Surles pas de Paul Valéry -"nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles"-, Régis Debray prend la civilisation occidentale comme objet d'étude. Non pas pour une grande fresque historique et transversale mais pour l'étude des germes de sa croissance sur la terre d'Amérique, de ses cousinages et métissages avec l'Europe, et de son retour, que certains
PENSER LE MONDE AU TEMPS DU CORONAVIRUS CHRONIQUE 1, LE 20 MARS 2020 MORTELLE CIVILISATION ! En ces temps obscurs et douloureux, de confinement quasi planĂ©taire, oĂč un flĂ©au d’une ampleur encore incommensurable sur le plan humain, tant du point de vue sanitaire que social ou psychologique sans mĂȘme parler de ses dĂ©sastreuses consĂ©quences Ă©conomiques, rĂ©pand la mort, angoisse et souffrance, aux quatre coins de nos cinq continents, et surtout en Europe aujourd’hui, il serait tentant, mais peut-ĂȘtre aussi trop facile, de paraphraser, en en dĂ©plaçant certes le contexte historique, la cĂ©lĂ©brissime premiĂšre phrase de Marx et Engels en leur non moins fameux Manifeste du Parti Communiste un spectre hante l’Europe le spectre du coronavirus ». Je ne m’y adonnerai toutefois pas ici. L’heure, en effet, est suffisamment grave, en cette deuxiĂšme dĂ©cennie du XXIe siĂšcle, et la situation suffisamment sĂ©rieuse, pour ne rien ajouter, face Ă  cette prĂ©occupante pandĂ©mie du covid-19, au catastrophisme ambiant, Ă  un alarmisme exagĂ©rĂ© ou Ă  une quelconque et trĂšs malvenue thĂ©orie du complot, oĂč de nouveaux apprentis sorciers, idĂ©ologues de tous poils et autres prĂȘcheurs de mauvais aloi, font de leur prĂ©tendu savoir, mais bien plus encore de leur fonciĂšre ignorance, le lit aussi nausĂ©abond qu’arrogant de leurs propres et seuls calculs politiques, souvent fanatisĂ©s. Honte Ă  ces sinistres dĂ©magogues qui exploitent ainsi sans vergogne, sur de misĂ©rables vidĂ©os qu’ils essaiment Ă  l’envi sur les diffĂ©rents rĂ©seaux sociaux, l’actuelle dĂ©tresse humaine ! C’est donc Ă  un immense poĂšte, philosophe Ă  ses heures intelligemment perdues – le grand Paul ValĂ©ry –, que je ferai appel ici, plus modestement, afin d’éclairer quelque peu, certes humblement mais plus sagement aussi, cette sombre et funeste plaie du temps prĂ©sent. LA CRISE DE L’ESPRIT Il y a tout juste un peu plus d’un siĂšcle, en 1918, au lendemain donc de la PremiĂšre Guerre mondiale mais le prĂ©sident de la RĂ©publique Française, Emmanuel Macron en personne, ne vient-il pas de marteler que, face Ă  cet ennemi invisible et insaisissable » qu’est ce menaçant coronavirus, nous Ă©tions prĂ©cisĂ©ment en guerre » ?, ValĂ©ry Ă©crivait, en effet, un texte mĂ©morable, d’une extraordinaire profondeur d’ñme et dont l’emblĂ©matique titre, La Crise de l’Esprit », devrait plus que jamais rĂ©sonner, aujourd’hui, comme un pressant quoique salutaire cri d’alarme, Ă  mĂ©diter toutes affaires cessantes, au vu de cette urgence simplement mĂ©dicale, pour l’avenir, sinon la sauvegarde, de l’humanitĂ©. Ainsi donc ValĂ©ry commençait-il dĂ©jĂ  Ă  l’époque, d’une formule dont la concision n’avait d’égale que sa justesse, son admirable mĂ©ditation Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Et de justifier ensuite, avec force dĂ©tails et preuves Ă  l’appui, quoique sans pour autant jamais tomber en un nihilisme tout aussi dĂ©sespĂ©rant, voire suspect, cette douloureuse mais lucide assertion Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leur lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions Ă  travers l’épaisseur de l’histoire, les fantĂŽmes d’immenses navires qui furent chargĂ©s de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, aprĂšs tout, n’étaient pas notre affaire. Elam, Ninive, Babylone Ă©taient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avaient aussi peu de signification pour nous que leur existence mĂȘme. Mais France, Angleterre, Russie
 ce seraient aussi de beaux noms. 
 Et nous voyons maintenant que l’abĂźme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les Ɠuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les Ɠuvres de MĂ©nandre ne sont plus du tout inconcevables elles sont dans les journaux. » UNE CIVILISATION A LA MÊME FRAGILITE QU’UNE VIE ValĂ©ry, oui, a, hĂ©las, raison Ă  l’heure oĂč l’humanitĂ© se voit aujourd’hui menacĂ©e trĂšs concrĂštement, pour reprendre les termes mĂȘmes des principaux responsables de l’OMS Organisation Mondiale de la SantĂ© aussi bien que de l’ONU Organisation des Nations-Unies, et face Ă  laquelle le nouveau coronavirus n’est assurĂ©ment que le symptĂŽme Ă  la fois le plus spectaculaire, vaste et dangereux, nous sentons qu’une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu’une vie ! Car cette humanitĂ©, effectivement, est aujourd’hui comme assiĂ©gĂ©e de toutes parts rĂ©chauffement climatique ; pollution atmosphĂ©rique ; destruction de l’écosystĂšme ; rĂ©trĂ©cissement du biotope ; Ă©rosion des glaciers ; fonte des neiges ; Ă©lĂ©vation des ocĂ©ans ; inondations et tsunamis ; cyclones et tremblements de terre ; disparition d’espĂšces animales ; Ă©touffement de la faune vĂ©gĂ©tale et marine ; apparition de maladies inconnues et de nouvelles pathologies ; Ă©pidĂ©mies incontrĂŽlables ; augmentation des dĂ©pressions nerveuses, des burn out et des suicides ; multiplication des guerres locales ou tribales ; propagation du terrorisme islamiste ; retour de l’obscurantisme religieux ; montĂ©e des extrĂ©mismes et autres populismes ; migrations gigantesques ; dĂ©placements de populations ; pauvretĂ© grandissante ; crash boursiers ; robotisation de l’humain, voire du post-humain ; emballement du capitalisme sauvage ; triomphe de l’argent ; soif de compĂ©tition mal comprise ; mĂ©pris de la culture au profit du happening ; dĂ©perdition de la langue comme de l’écrit ; nĂ©gation du rĂ©el au profit du virtuel ; Ă©mergence de la pensĂ©e unique au dĂ©triment de la rĂ©flexion critique ; rĂšgne de l’effet de mode ; empire du conformisme ambiant ; valorisation du matĂ©rialisme et dĂ©valorisation du spirituel ; course folle Ă  l’armement ; perte de tout point de repĂšre pour une jeunesse en mal d’idĂ©aux ; dĂ©prĂ©ciation des valeurs morales, du sens de l’éthique et des comportements civiques, toutes choses pourtant essentielles Ă  la bonne marche du monde ; aveuglement de masse 
 Et j’en passe les tares de notre pseudo modernitĂ© sont trop nombreuses pour que je puisse les Ă©numĂ©rer toutes ici ! LA NATURE, A DEFAUT DE CƒUR, A SES RAISONS QUE LA RAISON NE CONNAÎT PAS Ainsi donc, oui, Paul ValĂ©ry, esprit fin, cultivĂ©, profond et subtil Ă  la fois, a raison notre civilisation, nous le constatons Ă  prĂ©sent de maniĂšre on en peut plus tangible avec cette dramatique crise du coronavirus, est, elle aussi, mortelle ! A cette Ă©norme diffĂ©rence prĂšs qu’elle s’avĂšre aujourd’hui doublement mortelle mortelle au sens passif – elle se meurt, inexorablement, et par notre propre faute – mais aussi au sens actif – elle est en train, littĂ©ralement, de nous tuer, en une soudaine accĂ©lĂ©ration exponentielle, et toujours par notre propre faute, ce mixte inconsidĂ©rĂ© d’inconscience, d’imprĂ©vision et d’égoĂŻsme, de piĂštres calculs Ă  toujours Ă  trop courts termes, sans visions d’ensemble, aiguillonnĂ©e par le seul intĂ©rĂȘt particulier au dĂ©triment de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Oui, le monde contemporain a les idĂ©es courbes plus encore que courtes voilĂ  pourquoi, dĂ©sormais, il ne tourne plus rond qu’en apparence. Pis il se veut tellement rĂ©glĂ©, formatĂ©, normatif, telle une parfaite machine Ă  fabriquer un totalitarisme qui s’ignore, un fascisme qui ne dit pas son nom, qu’il a fini, au comble d’un paradoxe aussi vertigineux que comprĂ©hensible, par se dĂ©rĂ©gler, sans plus de limites pour le contenir dans la sphĂšre de la raison, du simple bon sens. Nous en payons aujourd’hui, prĂ©cisĂ©ment, le lourd et tragique tribut ! Le systĂšme, en ces temps aux rumeurs d’apocalypse, est, manifestement, Ă  bout de souffle un minuscule mais surpuissant virus peut anĂ©antir, ou presque, sinon une civilisation tout entiĂšre, du moins l’arrogance des hommes ! Terrible et fatidique boomerang ! La technologie, fĂ»t-elle la plus sophistiquĂ©e, n’y peut rien la nature, Ă  dĂ©faut du cƓur, a ses raisons que la raison ne connaĂźt pas ! IL FAUT TENTER DE VIVRE ! D’oĂč, urgente, cette conclusion en forme de priĂšre l’ĂȘtre humain, s’il ne veut pas vĂ©ritablement disparaĂźtre, saura-t-il enfin prendre Ă  sa juste mesure, en y rĂ©flĂ©chissant doctement, avec la sagesse dont il est encore capable, les impĂ©rieuses, et surtout vitales, leçons de cette tragique, sinon encore fatale, histoire ? C’est lĂ  un souhait que j’exprime ici trĂšs sincĂšrement, nanti de l’indĂ©fectible soutien moral et intellectuel, lĂ  encore, du grand Paul ValĂ©ry dans les derniers vers de cette splendide mĂ©ditation, quasi mĂ©taphysique, sur la mort qu’est son CimetiĂšre Marin », l’un des plus beaux poĂšmes, au sein de la littĂ©rature française, du XXe siĂšcle Le vent se lĂšve !... Il faut tenter de vivre ! » Allez, courage, hommes et femmes de bonne volontĂ© la guerre, malgrĂ© l’immense souffrance de ce monde aujourd’hui endeuillĂ©, et par-delĂ  mĂȘme ce douloureux avertissement qui nous Ă©treint quotidiennement, n’est pas perdue ! DANIEL SALVATORE SCHIFFER* *Philosophe, auteur, notamment, de La Philosophie d’Emmanuel Levinas – MĂ©taphysique, esthĂ©tique, Ă©thique » Presses Universitaires de France, Oscar Wilde » et Lord Byron publiĂ©s tous deux chez Gallimard – Folio Biographies, TraitĂ© de la mort sublime – L’art de mourir de Socrate Ă  David Bowie Alma Editeur, Divin Vinci – LĂ©onard de Vinci, l’Ange incarnĂ© » et Gratia Mundi – RaphaĂ«l, la GrĂące de l’Art » publiĂ©s tous deux aux Editions Erick Bonnier. Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » ""Les mots de Paul ValĂ©ry aprĂšs le dĂ©sastre de la Grande Guerre, devraient inquiĂ©ter les Agonie ou renaissance de la civilisation europĂ©enne » L’Europe deviendra-t-elle ce qu’elle est en rĂ©alitĂ©, c’est-Ă -dire . un petit cap du continent asiatique Paul valĂ©ry, variĂ©tĂ© 1 -1924 Nous autres, civllisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Cette phrase, oh combien cĂ©lĂšbre, dĂ©bute le texte VariĂ©tĂ© l », dans lequel, quelques pages plus loin, ValĂ©ry se demande s org mondiale dans tous I do Sni* to gĂ©ographie lui assign La barbarie de la pre fauchĂ© des millions d a prééminence a la place que la inent asiatique ». pas seulement pris ceux qui par leur talent participaient au prestige universel de l’Europe, mais a remis fondamentalement en cause les valeurs humanistes qui Ă©clairaient jusqu’alors tous ceux qui dans le monde souhaitaient, par la raison et le respect de l’individu, s’engager dans l’aventure du progrĂšs humain. Pour ValĂ©ry, il ne faut ni dĂ©sespĂ©rer, ni espĂ©rer, mais comprendre. Cette interrogation se veut bien davantage un rĂ©veil de l’esprit europĂ©en qu’une prĂ©vision pessimiste. Comprendre ce qui a fait que ce continent exigu a Ă©nĂ©rĂ© une civilisation servant de rĂ©fĂ©rence universelle et ce qui peut faire craindre qu’elle ne finisse plus par n’ĂȘtre qu’un petit territoire regroupant une population ne se distinguant du reste du monde que par sa faiblesse numĂ©rique. La mĂȘme question est posĂ©e aujourd’hui, et, ironie d de l’Histoire, au moment oĂč tous les regards, inquiets ou fascinĂ©s, se tournent vers l’Asie. Nous nous la poserons donc de la mĂȘme façon, d’abord en tentant de comprendre ce qui a donnĂ© ce lustre universel Ă  la civilisation europĂ©enne et ensuite ce qui peut faire raindre sinon sa dĂ©cadence du moins sa banalisation. L’Europe, moteur de l’histoire mondiale. Une telle formule pourrait ĂȘtre prise Ă  la fois comme une Ăąnerie -toutes les civilisations ont une histoire propre, entre autres avant que l’Europe ne les influence- et comme la marque d’une arrogance ethnocentrique, occultant que l’Europe s’est largement alimentĂ©e des autres cultures. Cependant, si l’on entend Histoire dans le sens du changement continuel des structures fondamentales d’une civilisation, non seulement l’Europe se singularise nettement des autres, dont l’évolution trĂšs lente ut souvent proche de la stagnation, mais ces civilisations sont entrĂ©es dans le changement au contact de l’Europe et de plus, en l’imitant, s’en inspirant ou la combattant, bref en la prenant comme modĂšle attractif ou rĂ©pulsif. Que les EuropĂ©ens aient pendant longtemps considĂ©rĂ© qu’ils civilisaient les autres peuples Ă©tait bien sĂ»r la manifestation de leur ethnocentrisme et de leur ignorance. Il reste que l’acculturation rĂ©ciproque entre [Europe et le reste du monde s’est traduite par l’europĂ©anisation progressive de la planĂšte. MalgrĂ© l’or ou les patates, l’Europe n’est pas indienne, mais l’AmĂ©rique du sud est latine, chrĂ©tienne et ne cesse de se battre pour plus de dĂ©mocratie, voire de socialisme. MĂȘme en Ă©vita latine, chrĂ©tienne et ne cesse de se battre pour plus de dĂ©mocratie, voire de socialisme. MĂȘme en Ă©vitant la colonisation, des cultures aussi puissantes que celle d’Asie justement, comme le Japon et la Chine, sortirent de leur torpeur traditionnelle pour copier, avec plus ou moins de bonheur le modĂšle europĂ©en. La dĂ©mocratie et le socialisme, la science et les techniques et mĂȘme a culture d’origine europĂ©enne sont ou plaquĂ©es ou intĂ©grĂ©es selon les domaines. Des orchestres symphoniques chinois ou japonais jouent les ƒuvres de Mozart ou de Beethoven, les jeunes Ă©coutent la musique anglaise ou amĂ©ricaine, alors que l’opĂ©ra No est un exotisme qui risque peu de remplir le Zenith et n’est plus qu’un exotisme archaĂŻque pour les Japonais eux- memes. On pourrait bien sĂ»r Ă©numĂ©rer les emprunts de l’Europe – la poudre, la boussole, les techniques d’irrigation, la soie, le thĂ© etc
 -, mais lĂ  est peut-ĂȘtre le cƓUr de la distinction. D’un cĂŽtĂ©, emprunts matĂ©riels, de l’autre diffusion de valeurs et de principes. Ceux-ci permettant d’ailleurs Ă  l’Europe de progresser aussi dans le domaine matĂ©riel et de devenir lĂ  aussi dominante, en particulier Ă  partir de la rĂ©volution industrielle. Cette hĂ©gĂ©monie matĂ©rielle participe dĂ©sormais Ă  la diffusion du modĂšle culturel, et mĂȘme l’accĂ©lĂšre tout au long du XXĂšme siĂšcle, mais en modifiant, voire pervertissant, cette diffusion, nous y reviendrons dans la deuxiĂšme partie. Une Ă©nergie plus qu’une force de frappe. Le constat fait par ValĂ©ry de l’étroitesse territoriale de FEurope, ? quoi il faudrait joindre sa faiblesse dĂ©mo ValĂ©ry de l’étroitesse territoriale de l’Europe, Ă  quoi il faudrait joindre sa faiblesse dĂ©mographique relative, n’est pas nouveau. Il serait donc sans pertinence d’attribuer cette hĂ©gĂ©monie universelle Ă  une expansion physique de l’Europe, sinon en fin de pĂ©riode, oĂč justement son influence spirituelle » s’affaiblit ou est contestĂ©e. On peut mĂȘme avancer que chaque fois qu’il y a eu vellĂ©itĂ© d’expansion physique, il y a eu Ă©chec La GrĂšce prĂšs Alexandre, l’Espagne aprĂšs Philippe Il, le rĂȘve impĂ©rial de NapolĂ©on, pour ne prendre que quelques exemples. Mais ces Ă©checs permettent, en creux, de voir que Pinfluence est d’une autre nature. Ainsi, pour reprendre les exemples, l’impact de la pensĂ©e grecque, du christianisme et des idĂ©es de la RĂ©volution française est IndiffĂ©rent Ă  ces Ă©checs et dĂ©clins. Jailleurs la domination physique, qui n’a rien de singulier Ă  l’Europe, aurait davantage fait hair et rejeter que fasciner et imiter. Ce n’est donc pas la puissance matĂ©rielle, au demeurant bien faible, mais Ă©nergie crĂ©atrice d’idĂ©es neuves qui explique cette hĂ©gĂ©monie europĂ©enne. Mais cette Ă©nergie ne doit Ă©videmment rien Ă  une quelconque spĂ©cificitĂ© gĂ©nĂ©tique des EuropĂ©ens. En outre ce moteur crĂ©atif ne concerne jamais l’Europe dans son ensemble, mais au contraire est le fait d’une infime minoritĂ© dans un territoire trĂšs limitĂ© AthĂšnes du VĂšme siĂšcle avant JC, Rome, les villes italiennes et flamandes de la Renaissance, la France des LumiĂšres et de la RĂ©volution, l’Angleterre de la rĂ©volution capitaliste etc. En fait, ces Ă©tincelles » intelle PAGF Lectured'un extrait de Paul ValĂ©ry=== ABONNE-TOI === RETROUVE-MOI SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX ===TWITTER https://t

La pandĂ©mie du coronavirus souligne non seulement “ l’insoutenable lĂ©gĂšretĂ© de l’ĂȘtre” mais de notre civilisation postmoderne et postindustrielle. Est-il concevable que, malgrĂ© les progrĂšs de la mĂ©decine, nous soyons rĂ©duits Ă  nous calfeutrer chez nous pour prĂ©venir la propagation de la maladie ? Que resurgissent les grandes peurs, comme celles que provoquait la peste au Moyen-Ăąge ? Grandeur et misĂšre de la condition humaine ! Les dieux ont-ils voulu punir les hommes d'avoir voulu les Ă©galer aprĂšs les avoir mis Ă  mort ? L'avĂšnement d'un " Homo deus" prophĂ©tisĂ© par Shlomo Sand paraĂźt bien lointain face au cataclysme viral de dimension biblique qui frappe aujourd’hui l’humanitĂ©. L’histoire nous apprend qu’aprĂšs les grandes crises il n’y a jamais fermeture de la parenthĂšse. Il y aura certes un jour d’aprĂšs. Mais l’ampleur de la crise Ă©conomique, sociale et politique pourrait nous mener vers un monde diffĂ©rent. A cela s’ajouter les risques d’une crise morale comparable Ă  celle qui s’est produite aprĂšs chacune des deux guerres mondiales qui ont Ă©tĂ© un choc pour l’idĂ©e de progrĂšs et de la croyance en un monde meilleur. Il a suffi d’un grain de sable pour gripper le mĂ©canisme de notre Ă©conomie mondialisĂ©e ; plus fragile parce que plus interconnectĂ©e que par le passĂ©. Le Fond MonĂ©taire International estime mĂȘme que le coronavirus pourrait engendrer les pires consĂ©quences Ă©conomiques au niveau mondial depuis la grande crise de 1929. Cette rĂ©cession va probablement freiner le processus de mondialisation, et de libre circulation des biens. Elle risque d’exacerber la guerre Ă©conomique entre la Chine d'une part et les Etats-Unis et l'Europe d'autre part. Ces derniers voudront sans doute amoindrir leur dĂ©pendance envers la Chine en relocalisant certaines industries. Quand l’Empire du Milieu avait le monopole de la production de la soie, il prit des mesures drastiques afin d’empĂȘcher l'exportation de ce savoir-faire, avant que des marchands italiens ne parviennent finalement Ă  en dĂ©rober le secret Ă  la fin du Moyen-Ăąge. Plus naĂŻf, l'Occident a permis au cours des trois derniĂšres dĂ©cennies Ă  la Chine de piller ses technologies et d’accumuler un excĂ©dent commercial colossal Ă  son dĂ©triment. Donald Trump a Ă©tĂ© le premier Ă  prendre la mesure de ce danger. L'Europe lui emboĂźtera-t-elle le pas ? La maitrise dont a fait preuve la Chine pour juguler l’épidĂ©mie est en tout cas un indice rĂ©vĂ©lateur du dĂ©fi grandissant que pose Ă  l’Occident son modĂšle autoritaire, sa puissance Ă©conomique et ses avancĂ©es technologiques, ainsi que du dĂ©placement du centre de gravitĂ© du monde vers l'Empire du plan politique, la crise a rĂ©vĂ©lĂ© Ă  la fois les limites de la gouvernance mondiale dans le cadre de l'utopie appelĂ©e " communautĂ© internationale" et des gestes de solidaritĂ© de la part de certains pays, contrastant avec le repli nationaliste et Ă©goĂŻste d’autres pays. C’est ainsi par exemple que Cuba, la Chine et la Russie ont envoyĂ© des Ă©quipes mĂ©dicales pour aider l'Italie Ă  lutter contre le coronavirus, contrairement Ă  ses voisins et partenaires au sein de l'Union EuropĂ©enne l'Allemagne et la France, ce qui a suscitĂ© une profonde amertume de la part des Italiens. Certes finalement les membres de l’Union EuropĂ©enne sont parvenus Ă  un accord sur un fond de soutien commun Ă  l’économie qualifiĂ© de grand jour pour la solidaritĂ© europĂ©enne » par Berlin. Il n’en reste pas moins que la pandĂ©mie qui a surtout frappĂ© l’Italie et l’Espagne montre la fracture bĂ©ante entre les pays du Nord et du Sud de l’Union EuropĂ©enne dĂ©jĂ  Ă©branlĂ©e par le Brexit. Au niveau individuel, selon Boris Cyrulnik Il y a deux catĂ©gories de gens ceux qui vont souffrir du confinement et ceux qui le vivent comme une forme de ressourcement » Provoquera-t-il chez eux un changement de valeurs, de paradigmes ? Une revalorisation d’un mode de vie d’avantage en harmonie avec soi-mĂȘme, les autres et la nature. Au niveau global y aura-t-il un monde d’avant et d’aprĂšs la catastrophe ? Une remise en question du modĂšle Ă©conomique nĂ©olibĂ©ral ? Une rĂ©affirmation de la souverainetĂ© de l’Etat et un renforcement de la compĂ©tition entre Etats, ou au contraire une prise de conscience de la nĂ©cessitĂ© d’une meilleure coopĂ©ration face aux dĂ©fis communs qu’affronte l’humanitĂ© ? S’ajoutant au rĂ©chauffement climatique dĂ©noncĂ© par sa jeune Cassandre, la crise provoquĂ©e par le coronavirus montre en tout cas qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond sur notre petite planĂšte. Et les habitants desautres planĂštes de notre galaxie doivent se rĂ©jouir que les hommes n'aient pas encore inventĂ© des vaisseaux spatiaux capables d'arriver jusqu’à reineabbas

Description« Nous autres, civilisations contemporaines, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », assurait Paul ValĂ©ry. Mais proche ou lointaine, dans le temps comme dans l’espace, mythique ou rĂ©elle, fantasmĂ©e ou créée de toutes piĂšces, chaque civilisation s’affranchit de cette mortalitĂ©, tant pour les historiens que pour les artistes, car elle est le creuset dans Ambroise Paul Toussaint Jules ValĂ©ry est un Ă©crivain, poĂšte, philosophe et Ă©pistĂ©mologue français, nĂ© Ă  SĂšte HĂ©rault le 30 octobre 1871 et mort Ă  Paris le 20 juillet 1945. NĂ© d’un pĂšre d’origine corse et d’une mĂšre gĂ©noise, Paul ValĂ©ry entame ses Ă©tudes Ă  SĂšte alors orthographiĂ©e Cette chez les dominicains, puis au collĂšge de SĂšte et enfin au lycĂ©e de Montpellier. Il commence en 1889 des Ă©tudes de droit. Cette mĂȘme annĂ©e, il publie ses premiers vers dans la Revue maritime de Marseille. Sa poĂ©sie de cette Ă©poque s’inscrit dans la mouvance symboliste. Dans la nuit du 4 au 5 octobre 1892, il connaĂźt Ă  GĂȘnes ce qu’il dĂ©crit comme une grave crise existentielle. Il sort rĂ©solu Ă  rĂ©pudier les idoles de la littĂ©rature, de l’amour, de l’imprĂ©cision, pour consacrer l’essentiel de son existence Ă  ce qu’il nomme la vie de l’esprit. En tĂ©moignent les Cahiers dans lesquels il s’astreint Ă  noter toutes ses rĂ©flexions au petit matin. AprĂšs quoi, ajoute-t-il en maniĂšre de boutade, ayant consacrĂ© ces heures Ă  la vie de l’esprit, je me sens le droit d’ĂȘtre bĂȘte le reste de la journĂ©e. La poĂ©sie est-elle exclue pour autant de sa vie ? Non, car justement, selon ValĂ©ry, tout poĂšme n’ayant pas la prĂ©cision exacte de la prose ne vaut rien ». Tout au plus a-t-il vis-Ă -vis d’elle la mĂȘme distance que Malherbe affirmant sĂ©rieusement qu’un bon poĂšte n’est pas plus utile Ă  l’État qu’un bon joueur de quilles. Quoi qu’il en soit, Paul ValĂ©ry indique Ă  plusieurs reprises qu’il considĂšre cette nuit passĂ©e Ă  GĂȘnes comme sa vĂ©ritable origine, le dĂ©but de sa vie mentale. En 1894, il s’installe Ă  Paris, oĂč il commence Ă  travailler comme rĂ©dacteur au ministĂšre de la Guerre, et oĂč il se lie avec Paul LĂ©autaud. Il reste distant de l’écriture poĂ©tique pour se consacrer Ă  la connaissance de soi et du monde. Depuis 1900 jusqu’en 1922, secrĂ©taire particulier d’Édouard Lebey, administrateur de l’agence Havas, il s’affaire chaque matin aux petites heures Ă  la rĂ©daction de ses Cahiers, journal intellectuel et psychologique dont l’essentiel n’est publiĂ© qu’aprĂšs sa mort. En 1900, il Ă©pouse Jeannie Gobillard, une cousine germaine de Julie Manet elle mĂȘme fille de Berthe Morisot et d’EugĂšne Manet, le frĂšre d’Edouard Manet qui Ă©pouse le mĂȘme jour Ernest Rouart. Le double mariage est cĂ©lĂ©brĂ© en l’église Saint-HonorĂ© d’Eylau, dans le quartier de Passy Ă  Paris. Le couple ValĂ©ry est logĂ© dans l’immeuble construit par les parents de Julie, dans la rue de Villejust aujourd’hui, rue Paul-ValĂ©ry dont a hĂ©ritĂ© la jeune Julie alors qu’elle n’avait pas dix-huit ans 1895. Le couple ValĂ©ry-Gobillard aura trois enfants et demeurera liĂ© au couple Rouart-Manet qui aura trois fils, Ă  tel point que les deux familles partageront aussi leurs vacances dans la propriĂ©tĂ© Le Mesnil », achetĂ©e par Berthe Morisot et EugĂšne Manet sur les bords de Seine, en aval de Meulan, peu avant la mort d’EugĂšne 1893. Julie, unique hĂ©ritiĂšre aprĂšs le dĂ©cĂšs de Berthe en 1895, laissera les portes du Mesnil ouvertes au couple ValĂ©ry-Gobillard jusqu’à ce que la mort les sĂ©pare. Paul ValĂ©ry suit les mardis de StĂ©phane MallarmĂ©, Rue de Rome », sĂ©minaire qui a lieu au domicile du poĂšte dont il restera l’un des plus fidĂšles disciples. En 1917, sous l’influence de Gide notamment, il revient Ă  la poĂ©sie avec La Jeune Parque, publiĂ©e chez Gallimard. Il brise un long silence’ avec ce poĂšme de 500 vers auquel il a consacrĂ© quelque quatre annĂ©es. Initialement, il devait Ă©crire – Ă  la demande de son Ă©diteur Gallimard et de son ami AndrĂ© Gide – une prĂ©face poĂ©tique d’une trentaine de lignes pour accompagner une réédition de ses premiers poĂšmes. Mais il fut dĂ©passĂ© par le projet initial et Ă©crivit alors ce que d’aucun considĂšre comme son chef d’Ɠuvre le monologue intĂ©rieur d’une jeune femme en proie Ă  un combat entre le corps et l’esprit, Ă©crit dans un formalisme digne de son maĂźtre MallarmĂ©. Un autre grand poĂšme suit quelques annĂ©es plus tard Le CimetiĂšre marin » 1920, puis un recueil, Charmes » 1922. Toujours influencĂ© par StĂ©phane MallarmĂ©, Paul ValĂ©ry privilĂ©gia toujours dans sa poĂ©sie la maĂźtrise formelle sur le sens et l’inspiration Mes vers ont le sens qu’on leur prĂȘte ». AprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, Paul ValĂ©ry devient une sorte de poĂšte officiel », immensĂ©ment cĂ©lĂšbre — peu dupe, il s’en amuse — et comblĂ© d’honneurs. En 1924, il devient prĂ©sident du Pen Club français, puis il est Ă©lu membre de l’AcadĂ©mie française l’annĂ©e suivante. Dans le discours de rĂ©ception qu’il prononce le 23 juin 1927, Paul ValĂ©ry fait l’éloge d’Anatole France, son prĂ©dĂ©cesseur, sans prononcer son nom une seule fois. En 1932, il entre au conseil des musĂ©es nationaux ; en 1933, il est nommĂ© administrateur du Centre universitaire mĂ©diterranĂ©en de Nice ; en 1936, il est nommĂ© prĂ©sident de la Commission de synthĂšse de la coopĂ©ration culturelle pour l’exposition universelle ; en 1937, on crĂ©e pour lui la chaire de poĂ©tique au CollĂšge de France ; en 1939, enfin, il devient prĂ©sident d’honneur de la SACEM. Son Ɠuvre vĂ©ritable, pendant ce temps, continue toujours dans l’ombre. La profondeur des rĂ©flexions qu’il a Ă©mises dans des ouvrages exigeants Introduction Ă  la mĂ©thode de LĂ©onard de Vinci, La soirĂ©e avec monsieur Teste, ses rĂ©flexions sur le devenir de la civilisation Regards sur le monde actuel et sa vive curiositĂ© intellectuelle en ont fait un interlocuteur de Raymond PoincarĂ©, Louis de Broglie, Henri Bergson et Albert Einstein. Sous l’Occupation, Paul ValĂ©ry, refusant de collaborer, prononce en sa qualitĂ© de secrĂ©taire de l’AcadĂ©mie française l’éloge funĂšbre du juif Henri Bergson ». Cette prise de position lui vaut de perdre ce poste, comme celui d’administrateur du Centre universitaire de Nice Centre universitaire mĂ©diterranĂ©en. Il meurt le 20 juillet 1945, quelques semaines aprĂšs la fin de la Seconde Guerre mondiale. AprĂšs des funĂ©railles nationales Ă  la demande de Charles de Gaulle, il est inhumĂ© Ă  SĂšte, au cimetiĂšre marin qu’il avait cĂ©lĂ©brĂ© dans un poĂšme. Les essais de ValĂ©ry traduisent ses inquiĂ©tudes sur la pĂ©rennitĂ© de la civilisation Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », l’avenir des droits de l’esprit », le rĂŽle de la littĂ©rature dans la formation, et la rĂ©troaction du progrĂšs sur l’homme. Sa sĂ©rie VariĂ©tĂ© » I, II, III, IV, V se compose d’un autre type d’écrits ceux qui lui ont Ă©tĂ© commandĂ©s et qu’il n’eĂ»t sans doute, de son aveu, jamais Ă©crits de lui-mĂȘme. Ils n’en tĂ©moignent pas moins d’une profondeur d’analyse souvent Ă©blouissante que l’on retrouve aussi dans la sĂ©rie de courts essais sur divers sujets d’actualitĂ© du XXe siĂšcle publiĂ©e sous le titre Regards sur le monde actuel Voir par exemple Notre destin et les lettres ». Sa correspondance avec AndrĂ© Gide a Ă©tĂ© publiĂ©e Ă  la NRF en 2009. On retrouve dans ses Cahiers des passages de Tel quel » ainsi que des indications probablement destinĂ©es Ă  faciliter leur regroupement en un seul ouvrage ou en des ouvrages ultĂ©rieurs Nombres plus subtils, Robinson, etc. Il a aussi publiĂ© L’IdĂ©e fixe ». La portĂ©e philosophique et Ă©pistĂ©mologique de l’Ɠuvre de ValĂ©ry est souvent mĂ©connue, peut-ĂȘtre en raison de la publication tardive de ses cahiers. Pourtant ValĂ©ry est l’un des penseurs Ă©minents du constructivisme. Le rapport que ValĂ©ry entretient avec la philosophie est singulier. Dans ses Cahiers il Ă©crit Je lis mal et avec ennui les philosophes, qui sont trop longs et dont la langue m’est antipathique. ». En effet, s’il s’inspire librement de Descartes en ce qui concerne une certaine mĂ©thode du penser », il est en revanche trĂšs critique sur le discours philosophique lui-mĂȘme. Pour ValĂ©ry, le philosophe est plus un habile sophiste, manieur de concepts, qu’un artisan au service du Savoir comme l’est le scientifique. En revanche, son dĂ©sir de comprendre le monde dans sa gĂ©nĂ©ralitĂ© et jusqu’au processus de la pensĂ©e lui-mĂȘme — caractĂ©ristique du philosophe — oriente fortement son travail. La crise de l’esprit », Paul ValĂ©ry « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », c’est ce qu’affirme ValĂ©ry dans sa premiĂšre lettre de La Crise de l’esprit. Avec cette citation, nous pouvons rendre compte de l’état d’esprit de l’auteur, qui se veut rassurant, sans ĂȘtre rassurĂ©.
DĂ©finition, traduction, prononciation, anagramme et synonyme sur le dictionnaire libre Wiktionnaire. Français[modifier le wikicode] Étymologie[modifier le wikicode] ComposĂ© de nous et de autres. Pronom personnel [modifier le wikicode] nous autres \ masculin et fĂ©minin identiques, pluriel Nous, par opposition Ă  vous. — Note Pronom de la premiĂšre personne du pluriel exclusif. Ah ! si nous avions Ă©tĂ© lĂ , nous autres, de tous ces Allemands qui sont entrĂ©s en France pas un ne serait sorti vivant. Nos draks, nos feux follets les auraient conduits dans des fondriĂšres. — Alphonse Daudet, Les fĂ©es de France, dans Contes du lundi, 1873, Fasquelle, collection Le Livre de Poche, 1974, page 150 Vois-tu, mon cher confident
 pour nous autres pauvres gentilshommes qui ne voulons pas Ă©migrer, on vit trop mal chez l’étranger
 nous n’avons qu’un parti Ă  prendre, c’est de nous dĂ©blasonner et de donner des gages Ă  la RĂ©volution
 — La France dramatique au dix-neuviĂšme siĂšcle ; Renaissance, Carte blanche, comĂ©die en un acte, 1839, page 62 Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. — Paul ValĂ©ry, La Crise de l’esprit », dans VariĂ©tĂ© I et II, Folio Essais, page 13 Louisiane Canada Familier Nous inclusif ou exclusif. La petite est venue avec nous autres. C’est nous autres que Paul a saluĂ©s de la main. Nous autres, on part tout de suite. Notes[modifier le wikicode] En français louisianais il a totalement supplantĂ© nous. Variantes orthographiques[modifier le wikicode] nous-autres Vocabulaire apparentĂ© par le sens[modifier le wikicode] eux autres vous autres Traductions[modifier le wikicode] Locution nominale [modifier le wikicode] nous autres \ masculin et fĂ©minin identiques, pluriel Nouvelle-CalĂ©donie Familier Nous inclusif ou exclusif. Les nous autres du Caillou — Christine Pauleau, Le français de Nouvelle-CalĂ©donie, EDICEF, 1995, ISBN 9782841290239, page 97. RĂ©fĂ©rences[modifier le wikicode] Denis Dumas, Nos façons de parler Les prononciations en français quĂ©bĂ©cois, 1987, ISBN 9782760504455. Julie Auger, Pronominal Clitics in QuĂ©bec Colloquial French A Morphological Analysis, dissertation, University of Pennsylvania, 1994.
Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Cette phrase cĂ©lĂšbre, rĂ©digĂ©e par Paul ValĂ©ry en 1919 figure dans un essai, publiĂ© Ă  la NFR, Ă©tant intitulĂ© La crise de L’Esprit, qui par ailleurs sert de dĂ©but de phrase Ă  son texte philosophique VariĂ©tĂ© I. La date indiquĂ©e nous indique dĂ©jĂ  le contexte histoire, nous sommes Ă  un an de la Grande
Tribune libre de Pierre-François Ghisoni* Civilisations, nous sommes mortelles ! Reste Ă  le » savoir comme le prĂ©cisait Paul ValĂ©ry dans VariĂ©tĂ©s Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Et j’ose ajouter reste Ă  savoir si nous ne sommes pas dans la derniĂšre phase. Il n’est pas d’Ɠuvre humaine qui ne soit condamnĂ©e Ă  pĂ©rir. Cela va du moindre Ă©crit comme celui-ci Ă  la civilisation dans laquelle il s’insĂšre. Et les exemples ne manquent pas dans le monde. Celui qui aurait prĂ©dit au soir du 15 novembre 1532 que l’empire inca disparaĂźtrait sous les coups de douze Espagnols aurait risquĂ© sa vie. Le 16 au soir
 un Inca le titre Ă©quivalent Ă  empereur et le lendemain
 un prisonnier qui paiera la plus grosse rançon de l’histoire et sera nĂ©anmoins exĂ©cutĂ©. On pourrait multiplier les exemples. Byzance, son empire et sa civilisation tombĂšrent en 1453 au milieu de querelles byzantines ». Vraie ou arrangĂ©e, nous est restĂ©e celle portant sur le sexe des anges ». Alors, la France de 2013 ? Comment ne pas ĂȘtre frappĂ© des similitudes internes avec les derniĂšres Ă©lucubrations de cette minoritĂ© de minoritĂ© et de ce gouvernement, dont on ne sait plus qui supporte l’autre, qui est la corde, qui est le pendu ? Comment ne pas ĂȘtre frappĂ© des similitudes externes au moment oĂč aujourd’hui, le mĂȘme gouvernement relance la question du droit de vote des Ă©trangers, alors qu’il subit et abandonne les zones de non-droit Ă  une nouvelle fĂ©odalitĂ© barbare ? Oui, les civilisations meurent. Elles meurent par la concomitance de fĂȘlures internes et externes qui en atteignent les Ɠuvres vives, maquillĂ©es par un hideux replĂątrage. Elles meurent Ă  cause des mannequins tonitruants aux pieds d’argile. Elles laissent des traces, et d’autres les remplacent. Elles meurent, soit parce qu’elles ont fait leur temps, soit parce qu’on n’a pas voulu traiter quand cela Ă©tait encore possible. Une civilisation Ă  visage humain Elisabeth KĂŒbler-Ross, dont les travaux font autoritĂ©, dĂ©gage cinq stades successifs lorsqu’un diagnostic fatal est annoncĂ© aux humains que nous sommes le dĂ©ni, la colĂšre, le marchandage, la dĂ©pression, l’acceptation. Reste Ă  savoir comment une sociĂ©tĂ© se comporte en la matiĂšre. Reste Ă  rĂ©flĂ©chir, peut-ĂȘtre Ă  agir. Agir, c’est avoir acceptĂ© d’entendre, c’est faire le bilan des possibles sans se masquer les impossibles, c’est, prendre l’une des voies ouvertes aprĂšs le stade d’acceptation laisser-aller, s’y diriger bravement, lĂ©guer pour que le tĂ©moignage perdure. Ici encore, les exemples historiques ne manquent pas, mais mieux vaut y rĂ©flĂ©chir que d’alourdir ce texte. Mieux vaut faire le bilan
 sans nĂ©gliger l’espoir, mais sans s’y accrocher aveuglĂ©ment. Une conclusion provisoire C’est en ce sens qu’il faut comprendre les dĂ©parts, les envies de dĂ©part, ou au contraire les envies de rĂ©sistance, d’enracinement, les affirmations, parfois pĂ©tries de courage, parfois pures rodomontades. C’est en ce sens qu’il faut revoir les raisons que lancent haut et fort un Depardieu, les alibis financiers d’un Arnault et de tant d’autres intouchables. C’est en ce sens que nous continuerons. *Pierre-François Ghisoni blog est Ă©crivain et Ă©diteur. . 370 148 42 203 590 546 67 467

nous autres civilisations nous savons maintenant que nous sommes mortelles