches qu elle a contractĂ©es. Mon Dieu! Ăź agi avec moi selon ton bon-plaisir, 8c ; ne me rejette pointa cause de ma vie si ! ' souillĂ©e de pĂ©chĂ©s qui ne font parfaite- * ment connus que de toi. 7. Fai ji4 De i Imitation 7. Fai moi la grĂące, ĂŽ Seigneur! de savoir ce qu’il faut savoir ; d’aimerce qu’il faut aimer; de'louer ce qui test agrĂ©able; d’estimerce qui eslprĂ©cieux Ă  tes yeux ; & de mĂ©priser ce que tu mĂ©prises. Ne permets pas que je juge des choses par une vûë humaine & selon leur aparence,ou selon les raports 8des avis des hommes aveugles; mais que je juge des choses visibles & des invisibles par le dicernement spirituel de ta lumiĂšre vĂ©ritable ; & qu’en toutes choses & par deilus tout, je recherche 1 accomplis emen t de ta bonne volontĂ©. 8. Les hommes se trompent souvent en jugeant selon leur sens. Ceux qui font enchantĂ©s du monde se trompent en n'aimant que les choses visibles. Un homme en est-il plus grand, pour ĂȘtre estimĂ© par un autre homme ? Lors cju’un nomme lotie un autre homme, c est un trompeur qui trompe un autre trompeur, un vain qui en sĂ©duit un autre aussi vain que lui,un aveugle qui en fait acroire Ă  un aveugle, & un malade qui state un malade, & qui lui amasse un sujet de dĂ©shonneur & d’oprobre k 11 h ee J. Christ. TAvr. III, Z15 Ă©ternel, prĂ©tendant le combler de louanges & d’honneur. O ! Dieu que celui lĂ  a bien rencontrĂ© qui a dit Autant que chacun est devant tes yeux , autant efl-ĂŹl dans la vĂ©ritĂ©, & pat davantage. Chapitre LI. Jans la langueur d'esprit cherche les ceuvres humbles. TON fils! il n’est pas possible XVX ,, que l’ardeur du zĂšle & du „ dĂ©sir que tu sens dans toi pour le bien, „ y demeure en tout tems & fans inter- ,, ruption. Tunepeuxaussiteconfer- „ ver toujours ferme dans le haut dĂ©- j, grĂ© de la contemplation oĂč tu te „ trouves quelquefois ; mais la foi- „ blesse & la corruption de ta nature „ te met dans la nĂ©cessitĂ© de dĂ©cendre „ souvent vers les choses infĂ©rieures, „ & de sentir malgrĂ© toi & avec peine „ le fardeau de ta vie ,, que tu seras dans un corps mortel,tu ,, te sentiras sujet Ă  l’ennui & Ă  l’abat- „ tement de cƓur ; ce qui te doit faire ,, gĂ©mir sous la pĂ©santeur de ta chair O % tant zi6 De Ă­/Imitation „ tant que tu Ăšs liĂ© Ă  elle ; parce qu’el- „ le t’empĂȘche de t’attacher aux cho- „ ses spirituelles , & de te donner tout », entier 8i en tout tems Ă  la contem- „ plation des choses divines. 2 . Lorsque tu Ăšs dans cet Ă©tat d’a- ,, baisiement, il est bon pour toi que ,, tu t’appliques Ă  celles d’entre les », Ɠuvres extĂ©rieures qui font baffes & „ humbles, asin de dissiper cet ennui „ par de bonnes actions. Atten avec „ une ferme confiance que je re- „ tourne Ă  toi & que je te visite d’en- „ haut, & cependant suporte avec pa- », tienCe ton exil & la sĂ©cheresse de ton », Ame, jusqu’à ce que je vienne de », nouveau vers toi, & que je te dĂ©li— „ vrede toutes tes peines, jetemet- », trai dans la jouissance d’une paix qui », remplira tellement ton ame, que tu „ en oublieras tous tes travaux. J’ex- „ poserai Ă  tes yeux les beautĂ©s de mes >, Ecritures , afin qu’avec dilatation „ de cƓur tu commences Ă  courir dans », la voie de mes commandemens. », Alors tu diras, {a Les soufrĂąmes du tems a Rom. S . v, 18. de J. Christ. 517 „ terris prĂ©sent ne font point a contrepe- „ fer Ă  la gloire Ă  venir qui doit ĂȘtre rĂ©- „ velĂ©e en mus. Chapitre LII. Tu ne mĂ©rites rien, brise ton cƓur mauvais. ! je suis indigne de O tes consolations & de tes visites Ă­piricuĂ«lles ; c’est pourquoi tu me traites avec justice lors que tu me laisses dans la pauvretĂ© & dans la dĂ©solation de l’esprit. Quand bien mes yeux se foudroient en larmes devant toi- & que mes larmes Ă©galeroienrles eaux de la mer, je ne laisserois pas d’ĂȘtre toujours indigne de tes consolations. Je ne fuis digne que d’étre battu & puni ; parce que je t’ai souvent ofensĂ© par mes pĂ©chĂ©s , qui font grands & en grand nombre. Lors donc que je pense bien Ă  ce que je suis, je vois clairement que je ne mĂ©rite pas la moindre de tes faveurs. Mais toi, mon Dieu! parce que tu Ăšs infiniment bon & misĂ©ricordieux , & que tu ne veux pas laisser pĂ©rir l’ouvra- O Z ge 3 I 8 D E L I M I T A T 1 0 N ' ge de tes mains ; pour faire paroĂźtreles ** richesses de ta bontĂ© dans les vaisseaux nĂ­ de ta misĂ©ricorde,tu daignes venir con- ! VĂ­ solerton indigne serviteur d’une ma- 1 P' niĂšre incomparablement plus qu’hu- tJ que tes consolations font dif- i fĂ©rentes de celles que les hommes don- 1 nent par leurs belles paroles ! ] 2 . Qu’ai-je donc fait, Seigneur! qui ! t’engage Ă  me dĂ©partir quelque conĂ­o- j t lation cĂ©leste ? Je ne me souviens point ] d'avoir fait aucun bien ; mais plutĂŽt d’avoir toujours Ă©tĂ© portĂ© au mal, & lent & paresseux Ă  me corriger. Tout cela est trĂšs-vrai ; je ne le puis nier fans mensonge. Si'je disois autrement, tu t’élĂ©verois contre moi pour me convaincre de mon iniquitĂ© , & personne du monde n’oseroit & ne pourroit me dĂ©fendre. Qu’est-ce qui m’est dĂ» pour mes pĂ©chĂ©s, sinon TEnfer & le feu Ă©ternel \ Certes, ĂŽ Dieu ! je confesse in- i gĂ©nument devant toi que je fuis digne d’ĂȘtre le jouet & le mĂ©pris de toutes les crĂ©atures ; & que ce seroit Ă  tort qu on me mettroitau nombre des vrais ChrĂ©tiens & de tes serviteurs. Et quoi que ces db 319 ces paroles me semblent bien dures , nĂ©anmoins je ne puis ĂȘtre du cĂŽtĂ© de la vĂ©ritĂ© qu’en me convainquant de mes pĂ©chĂ©s, afin d’obtenir plus aiĂ­Ă«ment ta misĂ©ricorde. 3. Je suis un criminel ; j’en fuis tout confus ; quedirai-je? Je ne puis ouvrir la bouche que pour dire cette parole ; j’ai pĂ©chĂ©, Seigneur! j’ai pĂ©chĂ©; aĂŻe pitiĂ© de moi, & me pardonne! Acorde moi le tems de pleurer dans ma douleur avant que je dĂ©cende dans la terre de tĂ©nĂšbres, qui est couverte de sombre de la mort. Que demandes-tude plus d’un criminel & d'un misĂ©rable pĂ©cheur, sinon qu ils’humilie, &qu’il brise son cƓur dans la vuĂ« de ses pĂ©chĂ©s? Aussi lorsque le cƓur est vĂ©ritablement humiliĂ© & brisĂ©, on sent naĂźtre dans Tarne l’espĂ©rance du pardon, ia paix de la conscience, le recouvrement de la grĂące perdue, l’assurance contre la colĂšre avenir; & alors Dieu &l’ame pĂ©nitente se rencontrent, s’embraiĂŻent &se donnent le saint baiser de la paix. 4, L’humble contrition du coeur est devant toi, ĂŽ Seigneur ! un sacrifice plus » z 20 De l’Imita t ion pins agrĂ©able que l’odeur de l’encens & des parfums. C’est ce parfum prĂ©cieux que tu as voulu ĂȘtre rĂ©pandu fur tes pieds ; car tu n’as jamais mĂ©prisĂ© un cƓur vĂ©ritablement contrit & humiliĂ©. C’est lĂ  qu’est nĂŽtre refuge devant la colĂšre de nĂŽtre ennemi; & c’est par ce moĂ­en que l’on purifie & que l'on nĂ©- tore lame des souillures Lc des taches qu'elle avoit contractĂ©es ailleurs. Chapitre LIII. On ne fauroit mĂȘler la grĂące & l’amour propre. J.'^yĂŻ'ON fils! ma grĂące est un don XVJL fi prĂ©cieux, qu’elle ne peut 5> ĂȘtre mĂȘlĂ©e avec les choses Ă©trangĂš- ,, res, ni avec les consolations terrest- ,, res. Et partant fi tu la dĂ©sires, tu dois „ bannir de toi tout ce qui pourroit „ lui ĂȘtre un obstacle. Cherche toĂ»- 3 jours le secret ; aime Ă  ĂȘtre seul & ,, recueilli dans toi; & Ă©vite les dis- 3, cours & les entretiens des hommes, ,, rappliquant plutĂŽt Ă  t’entretenir ,, avec moi par des priĂšres ardentes; Lc V* Ă  DE III. Z2I „ Ă  conserver dans ton cƓur le fenti- „ ment de ton indignitĂ©, & la puretĂ© ,, de ta conscience. Tien le monde „ entier pour un rien ; & prĂ©fĂšre infi- ' ,, niment Ă  toutes les choses extĂ©rieu- „ res l’application Ă  Dieu. Iln’estpas „ possible que tu t’appliquesbien aux j> choses divines, & qu en mĂȘme tems j, tu prennes plaisir Ă  celles qui font ,, temporelles & qui pasient. Il te faut ,, retirer de ce qui t’cst le plus familier ,, & le plus cher, & vuider ton ame de „ toute la joie & la satisfaction quelle ,, peut prendre dans les choses tem- „ porelies, selon sexhortation que St. „ Pierre fait aux ChrĂ©tiens, d’ĂȘtre a ,, dans ce monde comms des vĂłiagturs & ,, des Ă©trangers, sabstenant de tout ce ,, qui pourroit embaraiTer. 2. O quelle confiance & quelle joĂźe , aura un homme au lit de la mort, , lors qu il n’a point le cƓur attachĂ© Ă  aucune des choses qui font au mon- 1 de ! Mais un esprit qui est infectĂ© de , la maladie du pĂ©chĂ© ne peut com- 1 prendre comment on peut ainsi avoir 0 S „ le a I, Pierre 2. v, II, 5 3 il Di l’Imitation I „ le cƓur sĂ©parĂ© de tout ; & shomme ,, animal & charnel ne sait ce que c’est ,, que la libertĂ© de shomme spirituel ,, & intĂ©rieur. NĂ©anmoins s'il veut j „ devenir spirituel, il doit nĂ©celĂŹaire- ' ,, ment renoncer tant aux Ă©trangers ,, qu’à ses proches, & se dĂ©fier de lui- ! ,, mĂȘme plus que de tous. Si tu te ,, vaincs parfaitement toi-mĂȘme, tu ,, surmonteras facilement tout le reste. ,, La plus grande & la plus parfaite vi- ! ,, ctoire est celle que son remporte sur ,, soi. Car celui qui se tient tellement „ sous le joug, que fa sensualitĂ© obĂ©is j, se Ă  la raison , & que sa raison m’o- ,, béíste en tout, est vraiment vain- ,, queur de soi-mĂȘme, & maĂźtre du ,, monde. z. Si tu veux atteindre Ă  cette haute ,, perfection , tu dois commencer avec „ courage & mettre la coignĂ©e Ă  lara- 5, eine del’arbre, afin de couper, d’ar- j, racher, de dĂ©truire cette inclination „ dĂ©rĂ©glĂ©e qui est cachĂ©e dans le plus j, secret de ton cƓur, laquelle t’attache s, toujours Ă  toi-mĂȘme, & te porte ,, vers un bien particulier, propre,sen- ,, iible de C/ , fible 8c matĂ©riel. Ce malheureux yi» , ce par lequel l’homme se tourne toĂ»- , jours vers foi-mĂȘme, & considĂšre tout par raportĂ  lui,est la racine qui , sait vivre & qui soutient tous les au- , tres vices que l’on doit abatte , si , bien que ce premier n’aura pas plĂ»- , tĂŽtĂ©tĂ©domtĂ© & retranchĂ©, qu’on se , trouvera dans une grande paix, 8c , dans une ferme tranquillitĂ©. Mais , parce qu'il y en a peu qui fafĂŹent , Ă©fort fur eux-mĂȘmes & pour se re- , noncer entiĂšrement, la plupart de- , meurent toujours liĂ©s & embaraĂ­sĂ©s , dans eux-mĂȘmes, fans avoir la liber- , tĂ© de s’élever en esprit au dessus , d’eux. Que si quelqu’un dĂ©sire de , marcher avec moi dans la vraie liber- , tĂ©, il doit nĂ©cessairement faire mou- , rir toutes ses inclinations mauvaises , & tous ses dĂ©sirs dĂ©rĂ©glĂ©s, & ne s’at- , tacher Ă  aucune crĂ©ature par affe- , ction, 8c par un amour propre 8c par- , titulier. Z24 De t.’ Imitation Chapitre LIV. "La grĂące & la nature ont des motifs contraires. I. IV % On fils ! tĂąche Ă  biendicerner XVJL „ dans toi les mouvemens „ de ia Nature d’avec ceux de la Gra- ,, ce, car quoi que ces deux principes ,, soient bien contraires , nĂ©anmoins ,, leur dicernementesttrĂšs-dĂ©licat,&Ă  s, peine se peut-il faire Ă  moins qu'on 3, ne soit bien spirituel & bien Ă©clairĂ©. 3, Il est vrai que tous les hommes dĂ©si- 3, rent le bien, & qu’ils ne disent & ne 3, font rien sans se proposer, Ă  ce qu’ils s, disent, lehien pour objet & pour 3, fin j mais ce prĂ©texte du bien a trom- 3, pĂ© une infinitĂ© de gens. - 2. La nature est rusĂ©e & artificieuse; 3, elle entraĂźne la plupart des hommes; 3, elle les amorce ; elle les sĂ©duit ; elle ,, les engage dans ses filets ; & elle a 3, toujours pour fin de se satisfaire elle- 3, mĂȘme. Mais la grĂące marche dans 3, la simplicitĂ©elle Ă©vite les moindres ,, apparences du mal ; elle ne se sert „ point de J. Christ, Cb> 54. 52s „ point d’artifices & de dĂ©guisemens j ,, & elle fait tout pour Dieu d’une ma- ,, niĂšre pure & dĂ©sintĂ©ressĂ©e , n’aĂŻant ,, que Dieu seul pour motif, & Ă­Ă« j, reposant en lui seul comme en sa fin „ souveraine. z. La nature ne veut point de mor- ,, tification ni de sujĂ©tion. Mais lagra- ,, ce fait que Ton s’éforce Ă  se mortifier ,, soi-mĂȘme; que son rĂ©siste auxinclĂ­- j, nations charnelles; qu on cherche Ă  „ Ă­e soumettre, qu’on dĂ©sire de se vain- ,, cre ; Sc qu’aulieu de jouir d’une li- ,, bertĂ© propre, on aime Ă  ĂȘtre tenu ,, sous la discipline ; qu’on ne dĂ©sire „ point de maĂźtriser personne ; mais „ que plutĂŽt on se soumet Ă  Dieu pour ,, depĂ«dre universellement de lui Ă  l’é- ,, gard de la vie, du mouvement, & de „ sĂȘtre; & que Ton est prĂȘt Ă  s’assujĂ©- ,, tir par humilitĂ© Ă  toute crĂ©ature hu- ,, maine selon la volontĂ© de Dieu, 4. La nature travaille pour Ă­Ă  pro- „ pre commoditĂ©, & elle regarde toĂ»- „ jours quel bien & quel avantage lui ,, pourra revenir de ce qu’elle „ la grĂące au contraire aĂŻant fermĂ© les O 7 „ yeux z 26 De lImitatioĂźt „ yeux Ă  son avantage & Ă  ses commo» ,, ditĂ©s, ne regarde que ce qui est utile ,, & commode Ă  l’avancement de plu- „ sieurs. f. La nature prend plaisir Ă  ĂȘtre ho- » norĂ©e & respectĂ©e ; Mais la grĂące fait ,» qu’on se dĂ©pouille de toute gloire & ,, de tout honneur pour les rendre fi- ,, dĂ©lement Ă  Dieu seul. 6 . La nature craint la honte & le » mĂ©pris. La grĂące au contraire se rĂ©- „ jouit de soufrir des oprobres pour „ l’amour de JĂ©sus-Christ. 7 . La nature aime l’oisivetĂ© & le re- ,, pos du corps; Mais la grĂące ne peut ,, demeurer oisive, elle embrasse de „ bon cƓur le travail & les peines. 8 . La nature recherche les choses ,, belles & rares, elle a de l'aversion ,, pour ce qui est vil, commun & gros- „ fier. Mais la grĂące se contente des ,, choses les plus simples & les plus ,, basses; elle ne rejette point celles ,, qui font rudes ; 8c au lieu de cher- ,, cher d’ĂȘtrevĂ©tuĂ« avec luxe Scavec ,, mollesse , les habillemens les plus ,, grossiers Sc les plus usĂ©s lui fuissent „ pour fa couverture, 9, La de Livr. III. LL. 54 . 3 2 7 5». La nature a grand Ă©gard aux cho* ,, ses temporelles, elle se rĂ©jouit d’un gain d'argent;elle s'afflige d’une per- ,, te de mĂȘme nature ; & elle se fĂąche ,, pour la moindre injure qu’on lui sas- ,, se. Mais la grĂące n’a Ă©gard qu’aux ,, choses Ă©ternelles; elle est dĂ©tachĂ©e ,, des temporelles; elle les peut per- ,, dre toutes fans se troubler ; toutes j^les paroles les plus injurieuses du ,, monde ne l’irritent point. Son trĂ©sor ,, Lc sa joie sont dans le Ciel, oĂč rien „ ne pĂ©rit & ne peut ĂȘtre attaquĂ©. 10. La nature est avare; elle aime „ mieuxrecevoir que donner ; elle ai- j, me un bien qui lui soit propre & ,, particulier; Mais la grĂące est chari- ,, table; c est comme une fontaine pu- ,, blique qui se rĂ©pand par tout; elle ,, communique ce qu’elĂŹe a; elle Ă©vi- ,, te la propriĂ©tĂ© ; elle se contente de ,, peu; elle juge a qu’ileßplus heu- „ r eux de donner que de recevoir , n. La nature nous fait toujours ,, pancher vers les crĂ©atures; elle nous ,, porte Ă  bien traiter nĂŽtre corps , Ă  ,, nous divertir, Ă  nous promener & Ă  u couss . v. z;. Z 28 De l’Imitation 1 „ courir de cĂŽtĂ© & d’autre. Maisla „ grĂące tire le cƓur Ă  Dieu & Ă  la ver- » tu ; elle quite les crĂ©atures ; elle fuit ,, le monde j elle a en horreur les plai- „ Ă­lrs du corps; elle retranche tous les j s, entretiens & toutes les visites mon- ,, daines, & elle se fait une peine de ' „ paroĂźtre en public. 12. La nature a volontiers quelque „ chose d’extĂ©rieur oĂč elle puisse ch$r- „ cher quelque sujet de joie & quelque ,, plaisir sensible. Mais la grĂące ne cher* „ ehe fa joie qu’en Dieu seul ; &s’éle- ,, vant au-dessus de toutes les choses „ visibles, elle ne trouve son plaisir „ que dans le souverain bien. I J. Tout ce que la nature sait est s, pour son gain & son propre intĂ©rĂȘt; ,, elle ne peut rien faire gratuitement. ,, Si elle donne quelque chose, c est ,, pour en recevoir ou autant, ou da- ,, vantage, ou pour en ĂȘtre louĂ©e, ou ,, pour se faire aimer ; elle est bien aise „ que l'on considĂšre beaucoup ce qu’- ,, elle a fait & ce qu’elle a donnĂ©. Mais „ la grĂące ne cherche rien de temporel; 5, elle ne demande nulle autre rĂ©compense de Livr. III. Cb .f 4. 32,9 ,, pense que Dieu seul ; & elle ne dĂ©si- ,, re les biens temporels les plus nĂ©ces j, Ă­aires, qu autant qu’ils peuvent ser- ,, vira Inquisition des biens Ă©ternels. 14. La nature se rĂ©jouĂźt d’avoir beau- „ coup d’amis & de parents considĂ©ra- „ blĂ©s j elle se glorifie d’ĂȘtre de bonne ,, Maison, & de famille noble; elle a ,, de la complaisance pour les puiĂ­san- », ces de la terre ; elle flate les riches ; », elle n’aplaudit qu’à ses semblables. », Mais la grĂące aime ses ennemis; elle », ne s’élĂšve point d’avoir un grand », nombre d’amis j elle ne regarde p oint », la qualitĂ© des Maisons ou de la nais- », sauce, mais la vertu ; elle favorite », plutĂŽt le pauvre que le riche ; elle est », plutĂŽt du cĂŽtĂ© des innocens que de », celui des puiffans ; elle aime les per- », sonnes vĂ©ritables & simples, &sere- », tire de celles qui font doubles 3 c », trompeuses. Elle exhorte toujours », les bons Ă  croĂźtre en grĂąces, & Ă  de- ,, venir semblables au Fils de Dieu par », limitation de ses vertus. if. La nature se plaint dĂšs quequel- ,, que chose lui manque ou TinquiĂšte. ,, Mais zzo De limitation ,, Mais la grĂące soufre avec constance ,, la destitution de toutes choses. 1 6 . La nature raporte tout Ă  elle mĂȘ- ! ,, me ; elle se dĂ©fend; elle s’opposeĂ  ,, ceux qui lui contredisent. Mais la ,, grĂące raporte tout Ă  Dieu,parce que 55 tout vient de lui; ellelnes’atribuĂ« ! 55 aucun bien ; elle n’est pas arrogante j 55 ni pr'Ă©somptueuse;elle ne dĂ©bat point, i 55 elle ne prĂ©fĂšre point son opinion Ă  55 celle des autres ; mais elle soumet 55 toutes ses pensĂ©es 8Ă­ tous ses juge- 55 mens Ă  la sagesse Ă©ternelle & au ju- 55 ment de Dieu. 17. La nature dĂ©sire de connoĂźtre les 55 choses cachĂ©es, & d’ouĂŻr celles qui 5, font nouvelles ; elle aime Ă  paroĂźtre ,5 au dehors, & Ă  se convaincre de tout 5, par ses sens; elle dĂ©sire d’ĂȘtre con- „ nuĂ«, &d’agir pour s’atirer les loiian- 5, ges & l’admiration des homes. Mais 5, la grĂące ne dĂ©sire point de savoir les ,, choses nouvelles & curieuses, parce ,, que ce dĂ©sir vient de nĂŽtre premiĂšre ,, corruption,& qu’il n’y a rien de nou- ,, veau & de durable fur la terre. Elle ,, nous aprend donc Ă  rĂ©frĂ©ner nos sens, de Cb.^. ZZI „ Ă  n’avoir ni vaine complaisance, ni „ ostentation; Ă  cacher par un princi- „ pe d’humiiitĂ© les choses louables Sc ,, les dons particuliers que l’on pour- „ roit admirer en elle; & Ă nechercher ,, rien du tout que ce qui peut porter „ du fruit, & servir Ă  la louange & Ă  la „ gloire de Dieu. Elle ne dĂ©sire point „ qu’on la lotie, ni qu’on vante ce qui ,, lui apartient ou qui vient d’elle;mais ,, elle souhaite que Dieu soit bĂ©ni dans ,, ses dons ; parce que c’est lui qui don- ,, ne tout par une pure bontĂ©. 18 . Cette divine GrĂące est unelu- ,, miete toute surnaturelle ; c’est un „ don tout particulier de Dieu ; c’est le „ vrai seau des Ă©lus, & le gage de leur „ salut Ă©ternel ; elle Ă©lĂšve l’homme au- >, dessus des choses de la terre pour lui „ faire aimer les choses cĂ©lestes ; 8c ,, d’homme charnel qu’il Ă©toit aupara- ,, van t, elle en fait un homme ipiricuĂ«l. „ Plus donc la nature est domtĂ©e 8c „ vaincue, plus la grĂące est donnĂ©e „ avec abondance ; & l’homme intĂ©- „ rieur se rĂ©nouvellant de jour en jour, „ se rĂ©forme selon l’image de Dieu; parce vl ZZ2. De l’ Imitation >, parce que Dieu se communique Ă  ,, lui de plus en plus. [Op leslw Chapitre LV. Sans la grĂące de Dieu nous ne pouvons rien faire. lente pĂ­,! me,' 1 ’ " Bi K Obi Seigneur & mon Dieulqui X v JL m’as créé Ă  ton image & Ă  ta ressemblance , donne moi, je te prie, cette GrĂące, que tu viens de me faire voir si puissante & si nĂ©cessaire pour le Ă­Ă lut, afin que par elle je surmonte la grande corruption de ma nature , qui m’entraĂźne dans le pĂ©chĂ© & dans la perdition. Car je sens que la Loi du pĂ©chĂ© est dans ma chair, qu’elle combat la loi de TeĂ­prit, & qu’elle me rend captif pour me faire obĂ©ir en beaucoup de choses Ă  ma sensualitĂ©. Je ne puis rĂ©sister Ă  mes passions/i ta sainte GrĂące rĂ©pandue dans mon cƓur ne m’anime & ne me donne la force de les vaincre. 2. J’ai besoin de ta grĂące puissante pour vaincre ma nature qui est panchĂ©e vers le mal dĂšs ma jeunesse. Car la nature Ă©tant tombĂ©e Sc souillĂ©e par le pĂ©chĂ© „ fo. I te j fcc- ! Cn i T U dt A I * 1 Ăźi I I os de J. Chris t. Li-vr . III. Ch. f p. z; ; maie; Ă s dans le premier homme , la corruption est tellement passĂ©e dans tous , les hommes, que cette nature, que tu avois créée bonne & droite , est non seulement avec justice apellĂ©e corrom- puĂ«, mais elle signifie la corruption mĂȘme, pour montrer que lors quelle est abandonnĂ©e a elle-mĂȘme , elle ne tend ' qu au mal & Ă  l’amour des choses bas- Ă H ses. Le peu de forces qui lui font re- fiĂ©es n’est qu une Ă©tincelle qui est cachĂ©e & couverte fous beaucoup de cendres. Cette Ă©tincelle est fa raison naturelle, qui a encore le dicernement du bien & > s du mal, du vrai & du faux ; mais qui est environnĂ©e de beaucoup de tĂ©nĂšbres, ~ qui n’a pas la force de faire le bien qu’- elleaprouve, qui ne peut jouir Ă  plein de la lumiĂšre de la vĂ©ritĂ©, ni rĂ©gler ses - affections Sc ses passions. J. De lĂ  vient, mon Dieu! a que je prens plaisir Ă  ta Loi selon l'homme intĂ©rieur , parce que je sai que ton com- , mandement est bon , juste, 6c saint, qu’il condamne tout le mal, & qu’il veut que l’on fuie le pĂ©chĂ© ; mais je suit -r iZ. rr. rs. 334 De l’Imitation vr U suis encore soumis Ă  la Loi du pĂ©chĂ© selon la chair ; parce que j'obĂ©'is plĂ»tĂŽt Ă  la sensualitĂ© qu’à la raison ; le vouloir est bien attachĂ© Ă  moi , mais je ne trouve pat le mĂłien d'exĂ©cuter le bien. De lĂ  vient que je me propose souvent de faire beaucoup de bien ; mais parce que ta grĂące me manque, & qu’elle ne vient pas secourir ma foibleise, il ne faut que la moindre rĂ©sistance pour rompre tous mes bons desseins. De la vient encore que j’ai beau connoĂźtrela voie de la perfection , & voir clairement ce que je dois faire, je demeure nĂ©anmoins toujours plongĂ© dans ma corruption, fans m’élever vers ce qui est le meilleur S C le plus parfait. 4. O mon Dieu ! que ta grĂące m’est nĂ©cessaire pour commencer le bien, pour le continuer, & pour l’ñchever! Sans elle je ne puis rien faire, mais lors a quelle me fortifie , je puis tout en toi. O grĂące vraiment cĂ©leste, fans laquelle il n’y a point d’Ɠuvres qui soient bonnes , ni de dons de la nature qui soient estimables! Les arts, les richesses, la beautĂ©, beau ne [ost Ă­ M font toc clllOS dtlefrt jcaks dĂ­liPi faul! ni pu 15 rire & ne te font pas agrĂ©ables, fans la grĂące de ta charitĂ© & de ton Amour. . O heureuse grĂące ! qui enrichis de vrais biens celui qui est pauvre d’eĂ­prit, & qui fais que celui qui a beaucoup de dons & de biens est toujours pauvre & humble de cƓur! Vien, dĂ©cen dans moi,rempli moi dĂšs le matin de ta joie ; de peur que mon ame toute foible & toute sĂšche, ne tombe dans la dĂ©faillance, Je te prie, mon Dieulfai que je trouve grĂące de vant tes yeux. Ta grĂące me fufit, quand bien toutes les autres choses que ma nature dĂ©sire me manque- roient, ?Z6 De l’ Imitat o N roient. Que je sois tentĂ©, que je fois attaquĂ© de beaucoup de maux , je n’en craindrai pas un seul, si seulement ta grĂące est avec moi. Elle est ma force j elle est mon conseil & mon secours. Elle est plus forte que tous mes ennemis j & plus sage que tous les sages du monde. 6. Elle est la MaĂźtresse de la VĂ©ritĂ©, Ja rĂšgle de labonne conduite, la lumiĂšre du cƓur,la joie des oppressĂ©s ; elle bannit la tristesse ; elle chasse la crainte; elle nourrit la piĂ©tĂ©; elle fait de nos yeux une fontaine de larmes. Quesuis-je fans ta grĂące, ĂŽ Seigneur! finon un bois tout sec , un tronc inutile qui n’est propre qu’à ĂȘtre jettĂ© dans le feu? Faidonc, mon Dieu ! que ta grĂące me prĂ©vienne toujours, & quelle m’applique toujours Ă  faire de bonnes Ɠuvres, par J. Christ ton Fils, nĂŽtre Seigneur. Amen ! Chapitre EVI. Shiite toi , fui ffcfus , pron fa croix, & i'imite, I. T ON fils ! tu entreras dans moi IVJl Ă  mesure que tu sortiras de toi. ce $ 6 . 337 s, toi, en renonçant Ă  „ me lors qu’on ne dĂ©sire rien d’extĂ©- „ rieur ; on voit naĂźtre la paix dans „ l’intĂ©rieur ; ainsi lors qu’on se quite ,, intĂ©rieurement & du fond du cƓur , „ on s’unit Ă  Dieu trĂšs Ă©troitement. Je „ veux que tu aprennes le renonce- „ ment parfait & absolu, & que tu ne », suives plus que ma feule volontĂ© „ fans contredit & fans murmure. Sut », moi, a je fuit le chemin , la vĂ©ritĂ© & „ la vie. Sans chemin tu ne peux mar- „ cher; fans vĂ©ritĂ© tu ne peux rien con- ,, noĂźtre ; fans vie tu ne faurois vivre, ,, Je fuis le chemin que tu dois suivre ; ,, la vĂ©ritĂ© que tu dois croire ; & la vie „ que tu dois espĂ©rer. Je fuis Ze chemin ,» trĂšs-affurĂ©; la vĂ©ritĂ© infaillible; & la ,, vie qui ne peut finir. Jefuis lechemitt », trĂšs-droit ; la vĂ©ritĂ© souveraine ; 8c », la vie vĂ©ritable, heureuse & incréée, », Si tu demeures dans ce chemin tu con» „ noĂźtras b la vĂ©ritĂ© ; & la vĂ©ritĂ© », fafranchira ; Sc tu recevras la vie „ Ă©ternelle. t. } P I z;8 De l’Imitatiok 2 . {a Si tu veux entrer dans la vie, „ garde les commandtmens. Si tu veux „ connoĂźtre la vĂ©ritĂ©, croi en moi.bSi », tu veux ĂȘtre far fait, ven tout ce que tu », as. Si tu veux devenir mon disciple, rc - „ nonce Ă  toi-mĂȘme. Si tu veux jouir de „ la vie vraiment heureuse , mĂ©prise », la vie prĂ©sente. Si tu veux ĂȘtre exal- „ tĂ© dans le Ciel,humilie toi sur la ter- „ re. Si tu veux rĂ©gner avec moi; por- », te la croix avec moi ; car ceux-lĂ  „ seulement trouveront le chemin de la », bĂ©atitude & de la vĂ©ritable lumiĂš- „ re, qui se seront soumis Ă  la croix. z. JESUS mon Seigneur! puis que ta vie a Ă©tĂ© si mortifiĂ©e, si pĂ©nible, & si mĂ©prisĂ©e du monde, fai moi la grĂące que je t’imite en voulant bien que le monde me mĂ©prise. Car c le Serviteur liest, pas plus grand que son Seigneur , ni le disciple par dessus son maĂźtre. Que ton serviteur 'exerce dans l'imitation de ta lĂ inte vie, car mon salut &la vraie saintetĂ© se trouvent en elle. Tout ce que je lis ou que j’entens hors d’elle, ne me Ă­ st Matth. ip. v. 17. r Matth. 10. V. 14. h Luc. 9. ». LZ. de f 6 . zzz me rĂ©jouĂźt & fne me satisfait point entiĂšrement. 4. MON fils ! puis que tu as lu & „ que tu fais bien ce que j’ai dit & ce „ que j’ai fait, tu Ça seras bien-heu - ,, r eux fi tu pratiques ces choses. Celui ,, qui a mes commandemens & qui les gar- „ de, cefi celui-lĂ  qui ni aime; & ce- „ lui qui m'aime, fera aimĂ© de mon PĂš- ,, re, & je iaimerai & me rĂ©vĂ©lerai Ă  lui; j, & je le ferai asseoir avec moi dans le », Roiaume de mon PĂšre. 5. JESUS mon Dieu! accompli, s’ilte plait, dans moi toutes les choses que tu viens de dire & de promettre. J'ai receu la croix de ta main ; jel'ai embrassĂ©e; je la porterai jusqu’à la mort toute telle qu’il t’a plĂ» de me Tim- poser. La vie d’un vrai ChrĂ©tien est une croix ; mais c’est une croix qui mĂšne Ă  Dieu. J’ai commencĂ© une fois;il ne m'est pas permis de retourner en arriĂšre, & encore moins de quiter ce bon chemin. 6. Prenons courage, mes frĂšres, marchons, avançons tous ensemble ; P L JĂ©sus > ,» dans le fond du cƓur, serabien-tĂŽt b „ apaisĂ©e si tu implores le retour de ma i * „ grĂące. Je fuis encore vivant, dit le ,, Seigneur, je fuis tout prĂȘt de t’aidet R „ & de te consoler extraordinairement sb ,, si tu te fies fur moi, & si tu m’invo- ter 5, ques avec ardeur. ' ib Z. Soumets toi donc patiemment Ă  ^ „ ces traitemens, sachant bien qu’il est ^ », juste que tu les soufres j & mĂȘme ^ „ prĂ©pare toi Ă  en soufrir de plus durs. 111 ,, Si tu te vois souvent affligĂ© & tentĂ© ^ ,, violemment, ne t’imagine pas que ^ „ tout soit perdu pour es hom- ^ „ me, Lcnon pas Dieu; l'uĂšschair, ^ „ & non pas un pur Esprit comme „ l’Ange. Comment pourrois-tutoĂ»- „ jours demeurer dans un mĂȘme Ă©tat j > „ de force & de vertu, vĂ» que FAnge », dans le Ciel, &l’homme dans lePa- j „ radis, ont Ă©tĂ© sujets Ă  l’inconstance ? „ C’est moi qui rĂ©lĂšve & qui guĂ©ri », ceux qui gĂ©missent dans leur lan- , ,, gueur, de C&.58. Z4Z ,, langueur, & qui Ă©lĂšve Ă  la participa- „ tion de ma divinitĂ© ceux qui con- „ noissent bien leurs infirmitĂ©s. Q]JE ta parole, ĂŽ mon Dieu ! soit benite Ă  jamais ! a elle est plus douce Ă  ma bouche que le miel le plus excellent & le plus pur. Que deviendrois-j e dans mes afflictions & dans mes maux les plus pressants, si tu ne me fortifiois par cette sainte parole ? QuenVimporte-t- il donc dĂ©sormais que je doive soufrir beaucoup, ou de quelle maniĂšre, & quels maux je soufre, pourvu qu’enfin j’arrive au port du salut ? Seigeur ! fai moi la grĂące que j’achĂšve saintement ce qui me reste de vie ; & que je passe heureusement de ce monde Ă  toi ! Mon Dieu ! souvien toi de moi, & me con- dui dans le chemin qui mĂšne le plus droit Ă  ton RoĂŻaume ! Amen ! 00 P/-19. v- u. Chapitre LVIII. RefpeUe en te taismt ce que Dieu t'a cachĂ© . 1. Tk M ON fils! abstien toi de dis- XVA. ,, puter & de discourir sur P 4 „des ĂŹĂŹ II 344 Dr l’Imitation ,> des matiĂšres sublimes & Ă©levĂ©es, 8c ,, fur les secrets jugemens de Dieu ; ,, pourquoi ilabanaonne Tun,&pour- „ quoi il Ă©lĂšve f autre Ă  une si grande ,ti ,, grĂące. Pourquoi un tel est si affligĂ©, „ & cet autre Ă­i Ă©levĂ© & si content. „ Toutes ces choses passent l’csprit de „ l'homme ; il n'^ a dispute del'Eco- „ le ni raison humaine qui puisse pĂ©nĂ©- „ trer les jugemens de donc „ que Satan t’incite Ă  cela ; ou que 5 , des hommes curieux t’interrogent », fur ces sortes de sujets, donne leur „ pour rĂ©ponse cette parole du ProphĂš- ,, te, a Tu Ăšs juste, ĂŽ Eternel ! & tous ,, tes jugemens font justes! Et cette autre; ,, b Les jugemens de Ă­Eternel font la ,, vĂ©ritĂ© mĂȘme; ilsfe trouvent Ă©galement ,, justes , On doit trembler Ă  l’aĂ­pect ,, de mes jugemens , & non pas les ,, examiner; parce qu’ils font incom- „ prĂ©hensibles Ă  TEÍprit de l’homme, 2 . Ne te mĂȘle pas aussi dans des ,, disputes touchant les dĂ©grĂ©s de la », dignitĂ© des Saints, savoir, si f un „ est plus saint que f autre. Si celui- ,, ci a P/. IIP. v. IZ7. b. Ps. Ip. ». 10. Ăź de Cb. yS. Z45 „ ci est plus grand que cet autre dans ,, le RoĂŻaume de Dieu. Tout cela ne ,, produit que des dĂ©bats & descon- ,, tentions, & ne sert qu’à nourir l’or- ,, gueil & la vaine gloire , qu’à ex- „ citer des jalousies & des diflentions s, fur la prĂ©fĂ©rence que chacun donne s, au parti qu’il embrasse, & que par „ un principe de vanitĂ©, il veut faire „ triompher. Ces recherches Ă­bnt Ă­nu- ,, tiles,& mĂȘme dĂ©sagrĂ©ables aux vrais 5, Saints, aussi bien qu’à moi, qui ,, ne fuis pas un Dieu de distendons, „ mais un Dieu de paix ; & cette paix ,, ne consiste pas en ce que l’on s’élĂšve ,, soi-mĂȘme, mais en ce que l’on s’a- n fermisse dans la vraie humilitĂ©. Z. Combien y a-t-il de gens qui par „ un zĂšle humain, & non pas divin,Ă­Ăš „ sentent plus portĂ©s d’estime &d’af- „ feéÏion envers quelques-uns de mes ,, Saints, qu’envers quelques autres ? ,, Cependant c’est Ă  moi, qu’il faut „ avoir moi qui les ai tous ,, créés; c’est moi qui leur ai donnĂ© Ă  3, tous ma grĂące; c’est moi qui les ai tous remplis de gloire ; c’est moi qui P 5 3, con- Z46 De lImitatio» „ connois leurs Ɠuvres ; c’est moi qui ,, les ai prĂ©venus par mes bĂ©nĂ©dictions, », & qui les ai atirĂ©s par mes douceurs », cĂ©lestes. C’est moi qui ai connu par ,» ma prescience mes bien-aimĂ©s avant „ tous les siĂšcles ; & qui les ai choisis „ du monde ; car ce n’est pas eux qui », m’ont les ai appellĂ©s par ma », grĂące, atirĂ©s par ma misĂ©ricorde, a- », menĂ©s jusqu’à moi parmi beaucoup », de tentations. Je leur ai donnĂ© des ,, consolations inĂ©fables, une persĂ©ve- S , rance constante , Lc une couronne », pour leur patience. 4. Je les prĂ©connois tous 5 je les ai- »» me tous d’un amour indicible. Je „ dois ĂȘtre louĂ© dans tous mes Saints, », bĂ©ni & glorifiĂ© dans ceux que j’ai », prĂ©destinĂ©s & apellĂ©s Ă  la gloire,fans „ qu’iĂ­ y ait eu en eux aucun mĂ©rite qui », aitprĂ©cĂ©dĂ©. Celui qui en mĂ©prise un », des moindres, les mĂ©prise tous ; par- », ce que c’est moi qui ai fait le moindre », &le plus grand. Celui qui leur fait », injure, me la fait Ă  moi mĂȘme, & Ă  », tous les autres. Ils ne font tous qu’un, » par le lien de l’Amour de Dieu ; ils „ont 34 7 »» ont un mĂȘme sentiment, une mĂȘme ,» volontĂ© j & ils s’aiment tous dans „ l’unitĂ© de celui qui est tout en tous. f. Mais, ce qui est encore bien plus „ divin, ils m aiment plus qu’ils ne », s’aiment eux-mĂȘmes & tout ce qui „ les regarde. Car Ă©tant tirĂ©s & trans- », portĂ©s au-deĂ­lus d’eux mĂȘmes & », hors de leur propre amour , ilspas- », sent entiĂšrement dans mon amour,oĂč „ ils trouvent tout leur repos & leur », fĂ©licitĂ© parfaite. Rien ne les peut dĂ©- ,, tourner de ce grand amour , rien ne „ les en peut faire dĂ©cendre ; parce „ qu’étant pleins de la vĂ©ritĂ© Ă©ternel- », le» la flamme de leur amour est fĂ­ „ ardente que rien ne la sauroit Ă©tein- „ dre. Ce n’est donc pas aux hom- „ mes charnels & animaux, dont la ,, connoissance & la joie n’ont pour », objet que leur satisfaction particu- ,» liĂšre, de parler de l’état des Saints, „ Ils les mĂ©prisent ; ils les estiment j „ ils font comme il leur plaĂźt, sans „ consulter la VĂ©ritĂ© Ă©ternelle. 6. Plusieurs agissent ainsi par igno- j, rance,sur-tout ceux qui aĂŻant peu de P 6 ĂŹumi*» 548 De l’ Imitation ,, lumiĂšres, savent peu ce que c’est ,, d’aimer quelqu’un d’un amour pu- Jj renient spirituel. Ils se 1 aillent me- », ner par une inclination naturelle & », une affection toute humaine; &ju-i Ă­ ,, gent Ă©galement des choses spirituel- * », les & des terrestres. Maiscespen- 1 », fĂ©es des imparfaits font infiniment , „ au-deffous de celles que les hom- j ,, mes illuminĂ©s de Dieu, ont par la j », rĂ©vĂ©lation divine. ' 7 . Evite donc, Mon Fils ! avec ,, grand foin de nourrir ta curiositĂ© de », choses qui surpassent la portĂ©e de », ton Esprit ; pren plutĂŽt Ă  tĂąche ,, d’ĂȘtre un des plus petits au RoĂŻaume ,, de Dieu. Quand quelqu’un sau- „ roit qui sont les plus Saints & les „ plus grands dans le RoĂŻaume des », Cieux, que lui serviroit cette con- „ noiffance s’il n’en prenoitocasionde », s’humilier devant moi, & de me „ louer avec plus d’ardeur ? Celui qui ,, s’occupe Ă  penser Ă  la grandeur de „ ses pĂ©chĂ©s, Ă  la foifileffe de fa ver- „ tu, & combien il est Ă©loignĂ© de la », vie de mes Saints, m’estplus agrĂ©a- DE LĂźv. III. 349 ble que celui, qui s’amuse Ă  dispu- 5 > ter de leur Ă©galitĂ© ou inĂ©galitĂ©. Il », vaut bien mieux demander Ă  Dieu ,, avec larmes par des priĂšres arden- „ tes, qu’il nous salle la grĂące d’imiter », leur sainte vie dans ThumilitĂ©, que ,, non pas de satisfaire nĂŽtre curiositĂ© „ par la recherche des choses particu- », HĂšres qui les concernent. 8. Que les hommes se mettent en re- », pos de ce cĂŽtĂ©-ßà,& qu ils rĂ©priment ,, la vanitĂ© de leurs discours;car quant ,, Ă  mes Saints, ils font parfaitement ,, en repos. Ils ne se glorifient point de ,, leurs mĂ©rites ; parce qu’ils ne s’attri- „ buĂ«ntaucun bien j mais ils m’attri- „ buĂ«nt tout; parce que c’est moi qui », leur ai tout donnĂ© par l'amour infini ,, que je leur ai portĂ©. Us font telle— ,, ment remplis de mon divin amour, ,, & de la joie inĂ©fable que je rĂ©pans ,, dans leurs cƓurs, que rien ne man- „ que a leur gloire & Ă  leur fĂ©licitĂ©. „ Plus mes Saints font Ă©levĂ©s dans la ,,, gloire , plus sont-ils abaisiĂ©s dans ,, eux-rnĂȘmes par l’humilitĂ© ; Lc plus ,, ils s abaissent, plus sont-ils proches C 7 de z so De l’Imitatioh. „ de moi & dĂ©mon pour- ,, quoi il est Ă©crit d’eux, qu’ils jettent » leurs couronnes devant le TrĂŽne de „ Dieu, {a qu’iis fe prosternent fur „ leurs faces devant l’Agneau,& qu’ils „ adorent celui qui est vivant aux siĂš- », clĂ©s des siĂšcles. 9. U y a beaucoup de gens qui veu- ,» lent savoir qui est le plus grand dans ,, le RoĂŻaume deDieu,& qui ne savent pas s’ils font dignes d’ĂȘtre mis au „ rang des plus petits. C’est ĂȘtre bien „ grand que d’ĂȘtre le plus petit dans j, le Ciel, oĂč tous font grands , parce „ qu’ils font tous appelles , & qu’ils „ font en Ă©fet,les Enfans de Dieu. b ,, Le plus petit viendra jusqu Ă  mille ; au ,, lieu que le pĂ©cheur ĂągĂ© de cent ans fera „ maudit. LesDifciples demandant,qui „ feroit le plus grand dans leRoĂŻaume „ des Cieux, eurent pour rĂ©ponse ces „ paroles, c Si vous n’ùtes changĂ©s, & „ que vous ne deveniĂ©s semblables Ă  de „ petits enfans y vous vĂ­entrerĂšspoint dans „ le Roiaume des Cieux. Quiconque donc s%u~ DE J. Christ. Ch.^p. j f i j, s humiliera comme ct petit enfant, fett ra le plus grand dans le RoĂŻaume des „ Cieux. io. Malheur Ă ceuxquĂ­ne veulent », pas s’humiĂŻier de bon cƓur avec les „ petits 5 parceque la porte du Ciel », Ă©tant petite,ils ne pourront y paffer. ,, [a Malheur aux riches , qui ont leurs „ joies en ce monde ; parce que lorsque », les pauvres entreront dans le RoĂźau- „ me des Cieux, ils demeureront de- », hors en criant &gĂ©miĂ­ĂŹant. Hum- „ bles,rĂ©jouĂźffĂ©s vous; b pauvres, fau- „ tĂ©s de joie; car le Ro'iaume de Dieu est », Ă  vous, pourvu nĂ©anmoins que vous ,» cheminiĂ©s dans la vĂ©ritĂ©. a Luc. 6. v. 3. Ă­ Matth. V. 1 4 . Chapitre LIX. N’espĂšre que Dieu seul , ne cherche rien qu y en lui. I. f~\ SEIGNEUR ! quespĂ©rĂ© je en cette vie ? quel est le sujet de ma joie entre toutes les choses qui sontsousle ciel ? N’est-ce pas toi, Seigneur mon Dieu! dont les misĂ©ricordes Ă­ont infinies ? Lors que j’ai Ă©tĂ© fans Z 52 De t Imitation 11 sans toi, ai-je pu jouir d’aucun bien vĂ©- ' ritable ? Et quand j’ai Ă©tĂ© avec toi,a-t- Ă­ Io il pu m’arriver aucun mal ? J’aime f mieux ĂȘtre pauvre pour l’amcur de toi, ' !ĂŻ que riche fans toi. J’aime mieux ĂȘtre Í JÎ voĂŻageur sar la terre avec toi, que de k postĂ©der le Ciel fans toi. OĂč tu Ăšs, mon \ Dieu ! lĂ  est le Ciel vĂ©ritable j Sc oĂč tu k n’ùs pas, lĂ  est la mort Sc le vrai Enfer. d? Mes dĂ©sirs ne tendent qu’à toi ; c’est toi pourquoi je soupire aprĂšs toi ; je crie 1 mit vers toi, Sc je te recherche fans cesse ul par mes priĂšres. Je ne puis avoir de va confiance en personne qu’en toi, ni at- ni tendre dans mes nĂ©cessitĂ©s le secours Iti d’aucun autre que de toi seul, ĂŽ mon on Dieu ! qui Ăšs tout ce que j’eĂ­pĂšre 8C pu tout ce que j’attens ; Sc qui me confo- fo les Sc m’assistes en toutes rencontres to comme un ami souverainement fidĂšle. a 2 . Tous les autres cherchent ce qui leur est propre ; mais toi, tu ne cher- J! ehe que mon salut 8c mon avance- ment ; Sc tu me fais tourner toutes cho- p ses Ă  bien. Quoi que tu m’exposes Ă  1 beaucoup de tentations Sc d’adversitĂ©s^ ' nĂ©anmoins tu les fai toutes servir a Ăź mon - de Ch. 59. Z5Z mon utilitĂ© ; toi, qui as acoĂ»tumĂ© RĂ©prouver en mille maniĂšres ceux que tu aimes, & qui dans toutes ces Ă©preuves Ăšs aussi aimable & digne de louanges, que lors que tu me remplis des consolations les plus cĂ©lestes. 3. C’est donc en toi, mon Seigneur & mon Dieu! que je mets toute mon espĂ©rance & mon refuge. Je remets fur toi toutes mes afflictions & mes calamitĂ©s ; parce que tout ce que je considĂšre hors de toi, n’est que foiblesse & que vanitĂ©. Il n’y a puissans qui secourent, ni amis qui aident, ni sages qui conseillent, ni livres qui consolent, ni trĂ©sors qui rachĂštent, ni lieu qui cache & qui puisse mettre en furetĂ© pour beau & pour fort qu’il soit, si Toi, ĂŽ Dieu ! ne viens toi-mĂȘme aider , secourir , consoler, racheter, protĂ©ger, & faire tout. 4. Toutes les choses qui semblent nous mener k la fĂ©licitĂ© & k la paix ne font rien fans toi, &ne nous peuvent rendre heureux dans la vĂ©ritĂ©. C’est donc toi seul qui Ăšs la fin de tous les biens ; c’est toi seul qui Ăšs le principe Ă©ternel 5 c souverain de la vie ; c’est dans toi seul que 554 Di l’ Imitation j que sont cachĂ©s tous les trĂ©sors de science; & la plus forte & plus puissante consolation de tes serviteurs est de n’es- pĂ©rer qu’en toi seul. Mon Dieu! mon ] PĂšre ! je lĂšve mes yeux vers toi ; je me fie en toi. Source de misĂ©ricordes. BĂ©ni & santisie mon ame par ta bĂ©nĂ©dic- ' tion spirituelle, afin qu’elle devienne ton saint Ciel, ta sainte demeure, &le TrĂŽne de ta gloire Ă©ternelle ; que rien ne se trouve dans ce Temple de ta saintetĂ© qui offense les yeux de ta MajestĂ© ! Divine. Regarde moi par compassion selon la grandeur de ta bontĂ© & la mul- 1 titude de tes misĂ©ricordes; & exauce la priĂšre de ton pauvre serviteur qui est banni & rĂ©lĂ©guĂ© fi loin de toi dans la rĂ©gion de sombre de la mort. Couvre de ta protection, & conserve , famĂ© de i ta pauvre crĂ©ature, qui est environnĂ©e de tant de pĂ©rils dans cette vie mortelle ; & que ta grĂące, ĂŽ mon Dieu ! me tenant toujours compagnie, tu me conduises par le chemin de la paix dans la patrie de la clartĂ© Ă©ternelle ! Amen ! Fin du TroisiĂšme Livre. DE j SO 7 D E LIMITATION JESUS CHRIST. UVRE QUATRIEME. AVIS Sur la traduction ou paraphrase de ce quatriĂšme Livre. E lĂŹvre suivant , qui ci - devant navoit pas et t joint aux traductions qiton avoit publiĂ©es de cet ouvrage pour ceux qui ne font point arite d’autant plus grande, & dans un Ă©tat fi dissemblable , qu'on ne j fait comment oser prĂ©tendre a unir ensemble des chojes d’une fi Ă©tonnante disproportion j & a les lier d’une union qui rien faffe plus qu un jeul tout & un mĂȘme ejsrit , selon les paroles de l’Ecriture, Mais puisque c est Dieu mĂȘme qui y apette les Ăąmes , il faut bien l’en croire fur ce point , & se rendre d ses paroles an defjtts de toute apparence j en se souvenant cependant , qu il est du devoir de tout cçeur humble qui /aproche de lui, que sans prĂ©sumer de participer Ă  ses grĂąces les plus singuliĂšres & du plus haut degrĂ© , il se contente de la maniĂšre &‱ de la mesure selon lesquelles ĂŹl plaira au Seigneur de se communiquer Ă  nos Ăąmes , qui doivent vivre ici bat avec lui d’une maniĂšre compatible avec la foi & avec l’effrĂ©rancc. Z58 D E LIMITATION JESUS CHRIST. LIVRE QUATRIEME* i. Chapitre Aproche toi de Dieu , car c'est Dieu qui t'ĂŹnvite. La voix de JĂ©sus Christ. ENES A MOI, vous tous qui Ăštes travaillĂ©s & chargĂ©s, & je vous soulagerai, dit le Seigneur. b Le pain que je\donnerai, c est ma chair , que je don- neraipourla vie du monde, c PrenĂ©s , est mon corps qui est rompu pour vous s faites ceci en mĂ©moire de moi, d Celui qui mange ma chair & qui a liĂ­atth. ii. *>. i8. bj S,l. if I. Or. .d Juan,6. f8. &6J. de Cb. i. z sy qui boit mon sang , demeure en moi ; & moi je demeure en lui. Les paroles que je vous ai dites font Esprit & vie. „ [C’est-Ă -dire, qu’on doit les enten- CjJ„ dre de mon Esprit & de ma Vie, „ que je donne Ă  ceux que j’introduis ... „ dans ma Communion Divine & fpi- -E ,, rituelle pour n’ĂȘtre plus qu’un avec „ eux.] L’ A M E. ^ I. VOILA tes paroles , ĂŽ JĂ©sus! VĂ©ritĂ© Ă©ternelle, quoi que tu ne les aies pas toutes dites en un mĂȘme tems, & que tes Disciples ne les aient pas Ă©crites en un mĂȘme lieu. Puis donc a que ce font tes paroles , & quelles ;; ; font vĂ©ritables , je dois les recevoir avec actions de grĂąces & avec foi. El- les font Ă  toi , car elles viennent de q roi ; elles font aussi Ă  moi, car elles ,, j s’adreffent Ă  moi ; & c’est pour mon -1 salut que tu les as prononcĂ©es. Je les I reçois trĂšs volontiers de ta bouche pour les graver profondĂ©ment dans mon * ] cƓur. Ces paroles pleines de compas. ;. fion, pleines de douceur, pleines d'a- ; Ăź mour » me touchent & me donnent 3 6o De l’Imitatiom quelque courage. Mais, mon Dieu! je fuis Ă©pouvantĂ© par la grandeur de mes propres pĂ©chĂ©s ; & l’impuretĂ© de ma conscience se prĂ©sentant Ă  moi, me dĂ©fend de prĂ©tendre Ă  des biens fl inĂ©- fables & fi grands. La douceur de tes paroles m’atire ; Ic nombre de mes vices me retire & me dĂ©tourne. 2. Tu veux , ĂŽ mon Dieu ! que je m’approche de toi avec foi , si je veux avoir part avec toi ; & que je nourrisse mon ame d’une viande qui est Ă©ternelle, si je veux avoir la vie 8c la gloire qui est Ă©ternelle. VenĂȘs - i moi , dis-tu, VenĂȘs Ă  moi, vous tous qui Ă©tĂ©s travaillĂ©s & chargĂ©s& je vous soulagerai. O ! que Farne du pĂ©cheur trouve de consolation dans cette aimable parole, par laquelle le Seigneur mon Dieu daigne inviter Ă  fa trĂšs- sainte Communion une crĂ©ature pauvre & chĂ©tive ! Mais, Seigneur ! qui Ă­uis-je donc , pour oser m’approcher de toi ? a VoilĂ  les Cieux des Cieux ne peuvent te contenir , & tu dis, VenĂ©s tous Ă  moi ! 00 L. Qhrtn, 6. v. ig. f l bon; vrai n» moi ik Com taç mai mr fi in teil tĂŹe OIS fit 11e ma ! la M ‱F UI P 1 a\ b Ì* . k J * de Ch. i. z6l Z. Que veut dire cette admirable —- bontĂ© qui nous invite si aimablement Ă  venir? Mais comment oferai-jevenir, ' moiquisai qu’il n’y arien de bien dans moi qui puisse me donner la moindre - assurance ? Comment aprĂšs avoir si souvent offensĂ© ta bontĂ© , & violĂ© en ta prĂ©sence tous tes ordres & tes com mandemens , oferai-je t’inviter d’en- trer dans ma maison, qui est mon ame ; ; ‱ fi impure ? Les Anges & les Archanges te rĂ©vĂšrent; les Saints&les justes trem- ! r blent devant toi ; cependant tu nous . dis j VenĂ©s tous Ă  moi! Certes Seigneur*. ... si tu ne le disois toi-mĂȘme, personne , ne pourroit le croire ; & si tu ne le com- T , mandois toi-mĂȘme, qui oseroit avoÍÉ la hardiesse daller Ă  toi ? * p- 4. VoilĂ  NoĂ© , Ă  qui tu rendis tĂ©- moignage d’avoir Ă©tĂ© un homme juste, qui est nĂ©anmoins cent ans Ă  prĂ©parĂ©e une arche de bois pour y ĂȘtre sauvĂ© avec c peu de personnes. Pourrai - je donc ‱ffc avoir en si peu de tems une ame assĂ©s f bien prĂ©parĂ©e pour y recevoir le CrĂ©ateur du monde avec le traitement resi» ,tl pectueux qu’il mĂ©rite ? Q. 5, Moi- z6L De l Imitation 5. MoĂŻse , ton grand serviteur & ton ami particulier , fit une Arche de bois incorruptible , & la couvrit d or trĂšs-pur, pour y recevoir la Loi ; & moi, qui ne fuis que corruption & pourriture, oserai-je concevoir la pensĂ©e de recevoir le lĂ©gislateur mĂȘme & sauteur de la vie? Salomon, le plus sage des Rois d’israĂ«l, emploĂŻa sept annĂ©es Ă  bĂątir un Temple magnifique Ă  la louange de ton Nom ; il en cĂ©lĂ©bra la dĂ©dicace durant huit jours, & ofrit mille hosties pacifiques pour y introduire solennellement l’Arche de salliance dans le lieu quil lui avoir prĂ©parĂ© ; ce qu’il fit au son des trompettes , & au milieu,des cris de rĂ©jouissance de tout IsraĂ«l. Et moi, qui suis la plus chĂ©tive & la plus misĂ©rable de toutes les crĂ©atures , oserai-je te recevoir dans ma maison, moi, qui ai peine Ă  emploĂŻer une demi-heure Ă  l’exercice de la dĂ©votion ; & plĂ»t Ă  Dieu encore que j’y eusse emploĂŻĂ© assĂ©s dignement autant, ou mĂȘme encore moins ! 6 . Mon Dieu Ăź que ces gens-lĂ  fai- soient d’éforts pour te plaire j & moi qu >- Ci m tĂ­ I ^ J n' f ĂŻ n f Ă­ Ă­ t de IV. Cb. i. z6z que j’en sais peu ! Et pourquoi pensĂ©- je qu’un tems si court me disposera asies dignement pour te recevoir ? Je rentre rarement dans moi mĂȘme ; mon ame esttrĂšs-peu souvent dĂ©gagĂ©e des choses Ă©trangĂšres & extĂ©rieures ; & ce- Ă , pendant, Ă  ta prĂ©sence toutes les pen- .? i - fĂ©es Ă©trangĂšres devroient s’enfuir & s’é- vanoiiirj & toutes les crĂ©atures aban- ‱ i— donner la place de mon cƓur ;veu qu’il celer, n’est pas question d’y loger un Ange, irr mais le souverain Seigneur de tous les Kw Anges. ..b. 7. Je sai qu’il y a une diffĂ©rence infi- nie entre l’Arche de l’alliance avec ce 11 squ’elle contenoit ; Lc toi, ĂŽ CrĂ©ateur 1 ' source unique de toutes les perfections f"" & de toutes les vertus ; entre les sacri- . !1 fices de la Loi, qui n’étoient que des ~ L ombres des biens Ă  venir j &toi, ĂŽRe- f !; dempteur ! hostie vivifiante & accom- ‱ Ă€ i “ plissement de tous les sacrifices ! Pour- f ' quoi donc , lors que ces saints Patriar- *** ches, ces ProphĂštes , ces Rois & ces Princes, avec tout leur peuple, font ĂźiĂ­ii' si pleins d’ardeur & de dĂ©votion pour Ke ton divin culte j pourquoi, dis-je, ne si Q. 3 me z 64 De l’Imitatiom me prĂ©parerai-je pas avec encore plus ! d’ardeur Ă  participer Ă  tes sacrĂ©s mystĂš- j a res , Ă  te recevoir toi-mĂȘme le Saint j, des Saints ? ; j. 8. VoilĂ  David qui lĂ€ute de toutes 1 su ses forces devant ton Arche , dans Je te souvenir des biens que tu as faits Ă  ses D prĂ©dĂ©cesteurs. Il fait faire des instru- ti mens de musique, il compose des J, Psaumes, il les fait chanter avec aile- greife ; il les chante lui-mĂȘme fur la ha» \i pe, inspirĂ© qu’il est du S. Esprit ; il ji enseigne les IsraĂ©lites Ă  louer Dieu de t tout leur cƓur, Ă  le bĂ©nir tous les jours [ en publiant ses grĂąces par des cantiques 'tĂŹe ont tĂ©moignĂ© tant dar- , deur, s’ils t’ont louĂ© jusqu’à ce point 1 devant une Arche matĂ©rielle, qui nĂ©- j haut ! pour ĂȘtre reçu dans nous , & y 1 ] demeurer par un mystĂšre inĂ©fable ? , 5 >. Il y a des gens qui courent d’un cĂŽtĂ© & d’autre pour voir des choses matĂ©rielles qui Ă©toient autrefois Ă  l’u- sage de Ch. i. $65 sage desSaintSj dont ils ont ouĂŻ publier la vie & les actions , qu’ils admirent» honorant leur mĂ©moire, leurs reliques, & les Temples qu’on leur avoit consacrĂ©s. Mais, ĂŽ Saint des Saints ! CrĂ©ateur des hommes! Roi des Anges! mon Dieu ! te voici prĂ©sent Ă r mon ame, & tu frapes Ă  la porte de mon cƓur ! Combien de personnes font portĂ©es par la curiositĂ© & par le dĂ©sir de la nouveautĂ© vers ces autres choses, qui cependant ne les rendent pas meilleurs, non plus que la connoissance de la vie des Saints, lors qu’on en discourt par maniĂšre de divertissement, & sans avoir le cƓur touchĂ© de ton Amour. Mais ici, dans - ce grand mystĂšre, oĂč tu te veux unir 8c donner Ă  nos ames,ĂŽ JĂ©sus, mon Dieu! qui t Ăšs uni si Ă©troitement Ă  nĂŽtre nature, on trouve trĂšs-certainement un trĂšs- grand fruit, le salut Ă©ternel ; pourvu que l’on y ait part dans la vĂ©ritĂ© & dans la puretĂ© , & que ce ne soit pas un mouvement de zĂšle leger & fans fermetĂ© , qui nous porte Ă  toi ; ni le dĂ©sir de satisfaire nĂŽtre curiositĂ© par la lumiĂšre de la connoissance des choses di- Q. Z vines; z66 De l’ Imita t ion vines j ni celui d’ĂȘtre satisfaits par des douceurs sensibles ; mais une foi ferme , une espĂ©rance qui ne regarde que toi, & un amour vraiment sincĂšre & dĂ©sintĂ©ressĂ©. 10. O CrĂ©ateur du monde! ĂŽ Dieu invisible aux yeux de la chair ! que la maniĂšre dont tu te communiques Ă  nous est spirituelle & admirable ! Combien grandes font les douceurs & les grĂąces que tu communiques Ă  tes ElĂ»s lors que tu te prĂ©sentes Ă  leurs Ăąmes pour y faire ra demeure ? cela pĂąlie nos pensĂ©es , ravit les cƓurs de ceux qui t’aiment, & les enflame encore plus vivement du feu de ton Amour. Oui, ceux qui te font fidĂšles, & dont toute la vie est un amendement continuel, puisent sans cesse dans cette divine communication qu'ils ont avec toi, le renouvellement & l’accroissement dans la piĂ©tĂ© & dans l’amour de toutes les vertus. 11. O que cette grĂące est admirable, & qu’elle est en mĂȘme tems cachĂ©e ! II n’y a que les Ăąmes fidĂšles Ă  Dieu qui laconnoissent bien ; les infidĂšles, & ceux de J. Christ. Liv. IV. Cb. i. Z67 ceux qui fervent au pĂ©chĂ©, ne la peuvent Ă©prouver. Cette grĂące est toute spirituelle; lame y retrouve la force qu’elle avoitperduĂ«, & sa beautĂ© que le pĂ©chĂ© avoit toute dĂ©figurĂ©e. Cette grĂące est quelquefois fi abondante & st pleine, que par la grande piĂ©tĂ© qu’elle fait naĂźtre , non-feulement Tarne sent redoubler ce qu’elle avoit dĂ©jĂ  de forces ; mais le corps, tout dĂ©bile qu’il est, en est aussi fortifiĂ©. 12. Cependant, c’est pitiĂ© devoir qu’elle est nĂŽtre tiĂ©deur, nĂŽtre nĂ©gligence & nĂŽtre peu de dĂ©sir pour recevoir le Seigneur , dans lequel pourtant est renfermĂ© tout le mĂ©rite & toute l’eĂ­pĂ©rance de ceux qui veulent ĂȘtre sauvĂ©s. Car il est nĂŽtre santification, nĂŽtre rĂ©demption, la consolation des exilĂ©s, & la joie Ă©ternelle des Saints. C’est un malheur que Ton ne sauroit aisĂ©s dĂ©plorer , que presque tous les homes pensent st peu Ă  ce haut & divin mystĂšre , qui pourtant est la joie du ciel , & la conservation du monde. O aveuglement ! ĂŽ duretĂ© du cƓur de rhomme, qui fait si peu d’attention k 0,4 un z68 D L I M I T A T10M un don si inĂ©fable ! qui le nĂ©glige & paroĂźt l’oublier, parce qu’il est souvent prĂ©sent Ă  ses yeux qui s’accoutument a le regarder comme une chose commune & de peu de prix. 13. Si certe grĂące Ă©roit attachĂ©e Ă  un certain lieu particulier & Ă  une certaine crĂ©ature de ce monde, avec combien d’ardeur les hommes ne dĂ©vroient-ils pas se porter vers ce lieu & vers cette crĂ©ature? Mais maintenant JĂ©sus veut bien s’offrir Ă  toutes les Ăąmes & les rendre toutes dignes de son union ; asm que sa grĂące & Ă­Ă  dilection envers l’homme parodient d’autant plus grandes j que son offre est plus Ă©tendue. JĂ©sus, Auteur des misĂ©ricordes, Grand & Eternel Pasteur des Ames ! je te rens grĂąces de ce qu Ă©tant de pauvres & de misĂ©rables bannis, tu daignes nous rassasier de toi mĂȘme, de ton corps & de ton sang, de ton Esprit & de ta vie ; & de ce que tu nous invites Ă  participer Ă  ce grand mystĂšre par les paroles de ta bouche , en nous disant, VenĂšs Ă  Moi, vous tous qui Ăštes travaillĂ©s & chargĂ©s ; Ú 1 je vous soulagerai . Cha- bi J. Christ. LĂŹvr. IV. ;6j> Chapitre II. Aprocbe-toi de Dieu, mais dans i'b/miluĂ©, I. TE viens donc Ă  toi, Seigneur! en J m’apuĂŻant fur ta bontĂ© & fur ta trĂšs-grande misĂ©ricorde. Je m’apro- che du Sauveur & du MĂ©decin , comme Ă©tant malade; je m’aproche de la source de seau vive , comme Ă©tant dans la langueur & dans la soif ; je m'aprocbe du Ciel, comme Ă©tant pauvre ; je me prĂ©sente au Seigneur , comme Ă©tant son Serviteur ; je vai vers le CrĂ©ateur j parce que je fuis fa crĂ©ature ; mon ame s’avance vers le charitable Consolateur , comme Ă©tant toute dĂ©solĂ©e & toute pleine d’amertu- me. Mais, ĂŽ mon Dieu ! d’oĂč vient cela,que tu viennes Ă  moi? Qui suis-je, que tu veuilles te donner Ă  une crĂ©ature si chĂ©tive?Comment une ame pĂȘcheresse ose-t-elle paroĂźtre devant toi ? & toi, comment daignes-tu te prĂ©senter Ă  une ame pĂȘcheresse! Tuconnoiston Serviteur ; tu fais qu’il n’y. a rien de Q, 5 bon 370 Del’Imitation 1 bon dans lui. pour te porter Ă  lui faire Ăź cette grĂące. Je confesse que je fuis un c rien, & que je ne vaux rien, & moins f que rien. Je reconnois que tu n’as pour ; “ motifque ta pure bontĂ©. Je lotte ta mi- P sĂ©ricorde ; 8c je rens grĂąces Ă  ta charitĂ© 1 infinie. C’estpour l'amour de toi-mĂȘ- v me que tu agis de la forte ; & non pas ' que je l aie mĂ©ritĂ© ; tu veux me faire i connoĂźtre de la forte la grandeur de ta 1 bontĂ©, m’inĂ­pirer une plus grande cha- donnĂ© toi-mĂȘme en viande d’unema niĂšre admirable & mystĂ©rieuse pour la q consolation de tes fidĂšles. Tu Ăšs Ă  lame f une nourriture dĂ©licieuse; & celui qui 1 toit te mangera dignement, sera participant > q & hĂ©ritier de la gloire Ă©ternelle. Com- j p me je tombe & pĂšche souvent, & qu’il Ăź j », Dieu, & avec une intention toute j », pure, qui nait pour but que la seule > „ gloire de Dieu. Examine ta con- i ,, science avec soin ; nettoie-la par une », humble confession de tes pĂ©chĂ©s & „ avec un cƓur que le principe de mon „ amour ait brisĂ© & contrit ; n’y 1 aille », rien que tu lĂąches qui puise te > „ charger, ou te donner quelques re- », mors . & qui tĂŽte la libertĂ© de t’a- „ procher de moi. AĂŻe un vif dĂ©- », plaisir de tous tes pĂ©chĂ©s en gĂ©nĂ©ral, 3 , & gĂ©mis avec douleur de toutes les ,, fau- de J. Christ. Livr. IV. Ch. 7. 391 j, fautes particuliĂšres que tu commets ,, tous les jours. Ocupe toi Ă  con set s , fer Ă  Dieu dans le secret de ton cƓur 3j toutes les misĂšres auxquelĂŹes tes 3, passions te rĂ©duisent. 2. Qu’une tristesse qui pĂ©nĂštre le 33 fond de ton ame te fasse soupirer ĂČc 3> pleurer devant lui de ce que tu Ăšs en- 3, core si charnel & si mondain ; si peu 33 mortifiĂ© dans tes passions ; si plein de 33 mauvais dĂ©sirs, &si acoutĂ»mĂ© Ă  t’y „ laisser aller j si nĂ©gligent Ă  la garde s, de tes sens ; si embarassĂ© de vaines 3» pensĂ©es & de folles imaginations; si s, portĂ© aux choses extĂ©rieures & visi- 3, blĂ©s ; si peu soigneux des intĂ©rieu- 3, res & des invisibles ; si promt Ă  rire 33 & Ă  t’épancher en de vaines joies ; si 33 dur de cƓur Ă  pleurer tes pĂ©chĂ©s & Ă  33 t’en Ă€stiger vivement. Si prĂȘt Ă  te s, relĂącher & Ă  donner Ă  ton corps ses 3, aises & ses plaisirs; si lĂąche Ă  le dom- 3, ter Ü5 pour t exciter Ă  la serveur; si s, curieux pour entendre des nouvel* 33 les & pour voir de belles choses ; si 3, lent Ă  t’apliquer Ă  ce qui est de plus 3> humble & de plus bas ; si ardent Ă  R 4 -, passĂ©- 59Z De l’Imiiation ] „ possĂ©der beaucoup ; si retenu Ă  don- 1 „ ner; si avare Lc 6 difpoTĂ© Ă  retenir; ; j, si inconsidĂ©rĂ© en tes paroles ; fi im- , Ă©veillĂ© pour oiiir des contes &des „ fables ; si endormi pour la mĂ©ditati- „ on & pour la priĂšre; fi impatient „ pour atendre la fin des saints discours „ que l'on te fait; si distrait en les Ă©cou- -, tant; si relĂąchĂ© pour y emploĂźer „ quelques heures ; si tiĂšde dans le >, culte de Dieu ; si sec lors que tu te -, prĂ©sentes devant lui, & que mĂȘme „ tu participes Ă  son sacrement ; si-tĂŽt „ distrait pour la moindre chose; si „ rarement recueilli ; si facilement -, provoquĂ© Ă  la colĂšre ; si facile Ă  cho- -, quer les autres ; si promt Ă  juger au- -, trui; si sĂ©vĂšre Ă  reprendre ; si joĂźeux -, lors que les choses vont bien pour -, toi selon le monde ; si abatu lors -, qu’elles vont mal ; si fertile Ă  former „ de bonnes rĂ©solutions, & si stĂ©rile Ă  n en produire ses Ă©fets. 3. A- de J. Christ. ZYZ Z. AprĂšs avoir reconnu & confessĂ© „ ces pĂ©chĂ©s,& encore beaucoup d’au- „ tres dont tu Ăšs coupable, & les a- „ voir dĂ©plorĂ©s avec une profonde „ douleur de te voir si misĂ©rable & si „ infirme, pren une ferme rĂ©solution „ de corriger ta vie, & de t’avancer „ chaque jour de plus en plus dans le „ bien. Alors ^abandonnant entiĂš- „ rement Ă  moi par une pleine rĂ©si- „ gnation de ta volontĂ©, fai que ton „ cƓur devienne un autel tout de feu „ fur lequel tu t’ofres en holocauste „ perpĂ©tuel Ă  l’honneur de mon Nom. >, Je veux que tu t’ofres tout entier ; „ que tu me remettes ton corps & ton „ ame, me les abandonnant pleine- „ ment ; & qu’ainsi tu deviennes di- ,, gne de m’aprocher & d’ĂȘtre rempli „ de ma salutaire prĂ©sence. 4. Il n’ya point de meilleur moĂŻen „ pour ĂȘtre assurĂ© du pardon des pĂ©ri chĂ©s, & pour en trouver l’expiation j, que de s’ofrir soi-mĂȘme purement & ,, absolument Ă  Dieu,avecJĂ©susChrist, ,, lors qu’on se prĂ©sente Ă  lui pour sj avoir part Ă  fa Divine communion. R 5 Si *94 Or l’Imitation „ Si l’homme fait ce qui est de son de- ,, voir, & qu’il se repense vĂ©ritable- ,, ment ; toutes les fois qu’il s’apro- 3, chera de moi dans TĂ©tĂąt que je viens „ de dire pour obtenir grĂące & misĂ©ri- „ corde ; a sse jure par moi-mĂȘme, dit 3 , le Seigneur , que je ne veux point la „ mort dupĂ©cheur, mais plĂ»tĂŽt qu il je 3 , convertisse & qu il vive ; que je ne me ,, souviendrai plus de ses pĂ©chĂ©s mais ,, que je les lui pardonnerai tous, a Eyech . 33. ». n. 16 , Chapitre VIII. Cfre toi tout Ă  Dieu,pour lui bien agrĂ©er, I. /^Omme je me fuis ofertmoimĂȘ- V—/ „ me volontairement Ă  Dieu „ mon PĂšre pour tes pĂ©chĂ©s,ai'antbien 3 , voulu que mes mains fussent Ă©ten- 3 , duĂ«s&mon corps exposĂ© tout nud „ sur une croix, en sorte qu’il ne nf est 3 , rien restĂ© qui ne soit entrĂ© dans ce fa- 3 , crifice de rĂ©conciliation & de paix 33 avec Dieu ; de mĂȘme dois-tu t’ofrir 3 , volontairement toi-mĂȘme en obla- 3 , tion pure & sainte, lors que tu te ,, prĂ©sentes Ă  moi j & tu le dois fai- >, rede de Livr, IV. Cb. 8. 39s ,, re de toutes tes forces, de toutes tes s, afections, & de toute PĂ©tenduĂ« de ,, ton cƓur. Que demande-je detoi avec , plus d’instance sinon que tu te doues , Ă  moi, fans referve ? Je ne me soucie , point de tout ce quetumepeux don- , ner si tu ne te donnes toi-mĂȘme; car , c’est toi-mĂȘme que je recherche, & , non pas tes dons. 2 .Comme toutes les choses du mon- , de ne pourroient te sufire si tu ne , m’avois pas ; ainsi rien ne me peut , plaire de tout ce que tu me peux , donner si tu ne te donnes toi-mĂȘme , Ă  moi. Osre-toiĂ  moi; consacre-toi Ă  , Dieu par le don Rentier de toi-mĂȘme, , & alors ton oblation lui fera trĂšs a- , grĂ©able. ConsidĂšre que je me sus*' , ofert tout entier Ă  mon PĂšre pour , tosque j’ai donnĂ© tout mon corps » , tout mon Ă­Ă ng,pour ĂȘtre la nourritu- , re de ton ame,afin que je fĂŒlle tout Ă  , toi,8c que tu fusses tout Ă  moi. Mais , si tu demeures encore atachĂ© Ă  toi,& , que tu ne t’ofres pas d^ toute ton , ame Ă  ma sainte volontĂ©, l’oblation partagĂ©e que tu me feras ne sera pas R 6 plei- De l’Imitatios „ pleine, & il n’y aura point de parfai- „ te union entre nous. Si donc tu dĂ©fi. „ res de jouir de la vraie libertĂ© & de la ,, grĂące cĂ©leste , il faut que toutes tes ,, Ɠuvres soient devancĂ©es par une ob- ,, lation volontaire de toi-mĂȘme entre „ les mains deDieu. Aussi la raison „ pour laquelle il y a st peu de gensqui j j soient vraiment illuminĂ©s Lc vraiment », libres dans l’interieur, est, qu’on ne s, Ă­Ă it pas renoncer entiĂšrement Ă  soi- ,, cette parole,que j’ai dite, », est vĂ©ritable & ferme, a fi quelqu m „ ne renonce atout , il ne peut-ĂȘtre mon „ donc tu veux ĂȘtre mon dis- „ ciple, vien t’ofrir Ă  moi, avec toutes ,, tes afections & tous tes dĂ©sirs. a Luc . 14. Chapitre IX. fifre Ă  Dieu toi » tes vƓux , tant pour toi que pour d’autres. L 5 A ME. 3» CEIGNEUR! Ă  qui tout ce qui est ^ dans le Ciel Sedans la terre apar- tient, je dĂ©sire de m’osrir Ă  toi en obla- sion volontaire» d’ĂȘtre Ă©ternellement Ă  toi, de J. Chmst. Livr,lV, JP7 Ă  toi. Mon Dieu ! je m’ofre aujourd’hui dans la simplicitĂ© de mon cƓur pour ĂȘ- tre ton serviteur Ă  jamais, pour t’obeĂŻr, &pour te prĂ©senter Ă©ternellement un sacrifice de loiiange. Reçoi-moi avec le sacrifice du corps de ton Fils , qui est maintenant devant toi en prĂ©sence des Anges, & fur lequel je te prie de jetter les yeux, afinqu’il me soit salutaire auĂ­Ă­i-bien qu’aux autres hommes. L. J’ose aussi prĂ©senter,Seigneur! Ă­Ăčr l’autel de ta misĂ©ricorde & de ta rĂ©conciliation , tous les pĂ©chĂ©s & toutes les fautes que j’ai jamais commises devant toi & devant tes Anges, depuis le prĂ©- mier jour que j’ai commencĂ© Ă  pĂ©cher jusqu’à cette heure, afin que tu les brĂ»les & que tu lesconsumes toutes par le feu de ton amour, que tu Ă©faces toutes les taches de mes pĂ©chĂ©s ; que tu nettoies ma conscience de toute iniquitĂ© ; que m’ la rĂ©mission entiĂšre de toutes mes ofenses, tu me redonnes la grĂące que j’ai perdue en pĂ©chant & que tu m’embraffes par tes compassions infinies,en me donnant le baiser de paix. z. Que puis-je faire pour le pardon R 7 de 35>8 De l'Ímitatios de mes pĂšches finon de les confesser devant toi avec humilitĂ©, de les pleurer, 6c d’implorer sans ceĂ­ĂŻe ta misĂ©ricorde Sc la grĂące de ta rĂ©conciliation? Je l’im- plore ; je me prĂ©sente Ă  toi,mon Dieu ! exauce moi, & me sois propice. Tous mes pĂ©chĂ©s me dĂ©plaisent horriblement ; je suis rĂ©solu de n’y plus retomber Ă  í’avenir ; je fuis atĂŹigĂ© de les avoir commis ; j’en gĂ©mirai toute ma vie avec pĂ©nitence, & en satisfaisant autant qu’il me sera possible, Ă  la rĂ©paration Ă  quoi ils m’obligent. Pardonne-moi, mon Dieu! pardonne-moi mes pĂ©chĂ©s,Ă  cause de toi-mĂȘme ; sauve mon ame que tu as rachetĂ©e par ton prĂ©cieux sang. Je me rens Ă  ta misĂ©ricorde ; je me remets entre tes mains paternelles. Agi envers moi non selon la grandeur de ma mĂ©chancetĂ© & de mon iniquitĂ©, mais selon ta bontĂ© qui n’a point de bornes. 4. Je t’ofre & te prĂ©sente aussi tout ce qu’il y a de bien en moi ; quoi qu’il y en ait peu, & que cepeu soit encore trĂšs- ĂŹmparfait, asin que tu le corriges Sc que tu le santifies asin que tu te le rendes agrĂ©able,Lc que tu le perfectionnes. Je te prie de J. Christ. LĂŹvr. IV. C&.p. 3pp te prie encore , ĂŽ mon Dieu! que sans avoir Ă©gard Ă  ce que je ne fuis qu’une crĂ©ature indigne,inutile,lĂąche & nĂ©gligente, tu me prennes par la main, pour me conduire Ă  unefinĂŹoĂ­Ă­e&heureuse. s. Je t’ofre aussi, ĂŽ Seigneur! avec mes priĂšres, celles de toutes les Ăąmes pieuses, te supliant de les exaucer, & d avoir Ă©gard aux nĂ©cesiltĂ©s de mes paĂŻens,de mes amis,de mes frĂšres,de mes sƓurs,de ceux qui me font chers,& de tous ceux qui pour l’amour de toi ont fait ou Ă  moi ou Ă  d’autres quelques biens spirituels ou te prie pour tous ceux qui ont dĂ©sirĂ© que je me souvienne d'eux dans mes dĂ©votions, afin de demander Ă  la misĂ©ricorde que tu as fait paroĂźtre dans le Sacrifice de ton Fils, le pardon de leurs pĂ©chĂ©s. Je t’ofre, ĂŽ mon Dieu ! mes priĂšres pour toutes ces personnes-lĂ ,soit qu’elles vivent encore dans le siĂšcle,ou bien qu elles l’aĂŻent quittĂ©. Fai leur sentir les bĂ©nĂ©dictions de ta grĂące & le secours de ta consolation; protĂšge les dans les dangers & les dĂ©livre des vrais maux ; afin qu’apxĂšs leur dĂ©livrance, leur cƓur tout 400 De l Imitation tout plein d’une divine joie, devienne une source Ă©ternelle de louanges pour ta bontĂ©. 6 . Je te prĂ©sente encore, ĂŽ Dieu! des priĂšres de charitĂ© & de paix pour tous mes ennemis en gĂ©nĂ©ral ; & en particulier pour tous ceux qui m’ont jamais fait quelque mal, qui m’ont affligĂ©, calomniĂ©,dĂ©shonorĂ©, ou dit des injures; qui m’ont fait quelque tort, ou dommage, quel qu’il soit ; qui m’ont causĂ© des peines ou des douleurs ; comme aussi pour tous ceux que j’ai eu le malheur d’ofenser, d’afligcr, ou de mettre en quelque trouble ; pour ceux que je puis avoir traitĂ©s avec duretĂ© & rigueur,& que j’ai scandalisĂ©s par ma langue ou par mes aĂ©rions, de propos dĂ©libĂ©rĂ© ou fans le savoir. O Dieu! sois nouspropice,Ă  nouspauvres criminels, nous pardonnant Ă  tous toutes les fautes que nous avons faites les uns contre les autres & contre toi. Ote, Seigneur! ĂŽte de nos cƓurs tout mauvais soupçon , toute indignation , toute colĂšre, tout penchant aux diĂ­putes, & tout ce qui peut blesser la charitĂ©, ou affeii lir entre de Liv. IV. 401 entre nous l’amour fraternel. Aie pitiĂ©, mon Dieu! aie pitiĂ© de ceux qui te demandent misĂ©ricorde ; donne ta grĂące Ă  ces pauvres mendiants qui en ont tant de besoin ; ren nous tels qu’étant dignes de jouir de cette divine grĂące,nous nous avancions fans cesse vers la vie sainte & divine qui n’aura jamais de fn. Amen ! Chapitre X. Uni Ă  Dieu ton cƓur en tout tems & fans cesse. LE BIEN-AIME'. I I ’U DOIS souvent recourir Ă  -Ăą ,, moi qui suis la source de la ,, grĂące & de la misĂ©ricorde, la fontai- „ ne de toute bontĂ© & de toute puretĂ©, „ afin que tu puisses ĂȘtre nettoĂŻĂ© & guĂ©- „ ri de tes passions & de te vices, pour ,, devenir plus fort, & plus vigilant Ă  ,, rĂ©sister aux tentations & aux artifi- ,, ces du Diable. Cet ennemi connois- ,, sant le grand fruit que l’on retire de ,, la comunion avec moi, & qu’elle est ,, le remĂšde universel Ă  tous les maux, ,, tĂąche par tous les moĂŻens imagina- „ blĂ©s I 4-oz De limitation ,, blĂ©s d’en retirer les fidĂšles, & d’en ,, dĂ©tourner ceux qu’il y voit portĂ©s. 2. De lĂ  vient que ceux qui tĂąchent ,, leplusdes’y bien prĂ©parer , & d’y ,, participer, font attaquĂ©s par de plus ,, grandes tentations de la part du DĂ©- ,, mon. Cet Esprit malin,qui ose bien 5, se trouver entre les enfans de Dieu, 55 corne il est Ă©crit dans le livre de Job, 5> les vient troubler par fa malignitĂ© 5, ordinaire, les intimider, ou les ren- ,5 dre irrĂ©solus, pour diminuĂ«r leurs „ bons dĂ©sirs, & vaincre leur foi, afin ,, qu’ílss’éloignentde mostouqu’ilsne „ s avancent vers moi qu avec tiĂ©deur. „ Mais il ne faut pas avoir Ă©gard Ă  tous „ ses artifices ni Ă  toutes les imagina- 5, tions & les pensĂ©es, qu’il nous prĂ©- ,, fente,qui souvent sont des piushon- 5, teuses & des plus doit 3, au contraire les rejetter contre luiss mĂȘme,en les dĂ©testant. Il faut mĂ©- 3, priser ce malheureux, & se moquer 3, de ses artifices, qui ne font Ă  ceux 3, qui ne s’y plaisent pas & n’y consen- 35 tentpas,quedes fantĂŽmes qui ne leur 33 peuvent nuire ; & quoi qu il attaque lame. »I > J Ăź I ' 1 de Ch . 10. 405 ,, l’amej&qu’il excite dans ellequel- „ que Ă©motion , on ne doit pas se dĂ©- „ courager de la recherche de Dieu, & ,, du dĂ©fir d’entrer dans la divine com- ,, munion de son Fils. z. Souvent aussi un trop grand em- „ pressentent pour la dĂ©votion sensible, ,, & trop d’inquiĂ©tude pour rechercher „ scrupuleusement tous ses pĂ©chĂ©s ahn ,, de me les confesser en dĂ©tail,devien- s , nent un obstacle Ă  s’aprocher de moi. „ Sui en cela le conseil que te donne- ,, ront ceux qui craignentDieu,& mets bas toutes ces inquiĂ©tudes qui arrĂȘ- ,, tent la grĂące , & qui ralentissent la „ t’ point de moi,pour „ un petit trouble , ou pour quelque „ pĂ©fanteur d'esprit; mais confelĂŹant Ă  3, Dieu tes foibleffes,rĂ©concilie toi avec 3, tous, & pardonne de bon cceur tou- 3, tes les offenses que l’on peut avoir 3, commises contre s’il test ar- 3, rivĂ© d’offenser quelqu’un,demandes- ,, en humblement pardon , & Dieu te 3, pardonnera de b on cƓur. 4. Poun 404 De i’Imitation, 4. Pourquoi voudrois-tu tarder Ă re- „ connoĂźtre & Ă  confesser tes fautes,& s, ainsi te tenir si long-tems dans TĂ©loi- ,, gnement & la dĂ©sunion de Dieu? „ HĂąte toi de laver ton a me; jette hors ,, incontinent le poison qui est en elle; ,, pren vke ce salutaire remĂšde ; Sc tu „ ne manqueras pas de t’en trouver ,, mieux que si tu a vois difĂ©rĂ© plus „ long-tems. Si tu t’éloignes aujour- », d’hui de ton Sauveur Sc de ton Dieu », pour un sujet, demain peut-ĂȘtre en „ trouveras-tu un autre plus pressant; ,, & ai si de fuite, jusqu’à ce qu Ă©tant j> entiĂšrement dĂ©tournĂ© de ton CrĂ©a- „ teur, tu sois hors d’état de pouvoir „ plus retourner Ă  lui. DĂ©fai-toi au „ plutĂŽt de tes peines Sc de ta nĂ©gli- „ gence. Tu ne gagneras rien Ă  t’en- „ tretenir dans l’inquiĂ©tude , dans le ,, trouble, dans l’éloignement oĂč l’on „ se tient de Dieu par les obstacles „ journaliers qui surviennent. Il nuit ,, beaucoup de laisser passer un long- „ tems fans s’aprocher vivement de ,, Dieu ; cela endort Tarne dans le pĂ©- ,, chĂ©, & la rend toute dure Sc toute in- sensi- » DE cb. io. 40s , sensible. O prodige! combien y a » t-il de ces lĂąches ChrĂ©tiens & dilso- , lus ; qui font bien aises d’avoir des , prĂ©textes de ne pas penser ni Ă  la diC , cuĂ­Ăźion de leurs pĂ©chĂ©s, ni Ă  s’ap- , procher de Dieu , de-peur que cela 5 ne les oblige Ă  veiller dĂ©sormais fur , leurs Ăąmes avec plus de foin ! 5. O gens fans amour de Dieu 8 c , fans piĂ©tĂ© ! Que celui-lĂ  au contraire , est heureux & agrĂ©able Ă  Dieu qui , vit d’une telle sorte, Lr qui tient tou- , jours fa conscience si pure,qu’il ait la , libertĂ© de se prĂ©senter toujours de- , vant Dieu, & qu’il puiĂ­ĂŻe recevoir la s plĂ©nitude de toutes les grĂąces de son , Esprit, si Dieu lui permettoit de les , poilĂ©der toutes & parfaitement dans , cette vie ! Que si quelqu’un n’ose , quelquefois s’aprocher de moi, non , par oubli, ou par indiffĂ©rence, ou par , dĂ©dain ; mais par un sentiment d’hu. , militĂ©, &parce que le sentiment qu’il , a de ses pĂ©chĂ©s lui faitreconnoĂźtre , son indignitĂ© ; le respect qu’il a pour , moi est trĂšs-loiiable ; mais si cet Ă©loi- , gnement le faisoit relĂącher il doit 4oĂĄ De l’Imitation ,, s’excirer par de nouveaux Ă©sorts. ,, Dieu secondera ses dĂ©sirs & la bonne ,, volontĂ© qu’il aura; car Dieu regarde ,, fur tout Ă  la bonne volontĂ©. 6. Si quelqu’un avec une intention ,, sincĂšre & une bonne volontĂ© dĂ©sire ,, ma Divine Union, & que n’ymet- ,, tant point d’obstacles lui-mĂȘme, il ,, n’en fente pas les Ă©fets, les goĂ»ts & », les douceurs dans son ame ; il ne laif- », fe pas pour cela de participer Ă  son ,, vrai fruit. Car un vrai ChrĂ©tien peut », avoir avec JĂ©sus Christ une secrĂšte 8 C », pure communion d’esprit & de vie », tous les jours & toutes les heures, & ,, rien ne peut l’en est vrai », que Dieu a des jours & des momens ,» dans lesquels il lui fait sentir &goĂ»- », ter sa prĂ©sence par des sentimens par- », ticuliers de dĂ©votion; mais comme »» l’union avec Dieu ne consiste pas tant „ en ce qu’une personne fe sente con- », solĂ©e, qu’en ce qu’elle s’unise Ă  sa », Divine volontĂ©, qu’elle la respecte & », l’honore ; lors que cette volontĂ© per- », met que quelqu’un soit dans les sĂ©- ,, cheresses &c ses dĂ©solations spirituĂ«l- DÂŁ les ÌSi » II» „di 1 l > saintetĂ© je chĂ©ris aussi uniquement la puretĂ©. Je cherche un cƓur pur ; c’eĂ­l lĂ  le lieu de mon repos. {a tAprĂȘte moi dans ton intĂ©rieur une chambre-haute bien prĂ©parĂ©e, & je ferai la PĂąque cbĂšs toi avec mes disciples. Si tu veux que je vienne Ă  toi, & que je demeure avec toi, b purifie toi du vieux levain , & nettoie la maison de ton cƓur. Bannis-en le siĂšcle, & le tumulte des vices ; rĂ©tire toi Ă  part, furie toit; revien Ă  toi-mĂȘme, & demeure dans la plus haute partie de ton ame ; fois y c tout seul, comme un passereau solitaire , repassant dans ton esprit avec une grande a- mertume de cƓur les Ă©garemens de ta vie. Toute personne qui aime ardemment , prĂ©pare Ă  son Bien-aimĂ© le lieu a Luc. ll. v. 11. c Ps. lOZ. v.$. Ăš 1 . Cor. s. Z'. 7. de J. Christ. Liv W. Ch, 12. 417' >, Ăźe lieu le meilleur & le plus beau 35 qu elle puiste avoir ; car c’estpar lĂ  3j que 1 on connoĂźtavec quelle aftecti- 33 on le bien-aimĂ© est reçu. 2 . Je veux nĂ©anmoins que tu saches, 3> que tu ne pourrois jamais te prĂ©parer 33 affĂ©s dignement comme je le mĂ©rite, 33 quand mĂȘme tu empioĂŻerois des an- 3, nĂ©es entiĂšres, & que tu ne penserois 33 uniquement qu a cela. Si je te donne 3, la libertĂ© de te prĂ©senter & de venir 33 Ă  moi pour en ĂȘtre repu,c'est un don 3 de ma misĂ©ricorde & de ma pure gra-, 3, ce , comme si un Roi puillant faiĂ­bit 33 manger Ă  sa table un pauvre men- ,3 diant, Ă  qui il ne resteroit rien pour 33 reconnaĂźtre ce bienfait que de s hu- 33 milier profondĂ©ment devant lui, & 33 lui en rendre grĂąces. Fai tout ce qui 3, est en ton pouvoir. Reçoi moi avec 3, crainte , avec rĂ©vĂ©rence & avec af- ; „ section, & non par maniĂšre d’aquit ,3 ou par un motif Ă©tranger; puis qu Ă©- 3, tant ton Seigneur & ton Dieu, je dai- 3, gne bien venir fraper Ă  3, moi qui t’apelle. Je te commande de venir. Je veux suplĂ©er Ă  tout ce S 5 ,3 qui '4ĂŻ8 O L LIMITATION », qui te manque. Vien donc , &me », reçoi. Z. Lors que je touche ton cceurpar „ le sentiment de la dĂ©votion, tu cn », dois rendre grĂąces Ă  ton Dieu; car ce „ n’estpas Ă  cause de ta dignitĂ© que je ,, t’ai sait ce don, mais Ă  cause que j’ai „ voulu te faire si tu », ne sens pas ces doux mouvemens, „ mais plutĂŽt des sĂ©cherefies, redouble „ tes priĂšres, gĂ©mi, frape Ă  la porte, „ persĂ©vĂšre, jusqu’à ce que tu reçoives 9 , une miette ou une goĂ»te de ma grĂące „ nullement besoin de „ toi ; mais tu as besoin de moi ; &si 5, tu m’aproches, ce n’est pas pour me ,, santifier, mais c’est moi qui viens te „ Ă­Ă ntifier&te rendre meilleur. 'Tu ,, viens Ă  moi pour ĂȘtre santifiĂ© & pour j, m’ĂȘtreuni , pour croĂźtre en grĂące, ,, pour recevoir des dĂ©sirs ardens §C „ Ă©sicaces de te renouveller de plus en „ plus. Ne nĂ©glige donc point ces ,, grands biens auxquels je t apelle j >, mais prĂ©pare moi ton cƓur, &y 3 , introdui celui que tu aimes. 4. Tu 12. 41? 4. Tu ne dois pas seulement te puri- ,, fier&te disposera la serveur de la , piĂ©tĂ© lors que tu veux aller Ă  laSainte ,, communion ; mais t’y conserver en- ,, core aprĂšs 5 avec grand foin. Tune ,, dois pas veiller & te tenir fur tes gar- ,, des avec moins de foin aprĂšs m avoir ,, reçû,quetule faifois quand tu te prĂ©- ,, parois Ă  ma rĂ©ception. Se bien tenir ,, fur ses gardes aprĂšs m'avoir reçu, est ,, une excellente prĂ©paration Ă  me re- ,, cevoir encore avec plus de grĂąces. ,, Mais fi l’on fe relĂąche & fe rĂ©pand j, inconsidĂ©rĂ©ment dans des confola- 5 , rions extĂ©rieures, on fe rend incapa- ,, ble de me goĂ»ter encore. Garde toi ,, de parler beaucoup ; demeure en si- „ lence dans ton intĂ©rieur, & joûï de „ ton Dieu; tu as un bien fans prix » 5, que tout le monde ne te peut ĂŽter. ,, C’estĂ moi que tu dois te donner ,, tout entier & fans rĂ©serve ; afin que „ tu ne vives plus en toi, mais que tu ,, vives en moi dans une profonde », paix. S 6 jv C H A» 420 De limitation Chapitre XIII. DĂ©sire avec ardeur de t unir tout Ă  Dieu, L’AME. i. /^\UAND sera-ce , ĂŽ mon Dieu! que j’aurai le bien de te trouver seul , de rouvrir tout mon cƓur, tk de jouir tellement de toi selon 3e dĂ©sir de mon ame, a que personne ne m’enmĂ©prise; que nulle crĂ©ature, nul Ă©gard humain, ne me touche plus;roais que tu parles seul Ă  moi, & moi Ă  toi, comme deux personnes qui s’aiment, s’entre-parlent ; & comme un ami se communique Ă  son cher ami ? Je dĂ©lire & je demande uniquement la grĂące d’ĂȘ- tre entiĂšrement uni Ă  toi ; que mon cƓur soit sĂ©parĂ© de toutes les choses créées ; & que communiquant toujours avec toi, j’aprenne de plus en plus Ă  ne trouver du goĂ»t que dans les choses cĂ©lestes & Ă©ternelles. O mon Dieu! quand serai-je tout uni Ă  toi, tout absorbĂ© dans toi, & dans un parfait oubli de moi-meme ? Demeure dans moi, & moi - Et je lui rĂ©pondrai ; Daigne, o Seigneur! demeurer avec moi , car tout mon plaisir est de ne te quitcr jamais. Tout mon dĂ©sir est que mon cƓur 8c toutes mes affections soient unis insĂ©parablement Ă  Toi. Cha- de Cb. 14. 425 Chapitre XIV. ConsidĂ©rĂ© l ardeur des Saints pour t’animer. 1. Seigneur [ a que tes biens font ' grands que tu as rĂ©servĂ©s pour ceux qui te craignent ! Lors que je pense Ă  laffection avec laquelle quelques- uns de tes Saints se sont aprochĂ©s de roi, je fuis tout confus, & je rougis de honte en moi-mĂȘme 5 de cequej’cseme prĂ©senter devant toi, & te requĂ©rir de te communiquer Ă  moi, Ă©tants] tiĂšde & si froid que je suis ; si aride & si peu touchĂ© dans mon cƓur , au lieu d’ĂȘtre embrasĂ© en ta prĂ©sence , d’ĂȘtre enlevĂ©, d’ĂȘtre touchĂ© au/si admirablement que quelques-uns de tes enfans, qui transportĂ©s du grand dĂ©sir de ta divine Communion, & pĂ©nĂ©trĂ©s de la tendresse de ton amour, ne pouvoient s’empĂȘcher de fondre en larmes devant toi ; Qui Ă©tant altĂ©rĂ©s de toi, ouvroient de toute leur force la bouche de leur cƓur, pour W -P/. 31. 424 l’ Imitation pour te recevoir comme ĂŹa fontaine des eaux vives, & nepouvoient autrement apaiser leur faim, qu’en te recevant dans eux avec une aviditĂ© spirituelle & dĂ©licieuse. 2 . O que cette soi ardente prouve bien que tu leur Ă©tois prĂ©sent, & que tu a habitois dans eux ! Il n’y a vraiment que ceux dont le cƓur est brĂ»lant quand JĂ©sus leur parle en marchant avec eux, qui le connoiĂ­lent lors qu’il leur distribuĂ© ce pain spirituel & divin. HĂ©las! souvent cette dĂ©votion, cette ardeur, cesmouvemensd’amour, font bien Ă©loignĂ©s de moi ! Fai moi misĂ©ricorde , ĂŽ JĂ©sus ! dont la bontĂ© & ĂŹa clĂ©mence n’ont point de limites. Accorde Ă  ce pauvre mendiant qui se prĂ©sente Ă  toi quelques Ă©tincelles de ce feu d’amour qui embrase 1c cƓur ; ahn que sentant les divins effets de ta sacrĂ©e Communion , j’en devienne plus fort dans la foi ; que je m’avance dans i’es- pĂ©rance que j ai en ta bontĂ© ; & que mon amour Ă©tant une fois bien allumĂ©, aprĂšs a Efhes. 3 . v, 17 . de 425 aprĂšs avoir goĂ»tĂ© Ja manne cĂ©leste, il brĂ»le pour jamais fans s’éteindre. Z. Ta misĂ©ricorde est toute-puissan- te pourm’acorder Ja grĂące aprĂšslaquel- le je soupire, & pour me visiter de ton Esprit de feu , lors que le jour de ton bon plaisir fera venu. Carquoi-que je ne ressente pas tant d’ardeur que ces saintes Ăąmes, nĂ©anmoins je dĂ©lire par ta grĂące d’en ĂȘtre aussi vivement & souverainement enflamĂ©. J’y aspire de toutes les puissances dĂ©mon ame, ĂŽ mon Dieu ! & je te demande de devenir & d''ĂȘtre toĂ»jours du nombre de ces Ăąmes saintes & ferventes qui t’ont aimĂ© avec tant d’ardeur & de passion. Chapitre XV. Plus on renonce a foi , plus on s unit Ă  Dieu. LE BIEN-AIME'. I. H DOIS rechercher la gra- A ,, ce de la dĂ©votion avec in- ,, stanceUa demander de tout ton cƓur; ,, l’atendre avec patience &avec foi j la recevoir avec reconnoissance ; la „ con- >5 426 De l’ Imitation „ conserver avec humilitĂ© ; avoir un „ grand soin de travailler avec elle; 8c ,, remettre entiĂšrement au bon plaisir „ de Dieu le tems 8c la maniĂšre en la ,, quelle il lui plaira de te visiter d’en- ,, haut. Lors que tu ne sens point dans , toi les mouvemens de la grĂące divi- ,, ne, ou que tu n’en sens que peu, tu , dois t’humilier beaucoup; mais non , pas t’abatre ni t’atrister excessive- , ment. Souvent Dieu done tout d’un , coup ce qu’il a long-tems refusĂ©, , Souvent il donne Ă  la nn d’une priĂš- , repersĂ©vĂ©rante, ce qu’il avoitdifĂ©rĂ© de donner au commencement. 2 . L’homme est si foible, qu’il ne ,, pourroit pas bien possĂ©der la grĂące,si j, elle lui Ă©toit donnĂ©e d’abord & selon j, Ă­Ă  volontĂ©. Tu dois donc attendre ,, ./vec une humble patience Lc avec une espĂ©rance ferme les sentimens „ de fa prĂ©sence. S’ilsne te font pas ,, donnĂ©s ; 8c mĂȘme si les aĂŻant eus,ils „ te font cachĂ©s 8c soustraits, ne l'irn- „ pute qu’à toi 8c Ă  tes pĂ©chĂ©s. Il ne „ faut quelque-fois qu’une petite „ chose pour arrĂȘter la grĂące & pour la fai- de Cb . IÇ. 427 5 » la faire Ă©clipser ; si nĂ©anmoins Ton ,, doit appeller petit, 8 c non pas grand, ,, ce qui interrompt le cours d'un si „ grand bien. Que si tu surmontes en- „ tiĂšrement, & bannis de toi cet ob» 5 , stade quel qu’il soit, ce que tu de- ,> mandes te fera accordĂ©. Z. Car aussi-tĂŽt que tu te Ă­Ăšras aban- », donnĂ© Ă  Dieu de tout ton cƓur, & », que tu te feras entiĂšrement remis Ă  „ lui fans plus checher Ă  te satisfaire », en rien; tu sentiras ion union vĂ©rita» », ble, qui te donnera la paix; puisque », rien ne t’agrĂ©era plus , que le bon „ plaisir de la volontĂ© divine. Celui „ donc qui Ă©lĂšve son intention Ă  Dieu », avec un cƓur simple, & qui se dĂ©ta- ,, ehe tellement de toutes les crĂ©atures „ qu’il n’est touchĂ© pour elles ni d’un ,, amour dĂ©rĂ©glĂ©, nid’aucun dĂ©plaisir, ,, celui-lĂ  est le mieux disposĂ© Ă  rece- », voir la grĂące de l’Union de Dieu 82 „ de sa tendre Dieu rem- „ plie de ses bĂ©nites largesses tous les „ vaisseaux qu’il trouve bien vuides. ,, plus une personne renonce aux cho- ,, ses basses, 8Ă­ meurt Ă  foi parie mĂ©- 42S De l’ Imitation ,, pris avec lequel il se traite, plus „ promtement aussi Dieu & fa grĂące ,, viennent dans lui, & remplissent 5, avec plus d’abondance & de pĂ©nĂ©- ,, tration tout son cƓur, qui par-lĂ  est „ Ă©levĂ© jusqu Ă  la libertĂ© cĂ©lĂ©ste. 4. C’est alors qu’il se verra tout d’un „ coup avec Ă©tonnement dans les ri- „ ehestes & dans l’abondance du ciel; ,, Sc que son cƓur s’étendra Ă  l’infĂźni ,» pour embrasser le Dieu Infini dont il „ sentira la prĂ©sence , & dans la main „ duquel il se sera abandonnĂ© pour ,, l’étenduĂ« de tous les est „ la grĂące que Dieu fera Ă  l’home qui », le cherche de toute son ame, & qui », ne donne pas aux choses vaines de », ce monde le cƓur qu’il a reçu de », Dieu pour Dieu mĂȘme. Lors qu’il „ se prĂ©sentera Ă  la rĂ©ception de son », Sauveur, il joiiirade l’union vĂ©rita- », ble avec lui ; parce qu’il n’ycherche- ,, ra pas tant les doux sentimens de la ,, dĂ©votion & de Ă­a propre consolation, ,, que l’avancenient de I honneur & de j, la gloire de Dieu. Cha- de J, Christ. 429 Chapitre XVI. Prie ton CrĂ©ateur qu il vienne agir dans toi . L'AME, \ SEIGNEUR!trĂšs-doux& trĂšs-aimabĂŹe, que je dĂ©sire de recevoir maintenant dans mon cƓur avec un amour sincĂšre , tu comtois ma foiblelfe & le pauvre Ă©tat oĂč je fuis rĂ©duit; tu fais quelles font les plaies & les vices de mon ame ; combien souvent je fuis affligĂ© , tentĂ©, troublĂ© & fouillĂ© de pĂ©chĂ©s. Je viens Ă  toi pour trouver le remĂšde, la consolation, & le soulagement que je te prie de m’accorder. Je parle Ă  celui qui fait tout>& dont les divins regards pĂ©nĂštrent ce qu il y a de plus cachĂ© dans le fond de mon cƓur qui est tout Ă  nud devant lui. Il n’y a que toi seul qui puifĂ­es me donner du secours,& une consolation fais quels font les biens dont j’ai le plus de besoin, & combien je suis pauvre en vertus. z. Tout pauvre & tout nud que je fuis- 4Jo De l’ Imitation suis , je viens, mon Dieu ! comme de- vant ta porte, mendiant ta grĂące, & implorant ta misĂ©ricorde. Donne Ă  manger Ă  mĂłn ame afamĂ©e qui t’en demande ; aproche moi du feu de ton grand Amour, pour chasser de moi la froideur qui me gele j & illumine mes yeux aveugles, par la clartĂ© de ta divine prĂ©sence. Change moi toutes les choses de la terre en amertume ; que la patience me fasse trouver importables & douces toutes les adversitĂ©s & les contrariĂ©tĂ©s de cette vie; & que je mĂ©prise toutes les choses basses & caduques jus. qu’à les oublier tout Ă  fait. ElĂšve mon cƓur Ă  toi vers le Ciel ; & ne permets pas qu’il traĂźne davantage fur la terre. Que dĂšs ce moment tu deviennes toutes mes dĂ©lices & toutes mes joies pour jamais, ĂŽ unique nourriture &C breuvage de mon ame ! mon amour, majore, mes dĂ©lices & tout mon bien ! z. O ! que ne suis-je rendu tout ardent , tout brĂ»lant, tout consumĂ© Ă  ton Ă©gard, tout transformĂ© en toi, par ta divine prĂ©sence, pour n’ĂȘtre plus qu’un mĂȘme Esprit avec toi par le Molen de 431 moĂŻen de ton intime Union, & en me fondant dans toi par l’ardeur de ton amour'.Ne me renvoie pas Ă  jeun , tout afamĂ©, tout froid, & tout sec, de devant toi ; mais opĂšre dans moi par ta misĂ©ricorde, de la maniĂšre admirable que tu as autrefois opĂ©rĂ© dans tesSaints. Faudroit-il s’étonnersi ra divine prĂ©sence me rendoit tout de feu, & con- sumoit en moi tout ce qui me reste de moi-mĂȘme ; vĂ» que tu Ăšs un feu toĂ»- * jours ardent & qui ne s Ă©teint jamais ; un amour qui purifie le cƓur, & qui Ă©claire i’eĂ­prit f Chapitre XVII. Redouble ton ardeur pour l'IJnion heureuse. I. TE dĂ©sire, ĂŽ mon Seigneur & mon J Dieu'.de te recevoir avec la piĂ©tĂ© la plus ardente, l’amour le plus enflammĂ©, & les afections les plus vives, que jamais ont dĂ©sirĂ© te recevoir tes Saints, dont la vie t’a Ă©tĂ© agrĂ©able, Ă©tant toute sainte & consacrĂ©e Ă  toi par un amour incorruptible, O mon Dieu} Amour Ă©ternel» 4?2 De limitation Ă©tecnel ! mon Unique bien ! fĂ©licitĂ© perdurable! je dĂ©sire de te recevoir avec des transports d’amour aussi ardens, & avec une vĂ©nĂ©ration aussi profonde, qu’aucun de tes Saints en aitjamaissen- ti, ou pĂ» sentir. 2 .Et bien que je sois indigne d avoir tous ces sentimcns & toutes ces dispositions j nĂ©anmoins je t’ofre toutes les affections de mon cƓur, 8c je te prie que tu les reçoives aussi volontiers que si j’avois seul tous les soupirs Lc les dĂ©sirs les plus enflamĂ©s de tous tes Saints. Tout ce qu’une ame enflamĂ©e de dĂ©votion peut concevoir & dĂ©sirer, je dĂ©sire aussi, ĂŽ mon Dieu ! de te le prĂ©senter du plus intime de mon Ăąme, 8c avec un respect trĂšs profond. Je ne veux pas me reserver la moindre chose ; mais ofrir de toute la plĂ©nitude de mon cƓur, & immoler Ă  toi en sacrifice purement volontaire, 8c moi-mĂȘme & tout ce qui est Ă  moi. Seigneur mon Dieu ! mon CrĂ©ateur 8c mon RĂ©demteur, je dĂ©sire de te recevoir maintenant avec autant d’ardeur 8c de respect, avec autant de louange & d’honneur, avec autant de de J. Christ. Cb t 17. 433 reconnoissance & d’amour, avec autant de foi, d’esperance, & de puretĂ©, que la Sainte Vierge Marie, qui est maintenant dans la gloire, dĂ©lira de te recevoir, & te reçut en Ă©fet, lors que ton Divin Esprit survint dans elle, pour y opĂ©rer le mystĂšre de ton incarnation ; & qu’elle rĂ©pondit avec humilitĂ© & avec piĂ©tĂ© Ă  l’Ange qui Ăźui anonçoit ces bonnes nouvelles ; a Foici la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta parole ! z. Et comme le Bien-heureux Jean Baptiste, ton prĂ©curseur, le plus grand de tous ceux qui font nĂ©s de femmes, tressailloit de joĂŻe par le S. Esprit, lors qu’il Ă©toit encore dans les entrailles de fa mĂšre; & que voĂŻant ensuite JĂ©sus qui marchoit parmi les hommes, il dit avec une profonde humilitĂ© & une afection toute ardente ; O U ami de V Epoux qui ajsiße devant lui & l’écoute, est tout rĂ©joui pour entendre la voix de P Epoux ; ainsi dĂ©sire-je , ĂŽ mon Dieu ! d’étre embrasĂ© de ces grands & sacrĂ©s dĂ©sirs T e* a ĂŒtt, X. v- ;Z. Q Jean}.9,2?; 4H Dr LIMITATION en assistant devant-toi avec un ravit r sement de cƓur & en me prĂ©sontant j j Ă  toi. C’est pourquoi, mon Dieu, ' ^ prenant part Ă  tous les transports da * joĂŻe, Ă  toutes les affections brĂ»lais * tes, Ă  tous les ravissemens d’esprit, P a toutes les lumiĂšres surnaturelles, Ă  r ' toutes les visions cĂ©lestes & divines " des Ăąmes saintes, je te les ofre & te les prĂ©sente avec toutes les puissances I t & toutes les louanges que toutes les crĂ©atures t’ont rendues & te peuvent J jamais rendre au Ciel & en la terre. “ Reçoi-les comme de ma part, com- Ă­ me dĂ©sirant de te les rendre; & mets j * les mĂȘmes dispositions dans ceux * pour qui je te dois prier, afin que tu fois louĂ© & glorifiĂ© pour jamais d’une 1 maniĂšre digne de toi. j 4. Seigneur mon Dieu! reçoi, je j ' te prie, les vƓux & les dĂ©sirs que 1 j’ai que tu fois honorĂ© par des loĂ»an- 1 ges infinies, & par des bĂ©nĂ©dictions 1 eternelles & fans bornes, comme tu ' le dois ĂȘtre pour la sublimitĂ© de tes 1 InĂ©fĂ bles grandeurs. Je tĂąche de te 1 tendre ce devoir; je dĂ©sire de te le y ' rendre 'S Et -Ă  io;L' 31 isi'f l!CÎ Bf be J. Christ. Z/v. IV. Cb. 17. 4z s rendre autant de jours & de momens que ma vie durera; & je souhaite d’avoir pour compagnons tous les Esprits cĂ©lestes, & tous tes fidĂšles. Je les invite tous Ă  se joindre Ă  moi pour chanter tes louanges, & pour te rendre des actions de grĂąces qui ne finissent jamais. y. Que tous les peuples, toutes les tribus, toutes les langues de la terre teloĂ»ent! qu’ils magnifient ce saint, ce doux, cet aimable Nom de JĂ©- SUS, par des transports inĂ©fables de joĂŻe & d’amour ! Que tous ceux qui »'approchent de toi avec reverence Sc avec piĂ©tĂ© pour s’unir avec toi dans cette communion sainte, &pour te recevoir par une foi vivante, trouvent grĂące & misĂ©ricorde devant toi, &se souviennent de moi, qui suis un pauvre pĂ©cheur, dans leurs saintes priĂšres & lors qu’aiant obtenu ce qu’ils dĂ©siroient, ils se trouveront pleins de biens, rassasiĂ©s & consolĂ©s par l’Union pure dont ils jouiront avec toi, qu’ils daignent se souvenir en bien de la pauvretĂ© de mon ame. 43-6 DE LIMITATION Chapitre XVIII. Rejette les conseils de la chair malheureuse. . °^'E NTREPREN jamais „ d’aprofondir mes mystĂš- , res par une recherche curieuse & , inutile, si tu ne veux tomber dans l’abime de l’incrĂ©dulitĂ© &del’infi- , dĂ©litĂ©. Celui qui veut sonder les > Ɠuvres de la MajestĂ© divine, fera , acablĂ© fous le poids de fa gloire, , Les opĂ©rations de Dieu font au dessus de toute la raison & de tou- , te la comprĂ©hension de l’homme. Le meilleur est de rechercher avec un esprit humble & dans la crainte de Dieu la simplicitĂ© de la vĂ©ritĂ©, d’ĂȘtre toujours prĂȘt Ă  recevoir instruction, & de tĂącher de suivre la trace des Saints. 2. O heureuse simplicitĂ©! qui Ă­Ă ns s’amufer Ă  chercher des dĂ©tours par une foule de questions & de discussions fur je ne fai quelles „diffi- de J. Christ. Ch. ig. 437 „ difficultĂ©s, jette simplement les „ yeux fur la voie toute simple & „ assurĂ©e des commandemens de „ Dieu! Beaucoup ont perdu la piĂ©- ,, tĂ© pour avoir voulu comprendre „ des choses qui font infiniment Ă©le- 3, vĂ©es au-dessus de l’entendement „ humain. Dieu exige de toi la Foi „ il exige de toi une conduite sim- „ pie & sincĂšre, & non pas une „ Ă©lĂ©vation d’esprit, ni une recher- „ ehe curieuse de la profondeur de „ ses mystĂšres. Si tu ne connois „ pas les choses les plus basses, com- „ mentvoudrois-tu comprendre cel- les qui sont au-dessus de toi? Sou- „ met toi Ă  Dieu ; soumet tes fen- „ timens Ă  fa foi ; & Dieu te fera „ comprendre ses voies autant qu’il fera utile & nĂ©cessaire pour ton „ salut. z. II y en a qui sont violemment „ tentĂ©s fur la foi des mystĂšres & des „ choses divines ; & leurs doutes ne „ viennent pas tant d’eux que de 8a- „ tan. N’aĂŻe point d’égard Ă  ces „ tentations lĂ ; ne t’entretien point T 3 de 438 De limitation „ de ces pensĂ©es; ne rĂ©pon point Ă  j, ces doutes que Pennemi te met „ dans l’Esprit. Croi Ă  la parole de - „ Dieu, Ă  ce que ses Saints & ses „ ProphĂštes t’ont dit de fa part ; & „ cet çnnemi s’enfuira. II etĂŹ Ă­ĂČu- „ vent trĂšs-utile Ă  un serviteur de „ Dieu d’ĂȘtre tentĂ©. Le Diable ne „ tente pas les infidĂšles & les mĂ©- „ chans, veu qu’il les possĂšde en > „ assurance ; c’est ceux qu’íl fait ĂȘtre „ du nombre des fidĂšles qu’il tente „ & qu’il tourmente en une infinitĂ© „ de maniĂšres. 4. Aproche toi donc de ton Dieu „ avec respect, avec simplicitĂ©, & „ avec foi en ses promesses, pour „ jouĂŻr de fa trĂšs-divine comunion, „ Ce que tu n’y peux comprendre, „ remet-le Ă  Dieu & Ă  fa puissance „ infinie. Dieu ne te sauroittrom- .1 „ per ; celui-la est trompĂ© qui se fie t „ trop Ă  ses propres pensĂ©es. Dieu „ marche avec les simples ; il se reve- „ le aux humbles; il fait compren- ,, dre les choies spirituelles aux pe- „ tits; il ouvre l’esprit des Ăąmes pu- „ res; Dr J. Christ. Cb. iF. 4Z» „ res; mais il cache fa grĂące Ă  la cu* „ rioiĂ­tĂ© des hommes superbes. La „ raison humaine est foible; elle est », sujette Ă  Terreur, & la foi sincĂšre „ & vĂ©ritable ne Test pas. f. La raison humaine doit suivre », la foi, & non pas la prĂ©cĂ©der ni la „ combattre. Car la Foi & TAmour „ excellentsur tout dans cette subli- „ me & divii e communion, & y. „ opĂšrent admirablement, quoi que „ secrĂštement & sous une aparence „ basse. Dieu qui est Ă©ternel, tout- „ puissant, & incomprĂ©hensible fait „ des merveilles qu’on ne sauroit „ aprofondir & dans le Ciel & fur la „ terre. La sublimitĂ© de ses opĂ©ra- „ tions est impĂ©nĂ©trable. Si les Ɠu- „ vres de Dieu pouvoient ĂȘtre faci- „ lement comprises par Tesprit hu- „ main, on ne devroit pas les apester merveilleuses & indicibles. F Ă­ N, LTK» '***&?* ». m ’xy jjfeĂŻĂ­ 1 KGM %3& >'*"‱ 4Ă  Bi GMHM v %Ă­ y m fH.
Laide mĂ©dicale Ă  mourir est lĂ©gale au Canada depuis 2016. « Le nombre d’interventions est passĂ© d’un peu plus de 1000 au pays en 2016 Ă  prĂšs de 7600 l’an dernier ». Source : Radio Canada (26/10/2021)
Le rapport de la Commission sur les soins de fin de vie prĂ©sidĂ©e par Michel A. Bureau, dĂ©posĂ© la semaine passĂ©e, Ă©tait attendu parce qu’il promettait de donner un Ă©tat des lieux complet, plus de trois ans aprĂšs l’entrĂ©e en vigueur de l’aide mĂ©dicale Ă  mourir AMM.On sait dĂ©sormais que 1632 personnes ont reçu l’aide mĂ©dicale Ă  mourir au QuĂ©bec entre le 10 dĂ©cembre 2015 et le 31 mars 2018, ce qui reprĂ©sente une infime partie des QuĂ©bĂ©cois qui auraient pu demander ce soin de fin de fins de comparaison, pendant la mĂȘme pĂ©riode, 142 622 QuĂ©bĂ©cois avaient eu accĂšs Ă  des soins palliatifs de fin de vie. C’est donc dire que l’immense majoritĂ© des QuĂ©bĂ©cois qui auraient pu demander l’aide mĂ©dicale Ă  mourir a choisi de ne pas le faire. Ce n’est pas surprenant et cela est synchro avec ce qu’on voit ailleurs la plupart des malades veulent aller jusqu’au bout de la j’aimerais faire un apartĂ© le danger de la pente glissante » qu’ont brandi les Bonhommes Sept Heures qui maudissaient l’aide mĂ©dicale Ă  mourir pendant les annĂ©es oĂč nous en avons dĂ©battu ne s’est pas concrĂ©tisĂ©. Il n’y a pas eu d’épidĂ©mie de demandes d’aide mĂ©dicale Ă  mourir, comme les opposants le prĂ©disaient de façon totalement hystĂ©rique. Fin de l’aparté On constate dans ce rapport qu’il existe des obstacles importants Ă  l’aide mĂ©dicale Ă  mourir, Ă  cause de barriĂšres qu’on ne peut imputer qu’au systĂšme. Manque de mĂ©decins pour prodiguer ce soin, confusion sur les critĂšres d’admissibilitĂ©, flou entre les juridictions provinciale et fĂ©dĂ©rale il est possible que vous demandiez l’aide mĂ©dicale Ă  mourir et que vous ne la receviez pas alors que vous y avez tragique, bien sĂ»r, et ça crĂ©e des situations dramatiques qui sont le contraire d’une mort il ne faut pas oublier que ce soin est une rĂ©volution en soi, une avancĂ©e qui bouleverse autant les mentalitĂ©s que les inĂ©vitables petites cases bureaucratiques qui rĂ©gissent le continuum de soins » du systĂšme de santĂ©. Le systĂšme, lentement mais sĂ»rement, s’adapte Ă  la nouvelle rĂ©alitĂ© de l’aide mĂ©dicale Ă  mourir. Il y aura donc des pĂ©pins dans cette pĂ©riode de faciliter l’accĂšs Ă  l’aide mĂ©dicale Ă  mourir, la Commission propose donc un guichet unique dans chaque Ă©tablissement, un endroit oĂč les personnes pourront ĂȘtre entendues si elles ont de la difficultĂ© Ă  obtenir l’aide mĂ©dicale Ă  mourir. Pour aider les mĂ©decins Ă  y voir clair, la Commission propose aussi la crĂ©ation d’un service-conseil centralisĂ©, pour rĂ©pondre Ă  leurs questions. Tout cela est pertinent. EspĂ©rons que le temps fera son Ɠuvre et limitera les entraves Ă  l’AMM, qui demeure
 un autre aspect du rapport de la Commission sur les soins de fin de vie, moins spectaculaire, s’attarde aussi Ă  l’accĂšs aux soins palliatifs de fin de vie SPFV. Ça fait des annĂ©es que les soins palliatifs font partie du continuum des soins de vie dans le systĂšme. Il est donc assez consternant de constater Ă  la lecture du rapport du Dr Bureau que l’offre en soins palliatifs est encore comme un fromage gruyĂšre pleine de la Commission note qu’il y a une difficultĂ© de base, celle d’obtenir des donnĂ©es fiables sur l’accĂšs aux soins palliatifs, au QuĂ©bec. On lit ça, on lĂšve un sourcil, mais ça ne devrait Ă©tonner personne le QuĂ©bec est un cancre au Canada en matiĂšre de statistiques. J’ai Ă©crit quelques fois sur ce problĂšme plus grave qu’il n’y paraĂźt comment amĂ©liorer ce qu’on ne sait mĂȘme pas mesurer ?Ensuite, note le rapport, on attend encore trop longtemps avant d’admettre un patient aux soins palliatifs L’admission en unitĂ© ou en maison de soins palliatifs est souvent tardive peu de temps avant le dĂ©cĂšs, empĂȘchant ainsi les personnes en fin de vie de bĂ©nĂ©ficier d’une approche palliative au moment opportun. »LĂ -dessus, le systĂšme a bien sĂ»r sa responsabilitĂ© le rapport constate une mĂ©connaissance » des soins palliatifs de fin de vie au sein mĂȘme des artisans du rĂ©seau, ce qui est un peu les citoyens ont aussi la responsabilitĂ© de discuter de la mort, de leur mort. Je vous ai parlĂ© jadis de ce problĂšme repousser Ă  la derniĂšre seconde son entrĂ©e aux soins palliatifs, par peur du mot mort » ou du mot palliatif », c’est crĂ©er les conditions pour mourir dans le chaos aux soins intensifs. Il vaut mieux en parler aux soignants plus tĂŽt que le systĂšme doit aider le citoyen Ă  faire face Ă  la mort. Le rapport de la commission Bureau aborde les Directives mĂ©dicales anticipĂ©es DMA, dans lesquelles on peut consigner dans un registre ses volontĂ©s quant aux soins auxquels on consent – ou pas – si on n’est pas en mesure de les exprimer. Ça Ă©vite par exemple l’acharnement Ă  peine 0,5 % des adultes quĂ©bĂ©cois ont soumis leurs DMA au registre quĂ©bĂ©cois. En consĂ©quence, il n’est que trĂšs peu consultĂ© par les professionnels du rĂ©seau
 Il faut publiciser l’existence mĂȘme des DMA, conclut le des choses Ă  retenir du rapport de la Commission sur les soins de fin de vie n’y est pas Ă©crite en toutes lettres, mais on le devine entre les lignes
Il y a encore trop de gens qui meurent mal, au mort d’AthĂ©na GervaisJ’ai Ă©crit sur la mort d’AthĂ©na Gervais, la semaine derniĂšre, dans la foulĂ©e du rapport du personnes m’ont Ă©crit pour me dire que c’était donc bien Ă©pouvantable que les amis d’AthĂ©na l’aient laissĂ©e seule derriĂšre l’école, aprĂšs qu’ils eurent consommĂ© de l’alcool, et AthĂ©na plus que les autres, Ă  l’heure du dĂźner
AprĂšs la mort d’AthĂ©na, cette version des faits avait en effet circulĂ© les amis d’AthĂ©na l’avaient supposĂ©ment laissĂ©e Ă©tendue au sol, ivre, avant de rentrer dans la polyvalente pour la reprise des rapport du coroner a rectifiĂ© les faits tout le groupe, incluant AthĂ©na, est rentrĂ© dans l’école. AthĂ©na a quittĂ© l’édifice de son propre chef, peu aprĂšs la reprise des est alors tombĂ©e dans le ruisseau avec les consĂ©quences que l’on sait.
Lerisque de mourir de la Covid-19 pour les personnes ayant reçu une dose de rappel est de 0,10 (IC 95 % : 0,07-0,14) en comparaison avec les personnes n'ayant que les deux doses. En d'autres
L'aide mĂ©dicale Ă  mourir, FrontiĂšres, vol. 24, n° 1-2, automne 2011-printemps 2012, Que signifie mourir dans la dignitĂ©? Cet article aborde la question par des considĂ©rations de l'ordre d'une anthropologie philosophique. De ce point de vue, la bonne mort » est celle qui est rapide et sans douleur. Ce que les gens craignent, c'est une mort prolongĂ©e, souffrante et vĂ©cue dans la dĂ©pendance. Selon les partisans de l'institutionnalisation des pratiques euthanasatiques, mourir dans la dignitĂ© signifie pouvoir avoir accĂšs Ă  l'aide au suicide et Ă  l'euthanasie en fin de vie ou en cas de maladies chroniques dĂ©gĂ©nĂ©ratives; leur argument majeur repose sur le respect de l'autonomie de la personne. La moralitĂ© de cette option est examinĂ©e Ă  la lumiĂšre de quatre thĂ©ories ou approches pertinentes en Ă©thique de la santĂ©. Ce sont le dĂ©ontologisme, le situationnisme, l'utilitarisme et l'approche bioĂ©thique. Mots clĂ©s mort, dignitĂ©, dĂ©ontologisme, situationnisme, utilitarisme, bioĂ©thique, approche par principes. Ă©thique de la santĂ©. Extraits La thĂ©orie kantienne des devoirs a Ă©tĂ© crtiquĂ©e parce que les devoirs parfaits gĂ©nĂšrent une obligation morale absolue sans exception. Que faire quand deux devoirs parfaits entrent en conflit? Kant ne donne aucune indication Ă  ce sujet ». Pour le situationnisme fletcherien, l'aide au suicide et l'euthanasie sont des actes moralement acceptables exceptionnellement dans certaines circonstances. C'est la conscience individuelle qui peut en juger ». Ce qui importe pour la morale utilitariste, c'est d'agir en fonction du bien-ĂȘtre des personnes qui auront Ă  subir les consĂ©quences de l'action en cause, en cela rĂ©side la dignitĂ© humaine ». Dans cette approche, le lieu de la dĂ©cision relĂšve du patient sur le plan individuel et de la communautĂ© civile sur le plan sociĂ©tal. Les dĂ©cisions prises ne sont pas de l'ordre du consensus et les droits des patients sont supĂ©rieurs Ă  ceux des mĂ©decons qui, en fait, se rĂ©sument au droit de retrait ».
ï»żIly a aussi un voyage dans le temps et une rĂ©vĂ©lation importante Ă  la fin. Il est disponible sur HBO Max si vous souhaitez revivre la fantastique aventure hallucinante. 5. The NeverEnding Story (1984) Le cĂ©lĂšbre rĂ©alisateur allemand Wolfgang Petersen a rĂ©alisĂ©â€The NeverEnding Story”, un film fantastique Ă©poustouflant et glorieux, comme vous n’en avez
TĂ©lĂ©charger l'article TĂ©lĂ©charger l'article Adresser une lettre Ă  un prĂȘtre de l'Église catholique peut ĂȘtre compliquĂ©, mais il importe de suivre la bonne procĂ©dure si vous avez envie de paraitre respectueux. Toutefois, ne vous inquiĂ©tez pas. Tout ce que vous avez Ă  faire, c'est de savoir le rang du prĂȘtre afin de pouvoir envoyer la correspondance Ă  juste titre. 1 Adressez une lettre Ă  un prĂȘtre sĂ©culier. Sur l'enveloppe, Ă©crivez Le RĂ©vĂ©rend PĂšre son premier prĂ©nom, l'initiale de son second prĂ©nom et son nom de famille » ou Le RĂ©vĂ©rend son premier prĂ©nom, l'initiale du second prĂ©nom et son nom de famille. » Toutefois, n'oubliez pas de mettre l'article Le ». Vous pouvez par exemple Ă©crire Le RĂ©vĂ©rend PĂšre Jean, M. Auguste. » La formule de salutation doit ĂȘtre Cher PĂšre. Vous pourriez aussi vous adresser Ă  un prĂȘtre en utilisant la formule M. le curĂ© pour faire montre d'un peu plus de politesse. S'il s'agit d'une lettre officielle, Ă©crivez Le RĂ©vĂ©rend PĂšre [nom de famille] ou Cher RĂ©vĂ©rend PĂšre en guise de formule de salutation [1] . Si vous ĂȘtes un proche du prĂȘtre, vous pourriez Ă©crire Cher PĂšre [nom de famille] ou Cher PĂšre [2] . Terminez la lettre par Veuillez agrĂ©er, cher PĂšre, mes salutations les plus respectueuses en Christ. AprĂšs cela, mettez votre nom complet en bas de cette formule [3] . 2 Adressez une lettre Ă  un prĂȘtre d'un ordre religieux. Au verso de l'enveloppe, Ă©crivez CurĂ© [premier prĂ©nom, l'initiale du second prĂ©nom et le nom de famille] suivi des initiaux de l'ordre auquel il appartient. La principale diffĂ©rence qu'il y a ici consiste Ă  ajouter les initiaux de l'ordre religieux comme dans Le RĂ©vĂ©rend [nom de famille], CAP ou Le RĂ©vĂ©rend PĂšre [nom de famille], CAP. Par exemple, Ă©crivez Le RĂ©vĂ©rend PĂšre LĂ©o F. Mackenzie, Dans cet exemple, l'abrĂ©viation dĂ©signe l'ordre religieux catholique Compagnie de JĂ©sus. Terminez la lettre par Veuillez agrĂ©er, cher PĂšre, mes salutations les plus respectueuses en Christ. AprĂšs cela, mettez votre nom complet en bas de cette formule. 1 Écrivez au Pape. Adressez correctement la lettre. Le Pape est la plus haute autoritĂ© religieuse de l'Église catholique. Envoyez la lettre Ă  Sa SaintetĂ© le pape François. Vous avez Ă©galement la possibilitĂ© de mentionner sur l'enveloppe Le Souverain pontife, Sa SaintetĂ© le pape François. La formule de salutation de la lettre doit ĂȘtre Votre SaintetĂ© ou TrĂšs Saint-PĂšre. Lorsque vous vous adressez verbalement au Pape, vous devriez dire Votre SaintetĂ©. Son adresse est la suivante Palais Apostolique. 00120, CitĂ© du Vatican. Terminez la lettre avec un bon mot de fin. Si vous ĂȘtes un fidĂšle catholique, clĂŽturez la correspondance avec cette formule J'ai l'honneur d'ĂȘtre, TrĂšs Saint-PĂšre, avec le plus profond respect, de Votre SaintetĂ©, le trĂšs humble et dĂ©vouĂ© serviteur. Si vous n'ĂȘtes pas catholique, il convient d'employer la formule de politesse consacrĂ©e pour clĂŽturer la lettre Tous mes bons vƓux accompagnent Votre SaintetĂ©, trĂšs respectueusement ou Je prie Votre SaintetĂ© de daigner agrĂ©er l'hommage de mon trĂšs profond respect suivie de votre nom. L'autre façon appropriĂ©e de terminer la lettre consiste Ă  dire Veuillez agrĂ©er, Votre SaintetĂ©, mes salutations les plus respectueuses en Christ. 2 Adressez-vous Ă  un cardinal. Mentionnez sur l'enveloppe de la missive Son Éminence son nom de baptĂȘme le Cardinal son nom de famille. Employez la formule de salutation Votre Éminence. Les cardinaux sont en deuxiĂšme position juste aprĂšs le Pape dans la hiĂ©rarchie catholique. Lorsque vous vous adressez verbalement Ă  un cardinal, vous devez Ă©galement dire Votre Éminence. Si vous ĂȘtes un fidĂšle catholique, terminez la lettre par cette formule J'implore trĂšs respectueusement les bĂ©nĂ©dictions de Votre Éminence en Christ suivie de votre nom [4] . 3 Adressez-vous Ă  un archevĂȘque. Mentionnez sur l'enveloppe À sa GrĂące Monseigneur l'archevĂȘque [son premier prĂ©nom, l'initiale de son second prĂ©nom et son nom de famille], suivi de la ville dans laquelle l'archevĂȘque est affectĂ©. La formule de salutation doit ĂȘtre Votre Excellence. Vous devriez Ă©galement l'appeler ainsi lorsque vous vous adressez Ă  lui verbalement. Terminez la lettre par la formule J'implore trĂšs respectueusement les bĂ©nĂ©dictions de Votre Excellence en Christ ou Je vous prie d'agrĂ©er, Votre Excellence, mes salutations les plus respectueuses en Christ, suivie de votre nom. 4 Adressez-vous Ă  un Ă©vĂȘque. Écrivez par exemple ceci sur l'enveloppe Son Excellence, le TrĂšs RĂ©vĂ©rend Philippe I. Barbarin, ÉvĂȘque de Lyon ou Son Excellence le TrĂšs RĂ©vĂ©rend Philippe I. Barbarin, ÉvĂȘque de Lyon. La formule de salutation doit ĂȘtre Votre Excellence. Terminez la lettre par cette phrase J'implore trĂšs respectueusement les bĂ©nĂ©dictions de Votre Excellence en Christ, suivi de votre nom. Une autre façon de clĂŽturer la missive est Je vous prie d'agrĂ©er, Votre Excellence, mes salutations les plus respectueuses en Christ, suivie de votre nom. 5 Adressez-vous Ă  une religieuse ou Ă  un moine. Pour vous adresser Ă  un moine, Ă©crivez FrĂšre [son prĂ©nom, l'initial de son second prĂ©nom et son nom de famille], suivi des initiaux de l'ordre auquel il appartient. La formule de salutation doit ĂȘtre Cher FrĂšre [son nom de famille]. Terminez ensuite la lettre avec Veuillez agrĂ©er, FrĂšre [son nom de famille], mes salutations les plus respectueuses en Christ, suivi de votre nom complet. Pour vous adresser Ă  une religieuse, Ă©crivez sur l'enveloppe SƓur [son prĂ©nom, l'initial de son second prĂ©nom et son nom de famille]. Ensuite, terminez la lettre par Veuillez agrĂ©er, SƓur [son nom de famille], mes salutations les plus respectueuses en Christ, suivi de votre nom complet. 6 Adressez-vous Ă  un abbĂ©. Écrivez de cette façon pour vous adresser Ă  un abbĂ© TrĂšs RĂ©vĂ©rend [son prĂ©nom et son nom de famille], suivi des initiaux de l'ordre auquel il appartient ainsi que le nom de ville oĂč il exerce son ministĂšre. La formule de salutation est TrĂšs RĂ©vĂ©rend AbbĂ©. Terminez la lettre par cette phrase Je vous prie d'agrĂ©er, TrĂšs RĂ©vĂ©rend AbbĂ©, mes salutations les plus respectueuses en Christ, suivie de votre nom. 1 Suivez le protocole de rĂ©daction habituel. S'il s'agit d'une lettre officielle, rĂ©digez-la sur du papier Ă  entĂȘte. Vous avez la possibilitĂ© de crĂ©er votre propre entĂȘte en mettant votre nom ainsi que vos coordonnĂ©es au milieu de la feuille. N'indentez pas vos paragraphes et veillez Ă  laisser une ligne supplĂ©mentaire entre ceux-ci. Vous pouvez Ă©galement disposer vos coordonnĂ©es et notre nom Ă  la partie supĂ©rieure gauche de la lettre. Faites usage d'un joli papier et d'une enveloppe appropriĂ©e. Veillez Ă  Ă©crire sur cette derniĂšre votre adresse et votre nom. 2 Utilisez un ton formel lorsque vous vous adressez Ă  un prĂȘtre. Ce n'est pas convenable d'appeler un ecclĂ©siastique par son prĂ©nom, comme PĂšre Bob. Autrement, adressez-vous Ă  lui en disant simplement Mon PĂšre ou PĂšre Smith [5] . Autrefois, vous pourriez appeler un prĂȘtre par Votre RĂ©vĂ©rence, mais vous pouvez toujours l'appeler ainsi si vous avez envie de paraitre plus classique et respectueux. Bien Ă©videmment, si un prĂȘtre vous dit de l'appeler PĂšre Bob, c'est son droit. Toutefois, cela est considĂ©rĂ© comme un manque de respect dans certaines communautĂ©s. 3 Adoptez les comportements appropriĂ©s Ă  la vue des prĂȘtres. Vous devez vous lever lorsqu'un prĂȘtre rentre dans une salle et rester dans cette position jusqu'Ă  ce qu'il vous dise de vous assoir. Si vous ĂȘtes un homme, vous devez retirer votre chapeau en prĂ©sence d'un prĂȘtre. Ensuite, embrassez sa main. Cela est censĂ© honorer le fait que les prĂȘtres se sont consacrĂ©s Ă  l'Eucharistie. Faites montre de ce mĂȘme respect lorsque vous quittez la prĂ©sence d'un prĂȘtre. Conseils Lorsque vous voulez rĂ©diger une lettre Ă  un prĂȘtre catholique, optez pour un papier blanc et une encre noire. La plupart des dictionnaires français disposent d'une section qui vous apprend Ă  vous adresser aux prĂȘtres de diffĂ©rents rangs dans les Ă©glises Ă©piscopale et orthodoxe. À propos de ce wikiHow Cette page a Ă©tĂ© consultĂ©e 71 605 fois. Cet article vous a-t-il Ă©tĂ© utile ?
Mourirà Alep au XIIIe siÚcle / 121. estimer de 18 à 20 000 le nombre des victimes de 1762. D'avril 1761 à septembre 1762 la peste a ainsi emporté entre 25 et 30 000 habitants d'Alep, soit approximativement entre le quart et le cinquiÚme de la population de la ville9.

1Pour introduire le dossier thĂ©matique qui va suivre, on se proposera de mobiliser un tandem conceptuel souvent trĂšs opĂ©ratoire dĂšs qu’il est question de phĂ©nomĂšnes se dĂ©ployant dans le temps, le couple stock/flux. Ainsi, si on prend l’ensemble des cultes antiques en vigueur Ă  un moment donnĂ©, il est possible de formaliser cette somme pour l’envisager comme un stock » de cultes. L’ampleur de ce stock est alors Ă©videmment une question d’échelle et varie selon qu’on s’attache Ă  l’ensemble des sociĂ©tĂ©s antiques ou seulement Ă  certaines du temps de Scipion l’Africain, par exemple, l’ensemble des cultes romains – compris ici au sens de l’ensemble des cultes pratiquĂ©s par les Romains – Ă©tait diffĂ©rent de l’ensemble des cultes athĂ©niens, et les deux Ă©taient bien entendu infĂ©rieurs en nombre Ă  l’ensemble des cultes antiques en gĂ©nĂ©ral. 1 Walter Burkert, La religion grecque Ă  l’époque archaĂŻque et classique, Paris, Picard, 2011 [1977, 2 ... 2 Religions antiques. Une introduction comparĂ©e, Ă©d. Philippe Borgeaud, Francesca Prescendi, GenĂšve, ... 2L’étude historique de ces cultes peut alors suivre deux chemins soit on les saisit un Ă  un de maniĂšre individuelle, soit l’historien choisit d’étudier un groupe d’entre eux, ce qui lui impose la nĂ©cessitĂ© de dĂ©finir d’emblĂ©e le pĂ©rimĂštre des cultes auxquels il s’attache. Cela dĂ©bouche concrĂštement sur des ouvrages comme La religion grecque, ou Religions de Rome, pour ne reprendre que des titres Ă  la fois connus et assez rĂ©cents1. Ces travaux envisagent alors les choses d’un point de vue presque toujours bĂąti Ă  partir d’un critĂšre politique ou ethno-gĂ©ographique, et trĂšs rarement sous un angle franchement gĂ©nĂ©ral Ă  l’AntiquitĂ© entiĂšre, comme Religions antiques. Une introduction comparĂ©e, ou de maniĂšre plus restreinte et spĂ©cifique comme les cultes dits Ă  mystĂšres » ou ceux dits orientaux »2. Quelle que soit la maniĂšre d’aborder les choses, le stock rĂ©el des cultes antiques Ă©tait toutefois assurĂ©ment plus large que celui Ă  notre connaissance, car beaucoup n’ont guĂšre laissĂ© de traces lisibles pour nous sans Lucien de Samosate et son Alexandre ou le faux prophĂšte, que dirions-nous aujourd’hui du culte du serpent Glycon d’Abonouteichos ? Et combien d’autres cultes antiques n’ont pas eu leur Lucien ? 3Ce n’est pourtant pas sous l’angle du stock que l’on s’intĂ©ressera ici aux cultes antiques, car les ensembles dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©s et formant la religion grecque, les religions de Rome, etc. bĂ©nĂ©ficient d’une bibliographie dĂ©jĂ  considĂ©rable. Ce sont les flux qui arrĂȘteront notre intĂ©rĂȘt, c’est-Ă -dire les variations affectant au fil du temps le contenu du stock, dont il n’est pas inutile de rappeler qu’il n’est jamais lui-mĂȘme Ă  un moment donnĂ© que la somme des flux antĂ©rieurs. 4De ce point de vue dynamique, nous laisserons d’ailleurs aussi de cĂŽtĂ© la variation constituĂ©e par les flux entrants, les nouveaux cultes qui s’agrĂšgent aux plus anciens ces cultes ont Ă©galement toujours suscitĂ© une bibliographie abondante. Les sources Ă©voquent de fait assez souvent des crĂ©ations de cultes, c’est-Ă -dire le surgissement concret – il n’est pas ici question des rĂ©cits Ă©tiologiques – au sein des communautĂ©s de cultes qui n’y existaient pas antĂ©rieurement. Ces apparitions pouvant revĂȘtir des formes assez variĂ©es, allant de l’importation officielle d’un culte jusqu’alors Ă©tranger – par exemple l’importation du culte de Magna Mater Ă  Rome en 204 av. – Ă  l’émergence un peu diffuse et insaisissable d’un quelque chose » qui devient un vrai culte comme il advint avec le culte impĂ©rial romain. 3 Par exemple Ritual Dynamics in the Ancient Mediterranean. Agency, Emotion, Gender, Representation... 5L’intĂ©rĂȘt se portera plutĂŽt sur la question des flux nĂ©gatifs, des disparitions de cultes. Car il faut bien constater qu’autant sources et bibliographie moderne sont loquaces sur les crĂ©ations et autres importations de cultes nouveaux, autant elles sont discrĂštes sur les disparitions de cultes anciens. Seules deux situations Ă©chappent en fait Ă  ce constat, mais toutes les deux trĂšs particuliĂšres et finalement exceptionnelles chacune dans son genre. La premiĂšre concerne les destructions de cultes liĂ©s Ă  des guerres ou Ă  la destruction – somme toute assez rare – des communautĂ©s qui y Ă©taient liĂ©es. La seconde situation, qui bĂ©nĂ©ficie d’une attention trĂšs soutenue, se situe quant Ă  elle exclusivement dans l’AntiquitĂ© tardive et concerne la fin du mode antique de relation au sacrĂ© lors du passage au christianisme. En dehors de ces deux cas de figure, redisons-le parfaitement exceptionnels, la littĂ©rature moderne est quasi inexistante ou alors trĂšs marginale Ă  propos de disparitions de cultes en temps ordinaires. Pour s’en convaincre il suffit de consulter les tables des matiĂšres des ouvrages de rĂ©fĂ©rence citĂ©s prĂ©cĂ©demment – mais on pourrait aussi bien le constater dans les travaux rĂ©cents consacrĂ©s aux dynamiques cultuelles3 on y Ă©voque des transformations et des rĂ©interprĂ©tations mais pas d’extinctions. 6Au premier abord, le survol des sources et de l’historiographie moderne dĂ©bouche donc sur l’impression forte que le nombre de cultes n’a dans l’AntiquitĂ© cessĂ© de croĂźtre au fil du temps. Or cette idĂ©e d’un ensemble qui n’évoluerait apparemment qu’à la hausse sur le temps long, par l’adjonction plus ou moins rĂ©guliĂšre de cultes nouveaux dĂ©bouche sur une difficultĂ© Ă©pistĂ©mologique. Il est certes bien connu que les sociĂ©tĂ©s antiques Ă©taient viscĂ©ralement attachĂ©es Ă  leurs traditions et donc conservatrices dans l’ñme. Mais s’en tenir strictement Ă  ce modĂšle dans l’affaire qui nous prĂ©occupe imposerait alors de concevoir la vie religieuse antique comme une perpĂ©tuelle accumulation de cultes depuis de lointaines et tĂ©nĂ©breuses origines jusqu’au crĂ©puscule des dieux, la mortelle confrontation finale avec le christianisme. 7Or si on envisage dĂ©sormais cela Ă  l’échelle de la vie religieuse et cultuelle d’un simple individu, on bute alors sur une difficultĂ© que l’on se permettra de rĂ©sumer ici de maniĂšre un peu caricaturale. ConsidĂ©rons une pĂ©riode longue d’un millĂ©naire courant par exemple d’un Romain archaĂŻque Ă  un Romain tardif. Si on appliquait Ă  cette pĂ©riode un modĂšle strictement conservateur de la tradition, il en rĂ©sulterait que la vie religieuse du second serait nĂ©cessairement beaucoup plus riche en cultes que celle de son lointain ancĂȘtre archaĂŻque il serait dĂ©vot de l’ensemble des cultes anciens, pieusement conservĂ©s et Ă©ventuellement transformĂ©s, plus tous les nouveaux cultes qui seraient apparus dans la sociĂ©tĂ© romaine durant le millĂ©naire sĂ©parant les deux hommes. 8À niveau de dĂ©votion globalement Ă©quivalent, cela aboutirait Ă  plusieurs propositions peu satisfaisantes. La premiĂšre concernerait l’emploi du temps religieux des Romains, qui serait devenu de plus en plus chargĂ© au fil des siĂšcles. Ensuite, cette situation impliquerait aussi que la vie religieuse des Ă©poques anciennes aurait en quelque sorte Ă©tĂ© plus qualitative, pour devenir ensuite plus quantitative aux Ă©poques rĂ©centes. Une idĂ©e qui a la faiblesse d’entraĂźner trop aisĂ©ment la rĂ©flexion vers les jugements de valeur sur la vie religieuse comparĂ©e des uns et des autres, et qui rappelle par bien des aspects une historiographie dĂ©passĂ©e et souvent polĂ©mique. 9On pourrait Ă©videmment objecter que le niveau de dĂ©votion de notre Romain archaĂŻque et celui du Romain tardif pourraient ne pas ĂȘtre les mĂȘmes. De fait, durant l’AntiquitĂ© les niveaux de religiositĂ© ont effectivement variĂ© dans le temps le succĂšs de l’épicurisme Ă  certaines Ă©poques ou dans certains lieux est ainsi sans doute un indicateur du fait qu’une fraction parfois non nĂ©gligeable de la population Ă©tait moins attachĂ©e aux cultes de ses dieux. On pourrait donc envisager en quelque sorte le passage d’une dĂ©votion archaĂŻque, intense et attachĂ©e Ă  un nombre rĂ©duit de cultes, Ă  une dĂ©votion tardive, plus lĂąche et qui se disperserait en un nombre plus important de cultes, ce qui permettrait d’évacuer la contrainte notĂ©e supra du temps quotidien disponible pour les activitĂ©s cultuelles. NĂ©anmoins, rien dans nos sources ne permet d’argumenter que ces variations ont Ă©tĂ© autre chose que globalement assez marginales sur le long terme les cultes traditionnels ne semblent pas connaĂźtre de moment de rupture significatif avant l’époque de Constantin et c’est une piste qu’il est donc prĂ©fĂ©rable de ne pas suivre. 10Bref, on aboutit donc Ă  l’idĂ©e qu’un modĂšle uniquement conservateur appliquĂ© Ă  la vie religieuse des anciens amĂšne immanquablement Ă  une impasse sur le long terme. Nous postulerons alors qu’il devait exister dans l’AntiquitĂ© grecque et romaine des processus sociaux et culturels amenant non seulement Ă  l’apparition de nouveaux cultes, mais aussi et surtout Ă  la disparition de cultes anciens Ă  travers, en quelque sorte, des processus de mort naturelle » des cultes. 4 Ludwig Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus, trad. Granger, Paris, Gallimard, 2001 [19 ... 11Pour qui est familier des sources antiques, il est Ă©vident que les documents qui confirmeraient ce postulat ne sont pas lĂ©gion, mais c’est lĂ  le problĂšme de beaucoup de phĂ©nomĂšnes ordinaires que l’on qualifie de naturels » ils restent souvent discrets car leurs acteurs ne jugent pas nĂ©cessaire de les consigner. Surtout, dans le cas qui nous occupe, il ne faut pas nĂ©gliger un autre facteur plus propre Ă  la pensĂ©e antique et Ă  ses blocages. Si les sources antiques restent discrĂštes sur les disparitions de cultes, c’est en effet aussi parce qu’elles auraient Ă©tĂ© difficiles Ă  assumer en pleine connaissance de cause, puisqu’il s’agissait Ă  chaque fois de l’abandon de ces sacro-saintes traditions en clair des transgressions d’autant plus terribles qu’elles concernaient des dieux, mettant en jeu derriĂšre cela de maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale tout le rapport au sacrĂ©. Au sens strict, ces disparitions Ă©taient sans doute indicibles voire impensables pour la plupart des Anciens, ce qui rappelle la formule de Wittgenstein, qui Ă©crivait que sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence »4. 12Il ne faut donc pas s’étonner si l’un des trĂšs rares auteurs qui Ă©voque de maniĂšre limpide ces phĂ©nomĂšnes parallĂšles d’apparitions/disparitions de cultes est Flavius JosĂšphe 5 Contre Appion, II, 253‑254 traduction Th. Reinach/L. Blum. Et puis certains dieux, aprĂšs avoir connu les honneurs dans la maturitĂ©, ont vieilli pour me servir d’un euphĂ©misme ; d’autres nouvellement introduits, obtiennent l’adoration. Certains temples sont dĂ©sertĂ©s et de nouveaux s’élĂšvent, les hommes bĂątissant chacun suivant son caprice, alors qu’ils devraient au contraire conserver immuable leur croyance en Dieu et le culte qu’ils lui rendent »5. 13JosĂšphe Ă©tait un Juif du ier siĂšcle et il appartenait donc Ă  un univers religieux qui Ă©tait dĂ©jĂ  extĂ©rieur au mainstream antique environnant. Ayant ce cadre juif fondĂ© sur l’unicitĂ© et l’intemporalitĂ© supposĂ©e du culte de YHWH, il lui Ă©tait loisible d’observer sans difficultĂ© et avec dĂ©tachement que les divers cultes des gentils s’inscrivaient, eux, pleinement dans le temps, Ă  savoir qu’ils naissaient, vivaient puis s’étiolaient avant de disparaĂźtre. 14Les textes rassemblĂ©s dans ce dossier font Ă©cho Ă  un certain nombre de contributions proposĂ©es oralement lors d’une journĂ©e d’étude puis d’un colloque organisĂ©s par Karin Mackowiak et Christian Stein Ă  Dijon et Besançon en dĂ©cembre 2012 et novembre 2016, avec le soutien de l’UniversitĂ© de Bourgogne – Franche-ComtĂ©, de l’UMR 6298 ARTEHIS ArchĂ©ologie, Terre, Histoire, SociĂ©tĂ© et de l’EA 4011 ISTA Institut des sciences et techniques de l’AntiquitĂ©. Leurs auteurs, intĂ©ressĂ©s par le projet, ont chacun Ă  sa maniĂšre tentĂ© de tester la validitĂ© de ce postulat de l’existence d’une disparition ordinaire des cultes dans le monde grec et romain. 15L’enjeu de cette enquĂȘte collective est double. Il consisterait d’abord tout simplement Ă  essayer de corriger un peu notre maniĂšre de percevoir la vie religieuse antique, afin de lui donner plus de fluiditĂ© peut-ĂȘtre doit-on en quelque sorte concevoir la religion antique comme un phĂ©nomĂšne dynamique quasi schumpeterien, c’est-Ă -dire animĂ© en permanence – mĂȘme si de maniĂšre discrĂšte et sur des temporalitĂ©s trĂšs variables – par un processus de crĂ©ations/disparitions de cultes qu’il reste Ă  explorer et Ă  dĂ©crire. 16L’autre enjeu est plus ambitieux car il proposerait de modifier la vision courante que nous avons de la fin de l’AntiquitĂ© et du passage de la conception religieuse antique Ă  la conception religieuse monothĂ©iste chrĂ©tienne et musulmane. La vision classique de cette pĂ©riode met l’accent sur la victoire du christianisme et de l’islam sur le polythĂ©isme paĂŻen. Le gros dĂ©bat qui agite les spĂ©cialistes de l’AntiquitĂ© tardive porte alors sur le fait de dĂ©terminer si cette transition a plutĂŽt Ă©tĂ© conflictuelle ou si elle s’est dĂ©roulĂ©e en douceur, mais il ne remet guĂšre en question l’idĂ©e que l’on a assistĂ© Ă  un conflit entre polythĂ©isme et monothĂ©isme se soldant par la victoire du second. Mais le polythĂ©isme » ou paganisme » n’ayant jamais vraiment existĂ© en tant que tel – car il est surtout une crĂ©ation judĂ©o-chrĂ©tienne reprise ensuite par l’islam –, l’idĂ©e que les cultes antiques avaient une durĂ©e de vie naturellement limitĂ©e ne permettrait-elle alors pas aussi d’envisager la transition entre les mondes antique et mĂ©diĂ©val non plus d’abord comme une victoire des monothĂ©ismes, mais plutĂŽt comme un phĂ©nomĂšne de substitution aprĂšs une forme d’extinction de masse de l’ensemble des cultes antiques ? 17Les journĂ©es de Dijon et Besançon furent Ă  la fois fructueuses et trĂšs amicales leurs organisateurs voudraient en remercier tous les participants.

. 639 193 216 667 175 126 377 124

on peut en mourir a la fin en 10 lettres